mardi 28 octobre 2014

Une rezma de ismes
par El-Guellil
Depuis la fête du 1er des Premiers Novembre, c'est kif kif. Les mêmes discours, les mêmes phrases, col Mao en guise de majuscule. Les mêmes badigeonnages, blancs beljir. Le trottoir devient un repère, un repaire sur lequel on alignait les écoliers pour scander « hé mamia thaoura ziraiya ». Une hystérie pour applaudir, sans grande conviction. Ki bekri kilyoum, les mêmes costumes les mêmes cravates, les mêmes savates, les mêmes chants. Toujours les mêmes fatcha. Les mêmes ikhouani, en bleu de travail, puis en kamis et les akhaouati en haïk puis en khimar. Les youyous n'ont pas changé de sonorités et your are toujours here. Toujours les mêmes oppositions. C'est vrai que le cortège de bagnoles, technologie aidant, a changé de look. Les télés sont devenues plus plates et les portables reflet du cloisonnement publicitaire de nos cabessa, se vendent à la criée. Toujours najrou derrière el batata, et patati et patata. Ce sont toujours les mêmes qui savent les mêmes ignares qui n'arrêtent pas d'enfanter des ignares. Nous avons libéré la géographie et nos regards désespérés ne se portent que vers la terre. Tombeau. Sur nos têtes, le ciel nous tombe gris comme nos sourires de circonstances. Nous sommes heureux d'être classés parmi les 15 meilleures équipes de la FIFA. Madrid a battu le Barça. Et le drapeau algérien flotte au Barnabé. On agite nos couleurs nationales. Sans rougir. En rugissant. On supporte Messi et Ronaldo. A coups de millions on s'équipe du dernier démo pour prendre le train vers le Qatar. Mais nous importons notre blé de chez Fafa. Vous vous soignez chez Fafa. Vous vous habillez chez Fafa. C'est Fafa qui construit nos dortoirs. Et vos palais. Fafa nous te haïssons, nous te ferons toujours la guerre aux portes des consulats pour l'obtention d'un visa.

Vous avez abruti notre sève, ya ikhouani, aux rouges passeports. Et vous vous étonnez que nos enfants, nourris de votre mépris, se tournent vers tous les populismes et d'autres ismes plus dangereux. 

 
L'Institut français d'Algérie renforce sa participation au SILA
par R. N.
La «France veillera à assurer une présence importante au Salon international du Livre d'Alger», indique un communiqué de l'Institut français d'Algérie qui annonce la participation de «grands groupes généralistes», comme Hachette international et Gallimard, «mais aussi Arnaud Bizalion éditions, Parenthèses, Agone, Editeurs du Sud, Le Bec en l'Air, Images plurielles». L'Institut français présentera l'actualité de la coopération française en Algérie et proposera des «animations exceptionnelles : signatures d'auteurs (Maïssa Bey, Guy Dugas, Armand Vial, Gilles Kepel)», ainsi que le «lancement du Prix 2015 de la nouvelle fantastique, «mini-cours » de français pour les juniors». La deuxième édition du prix de la nouvelle fantastique vise à «faire émerger les nouvelles plumes algériennes (18 – 35 ans) et à promouvoir le genre «fantastique». Maïssa Bey, qui sera la «marraine de l'édition 2015 du concours de la nouvelle fantastique», dédicacera ses derniers ouvrages parus chez Barzakh.

Le programme annonce également la présence de «Gilles Kepel, l'intellectuel et spécialiste du monde musulman» qui signera au stand de l'Institut français quelques exemplaires de ses ouvrages, Passion arabe et Passion française (Gallimard). La chaîne française TV5 Monde sera également présente au SILA «avec une émission spéciale de Maghreb Orient Express» présentée par Mohamed Kaci. 
Conférence nationale des universités : L'Algérie veut se doter d'une académie des sciences et technologie
par M. Aziza
Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Mohamed Mebarki, a reconnu que les programmes de réalisation et d'équipement des structures de recherche et des laboratoires n'ont pas été exécutés depuis des années.

A qui incombe la responsabilité ? «A nous-mêmes», a-t-il répondu devant les cadres de son secteur. Lors de la conférence nationale des universités organisée hier au siège de son département, Mohamed Mebarki a constaté que le plan de réalisation des structures de recherches connaît «un immense retard», idem pour les programmes d'équipement scientifique de nombreux laboratoires qui n'ont pas été exécutés depuis des années. «Ils sont reportés d'une année à une autre en dépit de la disponibilité de l'enveloppe financière», a-t-il regretté. Cette remarque ne vient pas uniquement du ministre de l'Enseignement supérieur, mais du gouvernement lui-même qui, selon Mebaraki, avait relevé « ces retards immenses » dans la réalisation des structures de recherche lors du débat sur le projet de loi sur la recherche, à l'étude au niveau du gouvernement.

Pour Mebarki ces retards n'incombent pas seulement aux walis, mais « la responsabilité de la réalisation de ces projets se trouve sous votre autorité et relève de vos compétences », dira le ministre en s'adressant aux chefs d'établissements universitaires et aux directeurs des centres de recherche. Le 1er responsable du secteur recommande la réactivation rapide des comités de coordination et de suivi au niveau local, en collaboration avec les services compétents des wilayas, pour accélérer le rythme de réalisation et d'équipement des structures universitaires programmées.

L'autre point faible de la recherche universitaire en Algérie est l'absence d'une académie des sciences et technologie. Mohamed Mebarki a fait savoir que l'Algérie est le seul pays du pourtour méditerranéen qui n'a pas d'académie des sciences et technologie « alors que nous disposons d'un énorme potentiel humain de valeur et de qualité par rapport aux pays arabes et africains », précise-t-il. Selon Mohamed Mebarki, la création de cette académie se fera sur deux principes essentiels, l'un repose sur l'autonomie de cette autorité scientifique et sur le choix sélectif des grands scientifiques en prenant en compte le critère du mérite. Le ministre a donné quelques détails en affirmant que les scientifiques seront sélectionnés par des jurys internationaux des Académies des sciences et technologie, américaine, canadienne, suédoise, anglaise et française.

10 % des formations universitaires sont à caractère professionnel

M. Mebarki a, d'autre part, insisté devant ses cadres sur la nécessité de s'ouvrir à l'environnement socioéconomique en revoyant un certain nombre de formations à caractère professionnel. Il a précisé que l'université algérienne enregistre un retard en matière de formation à finalité professionnelle « 10 % seulement des offres de formation en licence à caractère professionnelle sont assurés par les établissements universitaires ». Mais il s'est dit, d'autre part, satisfait du bon déroulement de la rentrée universitaire de cette année qui a accueilli 221000 nouveaux étudiants. Et de préciser qu'un étudiant sur deux, au moins, a obtenu son premier choix exprimé sur la fiche de vœux. Il a également précisé que le nombre des recours n'a pas dépassé les 5000, et qu'ils ont été pris en charge dans les délais. Le ministre a affirmé qu'il faut se préparer d'ores et déjà à la prochaine rentrée universitaire qui s'annonce difficile « car on va accueillir un nombre plus important de nouveaux bacheliers, suite la restructuration des cycles d'enseignement pré-universitaires », prévient-il. Sur un autre registre, le ministre de l'enseignement supérieur a invité les chefs d'établissement universitaires et les chefs des centres de recherches à favoriser le dialogue et la concertation avec le partenaire social. Il a donné des instructions fermes à certains responsables pour octroyer des logements non encore distribués aux enseignants sous prétexte qu'ils n'arrivent pas à accéder au fichier national des bénéficiaires de logements. Le ministre a affirmé qu'il a eu des garanties de la part du ministère de l'Habitat et l'accès au fichier se fera dans pas plus de 48 heures, a-t-il martelé. Et qu'aujourd'hui, il n'y aucune raison valable qui vous empêche d'octroyer ces logements aux enseignants.

LE FCE ET LE MANQUE D'INTERET POUR LA CREATION D'UNIVERSITES PRIVEES

Interrogé sur la création d'universités privées en Algérie, une revendication tant réclamée par plusieurs adhérents du FCE, le ministre a indiqué que rien n'empêche la création de telles structures privées. Il précise que la loi permet, sur la base d'un cahier des charges et de règles à respecter, la création d'universités privées. Il soulignera que son département a enregistré une seule demande pour la création d'une université privée voire un seul retrait du cahier des charges. En répondant aux journalistes le ministre a évoqué les propos des experts du FCE sur cette question et précisé que l'Algérie donne le droit au privé d'ouvrir des universités ; il suffit seulement de se conformer à la loi. 
Elections législatives en Tunisie : Ennahda battue par Caïd Essebsi
par Moncef Wafi
Si les résultats définitifs des élections de la Constituante en Tunisie ne seront officialisés que le 14 novembre prochain, conformément à l'article 73 du décret-loi n°35 de 2011, après examen des recours devant le Tribunal administratif, selon les premières estimations et des résultats préliminaires selon un décompte exclusif établi par l'agence turque Anadolu, les 214 sièges du prochain Parlement sur 217 reviennent respectivement à Nidaa Tounès avec 83 sièges, Ennahdha avec 68 sièges, l'Union patriotique libre (UPL) et ses 17 sièges, les libéraux du Front populaire et leurs 12 députés et ceux de Afek Tounès avec 9 sièges, le Courant démocratique 5, le Congrès pour la République (CPR) 4, Al-Moubedra 4, le Mouvement du Peuple 2 ainsi que le Front démocratique pour le travail et les libertés (FDTL) et un siège pour le Parti républicain, le Courant al-Mahabba, la «Fidélité» au Projet et la Voix des agriculteurs ainsi que le Mouvement des démocrates socialistes (MDS) et «Al-Majd». Les Indépendants ont glané 2 sièges. Une répartition que le parti islamiste tunisien partage pour le classement mais pas au nombre de sièges obtenus. Zied Laadhari, le porte-parole d'Ennahda, a annoncé, hier, à l'AFP que «nous avons des estimations qui ne sont pas encore définitives. Ils (Nidaa Tounès, ndlr) sont en avance de plus ou moins une douzaine de sièges. Nous aurions environ 70 sièges et eux environ 80», se basant sur les données d'observateurs d'Ennahda présents au dépouillement dans les bureaux de vote. Les Tunisiens ont donc voté, ce dimanche, pour élire leurs 217 députés, dans un scrutin proportionnel à un seul tour. Plus de 5 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes sous haute surveillance sécuritaire. Deux jours auparavant, un affrontement meurtrier avait eu lieu entre djihadistes et forces de l'ordre en périphérie de Tunis. Environ 80.000 policiers se sont déployés dans l'ensemble du pays pour le vote. Des barrages routiers avaient également été mis en place un peu partout et des agents armés de la Garde nationale sécurisaient chaque bureau de vote. Dans la matinée, quelques bureaux ont été fermés pour des raisons de sécurité dans la ville de Kasserine. A la fermeture des bureaux de vote, le taux de participation était estimé à 61,8%, soit environ 3,1 millions d'électeurs, un chiffre en forte baisse par rapport à l'élection en 2011 de la Constituante, remportée par les islamistes, et pour laquelle 4,3 millions de Tunisiens avaient voté. Les premiers résultats quoique pas encore officialisés respectent la tendance générale de ces élections qui donnaient comme favoris les islamistes d'Ennahda et les «modernistes» de Nidaa Tounès. Ce deuxième scrutin post Ben Ali devra donc consacrer la bipolarisation de la vie politique tunisienne et aussi favoriser les petites formations, qui pourraient ainsi se poser en arbitres. Nidaa Tounès, une formation hétéroclite, présidée par Béji Caïd Essebsi, et regroupant aussi bien des figures de gauche et de centre-droit que des caciques du régime de Zine El Abidine Ben Ali, a déjà crié victoire. M. Essebsi, vétéran de la vie politique tunisienne, a été Premier ministre après la révolution de janvier 2011. Il avait auparavant aussi bien servi Habib Bourguiba que Ben Ali. Il est aussi le favori de la présidentielle du 23 novembre à laquelle Ennahda ne présente pas de candidat. Le chef d'Ennahda, Rached Ghannouchi, a appelé à «renforcer la confiance dans les institutions, la démocratie» quel que soit le premier parti aux élections. «L'essentiel est que la Tunisie a besoin d'un gouvernement de coalition nationale, d'une politique consensuelle», dira-t-il, estimant que «c'est cette politique qui a sauvé le pays de ce que traversent les autres pays du Printemps arabe». Selon les observateurs étrangers et tunisiens, le vote s'est déroulé sans irrégularité majeure sur l'ensemble du territoire, même si un certain nombre d'électeurs ont rencontré des difficultés relatives à leur inscription sur les listes électorales. 
Après Mercedes, Renault : L'amorce d'une industrie automobile
par Ghania Oukazi


La sortie du premier véhicule de marque française laisse le gouvernement algérien penser que «quelles que soient les insuffisances du contrat», l'amorce d'une industrie automobile dans le pays est devenue effective.

Il est vrai que les négociations ont été laborieuses et les tentatives de convaincre le constructeur français Renault de l'efficacité d'un tel investissement, assez difficiles, mais, affirment de hauts responsables, «le résultat est là, la première voiture de cette alliance est bien réelle, elle sortira de l'usine de Oued Tlélat dans la wilaya d'Oran, le 10 novembre prochain». C'est la date où le 1er ministre se déplacera à Oran pour inaugurer cette sortie très attendue. Il est donc admis implicitement que ce n'est pas le contrat rêvé «mais il fallait l'arracher coûte que coûte». Ceci même si ça a valu au gouvernement algérien d'accepter des conditions draconiennes posées par le constructeur français avec le fort appui des gouvernants de son pays. Ils ont obtenu, entre autres, la promesse du groupe SNVI de ne pas s'allier à un autre constructeur automobile étranger pendant plusieurs années, de ne produire que le bas de gamme de sa chaîne, à savoir la «Symbol» avec un taux d'intégration pratiquement nul et qu'il ne la vende que localement, donc pas d'exportation. Un contrat qui n'égale en rien celui conclu avec le Maroc pour l'implantation à Tanger d'une véritable usine de production de véhicules destinés à l'exportation vers pratiquement la globalité du continent africain. Le contrat de la SNVI a traîné en longueur sur fond de profondes hésitations, voire chantage de la partie française. Ce qui ne semble pas avoir été le cas du constructeur allemand qui en a conclu un bien meilleur pour lui et pour le ministère de la Défense nationale (MDN). Avec moins de contraintes, moins de temps, moins de concessions-pressions et sans tapage médiatique, le MDN a réussi à faire sortir plus vite le premier véhicule Mercedes de l'usine de Tiaret.

Avec toutes les failles et insuffisances du contrat avec Renault, nos hauts responsables n'en éprouvent ni gêne, ni regrets encore moins de honte. Mohamed Benmeradi, alors ministre de l'Industrie pendant la négociation du contrat, y a cru jusqu'au bout. «Il y a mis toutes ses forces et toute sa conviction pour que ça aboutisse», nous disent-ils.

«Il fallait absolument qu'on signe, même si on savait depuis le début que ça ne sera pas l'idéal; parce que nous voulions que ce contrat nous mette sur les rails du concret en matière de construction automobile», nous expliquent certains d'entre eux.

L'INDUSTRIE ET «LE DECLIC RENAULT»

Du côté du ministère de l'Industrie et des Mines, l'on est persuadé que «même si le taux d'intégration dans le véhicule français sera faible pendant plus de quatre ans, il ne le restera pas plus longtemps, la production du véhicule aura inévitablement un effet d'entraînement dans le secteur de l'industrie». Si les plus hauts responsables de ce ministère restent discrets, certains de leurs collaborateurs sont persuadés que «des PME de fabrication de la pièce détachée automobile vont être créées parce que déjà l'ouverture de l'usine encourage à cela, ce qui permettra de booster le taux d'intégration à la faveur de l'industrie nationale». Il est aussi prévu que la Symbol sera vendue aux Algériens à un prix compétitif (près de 800.000 dinars, nous dit-on), ce qui arrange quelque part leur pouvoir d'achat et fera baisser les ventes des autres concessionnaires automobile qui, eux, n'ont jamais fait de concessions à l'Etat algérien alors qu'il a été très large avec eux, par exemple en ne les obligeant pas à investir après trois ans de vente alors que la loi l'exige…

Le 10 novembre prochain, Abdelmalek Sellal «bénira» ainsi la première voiture Renault aux côtés du ministre français des Affaires étrangères, de celui de l'Economie et du PDG du groupe automobile. Ce sera l'occasion pour Sellal et Fabius de discuter des grandes questions internationales mais aussi des relations bilatérales, en attendant la réunion, le 4 décembre prochain à Paris, de la grande commission mixte algéro-française. Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, et le PDG du groupe industriel, Carlos Ghosn, devront, eux, se pencher le temps d'une visite brève (d'une journée) sur les possibilités d'approfondir la coopération par, entre autres, la création de PME nécessaires à l'industrie automobile sur la base du transfert de technologie, conformément au contrat qui lie le groupe à SNVI.

Autre inauguration qui donne «du baume» au cœur (du) gouvernement algérien, celle de deux unités de production d'engrais à Arzew. Les deux premiers projets sont réalisés, le premier dans le cadre d'un partenariat avec les Qataris et le second avec l'égyptien Orascom. Projets qui, faut-il le noter, ont été conclus au temps de Chakib Khelil, alors ministre de l'Energie et des Mines.

LA FERMETE DU GOUVERNEMENT POUR LE 51/49

«Ils sont d'une importance capitale pour notre industrie et notre pays», soutiennent des responsables au ministère de Youcef Yousfi. «Les engrais pèsent lourdement dans le développement du secteur industriel et agricole, les deux unités de production vont nous permettre d'en exporter même», soutient-on. Les responsables algériens les prennent en exemple pour affirmer leur volonté de ne pas céder à la règle de partenariat 51/49 qui, selon des experts, fait fuir les investisseurs étrangers. «L'investissement est une question de confiance», avait déclaré la semaine dernière le 1er ministre à partir de Bordj Badji Mokhtar. La confiance, selon de hauts responsables, est que «l'homme d'affaires étranger a toutes les facilités fiscales et parafiscales qui lui permettent d'investir sans difficultés et aussi d'engranger d'importants bénéfices». Le gouvernement reste sur ses positions en matière de «règles» même s'il susurre à qui veut l'entendre qu'il est prêt à faire fi du 51/49 «mais seulement quand l'investissement est petit». C'est d'ailleurs ce que ses experts tentent de faire valoir auprès de l'OMC à laquelle l'Algérie pense adhérer «d'ici, trois ou quatre ans, maximum». Il suffit pour cela que les relations entre l'Algérie et l'Union européenne évoluent mieux que ce qu'elles n'ont été à ce jour. Pour rappel, dans l'une des annexes jointes à l'accord d'association qui lie les deux parties, l'UE promet d'aider l'Algérie à réussir son adhésion à l'OMC. Comprendre par «aider», la soutenir dans la défense de ses lois et textes réglementaires auprès des pays membres de cette organisation. Chose qui ne semble avoir été faite à ce jour, du moins comme il se doit, alors que ses représentants veulent forcer la main à Alger pour accepter la politique européenne de voisinage (PEV), «rénovée» celle-là.

Ce que le gouvernement algérien déplore et compte bien exiger la contrepartie selon les priorités qu'il se fixe.

Le 1er ministre fera le déplacement à Arzew pour l'inauguration de ces réalisations en compagnie de quelques-uns de ses ministres avec en tête l'Energie et l'Agriculture. Abdelmalek Sellal procédera en outre à la visite de la nouvelle usine de dessalement de l'eau de mer, elle aussi implantée à Arzew et sur laquelle il compte pour que l'ouest algérien n'ait plus soif. Il fera de même pour le GNL 3 dont la prise en charge de la réalisation a été de 100% par le groupe Sonatrach. 

mercredi 22 octobre 2014

C'est trop
par El-Guellil
Ce n'est pas parce que le train passe tout près de chez nous que nous devons le prendre à chaque fois. Les plus grands voyageurs auraient été les chefs de gare et les vaches. Il faut savoir quitter la table… ronde du cercle vicieux de notre égoïsme.

Ce n'est pas parce que quelqu'un a été, plus ou moins, apte ou adapté à une époque qu'il doit le rester pour toujours. Ibn Sina lui-même ne reconnaîtrait pas la médecine d'aujourd'hui et il ferait figure de profane devant le moins brillant des médecins généralistes de nos jours. Que dire de Galilée devant les connaissances actuelles en astronomie des étudiants moyens des universités quelconques.

Un ministre de notre temps, c'est quelqu'un qui devrait comprendre la mentalité et, par-dessus tout, les besoins de cette jeunesse qui refuse de vivre avec des promesses, des mensonges et des nostalgies interminables. Chez nous, le train de l'opportunisme passe et repasse. Ils y sautent à chaque fois sans même en connaître la direction. Ils ont beau avoir des logements un peu partout, à tous les arrêts de l'histoire, ils ne se rendent pas compte qu'ils sont derrière toutes les catastrophes qui nous sont arrivées.

Ce n'est pas parce qu'on a une bouche que l'on doit se contenter d'être uniquement un tube digestif. Il y a des choses qui passent, c'est sûr, mais d'autres qui ne passent pas, et si jamais on force, alors on risque l'étouffement. Saturé, c'est saturé. Cela aussi est un état qui existe, même lorsque certains comme nos « bouffeurs » l'oublient ou l'ignorent carrément. Le singe à ce niveau semble plus intelligent. Avant de mettre quelque chose dans sa bouche il s'assure au préalable que son rectum peut la dégager aisément. 
Quels sont les sujets d'intérêt des physiciens algériens ?
par Ali Derbala *
« Vous ne connaissez que les étincelles de l'esprit : mais vous ne voyez pas l'enclume qu'il est, ni la cruauté de son marteau » Nietzsche.

Avant que le prix Nobel de physique lui fût décerné, Richard Feynman [1] pouvait aisément passer et passa pour un « fondu ». Il se moquait des conventions les plus respectables au point de mettre sa carrière de physicien en péril. Il faillit le faire pour de bon, d'ailleurs, lorsqu'il prit la parole à Shelter Island, en Pennsylvanie, en 1948, devant l'un des plus prestigieux parterres qu'on puisse imaginer. Il y avait là, en effet, Dirac, Bohr, Fermi, Bethe, Rabi, von Neumann, Oppenheimer, bref, la fine fleur des atomistes mondiaux, dont la plupart avaient participé comme lui au fameux projet Manhattan.

Ces scientifiques ne s'affolaient pas du classement de leur université. Malheureusement, ils ont élaboré et confectionné la première «bombe atomique», appelée «arme de dissuasion» ou l'arme de domination du monde en général et du monde arabo-musulman en particulier. Le titre de cette contribution est une question posée et qui se pose vu qu'aucune évolution ou application dans la vie courante ne nous ai proposé par les physiciens algériens. Travaillent-ils sur les nanotechnologies, la matière molle, les fluides, les nouveaux matériaux… ?

NANOTECHNOLOGIES, MATIERE MOLLE, FLUIDES, NOUVEAUX MATERIAUX…

Dans les plus grands laboratoires étrangers, la physique des systèmes complexes mobilise aujourd'hui les travaux en recherche fondamentale. La nanotechnologie est la plus extrême techniquement et scientifiquement. Son objectif n'est plus ni moins, de manipuler des atomes un par un. Les lois de la mécanique classique ou newtonienne ne sont plus applicables.

Comme elle travaille sur des molécules, la mécanique quantique est de mise. Ce domaine est à une étape scientifique mais des applications existent. Projecteur vidéo grand comme une puce informatique, pompe de refroidissement intégrée dans un composant électronique, et autre robot chirurgien naviguant dans les vaisseaux sanguins…La mécanique s'attaque à l'infiniment petit. Des moteurs électriques ou des vérins plus petits que le diamètre d'un cheveu sont les productions de cette spécialité. Dans cet infiniment petit, des amalgames entre

les spécialités sont fréquentes. On peut confondre la micromécanique, la nanotechnologie, la mécanique classique des petits objets dite mécanique de précision [2]. Tirés par la miniaturisation des composants électroniques tels les transistors, etc., les physiciens tentent de découvrir les lois qui régissent la matière à l'échelle nanoscopique [3]. Les agrégats de quelques milliers d'atomes ont, par exemple, des comportements étonnants que la théorie ne prévoit pas encore. Nanotechnologies, matière molle, fluides, nouveaux matériaux…

La physique des systèmes complexes mobilise aujourd'hui les travaux en recherche fondamentale.

NOUVEAUX MATERIAUX, MATIERE MOLLE, FLUIDES

On en invente sans arrêt de nouveaux matériaux. Les recherches sont nombreuses dans le domaine des supraconducteurs, ces métaux qui, refroidis à très basse température, perdent

toute résistance électrique. La matière molle est partout sous forme de gel, de pâte, de mousse…et on la connait si mal. Une goutte d'un liquide ne bénéficie que de lois empiriques. De mes lectures de vulgarisations des sciences, des exemples d'application de la physique nanométriques sont exposés ci dessous.

UN MICRO-ROBOT OU UN «SOUS-MARIN» POUR OPERER DE L'INTERIEUR [2]

Les spécificités de la nanotechnologie sont que les dispositifs dont la taille se limite à quelques dixièmes de millimètre ont la possibilité de production de masse. La maitrise à cette échelle de grandeur se fait en expérimental. Une fibre optique par le chirurgien « pousse » un micro-robot de moins de 1 mm de diamètre au plus près du point d'intervention, dans un vaisseau sanguin, par exemple. L'action, téléguidée, du robot-chirurgien est limitée : avancer, reculer, gratter. Elle est efficace pour éliminer une plaque d'athérome. Ces éléments décrits existent en laboratoire.

LE MICROSCOPE A EFFET TUNNEL [4]

Telle une grue miniature, le microscope à effet tunnel permet aussi de manipuler les atomes.

Une fois l'atome à déplacer localisé, il suffit de faire varier la tension de la pointe pour que l'atome se colle à elle. En agissant sur les commandes de déplacement de la ponte, l'atome

ainsi agrippé est convoyé jusqu'à l'emplacement souhaité. Une nouvelle modification de la tension de la pointe permet de « lâcher » l'atome. En revenant au mode de fonctionnement

normal, l'opérateur peut vérifier le résultat obtenu. IBM avait ainsi gravé son sigle, sous forme d'une juxtaposition d'atomes, dans le monde des nanodimensions au début des années

90. D'autres chercheurs se sont « amusés » à réaliser des figures diverses. Autant de prouesses en forme d'apprentissage de la « manipulation atomique » dans le domaine des nanotechnologies. L'exploit réalisé par le microscope à effet tunnel est de fournir une image des atomes en promenant une pointe microscopique à une distance infime de la surface de

l'échantillon à observer. L'effet tunnel se manifeste par le passage d'un courant électrique entre deux électrodes très proches, en quelques nanomètres, soit quelques milliardièmes de mètre, mais qui ne se touchent pas. Ce courant croit et décroit de manière exponentielle en fonction de la distance qui sépare les deux électrodes. Tout se passe comme si les électrons

empruntaient un « tunnel » qui relierait les électrodes. Seule la mécanique quantique permet d'expliquer ce phénomène où un électron est considéré comme la combinaison d'un corpuscule et d'une onde associée.

LA PLUS PETITE GUITARE DU MONDE [5]

Elle fait 30 micromètres et se joue au laser. Elle n'est pas plus grosse qu'une bactérie, mais elle fonctionne ! Des spécialistes en nanomécanique à l'université Cornell, aux Etats-Unis ont conçu une guitare de 30 micromètres de long, à partir d'une plaque de silicium. Ils avaient déjà produit, en 1997, une copie de la Fender Stratocaster de Jimi Hendrix aux dimensions

similaires, mais il s'agissait d'un modèle inerte. Le nouvel instrument produit, lui, des sons.

Comme il n'existe pas d'onglets (et encore moins de doigts) à la taille requise, les « nanoguitaristes » ont eu l'idée d'exciter les « cordes » de l'instrument avec…un rayon laser.

La lumière réchauffe les rayons de silicium, ce qui allonge ou réduit la longueur de la corde.

Ces déformations sont alors captées et traduites par un ordinateur en une série de notes dans la gamme des 40 mégahertz. Trop aigu pour être perçu directement, le signal doit être ensuite transposé 17 octaves plus bas pour produire de la «musique» audible. Pas question, bien sûr, de lancer la «nanoguitare» dans le commerce : il s'agit plutôt d'une démonstration de virtuosité technique. Mais les techniques mises en oeuvre pour construire cet instrument pourraient mener à élaborer des nanocapteurs capables de détecter les traces de drogue ou d'explosifs, ou encore de peser les bactéries.

* Universitaire

Conclusion

Il vaut mieux ne pas accepter d'être complaisant. Il faut reconnaître que des priorités dans la recherche sont à attribuer à des domaines de la vie courante ou quotidienne. Les axes audacieux sont la santé, l'éducation, l'action culturelle, l'assistance aux chômeurs et aux mal logés, etc. Dernièrement, du 24 au 28 mai 2014, la Faculté de physique de l'USTHB a

organisé le premier colloque international sur la nanophysique et nanomatériaux et leur utilisation dans les domaines notamment économique et médical, ce colloque s'intitulait :

UTILISATION DE LA NANOPHYSIQUE ET DES NANOMATERIAUX. Aucun résultat palpable n'a été diffusé. Les colloques et séminaires coûtent des millions de dinars et sont

financés par l'argent du Trésor public, l'argent des citoyens. Les contribuables ne sont jamais éclairés sur ce qui se fait ou se trame dans les laboratoires de recherche. Les résultats

scientifiques doivent être vulgarisés, en les publiant dans un quotidien national à 15 DA, une lecture pas chère pour le commun des citoyens.

Références:

1. James Gleick. Genius. The life and Science of Richard Feynman. Pantheon Books, New York, 1993.

2. Atta Oloumi et Remis Sussan. Des machines invisibles à l'oeil nu. Science & vie, micromécanique, N° 913, Octobre 1993, pp.110-115.

3. Cécile Bonneau. Sciences de la complexité. Sur quoi planchent les physiciens ? Science & vie, Questions de théories, Actualités, recherche, nanotechnologie, N° 1031, Août 2003, pp.116-119.

4. Henri-Pierre Penel. Le microscope à effet tunnel. Science & vie, Repères, technologies, N° 1035, Décembre 2003, pp.168-170

5. P.G. La plus petite guitare du monde fait 30 micromètres et se joue au laser. Science & vie, Actualités, recherche, nanotechnologie, N° 1036, Janvier 2004, p.8.
Une tiers-mondisation de l'Europe
par Medjdoub Hamed


« L'euro, une chance inouïe pour l'Europe ! Faiblesse des gouvernements de la zone euro face à la politique économique de l'Allemagne ou clairvoyance ? », de nombreuses réactions montrent que les réponses apportées par cette analyse n'ont pas été bien comprises au point qu'un intervenant écrit : « Et si elle ne recule pas [l'Europe], elle ne peut demeurer sur place, elle doit donc avancer avec l'euro. » Merci, Monsieur, de nous rappeler que le désir s'accroît quand l'effet se recule. Cela dit, votre démonstration de la troisième partie m'a amplement échappé. J'espère que, dans un autre article, le raisonnement sera mieux explicité. » Aussi allons-nous poursuivre le débat sur le sens des politiques d'austérité en zone euro, et l'affrontement qu'induisent ces politiques entre les eurosceptiques et les européistes. Une approche qui permet mieux d'appréhender pourquoi l'économie de la zone euro n'a toujours pas trouvé son équilibre depuis la crise financière de 2008. Et les multiples plans de sauvetage et de relance opérés et qui se sont aujourd'hui transformés en politiques d'austérité de puis 2010 n'ont toujours pas permis de dépasser la dépression économique qui a suivi la crise.

Interview de Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France

Dans l'interview de Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, «C'est l'heure du déclin ou du sursaut. Il faut choisir le sursaut. » Europe 1 - Jean-Pierre Elkabach - 11 septembre 2014, certaines déclarations du premier argentier de France sont à plus d'un titre révélatrice sur les problèmes que rencontrent la zone euro.

J.P. E.: Par les temps qui courent, tout est à la baisse, sauf les déficits. Vous avez vu les titres de la presse avec nous: «impasse», «dérapages et dérives», «naufrage », « le discrédit français ». Comme dit le Larousse, on est foutu.

C.N.: Non, la France n'est pas foutue. Non, la France, vraiment, n'est pas foutue, mais c'est l'heure du sursaut. C'est l'heure du sursaut ou du déclin, il faut choisir. Évidemment, il faut choisir le sursaut. Et qu'est-ce qu'il faut faire ? Ce qu'il serait grave de ne pas faire ce sont les réformes, les bonnes réformes, bien sûr, et puis poursuivre inflexiblement la réduction des dépenses, et ça…

J.P. E.: Oui, la France n'arrive pas à tenir ses promesses de déficit à 3 %, en 2015, on nous dit maintenant 2017, on peut dire peut-être 2018, 2019. Est-ce que pour autant, c'est vraiment un drame ?

C. N.: C'est très sérieux, ce n'est clairement pas une bonne nouvelle. Pourquoi est-ce que c'est très sérieux ? Parce qu'on ne peut pas accumuler indéfiniment les déficits. Si on continue à avoir une croissance de 0,5 % par an, et des déficits de 4 ou 5 % par an, il est clair qu'on va dans le mur, et qu'on va être paupérisé, et que c'est vraiment cela la voie du déclin.

J.P. E.: Mais c'est la troisième fois - une fois avec messieurs Sarkozy/ Fillon (il faut le leur rappeler), deux fois sous la gauche - qu'un délai/sursis est réclamé. C'est-à-dire qu'au total, on a perdu 4, 5, peut-être 6 ans.

 Ces dépassements, dit Bercy, sont dus à la situation exceptionnelle de la zone euro. Est-ce la faute, Monsieur le Gouverneur, de la seule Europe, ou les résultats des faiblesses et des erreurs de notre politique économique ?

C.N.: Ce qui est très marquant, c'est… bien sûr, il y a une faiblesse dans la zone euro, mais c'est particulièrement le cas en France, en France et en Italie d'ailleurs. Pourquoi ? Quand on regarde les pays qui ont fait des réformes - regardons l'Espagne, regardons le Portugal, regardons l'Irlande -, qui ont traversé des moments très difficiles, qui ont fait des réformes très fortes, sur le marché du travail, sur le marché des biens et services, qui ont…

J.P.E.: Vous êtes en train de dire ce matin, Monsieur le Gouverneur, Christian Noyer, qu'il n'y a pas d'alternative à la politique Hollande/ Valls/ Macron ?

C.N.: Il n'y a pas d'alternative à la politique de réformes pour relancer le potentiel de croissance, et effectivement, aux grandes mesures qui ont été annoncées. Non, il n'y a pas de plan B.

J.P.E.: Et quand on nous dit 21 milliards d'économies encore pour 2015, ça y est, c'est l'austérité.

C.N.: Non, ce n'est pas l'austérité. Quand on a 4 à 5 % de déficit, ce n'est pas l'austérité. Il est clair qu'il y a des gisements d'économies très importants. Il faut évidemment ne pas augmenter les impôts, ce n'est pas comme cela qu'on réduit les déficits…

J.P. E.: Donc pas d'augmentations d'impôts, c'est déjà pas mal.

C.N.: Non, pas d'augmentations d'impôts, mais, par contre, il faut couper hardiment dans les dépenses. On y va beaucoup trop timidement. Il faut faire les réformes telles que, par exemple, la baisse des charges sociales, le Pacte qui permet de réduire les coûts des entreprises, parce que c'est cela qui permettra de relancer l'emploi…

Des déclarations du gouverneur de la Banque de France, on retient toujours ces mêmes arguments qu'on assène à l'opinion européenne. L'Espagne, le Portugal, l'Irlande ont procédé à des réformes structurelles douloureuses et ont commencé à sortir du tunnel. A l'évidence, l'argument paraît juste. Mais s'il est juste, comment se fait-il que les chiffres du 23 avril 2014 donnés par Eurostat, font état que huit Etats de la zone euro ont des déficits supérieurs à 3% du PIB, en 2013. Et l'Espagne, le Portugal et l'Irlande enregistrent des déficits publics bien supérieurs à celui de la France. Les euroindicateurs d'Eurostat donnent : l'Espagne (-7,1%), l'Irlande (-7,2%), la Slovénie (-14,7%), le Portugal (-4,9%), la Grèce (-12,7%), Chypre (-5,8%), la France et la Pologne (-4,5%).

D'autre part, comment est-ce possible que, depuis cinq ans, huit pays sur dix-sept - la Lettonie n'est membre de la zone euro que depuis le 1er janvier 2014 - n'arrivent pas à ramener les déficits publics aux critères de Maastricht. Il y a certainement des « erreurs de politique économique ».

Ceci nous fait dire que les institutions politiques et financières nationales et supranationales (Commission européenne), dans leur fonction de contrôle des engagements pris par ces pays pour réduire leurs déficits publics, ne peuvent rien sinon à prendre acte des dérapages des déficits budgétaires. Bruxelles ne peut donc que tolérer ces faits accomplis qui surviennent d'une situation déjà difficile pour ces pays. D'autre part, engager des procédures pour déficits publics excessif n'a pas de sens. Comme le dit Jean-Pierre Elkabach, Europe 1, « Oui, la France n'arrive pas à tenir ses promesses de déficit à 3 %, en 2015, on nous dit maintenant 2017, on peut dire peut-être 2018, 2019. Est-ce que pour autant, c'est vraiment un drame ? » Si on a pu sabrer les effectifs de la fonction publique, taillé dans les salaires, restructuré les secteurs bancaires et réformé le marché du travail ainsi que les systèmes de retraite en Espagne, au Portugal, en Irlande bref dans tous les pays qui présentaient de forts déficits budgétaires, il reste que même s'ils apparaissent des signes de reprise économique, ces pays sont tous confrontés à des « forts taux de chômage ». L'Espagne 24,5 %, la Grèce 27,3%, l'Irlande 11,8 %, le Portugal 14,1 %, Italie 12,3%, France 10,2%. Alors que pour les jeunes de moins de 25 ans, c'est carrément un «chômage de masse ». Il est plus qu'alarmant. 43,2 % des jeunes au chômage en Italie, 36,5% au Portugal, 26,2% en Irlande, 54,1 % en Espagne, 56,3 % en Grèce, 22,9 % en France, soit un jeune sur trois en zone euro. (Source OCDE) Quant à l'Allemagne, elle a 8,1 % de jeunes au chômage. Ce qu'on peut remarquer, si la zone euro a enregistré des améliorations sensibles en matière de réduction de déficits publics qui ont explosé en 2009 dans la zone euro et en création d'emplois, elle le doit surtout aux programmes d'assistance financière pilotée par la Banque centrale européenne. Mais néanmoins insuffisants vu la langueur qu'a pris l'évolution économique de l'Europe.

Ironie de l'Histoire, l'Europe sous programme d'ajustement structurel !

Tout ce qu'on peut dire sur la zone euro est qu'il n'y a pas une véritable visibilité dans les politiques économiques appliquées. Hésitations, raccommodages, improvisations, décrivent un peu la stratégie économique des décideurs européens. On a cette impression que les gouvernements européens ne sont plus maîtres de la situation. A voir seulement, les changements de gouvernements et remaniements ministériels qui se succèdent, en France, en Italie, et ailleurs.

Peut-on dire que les déficits budgétaires des pays déficitaires changeront en 2015 dans la zone euro ? Par exemple, en France, les recommandations de Christian Noyer dans le « non pas d'augmentations d'impôts mais il faut couper hardiment dans les dépenses publiques» que le gouvernement Valls va appliquer vont-elles contribuer à sortir la France du tunnel de la dépression ? Ou, au contraire, l'année 2015 aura à ressembler à 2014 en termes de croissance et de déficit public ?

La grande question qui se pose en Europe, est « comment mener une politique de relance dans ces pays si l'on prend en compte que l'arme budgétaire est proscrite voire même en contraction et l'arme monétaire très réduite, n'agissant pas comme levier de croissance mais plutôt comme un modérateur de crise ? » Et puis tous les pays de la zone soutiennent des politiques de l'offre pour faire baisser les charges afin que les entreprises européennes retrouvent la compétitivité.

Mais ce faisant, par les politiques d'austérité massive, cette stratégie affaiblit la demande. Un véritable dilemme se pose pour la zone euro. Une quadrature de cercle difficile à dépasser. Que Christine Lagarde a synthétisé par un néologisme : la « rilance ».

D'autant plus que ces pays sont surendettés, fragilisés par leur « modèle social « et confrontés aux nouvelles exigences du marché mondial avec l'entrée en force des pays émergents dont la Chine est en tête du peloton.

Un des plus grands défis de leur politique économique. Et tout se joue dans cette conciliation entre l'impératif de rigueur et ses effets récessifs et une exigence de relance, source de dépenses nouvelles qui permettent d'inscrire ces pays dans la croissance, et induira à terme une réduction des déficits et un désendettement.

Ceci étant, si l'objectif visé est avant tout faire revenir les déficits publics à moins de 3 %, et combien même c'est possible en procédant à une réduction des effectifs tant dans le secteur public que privé, en diminuant les dépenses publiques (institutions centrales, collectivités locales, sécurité sociale), ces politiques vont se traduire forcément par une stagnation (l'emploi ne suivra pas, une paupérisation croissante des populations, une demande à l'arrêt, une faible hausse des exportations).

Les pays du Sud et même du centre (France et Italie) vont se trouver handicapés par la structure même de leurs économies. N'ayant pas la structure industrielle de l'Allemagne dont l'économie est basée depuis plus d'un demi-siècle, à l'instar du Japon, sur « le tout importation », la situation de stagnation va certainement perdurer. Toutes les politiques économiques et budgétaires menées par les exécutifs de ces pays s'assimileraient à la poursuite de « programmes d'ajustement structurel (P.A.S.) que les pays d'Asie, d'Afrique, d'Amérique latine et du bloc Est (Europe de l'Est et URSS) ont appliqués sous l'égide du Fonds monétaire international, dans les années 1980 ».

On comprend dès lors la langueur de ces plans. A l'époque, les pays en cessation de paiement des pays du reste du monde, fortement endettés, n'avaient pas d'alternatives. Sans aides financières, ces pays insolvables étaient destinées à ce qu'a appelé le gouverneur de la Banque de France pour la Grèce qui était surendettée et en cessation de paiement un « scénario d'enfer». Et Christian Noyer a bien pesé ses mots. Sans aides financières pour financer les fonctionnaires, les militaires, les services publics, l'économie, ces pays seraient destinés au chaos, en clair à des émeutes qui risquent de se terminer en révolutions ou guerres civiles. Comme ce qui s'est passé dans les pays du reste du monde.

Et ces pays ont appliqué à la lettre le programme du FMI, i.e. les réformes structurelles (dévaluation de la monnaie, privatisation des entreprises publiques, libéralisation du foncier, fin du monopole de l'Etat sur le commerce extérieur, réduction des effectifs dans le secteur public, etc.). en contreparties des aides financières et du rééchelonnement de la dette. Mais si ce « scénario d'enfer» a été évité à la Grèce et certainement à d'autres pays, on ne peut ne pas penser que les pays endettés et déficitaires de la zone euro poursuivent le même programme que les pays d'Europe de l'Est, d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Sud ont déjà effectué avant eux. Sauf que le FMI n'a qu'une part marginale dans la restructuration de leurs économies.

Ce sont les services de la BCE et de la Commission européenne qui veillent à l'accomplissement des engagements de ces pays pour équilibrer leurs comptes publics. Et ironie de l'Histoire, ce qui s'est appliqué au reste du monde s'applique, aujourd'hui, pratiquement à toute l'Europe. Et, comme la remontée a été très difficile pour les pays avant eux, qui a demandé plus d'une décennie, et le doit surtout à une conjoncture favorable qui a changé les donnes, elle l'est également pour les pays d'Europe. Cependant, les pays d'Europe, en particulier la zone euro, «ont un avantage que les pays d'Europe de l'Est, d'Asie, d'Afrique et d'Amérique du Sud n'avaient pas à l'époque ».

Et si ce ne sont ni les dettes publiques ni les déficits publics qui sont la vraie cause du blocage économique de la zone euro ?

Il est évident que la situation dans la zone euro avec une réduction des déficits insuffisante, une croissance en stagnation et une paupérisation rampante, ne peut qu'étendre un euroscepticisme à l'échelle de toute l'Europe. Les Européens croient de moins en moins à l'Union européenne et à l'« euro ». Et ni les partis de droite ni de gauche qui étaient ou sont aux commandes n'arrivent ou plutôt « ne veulent regarder la réalité en face et prendre les mesures qui s'imposent ». Ce qui renforce les partis d'extrême-droite et d'extrême-gauche.

Au fond, ce n'est que justice, on peut dire même heureusement que ces partis d'extrême-gauche et d'extrême-droite existent. Et qu'une Marine Le Pen ou un Jean-Luc Mélenchon (dixit « à la fin ça se terminera entre Le Pen et nous ») sont nécessaires au panorama politique de la France pour réveiller l'apathie qui prend dans les consciences tant de la gauche que la droite, et les dangers qui risquent de pointer à l'horizon. Les tergiversations des décideurs et cette politique de tout miser sur les mesures économiques d'austérité massives pour la reprise économique alors que celle-ci se fait languir, et pratiquement ne vient pas, devraient au contraire faire réfléchir.

La question essentielle est pourquoi ? Est-ce parce que l'Asie, en particulier la Chine, sont plus compétitifs ? Certes cela joue dans le commerce mondial. Pourtant l'Allemagne et quelques pays de l'Europe du Nord tirent leur épingle du jeu. Et ils ont des déficits publics inférieurs à 3%. Pour l'Allemagne, si les excédents ne sont pas jumeaux, le solde courant est positif et le solde public est presque ramené à l'équilibre. Et ce dernier pourra devenir nul voire positif en 2015. Mais pourquoi les économies des autres pays de la zone euro n'arrivent pas à se redresser ? Il est clair que si la machine économique de la zone euro s'est grippée, malgré les efforts entrepris par les pays déficitaires depuis cinq années, c'est qu'il y a certainement des failles dans la politique économique poursuivie dans la zone euro ? Et où est la faille ? Sinon comment comprendre la situation économique des États-Unis qui s'est parfaitement redressée, avec un taux de chômage aujourd'hui de 6% ? Même le Japon, malgré son endettement, a, en 2014, un taux de chômage de 3,8%, et la Grande- Bretagne 6,2%, comparativement à l'Espagne 24,5% et la France 10,5%. (Données Eurostat et OCDE). De même, les déficits publics des États-Unis, de la Grande-Bretagne et surtout celui du Japon qui est de -8,4% du PIB sont bien supérieurs à celui de la France. Il est évident qu'il y a quelque part problème dans les politiques économiques menées dans la zone euro. Un japon qui a une dette publique de 229,6% du PIB comparativement à la France qui a une dette publique de 95,6% a un taux de chômage presque trois fois moindre que celui de la France. De même, la Grande-Bretagne et les États-Unis qui ont respectivement des dettes publiques de 91,8% et106,2% du PIB ont un taux de chômage presque deux fois moindre. (Sources Eurostat, Commission européenne et OCDE). Ceci nous fait dire que ce ne sont pas les dettes publiques ni les déficits publics qui sont les vraies causes de la paupérisation rampante de l'Europe monétaire, même si évidemment ils y participent, ni n'expliquent les faibles taux de chômage. « A fortiori le Japon qui tranche complètement avec le panorama économique bas de la zone euro ». Qu'est-ce qui est important le taux de chômage à la baisse ? Ou la baisse des déficits publics et de la dette publique ? Est-ce que les États-Unis, la Grande Bretagne et le Japon ne pensent pas aux générations futures ? Seule la zone euro y pense, en menant des politiques d'austérité, pour préparer un avenir plus juste aux générations à venir? Mais le Japon démontre le contraire. On peut même dire sans risque de se tromper qu'avec 300% de la dette publique au Japon, et un déficit public de 10% du PIB, à condition toutefois « que la situation géoéconomique et géomonétaire dans le monde ne change pas », le Japon continuera d'enregistrer des taux de chômages faibles. Une forte population japonaise toujours engagée dans le marché du travail.

Au vu de ce qui précède, la faille se trouve ailleurs et non dans les déficits et les dettes publiques.

Il est clair que ces agrégats macroéconomiques pénalisent, mais compte tenu de la puissance économique, financière et monétaire de l'Occident, on peut dire cependant qu'ils sont « maîtrisés », à voir les autres puissances occidentales. Pour l'exemple, la dette publique du Japon est à plus de 95% détenue par les Japonais. L'Etat du Japon joue un peu le rôle de coffre-fort pour les économies de la nation. Ce qui signifie que les entreprises économiques, les collectivités locales et surtout les ménages, doivent non pas être rémunérés pour ces placements, mais au contraire doivent payer par un taux négatif l'Etat leur préservation.

Alors, comment comprendre le blocage en zone euro ? Où est la faille dans le système économique de la zone euro ? D'autre part, le retour aux monnaies nationales comme le préconisent les eurosceptiques est-il une solution fiable pour la zone euro ? D'emblée, pour cette question, on peut dire que cette solution est non seulement une folie mais ne sert en rien les pays européens déficitaires sinon à les embarquer dans des « scénarios d'enfer «, selon le mot de Christian Noyer. Tels sont les problèmes auxquels fait face la zone euro. Ils expliquent aussi pourquoi les « cures d'austérité » en zone euro sont en train d'atteindre leurs limites. Nous y reviendrons sur ces problèmes qui ne sont pas bornés à la seule Europe mais intéressent l'ensemble des pays du monde, a fortiori l'économie mondiale qui va entrer bientôt dans la phase descendante du deuxième cycle économique mondial du XXIème siècle (1 et 2).

*Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale, Relations internationales et Prospective.

Notes :

1. « Un retour sur la crise financière de 2008. A quand la prochaine bulle financière «, le Quotidien d'Oran, le 12 août 2014, par Medjdoub Hamed

2. « Prospective mondiale : États-Unis, Zone euro, Grande-Bretagne, Japon, Chine, Russie et pays émergents et exportateurs de pétrole à l'horizon 23015-2017 «, www.agoravox.fr, le 10 septembre 2014, du même auteur. 
Une ambition démesurée ?
par K. Selim


Quelle leçon les différents pôles qui constituent le pouvoir ont-ils tirée de la secousse aussi inattendue que spectaculaire de la «mutinerie» des policiers ? Mystère. Le système dans son entier n'émet plus politiquement, ce qui laisse le champ libre aux interprétations les plus contradictoires. La chose la plus visible - et c'est Sellal qui s'en charge - consiste à traiter l'affaire comme un conflit «social» auquel on apporte des réponses par la dépense. Rien de nouveau sous le ciel de la rente.

On peut observer - et de manière positive - qu'il n'existe pas de tentatives d'exploiter la tension avec le Maroc à des fins politiques internes sur le vieux mode du complot ourdi. On nous aura épargné cela et sur ce registre on est enclin à dire pourvu que ça dure. Mais le silence politique est-il de mise s'agissant d'une contestation policière qui semble déjà avoir un effet d'entraînement sur d'autres secteurs où des mouvements revendicatifs se font entendre. L'option de traiter ces demandes par plus de «dépenses» n'est pas tenable indéfiniment et l'actuelle baisse des cours pétroliers constitue une petite piqûre de rappel.

L'absence de confiance entre les Algériens et l'Etat-pouvoir crée un permanent jeu du chat et de la souris où l'on agite son potentiel de «nuisance» pour arracher des concessions. Le tout sous une forme d'irresponsabilité généralisée où les gouvernants ne rendent pas de compte et utilisent le bas de laine de la rente pétrolière pour assurer une fausse «tranquillité sociale». Et dans le fonctionnement général, cela entraîne une perte d'une aptitude légitime à faire travailler les subordonnés. Dans ce pays, on triche sans se cacher avec le travail comme si l'inertie du système se dupliquait à l'infini dans le champ social. C'est d'ailleurs une des raisons profondes, peu évoquée par esprit « syndicaliste» ou « populiste», qui rend le changement impératif pour sortir de ces logiques mortelles.

Encore une fois, les lectures biaisées qui ramènent ce qui est arrivé en Libye et en Syrie à la seule « intervention étrangère» sont un signe de grave aveuglément. Le facteur déterminant, massif, est que faute de capacités d'exercer des droits de citoyens de changer les choses, des Libyens et des Syriens, pas moins patriotes, en sont arrivés à croire que l'intervention étrangère est la moins mauvaise issue. Les pouvoirs autoritaires, dictatoriaux et souvent kleptocrates dans l'aire arabe sont les plus grands alibis des ingérences, ils ouvrent les boulevards de l'intervention au nom de l'humanité ou du devoir de protéger.

 Sortir de ces modes de gestion vieillots et brutaux des populations est devenu - si on lit correctement le cas libyen ou syrien - une affaire de sécurité nationale. Le pays ne peut pas continuer à être géré par la matraque et/ou la dépense. Il faut nécessairement aller vers un changement qualitatif pour refonder l'Etat, rétablir la souveraineté des citoyens et légitimer les institutions. Comment y aller est la seule question qui vaille la peine d'être posée. Si le pouvoir reste muet - on vient vaguement d'évoquer le projet de révision constitutionnelle -, la classe politique ne l'est pas et il faut s'en féliciter.

La CNLTD préconise une voie qui a l'apparence de la radicalité : organiser des élections présidentielles anticipées. En clair, mettre en œuvre les dispositions de l'article 88 sur l'empêchement du président. Rien, absolument rien, n'indique une quelconque prédisposition des différents acteurs du système à aller dans ce sens. Les responsables de la CNLTD prennent soin de préciser qu'ils ne comptent pas engager le bras de fer dans la rue, ce qui ramène la radicalité du discours à une plus modeste dimension. Elle est destinée, au mieux, à servir d'argument dans d'éventuelles batailles à l'intérieur du régime.

Le FFS préconise une démarche «consensuelle» et moins radicale que la CNLTD, mais elle est très - ou trop - ambitieuse : réussir la gageure d'amener le pouvoir à discuter avec l'ensemble des forces politiques des solutions pour le pays. Cela ne s'est jamais vu dans le passé. Et rien n'indique, même si les partis FLN et RND acceptent de discuter avec le FFS, que le pouvoir changera d'attitude. Cette tentative de créer par « l'appel à la raison nationale ou patriotique» une brèche dans le dangereux immobilisme peut paraître comme une ambition démesurée ou naïve. A moins que… les choses aient, enfin, mûri chez les tenants du pouvoir qui ne peuvent ignorer les signaux cliniques des crises qui s'accumulent. 
Malgré doutes et suspicions, le FFS persiste et signe
par Kharroubi Habib
Depuis que le Front des forces socialistes (FFS) a lancé son initiative d'une conférence nationale pour la reconstruction d'un consensus national et surtout après avoir répondu à l'invitation du pouvoir dans le cadre des consultations organisées par ce dernier sur son avant-projet de révision de la Constitution, il est la cible d'une insidieuse campagne le présentant comme ayant renoncé à sa ligne oppositionnelle qui est la sienne depuis sa création. Les animateurs de cette campagne ont même prêté au parti d'Aït Ahmed d'avoir contracté un « deal politique » avec le pouvoir que rien n'est venu pourtant confirmer.

Le tort de la démarche du FFS aux yeux de ses détracteurs est qu'elle ferait la part belle au pouvoir dans la reconstruction du consensus national que certains d'entre eux pensent pouvoir la lui imposer à leurs conditions. Le fait que le FFS ait décliné d'être partie prenante dans des regroupements politico-partisans prônant cette option qui a leur faveur, lui vaut des plus impliqués d'entre eux l'accusation de « rouler » donc pour ce pouvoir. Le vieux parti d'opposition n'en a pas pour autant été perturbé par l'accusation et les interprétations tendancieuses dont son initiative est l'objet. Il poursuit sereinement ses efforts en vue de concrétiser son projet de conférence nationale.

Depuis hier, il a entamé un cycle de consultations avec différentes formations du paysage partisan, des personnalités nationales et de représentations de la société civile. Ils sont nombreux à avoir accepté de le rencontrer : signe du respect et de la considération dont le parti jouit dans leurs milieux malgré le doute que ces détracteurs instillent sur ses intentions et les raisons qui en sont à l'origine. La direction du FFS entend grâce à ces rencontres écouter les positions de ses interlocuteurs par rapport à la situation qui prévaut dans le pays et recueillir leurs avis sur l'initiative de leur parti.

Elle s'attellera également à leur expliciter dans quelle optique est conçue la conférence nationale que le FFS ambitionne de réunir. Ses différents porte-paroles ont d'ailleurs dévoilé celle-ci en maintes de leurs déclarations ayant trait au sujet. La conférence nationale envisagée est inclusive de toutes les parties en mesure de contribuer à la reconstruction du consensus national, leurs participations ne doivent pas être tributaires de préalables posés par les unes ou les autres.

Le FFS n'entend pas que cette conférence soit la «sienne» d'où l'insistance de sa direction à présenter sa contribution à la réunion comme se limitant à jouer le rôle de facilitateur entre les pôles en présence. A l'évidence, ce rôle est délicat et ardu à tenir tant les positions des uns et des autres semblent irréconciliables et ceux qui les soutiennent apparemment réfractaires à des compromis pouvant les rapprocher.

Tout le monde pourtant, pouvoir et opposition, ne parle que de la cruciale nécessité pour l'Algérie de reconstruire son consensus national. Le FFS est le seul acteur politique à avoir tiré la conclusion que la concrétisation d'un tel consensus passe par le dialogue entre tous, y compris bien entendu avec ce pouvoir qui est le problème dans la crise que vit le pays. Toute autre option risque d'entraîner le pays à la dérive. Ce à quoi le FFS refuse de s'y résoudre et explique le pourquoi de son initiative. Ce qui ne confirme en rien le soupçon qui plane sur lui d'avoir fait de ce prétexte la justification de son prétendu rapprochement avec le pouvoir en place, et encore moins d'avoir troqué son habit d'opposant historique et intransigeant contre celui de supplétif inavouant de ce pouvoir. 
LA MARSA: L'année pédagogique debute à l'école de Pêche
par Bencherki Otsmane
A l'occasion de l'ouverture officielle de l'année pédagogique de la Pêche 2014/2015, l'annexe de l'Institut national supérieur des Pêches (INSPA) de la ville côtière de La Marsa, a organisé, en collaboration, avec la chambre de Pêche, ce lundi, une rencontre à laquelle ont participé, outre les élèves stagiaires, le directeur de la Pêche et des Ressources halieutiques, des professionnels du secteur de la Pêche, et les enseignants. A titre de rappel, cette annexe a été inaugurée par le président de la République, en 2007. Elle forme, principalement, des marins dans les domaines de l'électromécanique, la capitainerie, les patrons-pêcheurs et les agents aquacoles. Pour cette année, 80 stagiaires suivent une formation initiale (pour les débutants dans le monde marin) et 695 autres pour la formation spéciale. Selon M. Kaddour Latef, directeur de l'école, il est prévu, pour l'année 2015, une formation académique pour lieutenants de pêche et techniciens supérieurs en aquaculture. Les candidats devront avoir le baccalauréat pour accéder, à cette formation, d'une durée de 3 ans, précise M. Latef. A noter, enfin, qu'au cours de cette journée, deux conférences ont été données.. La première, par M. Chélia Ahcène , enseignant à l'école de Pêche de La Marsa et ayant pour thème : « la manipulation , le traitement et la conservation des produits de la pêche ». La seconde par le Dr Vétérinaire Badani Djillali. Celui-ci a saisi l'occasion de la célébration de la Journée mondiale sur l'Alimentation, pour souligner la complémentarité entre la production agricole et la pêche. Pour cela, dira-t-il, il est impératif de maîtriser les techniques de la pêche pour permettre des prises importantes et, par conséquent, arriver à un quota de consommation de 6 kg par an et par habitant. Aujourd'hui, dira l'intervenant, l'Algérien consomme en moyenne 3 kg de poisson, par an. A l'issue de cette rencontre un débat fructueux s'est insaturé entre les participants et les enseignants. 
Coopération avec l'Algérie : La délégation de l'UE dresse un «bilan positif»
par Mohamed Mehdi
« Le bilan de la coopération entre l'Union européenne et l'Algérie est positif», a déclaré hier Manuela Navarro, chef des opérations de coopération à la délégation de l'UE en Algérie, lors de la présentation du rapport 2014, à l'hôtel Sofitel d'Alger. Les fonds investis entre 2000 à 2013 totalisent environ 700 millions d'euros, selon le document présenté hier. Les programmes de coopération ont touché plusieurs secteurs dont la santé, l'enseignement, l'agriculture, l'industrie, la PME, le commerce, la réforme de la justice, la bonne gouvernance, la culture, le développement durable, le renforcement des services publics de base, l'emploi, la jeunesse et l'aide aux activités des ONG et de la société civile. Au total, «43 grands programmes bilatéraux ont été engagés» durant la période indiquée, «dont certains ont été cofinancés par les autorités algériennes», a indiqué Mme Navarro.

Parmi les projets cités par le chef de la délégation, l'UE a contribué au «financement de 440 projets de développement local avec 1200 micro-crédits», à la «mise à niveau de 700 PME», au «renforcement des capacités de l'Office national des statistiques (ONS) dans la réalisation d'enquêtes socio-économiques», à l'élaboration du «plan national de transports» à 2025, à l'introduction de «guichets uniques portuaires» (Alger, Oran, Skikda), au «financement du plan national de l'eau» à 2030, et à la «formation de 785 cadres du ministère des Ressources en eaux». Le «rapport sur la coopération UE-Algérie» étale les détails chiffrés de ces projets sur plus de 230 pages. Sa mise en ligne sur le site web de la délégation de l'UE en Algérie était prévue hier. De son côté, Gerald Audaz, chef de secteur Maghreb, DG DEVCO à la Commission européenne, a exposé l'état des négociations en cours avec l'Algérie concernant la «politique de voisinage» de l'UE, dans sa version 2011, adoptée après les évènements qu'a connus la région du Moyen-Orient. Dans cette «politique de voisinage renouvelée», l'Algérie est partie prenante dans «36 programmes de coopération régionale», a indiqué Gerald Audaz. Les négociations entre l'Algérie et l'UE portent sur le «plan d'action voisinage» qui est «un document qui détaille un certain nombre d'actions prioritaires engageant les deux partenaires pour donner corps aux dispositions de l'accord d'association et renforcer notre partenariat», ajouté M. Audaz. Ces négociations ont été entamées depuis 2012 avec l'Algérie, mais également avec la Tunisie, le Liban et d'autres pays de la région. A ce jour, l'Algérie et l'UE «n'ont pas encore abouti à un accord sur ce plan d'action», affirme-t-il, annonçant qu'une réunion est prévue «début novembre». «De nombreux sujets d'intérêts communs exigent qu'on doit travailler ensemble dans les années à venir. Comme, par exemple, des questions économiques, commerciales, de mobilité des personnes, et la sécurité régionale».

LES INVESTISSEURS NON RASSURES

Dans la partie questions/réponses de la présentation du nouveau rapport de la délégation de l'UE en Algérie, plusieurs sujets ont été évoqués, dont ceux liés à la mise à niveau des entreprises, mais également l'accord d'association. A la question de savoir pourquoi cet accord signé en 2001 entre l'Algérie et l'UE n'a pas favorisé l'amélioration du flux des investissements directs étrangers (IDE) en provenance de cette région, le conseiller commercial, Mauro Miranda, a été moins protocolaire que ses collègues de la délégation. Pour lui, il existe des «mesures discrétionnaires» qui freinent les IDE. L'accord d'association devrait «normalement» favoriser les IDE, «mais encore faut-il respecter l'accord d'association», a-t-il déclaré en réponse à la question d'un journaliste. «Il y a un nombre d'obstacles et de mesures, parfois discriminatoires, qui sont appliqués à l'encontre des investisseurs étrangers, notamment européens, qui défavorisent et découragent les investisseurs potentiels de se lancer vers la destination Algérie», déclare M. Miranda. «L'accord d'association prévoit, par exemple, l'interdiction de toute discrimination à l'encontre des fournisseurs de services établis en Algérie. Or, vous le savez autant que moi, la loi de finance 2014 a introduit des mesures discriminatoires à l'encontre de ces investisseurs. Si ces derniers ne se sentent pas protégés, s'il y a un risque de discrimination ou s'ils n'ont pas la certitude que l'accord d'association est respecté, à présent et à l'avenir, ils ne viendront pas s'installer en Algérie», ajoute le conseiller commercial de la délégation de l'UE. M. Mauro Miranda cite également d'autres «mesures» qui «ne sont pas directement visées par l'accord d'association», mais qui freinent les IDE. «Je fais allusion à la règle 51/49 qui, même si elle ne fait pas grief à l'accord d'association, elle est redoutable pour les investisseurs, notamment les PME. En particulier lorsque cette règle est appliquée de manière horizontale, à tous les secteurs d'investissements sans distinction, elle a un effet dissuasif sur les IDE», a-t-il conclu. 

mardi 7 octobre 2014

Oran, métropole méditerranéenne : Rêve ou réalité ?
par Lahouari Senouci, Ph. D.
Suite et fin

L'entreprise souhaitait disposer des meilleures conditions d'environnement pour cet important projet de développement industriel: «il s'agit d'un partenariat avec mise à disposition d'un terrain en concession, et mise à niveau d'infrastructure (port d'Oran, réseau routier…). Le site d'Oued-Tlélat correspond très bien aux critères que nous avons évoqués avec les autorités : proximité d'un port, aéroport, réseau routier, personnel qualifié et qualité du terrain» précisait un membre du comité de direction de Renault au Quotidien d'Oran8.

Une métropole ne peut se définir simplement par sa taille ou par sa localisation, même si elle compte plus d'un million d'habitants et bénéficie d'une position stratégique. Le poids démographique ne suffit plus de nos jours pour figurer parmi les métropoles modernes du XXIème siècle. La métropolisation est définie comme «le processus par lequel, une ville acquiert les fonctions majeures de coordination d'activités économiques complexes, de portée mondiale, ou globale, (…), la métropole est donc une agglomération qui concentre des activités de coordination, des fonctions supérieures et des talents de haut niveau.»9.

Au niveau spatial, la métropole est constituée d'une ou de plusieurs villes centrales ainsi que leur périphérie. Elle est à la fois «un pôle de décision politique et économique doté de puissants réseaux de communications et de transports et un bassin d'emplois diversifiés, un pôle d'innovation et de recherche et un pôle culturel de référence.»10 .

Toutefois, si les grandes villes ont acquis une place prépondérante dans la production de la valeur, leur grand défi demeure l'accès aux services urbains (eau potable, assainissement, énergie, médias, santé, éducation, transports, recyclage) de «manière inclusive et durable.»11.

En conclusion, on comprend bien qu'une métropole ne se décrète pas mais se construit sur le long terme (10-15 ans) grâce à la mise en valeur des richesses culturelles, historiques, scientifiques, sociales et économiques qu'elle recèle ou qu'elle est à même de susciter en créant un environnement durable pour le bien-être de l'ensemble de la population. Quelques pistes de réflexion pour construire El Bahia de demain Toutefois et bien qu'il faille penser autrement la ville de demain, on ne part pas de rien. Wahran El Bahia possède sa façon d'être et de se développer. Cité millénaire, elle a ses spécificités, une histoire, une culture, un patrimoine archéologique et une architecture, témoins du passé andalou, espagnol, turc et français de la ville, un cadre bâti, une élite, des entrepreneurs, des universitaires, des artistes et des citoyens (jeunes et moins jeunes) bien au fait de leur cité. Elle a une âme comme on dit. Des ingrédients forts qui entrent en ligne de compte pour la construction de la métropole méditerranéenne rêvée sur des bases saines et durables.

Il est évident que la ville d'Oran a un grand besoin d'équipements et de mise à niveau de ses infrastructures, toutes confondues, afin qu'ils répondent aux besoins de la population et à ceux d'une économie qui se veut moderne et résolument tournée vers l'avenir. Il faut bien admettre que les projets majeurs réalisés à ce jour ou en cours de réalisation indiquent cette volonté d'équiper Oran et d'aller de l'avant avec le plan de modernisation. Au niveau de l'infrastructure routière, par exemple, un mégaprojet de 35 km, reliant la commune de Misserghine (ouest d'Oran) à la localité de Belgaïd (est d'Oran) devait-être lancé au début de l'année 2014. Tandis qu'au niveau culturel et récréotouristique, le plan de modernisation de la ville d'Oran contient plusieurs projets comme la mise en valeur et la restauration des sites historiques (mausolée de Sid-El-Houari, palais du bey, la mosquée Imam El-Houari, la mosquée du Pacha, la mosquée de la Perle, mise en valeur du patrimoine que recèle la ville, etc.), la création de nouvelles infrastructures récréotouristiques (parcs thématiques, Aquarium, port de plaisance, marinas, jardin citadin, etc.) et d'une tour de plus de 330 mètres pour laquelle «une architecte brésilienne de renom sera sollicitée». Cette tour serait fort probablement la nouvelle icône d'Oran comme le sont la tour Burj Khalifa à Dubaï et la tour Agbar de Barcelone par exemple.

On constate, de par le monde, que la mise en valeur du patrimoine architectural et le développement de plans d'aménagement conçus par des architectes de renoms interviennent pour rehausser l'image de la ville et stimuler son attractivité. À Bilbao, en Espagne «le prodigieux musée conçu par Frank Gehry attire cinq millions de visiteurs par an et a tiré du marasme la ville noire du Pays-Basques.»12 Il est ainsi admis que l'investissement dans les infrastructures, économiques (développement des entreprises, entreprenariat), sociales (habitat et services urbains de qualité), scientifiques (formation, recherche) et culturelles (bibliothèques, salles de spectacles et de cinémas, etc.) qui concourent à l'amélioration de la qualité de vie des citoyens est un préalable pour aspirer à figurer parmi les métropoles méditerranéennes tout en créant de la richesse.

AMELIORATION DU CADRE DE VIE ET CORRECTION DES INEGALITES TERRITORIALES

Toutefois, la mise à niveau de la ville va bien au-delà de la mise en place de grosses infrastructures pour répondre à des besoins ponctuels. D'ailleurs, quelques jours après son installation, le nouveau wali d'Oran, M. Zaâlane dans une entrevue au Quotidien d'Oran, bien qu'il ait confirmé sa détermination «à faire en sorte qu'Oran se modernise, et se hisse au rang des grandes métropoles»13, il a surtout indiqué sa volonté de s'attaquer d'abord à la résolution des difficultés que rencontrent les citoyens dans leur quotidien (logement, viabilisation des centres d'habitats, régularisation du foncier, déficit en équipements publics, problématique du vieux bâti, bidonvilisation, clochardisation de la cité, insalubrité, etc.). Ce qui est de bon augure.

AMENAGEMENT VERSUS MENAGEMENT

Un aménagement majeur comme celui entraîné par le plan de modernisation d'Oran mérite d'être clairement défini, expliqué, encadré et structuré sur le moyen et le long terme. Il n'est pas l'affaire d'un groupe restreint d'experts ou de gestionnaires mais l'affaire de tous les citoyens. Nous sommes devant un processus de changement aussi bien au niveau de la dynamique urbaine, sociale, environnementale qu'économique. L'objectif recherché est l'amélioration du cadre de vie des habitants, la correction des inégalités territoriales, la création d'emplois et la construction d'une ville durable. Il est clair qu'un tel projet réoriente le développement de la ville. Ainsi, au-delà du questionnement précédent, la réflexion pourrait s'articuler autour des trois points suivants :

1. L'encadrement du projet par la définition au préalable d'une vision, d'une stratégie et d'un plan d'action clairement établis, discuté et admis par l'ensemble des acteurs locaux, ce qui permettra (i) de savoir où nous voulons être dans 15 ans; (ii) de mettre de l'avant les conditions dans lesquelles nous souhaitons vivre et (iii) de recenser les défis à relever. Cette démarche de réflexion et de planification aura le mérite d'établir un état des lieux actuel, de décrire les changements souhaités et de baliser la démarche de réalisation. En encadrant ainsi le projet, nous nous donnons les moyens pour que le rêve devienne réalité.

2. La gouvernance territoriale, il s'agit de gouverner autrement. Les méthodes et les approches de gestion des métropoles ont évolué en fonction de la complexité du fonctionnement de ces dernières. La métropolisation entraîne une nouvelle reconfiguration du partage des responsabilités et appelle à une clarification du niveau des interventions et des responsabilités territoriales des institutions locales et régionales en place (Commune, Daïra, Wilaya, Gouvernement). L'implication et la concertation des acteurs et locaux et régionaux (élus, universitaires, gestionnaires, hommes d'affaires, représentants de la société civile, etc.) est un gage de réussite pour peu que la démarche soit menée dans le respect et la transparence. Il s'agit de réfléchir ensemble et de rapprocher les centres décisionnels des acteurs locaux, proches des citoyens. L'objectif recherché est de favoriser le sentiment d'appartenance et l'appropriation du projet par l'ensemble des citoyens. «L'acceptabilité sociale» est plus que jamais une réalité dans les projets d'aménagement du territoire qui allient les dimensions de l'environnement, du social, de l'économie et du politique.

Ne perdons pas de vue que ce type d'investissements majeurs en orientant le développement de la ville, il conditionne la vie des citoyens. Les choix arrêtés aujourd'hui ont une portée à moyen et long terme sur l'environnement et la vie des générations futures. Il s'agit alors de penser ménagement qui, «au contraire de l'aménagement est la prise en compte de toutes les valeurs de culture et d'histoire des groupes concrets, (…), ou encore, face aux modèles centralisateurs des aménageurs, il était le sens du particulier, du contingent, face à la tendance modélisatrice, il consistait en des solutions négociées localement.»14

En agissant ainsi, nous nous donnons les moyens de devenir partie prenante dans la matérialisation de notre rêve.

3. La gouvernance du projet, soit la gestion proprement dite du projet qui implique au préalable la définition des responsabilités à tous les niveaux d'intervention et du suivi des réalisations. On remarque ailleurs de par le monde, que des projets de cette envergure sont généralement sous la responsabilité d'une institution administrative supra locale autonome, dotée de pouvoirs décisionnels. Celle-ci aurait le mérite d'être imputable des actions dont elle coordonne la réalisation d'une part et d'autre part, d'assurer le suivi du plan d'action. L'autre intérêt d'une telle institution est de survivre aux mouvements des élus, des gestionnaires et des administrateurs.

En nous organisant ainsi, nous nous assurons de la bonne marche des opérations pour la matérialisation de notre rêve et la bonne utilisation des deniers publics. En conclusion, je ne peux m'empêcher de faire allusion à la devise d'un des hommes d'affaires les plus en vue en Algérie, qui parlant de sa réussite disait ceci : «Voir grand, commencer petit et aller vite.»15. Je me dis alors et si le rêve commun était simplement de moderniser la ville et d'en faire de Wahran El Bahia, une ville inclusive où il fait bon vivre. Rêver à «une ville en santé» avec l'accès à l'eau, à l'assainissement, au recyclage, à la culture, aux médias, à l'éducation, aux soins de santé, au transport et au logement pour tous. Rêver à une ville où l'on se sent en sécurité peu importe l'heure et le lieu où nous nous trouvons en ville. Rêver à une ville innovante et dynamique qui saura attirer de nouveaux talents et des investisseurs pour créer des emplois.

Rêver à une ville où rayonne la culture du terroir et d'ailleurs, grâce aux talents dont elle regorge. Rêver à une ville dont l'environnement soutient et stimule la connaissance et le savoir grâce à son réseau universitaire, aux laboratoires de recherche et aux institutions de formation professionnelle et aux industries qu'elle compte. Rêver à une ville où les citoyens ont droit au chapitre et se sentent concernés et entendus dans la réorganisation de leur cité. C'est là, un gage de succès pour que notre rêve comme citoyens amoureux de leur cité devienne réalité.

Notes :

8. Le Quotidien d'Oran du 30 mars 2013

9. Luc-Normand Tellier et Carlos Vainer (2012) : Métropoles des Amériques en mutation. Presses universitaires du Québec, Montréal

10. Florence Dinh (2009) : Les métropoles. Nouveaux défis des villes européennes. Monde d'aujourd'hui. Paris, 2009

11.J.D. Sachs : L'ère des villes, La Presse, Montréal, 28 novembre 2013

12. Claude. Manzagol : (2009) idem

13. Le Quotidien d'Oran du 12 décembre 2013

14. Michel Marié (1989) :Les terres et les mots. Analyse institutionnelle. Méridiens Klincksieck, Paris

15. Taieb Hafsi (2012): Issad Rebrab. Voir grand, commencer petit et aller vite. Casbah Éditions, Alger 
Ces oubliés de la Grande Guerre 1914 - 1918 : les combattants algériens
par Rahal Redouane *
Le gouvernement français a commémoré cette année le Premier Centenaire de la Première Guerre mondiale de 1914 - 1918.

A cette fin, divers médias (Journaux - Hebdomadaires - Revues- Radios et Télévisions) ont diffusé déjà des numéros spéciaux ou des reportages sur cette guerre qui a touché sur le plan planétaire de nombreux pays indépendants ou colonisés. Des historiens publient également des ouvrages, plus de 100 sur le sujet, certains font allusion à l'apport des coloniaux dans l'armée française mais sans détailler leur origine et leur nombre surtout s'agissant des conscrits algériens engagés durant ce conflit, mondial à juste titre, pour la première fois dans l'histoire.

En effet, l'apport de ces conscrits durant la 1ère Guerre mondiale a été longtemps occulté même après la fin du conflit. Les historiens de l'époque en faisaient de brèves allusions mais sans mentionner leur importance.

D'ailleurs l'administration coloniale de l'époque à Alger et le gouvernement français lui-même n'ont jamais indiqué d'une part ni le nombre des algériens engagés dans ce conflit ni d'autre part, par voie de conséquence, celui des morts et blessés. C'était le mutisme généralisé voulu et entretenu. Ce n'est que bien après l'indépendance de l'Algérie que des historiens lucides et objectifs tels que feu Charles André Agéron ou Gilbert Meyenier ont pu dévoiler leur nombre, bien qu'approximatif, en signalant toutefois que dans les archives historiques de l'armée française, des cartons relatifs à cet apport des « indigènes algériens » sont supposés manquants peut-être à mon avis, relevant du Secret - Défense, pour diverses considérations politiques, dont le nombre réel des morts.

En réalité ce non-dévoilement est lié au poids des colons d'Algérie qui se sont opposés dès le début et comme toujours au recrutement des Algériens musulmans dans l'armée française de peur d'être privés d'une main-d'œuvre à très bon marché et, surtout, aussi la crainte que les indigènes algériens apprennent à manier les armes modernes.

De plus, une crainte entretenue, sous-jacente chez les Européens et les colons d'Algérie qui se déchaînaient chaque fois qu'il était question de recrutement des Algériens musulmans par/et dans l'armée française, était résumée par cette opinion bien répandue à l'époque publiée par le quotidien « La dépêche algérienne » du 5 novembre 1907 en des termes crus, racistes et xénophobes « Vous allez apprendre à tous les bicots à manier le fusil…on en fera des déracinés, de la graine des pillards et d'assassins…(sic) ».

Or, depuis l'acte général de la Conférence de Berlin du 15/2/1885 sur le partage de l'Afrique entre pays européens et la réunion d'Algésiras (Espagne) de 1905 sur le sort du Maroc, dont certaines villes étaient déjà occupées par la France depuis 1904, le gouvernement de ce pays a été contraint de faire appel aux conscrits algériens. De plus, les prémices d'un futur conflit France - Allemagne étaient en l'air depuis 1910. Enfin et surtout c'est pour préserver le maximum du sang des Français, sur les différents fronts, que l'administration militaire française décida malgré elle du recrutement des Algériens et ce par voie d'appel obligatoire ou d'engagement volontaire malgré les réticences des populations algériennes musulmanes à la veille de la 1ère Guerre mondiale.

L'importance de cette participation n'a jamais été détaillée ou rendue publique par les historiens français qui avançaient des chiffres oscillant entre 80.000 et 120.000 conscrits, alors que l'administration coloniale n'a jamais communiqué aucun chiffre. Mais dans son livre « Le Jeune Algérien » publié en 1930, Ferhat Abbas signalait que la conscription avait donné à la France une armée de 250.000 hommes qui laissa 80.000 morts durant la 1ère Guerre mondiale.

De plus, ce qui est occulté très souvent c'est le nombre des blessés et des soldats démobilisés atteints par la tuberculose contractée sur les différents fronts d'opérations militaires. C'est pour encadrer ces nombreux démobilisés que l'administration coloniale française créa en Algérie, ces officines appelées « Dar-El-Assakri » pour soi-disant leur faciliter la préparation de leurs dossiers de pensions, dérisoires en vérité mais en réalité pour les orienter psychologiquement et politiquement. L'administration craignant que du fait de leur séjour en Europe, ils n'aient acquis certaines idées dérangeantes en réclamant des droits reconnus déjà aux Européens - pieds-noirs originaires du pourtour de la Méditerranée.

Ce qui est certain c'est que l'apport des conscrits algériens musulmans durant la 1ère Guerre mondiale a été immense et conséquent. En France, dans la région « Alsace - Lorraine » il existe des cimetières de plusieurs hectares uniquement de tombes d'Algériens morts durant ce conflit. Ces morts qui ont contribué à la libération de la France, face aux troupes allemandes très aguerries, ne doivent pas être ni ignorés ni occultés. Ce n'est pas un tabou de le signaler car, pour la survie de la liberté et de l'émancipation des hommes, l'Algérie a contribué à travers ses conscrits à leur épanouissement. C'est à son bonheur de le dire et de le clamer haut et fort. Elle le fera dignement pour elle-même le 1er Novembre 1954 pour aboutir à l'Indépendance en 1962 malgré toutes les entraves du colonialisme.

* Avocat - Oran 
M Doukal, la plus belle oasis d Afrique du Nord
par Farouk Zahi
C’est par ce qualificatif que fut sacrée, en 1914, cette autarcie oasienne. Il n’y a pas si longtemps, rien n’obligeait le voyageur de transiter par cette agglomération «coincée» entre les confins du Hodna, les contreforts sud de l’Atlas saharien et les Ziban.

Cette contrée, jadis isolée, est traversée par la route nationale 70 qui part de Bensrour sur la RN 46 reliant Bou Saada à Biskra pour aboutir à Batna à près de 120 Kms vers l’est. La route bien asphaltée et remise à neuf, traverse les désolations steppiques mais, point désertes. Le logement rural, clairsemé certes, augure d’un repeuplement agro pastoral perceptible.
 L’électrification rurale gambade de maisonnette en maisonnette dont certaines ne sont pas encore occupées. Oued Ain Ghezal et oued Zazour sont chacun enjambé par un ouvrage d’art. Ces cours d’eau présahariens, à sec le plus souvent, sont imprévisibles et impétueux sous les orages d’automne. Leur flot peut emporter des pans entiers de route ou occasionner des inondations cataclysmiques. M’Doukal a subi, en 1969, une ondée ravageuse dont le vieux ksar en porte jusqu’à présent les stigmates. Au détour d’un virage qui se faufile entre deux petites collines scrappée par les engins, on découvre, la déclinaison aidant, un éden verdoyant en contre bas. Apparemment alluvionnaire, la vallée cernée par des mamelons rocheux et un cordon dunaire au sud, s’ouvre sur l’immense plaine de Barika. Les cours d’eau, inapparents à la surface sont signalés par du tamaris et des peupliers élancés. Des jardins, sans clôture, courent le long de la route qui slalome entre les champs.

Les premiers palmiers-dattiers apparaissent. Parés de film plastique jaune, les généreux régimes se sustentent lourdement. En forçant sur le trait, le palmier est sans doute, le seul arborescent qui rappelle la silhouette d’une femme parée de ses plus beaux atours. Dès le passage, de ce qui semble être un gué, le visiteur est dans la ville.

A gauche, c’est la ruelle tortueuse dont le revêtement défraichi mène à la vieille médina. A droite c’est le nouveau tissu urbain.

La population au dernier RGPH de 2008, serait de près de 10.000 âmes. Toute agglomérée, elle ne peut être que citadine. Avec plus de 16 siècles d’histoire selon Ibn Khaldoun qui a séjourné dans ses murs, la ville des compagnons ou des amis en Tamazight est l’un des plus vieux groupements humains dans les Aurès. La légende raconte que la grands reine Dihya (Kahena) a séjourné dans ses murs. Son existence remonterait à l’ère romaine qui l’aurait affublée du toponyme évocateur de « Aqua viva » (Eau vive). Cette richesse hydrique est confirmée plus tard par l’édification de « Lahbas », grande retenue maçonnée, alimentée par sept (7) sources vives servant à l’irrigation. Plusieurs ksour auraient constitué la première citadelle, dont certains n’ont pas résisté aux morsures du temps. Le ksar originel fortifié a, cependant, défié les affres du gommage luttant vaillamment contre l’oubli. Ces bâtisses sur plusieurs niveaux qui ont, inexorablement, perdu leur boiserie, apparaissent comme des orbites béantes et sombres au regard fantomatique. Quasiment abandonné par l’habitant après les inondations de 1969, la cité ancestrale a cédé le pas à M’Doukal la neuve.

Des personnes et des groupes fédèrent leurs efforts, pour que « le parricide culturel » cesse. Une enveloppe budgétaire aurait été allouée en ce sens, dès 2004; malheureusement, aucune action concrète n’est venue confortée la généreuse intention. Des pans entiers de cet inestimable legs partent en silence. Centrée par la « Sakifa», large esplanade autour de laquelle gravitait une communauté bouillonnante de culture et d’érudition, cette œuvre fait figure d’un puzzle dont les pièces se juxtaposent pour ne jamais s’enchevêtrer. Seul édifice encore en bon état de conservation pour avoir subi des réhabilitations, le minaret du « Masjid El Atiq » (vieille mosquée) s’élance encore dans le ciel d’un bleu transparent pour annoncer encore cet ancien bastion du culte. Quatre zaouias, aujourd’hui disparues, ont illuminé cet espace présaharien. Les quatre accès au site archéologique sont: Bab Sour, Bab Rahba, Bab Nadeer et Bab Hamraya. Au-delà des murs, la palmeraie faisant écrin part dans tous les sens. Le nombre de palmiers avoisinerait les 20.000 unités et l’arboriculture qui compterait les 200.000 pieds, est constituée de figuiers, grenadiers, pommiers, abricotiers et autres oliviers.

DES NOMS CELEBRES

Les chroniques de l’hagiographie locale cite Ahmed Ibn Salah Zouaoui Essakhaoui parmi les plus illustres érudits du XVè siècle Au XVIII è siècle, Mohamed El-Hadj Ibn Messaoud Ibn El-Mouhoub issu lui aussi de la communauté, fut l’émir de la caravane du Hadj. Sur la place «Sakifa», se rassemblaient, jadis, tous les futurs hadjis de l’Est du pays avant d’entamer leur longue procession.
En 1926, Dr Ahmed Aroua, médecin et penseur y voyait le jour. Le monde de l’art et celui des sports, n’exemptaient pas ce joyau oasien dans l’apport national. C’est ainsi que Athmane Ariouèt -rendu mondialement célèbre par son interprétation magistrale du résistant Cheikh Bouamama- Mustapha Kouissi, la coqueluche belcourtoise et Kamel Aouis, l’ancienne star du football kabyle sont tous issus, de ce qui semble être un coin perdu. «On trouve dans la rivière ce que l’on ne trouve pas dans l’océan» (adage proverbial arabe).

BASTION DE RESISTANCE

De part sa topographie, jadis, enclavée, l’oasis de M’Doukal a constitué pour l’Armée de libération nationale (ALN), une base arrière logistique. La 6è wilaya historique et dont l’un des chefs de bataillon n’est autre que le commandant Amor Sakhri natif des lieux, y évoluait comme un poisson de l’eau. Tahar Laadjal, autre officier de la même wilaya, affirmait dans un colloque organisé en 2010 ceci : « M’Doukal et Bou Saada, ont été les poumons par lesquels « El Djeich » respirait. Greniers alimentaires et matériels, elles participaient activement à l’effort de guerre. Leurs communautés installées à Alger, n’étaient pas en reste. Des éléments issus des deux terroirs, ont réussi à subtiliser une imprimante « Ronéo » très sophistiquée du siège du Gouvernement général d’Algérie en plein guerre avec tous les risques induits ». Cette machine a permis au Commissariat politique d’éditer une revue dénommée « Sadaa El Djibel» (Echo des Djebels). La date du 13 avril 1962 a été pour M’Doukal, une sorte de reconnaissance à postériori de son implication dans la lutte armée. C’est ainsi que le commandement de la wilaya du Sud mené par le colonel Mohamed Chabani, organisait le premier meeting populaire préludant au recouvrement de la souveraineté nationale.

LE VILLAGE MODERNE

Dès l’année 1975, les contours du nouveau village se dessinent pour donner, actuellement, une coquette cité urbaine. La RN 70 qui transperce le tissu urbain de part en part, s’est transformée en double voie. Le terre -plein central, piqué de candélabres et de plantes ornementales court jusqu’à la sortie- est de l’agglomération. Des maisons individuelles aux dimensions humaines, arborent des couleurs «pastel» allant du rose pâle au tendre pistache. Le bougainvillier, l’hibiscus et autre jasmin enjambent joliment les murets de clôture.

Cette symphonie de couleurs renseigne de l’intérêt que porte le «M’Doukali» à l’aspect extérieur de son environnement citadin. Le café central dont la terrasse ombragée offre une reposante halte au voyageur, est un havre de propreté avenante. Une immense glacière fournit de l’eau fraiche au tout venant. Les édifices publics rangés le long des deux principaux boulevards, donnent le « la » à cet aménagement urbain bien pensé. La petite poste d’aspect extérieur typifié, est un modèle à suivre en matière d’hygiène et d’entretien des locaux. Le hall d’accueil balayé par l’air conditionné ajoute un zeste de sérénité à la prestation publique feutrée. Au sortir de la ville, des demeures cossues au nombre de 4 ou 5, font deviner leurs grands jardins annoncés tous, par les crêtes des palmiers –dattiers qui effleurent les clôtures et de rougeoyantes toitures à tuile. Les portiques ouvragés, dénotent de l’aisance matérielle des possédants. Leur grand mérite réside dans le fait que ces demeures particulières, participent, indéniablement, à la bonification du bâti.

Les chantiers éternellement ouverts dardant leur rond à béton n’ont, apparemment, pas cours dans la ville de Sidi Messaoud. (Mont au pied duquel s’est érigée l’agglomération).

Nous quittons, non sans regret, cet eldorado oasien où l’homme ancien a su, en dépit de la rudesse du climat, créer un microcosme végétal disputé crânement à un terrain des plus inhospitaliers. Oued Naimia, y est, sans nul doute, pour quelque chose.