mercredi 16 septembre 2015

La règle des 49/51% : des solutions pour l'investisseur étranger en Algérie par Grégory Panosyan Et Fayçal Megherbi, Avocats Au Barreau De Paris

La règle des 49/51% : des solutions pour l'investisseur étranger en Algérie
par Grégory Panosyan Et Fayçal Megherbi, Avocats Au Barreau De Paris


Mise en œuvre dans le cadre des lois de finances complémentaires pour 2009 et 2010 complétant l'ordonnance n°01-03 du 20 août 2001 relative au développement de l'investissement, la règle dite des 49/51 dispose à l'article 4 bis de l'ordonnance que «les investissements étrangers ne peuvent être réalisés que dans le cadre d'un partenariat dont l'actionnariat national résident représente au moins 51% du capital social. Par actionnariat national, il peut être entendu l'addition de plusieurs partenaires».

Edictée afin de limiter les sorties de devises de l'Algérie, alors que le prix des hydrocarbures diminuait en 2009 de plus de 30%, cette règle constitue un moyen de collaboration imposée entre investisseurs étrangers et sociétés nationales.

Elle n'est au demeurant pas nouvelle en droit du commerce international puisque de nombreux Etats l'ont déjà mise en œuvre, comme par exemple le Brésil en matière d'exploitation pétrolière et de télécommunications, l'Inde ou la Corée du Sud jusqu'en 1998 (législation dite du FIPA). Cette règle oblige l'investisseur étranger à négocier et agir de concert avec un partenaire local dans le cadre d'accords de coopération, c'est-à-dire le plus souvent en pratique dans le cadre de contrat de joint-ventures.

Association de caractère contractuel, à objet limité, comportant la mise en commun de moyens et de risques et un égal accès des participants à la prise de décision (L.O. Baptasta, P. Durand-Barthez, Les joint-ventures dans le commerce international, Bruylant, 2012, p.73), la joint-venture d'investissement permet, malgré la contrainte apparente des 49/51%, d'assurer un accès au marché du pays qu'un investisseur seul aurait été incapable d'effectuer. Ce partenariat négocié peut, en outre, s'inscrire pour l'investisseur dans le cadre d'une stratégie mondiale de délocalisation ou d'outsourcing qui lui est profitable.

C'est le cas pour beaucoup d'entreprises étrangères en Algérie, chinoises ou françaises. Comme l'a ainsi rappelé le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdesselem Bouchouareb, «le marché algérien est une vraie opportunité tant par sa taille, son dynamisme et coûts de facteurs que par l'ouverture qu'il offre sur les marchés de la région ». La règle des 49/51% peut s'avérer dans cette perspective profitable. Pourtant, il arrive que ce cadre réglementaire imposant une participation minoritaire de l'investisseur étranger freine celui-ci. La perte des processus décisionnels, notamment de la stratégie d'entreprise, peut en effet freiner l'engouement de la société investisseuse.

Le droit du commerce international et la technique contractuelle offrent néanmoins des solutions à l'investisseur minoritaire, et ce en conformité avec le droit du pays et les exigences réglementaires. En effet, à défaut de garder la propriété de la société (ownership) comme l'exige la règle des 49/51%, l'investisseur peut garder le contrôle de celle-ci. En effet, la propriété de la société n'est pas le contrôle de celle-ci. Comme le rappelle une doctrine autorisée : «Dans la société classique, la plupart des législations autorisent divers procédés -parts de fondateurs, actions à votes multiples, actions privilégiées ou à droits limités, voting trust- permettant de dissocier la propriété des actions de l'exercice du pouvoir», (L.O. Baptista, P. Durand-Barthez, op. cit., p. 111).

De la même façon, le co-venturer minoritaire peut se voir octroyer – il peut le négocier – le droit de nommer les dirigeants de la société commune de sorte qu'à nouveau, la désignation des organes de direction permet au partenaire étranger, avec le support compétent, de fixer de manière non exclusive les stratégies commerciales, financières et comptables de la joint-venture. Outre ces moyens de contrôle internes stipulés dans le contrat de joint-venture, il existe également des moyens de contrôle externes pour protéger l'investisseur minoritaire. Il s'agit notamment des contrats dits d'application. Ces contrats, parfois plus importants que le contrat de joint-venture lui-même, assurent l'application de la joint-venture et permettent d'orienter le contrôle de la société et son activité commerciale et financière.

On peut ainsi penser dans les projets de construction qui prennent souvent la forme d'une joint-venture, au poids du prêteur à qui la société commune va gager des parts de la société, ce qui rejaillit in fine sur le contrôle de celle-ci.

On peut également envisager les contrats d'approvisionnement exclusifs conclus par la joint-venture avec une filiale du partenaire minoritaire ou le minoritaire lui-même, ce qui, bien sûr, influe sur les choix commerciaux et financiers de la société. Il en est ainsi également des contrats de transfert de technologie conclus avec le co-venturer minoritaire qui permettent, malgré la règle des 49/51%, d'influer sur les choix technologiques et commerciaux de la société. 

Changement à la tête du DRS : Les interrogations de Benflis par M. Aziza

Changement à la tête du DRS : Les interrogations de Benflis
par M. Aziza
Le départ du premier responsable du DRS, le général Mohamed Mediene, dit Toufik, permettra-t-il, au paysage politique d'entrer dans une ère nouvelle ? Veut-on instituer, véritablement, un «Etat civil» ou prépare-t-on le départ du président ? Le président du parti Talaie El Hourriyet, récemment agréé, M. Ali Benflis a affirmé, hier, lors d'une conférence de presse, qu'il ne connaît pas les véritables raisons ou les dessous des derniers changements opérés dans les rangs de l'Armée et dans bien d'autres institutions de l'Etat. Il avoue qu'il ne connaît pas les secrets de l'Etat, par le fait qu'il est dans l'opposition, depuis mai 2003. «Nous n'avons pas les moyens pour faire un commentaire sur le sujet». Il estime que ces changements ont été opérés dans «une Algérie anormale» et «dans des circonstances de vacance du pouvoir». Et de poursuivre : «on ne sait pas qui a pris cette décision, du moment que le président est toujours malade». Et d'enchaîner : « il faut admettre que le président ne s'est pas adressé au peuple, depuis 2012». Avant de fermer la parenthèse, il s'interroge : «qui gouverne ce pays ?», en affirmant qu'il ne connaît pas l'identité de celui qui a décidé ces changements à la tête de cette institution, pour pouvoir analyser les données.

Benflis s'est montré, tout de même sceptique, à l'idée de croire que le système en place veut instituer un «véritable Etat civil». Pour Ali Benflis, le changement ne peut être opéré que par la construction d'un Etat démocratique, que par des élections libres et démocratiques. Il s'est interrogé comment peut-on parler d'Etat civil, sans qu'il y ait un contre-pouvoir. «Comment passer à un véritable Etat civil et de droit sans un consensus politique et sans entendre la voix du peuple ?»

Ali Benflis dit craindre, à travers ces changements, d'impliquer l'Armée nationale dans des surenchères politiques, ce qui s'avèrerait très dangereux et menacerait la stabilité de notre pays. Si Ali Benflis n'est pas catégorique dans ses réponses, par rapport aux changements opérés dans le corps des Services de renseignements, il a confirmé que sur le plan économique, l'Algérie est bel et bien, face à une crise sérieuse. Il dira que ce n'est pas l'opposition qui a inventé cette crise, mais c'est, bel et bien, les chiffres qui parlent d'eux-mêmes.

Contrairement, aux assurances du Premier ministre Abdelmalek Sellal, Ali Benflis évoque une véritable crise, sur le plan financier et économique. «C'est faux, le volume des importations n'est pas seulement de 60 milliards de dollars, on frôle la barre des 80 à 90 milliards de dollars, si on prend en compte les factures des services et des importations spécifiques qui existent» a-t-il alerté. Et de signaler que toutes les mesures prises dans la dernière loi de finance complémentaire, ne peuvent assurer la récupération que de 250 à 350 milliards de DA, alors que le déficit est de plus de 2.600 milliards de dinars, soit 26 milliards de dollars.

Pour Benflis, le système en place qui a dépensé, en 12 ans, 800 milliards de dollars, sans pourvoir diversifier son économie, n'a pas le courage politique pour affronter cette crise. Le système en place a adopté la politique de «ni, ni» autrement dit «ni économie nationale, ni libérale». Une politique qui peut s'avérer désastreuse pour l'avenir du pays, selon le président du parti Talaie El Hourriyet. 

Plein de vide par El-Guellil

Plein de vide
par El-Guellil
Dur, dur, vous expliquent les gens ! Ils n'arrivent plus à joindre les deux bouts. Ah, si vous saviez… ! Et voici le ballet des conversations quotidiennes de nombreuses personnes. Ces gens qui, à peine « le bonjour échangé » commencent à se plaindre de ne pas avoir assez pour vivre en ces temps difficiles. Une image indécente vient immédiatement nuancer ces plaintes ; l'image de la rue et de ses commerces pleins de clients. Ceux-là mêmes qui n'ont pas. Tout le monde se plaint et pourtant tout est plein. On dirait que les gens ont leur travail dans la rue tellement elle grouille d'hommes et de femmes et ce, à n'importe quelle heure de la journée.

Partout, c'est plein de monde. Les hôpitaux sont pleins. Les hôtels sont remplis. Les mairies sont saturées de citoyens. Les banques sont envahies de clients. Les bus transportent tellement de voyageurs qu'ils passent leur temps à passer et repasser, plusieurs fois, pour plusieurs tours. Le tourbillon des gens est incessant. Quelle compassion pouvons-nous avoir face à ces contradictions : les personnes qui se plaignent déversent leurs richesses dès qu'elles en ont l'occasion – cette pratique prend son sens lors de cérémonies familiales et sous le nez de leurs convives, on étale toutes ses plaintes enrobées de trop de nourriture, trop de fastes… trop de dépenses. A ces plaintes, trop souvent entendues, nous devrions dresser des contraventions lorsqu'elles ne sont pas avérées. C'est presque un délit au fond de déclarer « plainte » lorsque rien ne le justifie, sauf le plaisir de mentir ou de se faire plaindre. Des représailles pour ces bouffeurs d'énergie qui passent leur temps à vous convaincre qu'ils sont à plaindre. Déposez plainte car ces harceleurs ne s'arrêtent, jamais, de se plaindre.

Qui a fait ces dirigeants que les défenseurs du DRS fustigent ?

Qui a fait ces dirigeants que les défenseurs du DRS fustigent ?
par Kharroubi Habib
Refusant de considérer que la restructuration du DRS et la mise à la retraite de son tout-puissant et redouté chef, le désormais général à la retraite Mohamed Mediene, ont été dans l'ordre des choses et une nécessité imposée par les évolutions au plan national et international, ceux qui ont appartenu à cette institution ou en ont été à un titre ou à un autre les «obligés» s'adonnent sans retenue au dénigrement de l'opération qui l'a affecté et des responsables qui l'ont opérée. Ils mènent leur campagnes à coups de rumeurs faisant entrevoir que le «démantèlement» du DRS aurait été mené en application d'injonctions venues, selon pour qui de Paris et pour qui de Washington, deux capitales qui dicteraient leur conduite et décision aux dirigeants qui se sont attaqués au DRS, ultime rempart contre l'effondrement programmé de l'Etat algérien. Mais s'il en est ainsi, comme ils le propagent insidieusement, le DRS s'est alors exposé par lui-même à devenir la cible du «noir» dessein que lui ont concocté l'une ou l'autre de ces capitales. En effet, ces dirigeants algériens qu'ils accusent d'être à la solde de l'étranger doivent en grande partie d'être aux commandes du pays à ce DRS dont la toute-puissance lui octroyait le pouvoir d'imposer ses choix et points de vue au cercle des décideurs faiseurs de présidents et autres dirigeants. S'ils sont un tant soit peu convaincus que les gouvernants en place sont soumis à l'injonction étrangère ils devraient admettre, si tel est le cas, que le DRS est bien pour quelque chose dans la vassalisation des centres de décision algériens à des chancelleries étrangères si leur «pas touche» au DRS et son désormais ex-patron a été ils l'ont systématiquement opposé à la moindre critique contre eux, au prétexte que s'en prendre à eux revenait à mettre en péril la sécurité nationale et remettre en cause de l'institution militaire en charge de protéger le pays de toute menace visant cette sécurité nationale.

L'unité de l'institution militaire n'est plus pour eux une sacro-sainte ligne rouge à ne pas transgresser dès lors que le DRS et son chef ont été dépouillés de leurs pouvoirs et autorités arbitraires. Il en est parmi eux qui, quand le processus de restructuration du DRS a été entamé, s'en sont pris avec virulence au chef de l'état-major de l'armée et appelé de leur vœux à une sédition contre lui. Les voix fustigeant la restructuration du DRS et la mise à la retraite de son patron viennent d'ex-responsables ou agents ayant appartenu à la «maison», ce qui est somme toute compréhensible, solidarité de corps oblige. L'extravagant est que ces voix sont les moins virulentes au milieu que l'on croyait irréductiblement hostile au DRS dont la toute-puissance étouffait l'espoir de la moindre ouverture démocratique. Ce sont ces milieux qui lancent les charges les plus féroces contre la restructuration opérée de ce DRS et en flétrissent les responsables sans même se dire que peut-être l'opération menée par ces derniers et porteuse, malgré leurs calculs, d'une chance que le combat pour la démocratie et le respect des droits civils et du citoyen a désormais une fenêtre qui s'est ouverte à lui qu'il n'aurait jamais espérée si le DRS était maintenu en l'état ou rien ne bougeait politiquement. Oui, décidément la classe politique algérienne est absolument à renouveler. 

Election présidentielle : Un départ et des scénarios

Election présidentielle : Un départ et des scénarios
par Ghania Oukazi
Le départ du chef du DRS libère le sérail en lui permettant de planter le décor d'une reconstitution du pouvoir autour, dit-on, «d'une stratégie mûrement réfléchie» entre Bouteflika et son entourage.

« Le changement dans la sérénité» ne semble plus être un simple slogan populiste ou une vue de l'esprit mais prend des contours évidents avec le départ «sans bruit» du général de corps d'armée, le général Toufik, chef du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), le dimanche dernier. Le soir même, des habitants sur les hauteurs du quartier huppé de Hydra, affirment avoir entendu des coups de feu provenant, pensent-ils de la fameuse caserne ‘Antar', surplombant la forêt de Ben Aknoun. De grosses inquiétudes ont secoué les esprits «mais on a été rassuré par le calme qui a suivi depuis,» nous disait, hier, un ancien militaire. C'est donc comme l'a voulu Bouteflika, le changement des hommes se fait, sans difficulté et sans secousses. Le départ de Toufik, dans l'air depuis plusieurs mois, semble avoir libéré le clan Bouteflika des contraintes qu'il a dû appréhender en «calculant» le départ d'un responsable d'une institution aussi névralgique pour le pays. Dans tous les pays du monde, «les services sont un Etat dans un Etat, contrôlent tout, épient le moindre indice de changement, veillent à la préservation d'intérêts occultes et légaux, préviennent les mouvements de masse et autres, ils sont le pouls du fonctionnement d'un Etat,» nous expliquent un haut responsable. En Algérie, ils ont marqué tous les processus, du choix des hommes, d'élections, d'intronisation, de la mise à l'écart, d'ascension, de descente aux enfers…

LE SMIG DE LA SUCCESSION

C'est pour la première fois dans l'histoire nationale que leurs plus hauts responsables ont été écartés sans faire de vague. L'on peut penser que tous les hauts responsables qui ont été admis à la retraite, permutés ou limogés, avec fracas, ont accepté que Bouteflika décide seul de leur sort même si l'on insiste pour dire qu'un homme comme Toufik a dû poser ses conditions avant de partir. Il est difficile de le croire, tant un responsable à la retraite n'a en principe plus «le droit à la parole.» Il est vrai que certains «puissants» du monde politique sont moins dangereux quand ils sont en poste que lorsqu'ils rentrent chez eux. C'est ce qui se disait de Larbi Belkheir lorsqu'il était faiseur de président. L'on se rappelle que lorsque nous avions donné l'information de son départ, dans ces mêmes colonnes, il nous avait dit qu'il était gêné de la savoir publique parce qu'il ne voulait pas en parler. A la question accepteriez-vous d'aller comme ambassadeur à Rabat comme on l'entend dire ? Il nous avait répondu «je préfère aller arroser les plantes chez moi.» Mais quelques jours après, il est nommé ambassadeur au Maroc. C'est dire que Bouteflika avait préféré l'éloigner de chez lui parce qu'il savait que s'il était rentré chez lui, il aurait généré un va et vient incessant de «protagonistes» de tous les milieux. «Le cardinal de Frenda» était aussi connu pour faire et défaire les rouages de l'Etat et de la haute administration.

Aujourd'hui, il est dit ici et la que Bouteflika et Toufik n'ont pas dû se quitter sans avoir trouvé un SMIG d'entente sur la suite à donner aux évènements. La succession est, en évidence, la plus grosse question sur laquelle les esprits sont braqués. Même les Bouteflika ne doivent pas être rassurés de son bon déroulement, du choix de ceux qui la mènent à bon escient et surtout du moment où elle doit être enclenchée.

SELLAL OU LE PLAN B

Des scénarii sont avancés par des milieux à l'écoute de ce qui pourrait se faire en prévision de cette échéance. «Il est clair que la révision de la Constitution doit être effective, rien ne peut se faire sans que la loi suprême du pays ne soit mise au point, le président l'a promis, il va tenir à sa promesse,» nous dit un Constitutionnaliste. Le directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia a déclaré, samedi dernier, qu'«il est fort possible qu'elle sera révisée avant la fin de l'année en cours.»

L'année 2016 sera, donc, des plus décisives pour la restructuration des pouvoirs, celui présidentiel en premier. On a, souvent, entendu dire et comme déjà écrit dans ces colonnes, que Bouteflika souhaiterait inaugurer la grande mosquée d'Alger et quitter la présidence. Les nombreuses visites de travail effectuées par le ministre de l'Habitat et celui des Affaires religieuses à ce gigantesque chantier, à Hussein Dey, laissent croire qu'elles pourraient répondre à des urgences «politiques». Abdelmadjid Tebboune tient à ce que les travaux s'accélèrent, le plus possible, pour finir au moins la mosquée par rapport à tout le complexe prévu.

Des responsables politiques nous disaient, hier qu'«il est très possible qu'une période de transition soit enclenchée, dès la révision de la Constitution, révision qui permettra d'ouvrir des brèches constitutionnelles pour, justement, permettre son institution.» Pendant cette période de transition dont la durée serait fixée par des textes réglementaires, Bouteflika désignera quelqu'un pour assurer ses fonctions. L'on avance aisément, -encore une fois- le nom du diplomate international Lakhdhar Brahimi, pour assurer la transition jusqu'à la tenue d'élection présidentielle anticipée. Brahimi est la seule personnalité algérienne vivant à l'étranger qui, faut-il le préciser, rend visite à Bouteflika sans qu'il y ait d'événement précis. Ce qui mérite attention et même interrogation. Le nom de Abdelmalek Sellal semble, lui aussi, figurer en tête de liste de ceux qui pourraient, éventuellement, être retenus pour succéder au Président Bouteflika. Sellal est, nous dit-on « l'un des rares politiques sinon le seul à incarner deux pouvoirs, civil et militaire.» L'on dit du Premier ministre qu'il émarge auprès des services comme ce qui a de tout temps était dit d'Ouyahia et de biens d'autres responsables ministres en premier, mais à la différence que «Sellal a une bonne audience auprès des responsables des Tagarins.» L'on parle aussi d'une alternative «au cas où ce scénario ne marche pas ou bloque quelque part.» Ce plan B prendrait sa source à partir de l'octroi, par le ministère de l'Intérieur, de l'agrément au parti de Ali Benflis. Agrément qui vient d'être délivré à l'ancien chef du gouvernement pendant cette période nerveuse de grands changements.

Ceci reste un scénario parmi tant d'autres. D'ici à 2016, bien d'autres auront été construits. 

mardi 15 septembre 2015

Regard sur ces histoires infimes qui font la grande histoire de l'Université


par Lamine Kouloughli *
" C'est en passant par l'infime qu'on peut se faire une idée du tout.", Orhan Pamuk (Prix Nobel de littérature), Grand Entretien.

Nous les croisons dans les couloirs de nos établissements universitaires. Ils nous font face dans nos amphithéâtres et dans nos salles de TD. Ces rencontres passées, ils disparaissent souvent de nos consciences un peu comme ces êtres et ces choses qui, chez l'individu qui n'a pas encore maîtrisé le stade de la conservation des objets, n'existent plus sitôt qu'ils ont quitté son champ de vision. Pourtant, ils continuent d'exister et, l'état de nos institutions universitaires et ce que nous leur y offrons étant souvent ce qu'ils sont, ce n'est peut-être qu'une fois qu'ils disparaissent de notre vue qu'ils commencent à exister vraiment. De quoi cette existence est-elle faite ?

Poursuivant mon intérêt pour cette population estudiantine qui fait l'Université, j'ai, vers la fin de l'année universitaire 2014-2015, demandé à des étudiants de master 1, filière sciences du langage du département des lettres et langue anglaises, Faculté des lettres et langues, Université Mentouri de Constantine, s'ils voulaient participer à une petite expérience sans prétention aucune, dont le but serait de consigner une journée de leur vie de tous les jours. Absolument anonyme, avais-je insisté dans un souci d'assurer autant leur collaboration que la bonne foi des informations fournies, chaque contribution ne devait être accompagnée que par l'âge, le sexe, et la mention 'vivant à la maison/en cité universitaire' du participant.

Cinquante (50) étudiants, quarante-sept (47) jeunes filles et trois (03) jeunes hommes, ont ainsi librement consenti à relever par écrit les activités dont était faite une journée de semaine, de 8 heures à 23 heures, avais-je proposé, de leur vie d'étudiants ; 'a day in the life', en somme, m'avaient-ils alors rétorqué, exhibant fièrement leur anglais.

Vraisemblablement compilés en fin de leur journée qu'ils décrivent plutôt qu'au fur et à mesure de leurs activités, les faits que les étudiants reportent, qui plus est de manière contrastée allant d'une mention vague et succincte de leurs occupations pour certains à un décompte d'apparence précise, presque heure par heure pour d'autres, relèvent peut-être plus de ce dont ils se souviennent de cette journée que de chaque action dont elle a été véritablement faite. Cela doit être gardé en mémoire dans la lecture de ce qui suit. Ensuite, l'objet très personnel de l'exercice et surtout le nombre restreint des étudiants qui s'y sont prêtés, sont loin de permettre d'en tirer de quelconques conclusions ou généralisations. Cela aussi doit être gardé en mémoire.

Pourtant, cette immersion dans une journée du vécu des étudiants telle que décrite par eux demeure fructueuse ; dévoilant des curiosités qui, pour anecdotiques qu'elles puissent être et, soulignons le encore, qu'elles restent, ne sont peut-être pas totalement dénuées d'intérêt.

1. L'université ou la morosité d'un quotidien.

L'université, c'est d'abord, comme on devrait légitimement s'y attendre, le lieu des cours et des TD. L'écrasante majorité des étudiants de l'enquête se prête à ces obligations pédagogiques au moins par sa présence dans les amphithéâtres et les salles de classe.

Minimum pédagogique non négociable, seuls sept (07) étudiants, soit un maigre 14% notent avoir 'sauté' un de leurs enseignements programmés - l'ensemble de leurs cours pour deux (02) d'entre ceux-ci - pour la journée qu'ils décrivent, alors que quarante-trois (43) étudiants, soit 86% de la population totale de l'enquête, affirment n'en avoir manqué aucun ; même si rien ne permet d'étendre cette assiduité somme toute raisonnable ni au reste de leur semaine ni à l'ensemble de la population estudiantine. Cela demeure néanmoins réconfortant comme l'est cette affirmation de deux (02) étudiantes, rachetant presque la légèreté de leurs camarades moins assidus, qu'elles ont, en plus de leur cours, assisté à des exposés de leurs camarades dans d'autres groupes que les leurs.

Et puis, quand les cours ne se suivent pas et que les étudiants sont confrontés à du temps libre entre deux classes ? Et puis, pas grand-chose … du moins pour la majorité des étudiants de l'enquête, même si, il faut le souligner encore une fois, ce qu'ils décrivent pour cette journée peut ne pas être le cas de leurs autres jours, et ne doit pas être généralisé à l'ensemble de la population estudiantine.

Mis à part la participation de trois (03) étudiants à une activité de 'l'American Corner', sorte de forum de discussion, en anglais, qu'abritent les locaux de la bibliothèque centrale de l'université, et les visites, même brèves, d'une des bibliothèques universitaires par trois (03) autres étudiantes ; très loin devant, l'activité qui meuble le temps libre entre deux cours, parfois jusqu'à trois heures, des trente et un (31) étudiants de l'enquête qui restent sur le campus universitaire se réduit à rester entre groupes d'ami(e)s, dans les couloirs, les salles de classes inoccupées ou encore, quand la météo le permet, sur l'esplanade de l'université, à papoter - 'gossiping' notent-ils en anglais dans leurs contributions -. Pour les treize (13) autres, le peu d'attractivité de l'environnement universitaire, du moins pour la journée qu'ils décrivent, se traduit soit par une escapade en ville pour trois (03) d'entre eux, soit par un retour vers leur lieu de résidence, souvent après avoir déjeuné au restaurant universitaire, quitte à devoir revenir, ce qui n'est souvent pas de tout repos, à l'université pour assister au reste de leurs cours.

Quid des activités que propose la sous-direction des activités culturelles et sportives (S/DASCS), souvent à grand frais, à l'intention des étudiants ? Aucune mention n'en est faite dans la journée que les étudiants décrivent.

2. Absences remarquables et remarquées : la bibliothèque, les librairies, la lecture et les livres.

Bibliothèques universitaires, librairies, lecture et livres semblent occuper très peu de place dans la journée des étudiants qu'ils proposent, même si, il faut le souligner, rien ne permet d'étendre cette conclusion ni aux autres jours de leur semaine ni, a fortiori, à la totalité de la population estudiantine.

Une visite à une bibliothèque universitaire est mentionnée par trois (03) étudiantes, l'une pour dire qu'elle y est entrée sans plus de précisions sur l'objet de sa visite et qu'elle y est restée 10 minutes, la seconde pour dire qu'elle y est allée pour restituer deux livres qu'elle y avait emprunté, et la troisième enfin pour noter qu'elle y a lu une partie du chapitre d'un livre pour la préparation d'un cours. Toutes trois semblent s'y être retrouvées au même moment, 'rentabilisant' pour ainsi dire l'absence d'un enseignant à un cours programmé ; ce qui pousserait presque à espérer plus d'absences de ce genre dès lors qu'elles inciteraient à une plus grande fréquentation de ce lieu ! Cela n'a, de toute évidence, pas été le cas ce jour-là : Quarante-sept (47) étudiants, soit 94% de la population de l'étude, dont beaucoup, malgré le temps libre que leur offrait l'absence de leur enseignant pour le cours initialement programmé, ne mentionnent pas le passage par une bibliothèque universitaire dans le courant de la journée qu'ils décrivent.

Les librairies de la ville ne semblent pas mieux loties. Leur nombre est certes réduit à Constantine ; plus encore celles véritablement dignes de ce nom. Est-ce cela qui explique le désintérêt quasi-total des étudiants de l'enquête pour ces lieux ? Deux (02) étudiantes notent y avoir été dans le courant de leur journée. Comparativement pourtant, pour ce même jour, neuf (09) étudiants écrivent s'être rendus entre deux cours ou à la fin de ceux-ci dans des restaurants et autres fast-food ainsi que dans des magasins, surtout d'habillement, en ville.

Qu'en est-il alors de la lecture ? Les comptes rendus de leur journée par les étudiants n'apportent, hélas, aucune surprise dans la réponse à cette question : neuf (09) étudiants, soit 18% de la population globale de l'enquête, rapportent s'être adonnés à cette activité dans le courant de la journée qu'ils décrivent. Triste réalité qui s'ajoute à la désertion des bibliothèques et des librairies par les étudiants, et en est peut-être en même temps une conséquence.

D'entre les étudiants qui abordent l'activité de lecture dans la description de leur journée, huit (08) ont lu des romans ; en anglais pour ceux qui prennent la peine de mentionner un titre. Littératures anglaise, américaine mais aussi africaine se partagent ainsi les faveurs de ces lecteurs, étudiants au département des lettres et langue anglaises, faut-il le rappeler, avec Dickens, Melville, Conan Doyle, Steinbeck, ou encore Sonne Dipoko. Cette activité qui, comme la fréquentation d'une bibliothèque ou la visite d'une librairie, semble être plus le fait des jeunes filles de la population de l'enquête - un seul (01) jeune homme la reporte - a lieu le plus souvent à la maison, le soir, parfois très tard.

Cas atypique, cette étudiante qui omet d'indiquer âge et lieu de résidence dans sa participation, et qui note s'adonner à la lecture de définitions dans un dictionnaire, le soir, entre deux sessions sur Facebook ; donnant ainsi raison à l'adage qui affirme qu'il n'y a pas de mauvaises lectures, rien que de mauvais lecteurs !

Reste les quarante et un (41) étudiants, soit 82% de la population de l'enquête, qui ne mentionnent pas cette activité dans le courant de la journée qu'ils décrivent ; ce qui, il faut le souligner, ne signifie pas qu'ils n'y ont pas recours les autres jours, ou encore que les informations qu'ils proposent peuvent être généralisées à l'ensemble de la population estudiantine.

Est-ce alors à dire, sempiternelle admonestation, que ces étudiants ne lisent pas ? Peut-être pas ; du moins si l'on se réfère à l'utilisation qu'une majorité de ces mêmes étudiants dit faire des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) et qui, nécessairement, les pousse à lire. Rasséréné alors ? Peut-être pas non plus, du moins si l'on en croit cette appréciation de la qualité de la lecture sur la toile que propose l'écrivain brésilien Bernardo Carvalho quand il affirme qu'avec " Internet […] on tombe inconsciemment dans un mode de raisonnement qui est paralysant, le contraire même de la création, la vraie. "

3. L'impact des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC).

On pouvait s'attendre, la présence des téléphones portables et autres ordinateurs personnels jusque dans les salles de classe étant ce qu'elle est, a une influence importante des NTIC dans la vie de tous les jours des étudiants : seulement douze (12) des cinquante (50) étudiants de l'enquête, soit 24%, ne font aucune référence à leur utilisation au cours de cette journée de leur vie qu'ils décrivent ; ce qui, il faut le souligner, comme pour l'activité de lecture, ne signifie pas qu'ils n'y ont pas recours les autres jours, ou encore que les informations qu'ils proposent peuvent être généralisées à l'ensemble de la population estudiantine.

Cinq (5) des trente-huit (38) étudiants restant soit 10% de la population globale de l'enquête et 13,15% de la population ayant mentionné les NTIC ne font à leur tour référence qu'à l'utilisation d'un téléphone, vraisemblablement portable. A leurs mentions s'ajoutent six (6) autres références venant de ceux qui, en même temps que leurs portables, disent avoir également utilisé un ordinateur ce jour-là ; portant, le total des références au téléphone à onze (11), soit 22% de la population globale de l'enquête et 28,94% de la population ayant mentionné les NTIC. Résultats tant inattendus que surprenants, par exemple si l'on se réfère à la critique de l'ère moderne et ses réseaux sociaux que propose l'illustrateur londonien Steve Cutts pour qui les personnes nées à partir de 1995, la 'Z generation', ne peuvent plus se passer de leurs téléphones ? Le téléphone portable paierait peut-être ainsi son succès par le comparativement peu de mentions qui lui sont accordées : étant tellement entré dans le quotidien des étudiants, beaucoup, bien que l'ayant probablement utilisé dans la journée qu'ils décrivent, ne pensent même plus à le mentionner ! Il reste à n'en pas douter le fidèle compagnon qui sert à garder le contact avec ses proches où qu'on soit, mais aussi, selon les propositions de ceux qui disent l'utiliser, à déstresser en écoutant de la musique sur le chemin et au retour de l'université.

Cette musique, c'est, pour ceux qui la décrivent, très peu de musique arabe - une (01) mention - et, plutôt encourageant pour des étudiants d'anglais, beaucoup de musique anglo-saxonne, de métal et de pop-rock surtout ; les Américains s'y taillant la part du lion avec Evanescence, Iris, the Fray, et John Mayer, suivis par les Anglais et Keane. Point de Beatles dans le lot ?!

Trente-trois (33) étudiants, soit 66% de la population totale et 86,84% de celle qui fait référence aux NTIC, notent, quant à eux, l'utilisation d'un ordinateur. Facebook, la navigation sur la Toile à la recherche d'informations en rapport avec leurs études, et Youtube sont, en ordre décroissant de nombre de mentions, ce pour quoi les étudiants disent surtout se servir de leurs 'personal computer'.

Loin devant, Facebook est nommément cité, parfois plus d'une fois par dix-sept (17) des trente-trois (33) étudiants notant l'utilisation d'un ordinateur dans le courant de leur journée, soit 51,51%. Ce nombre n'inclut pas cinq (05) références moins directes telles " connecting and chatting with friends " ou encore " chatting with friends on line ", qui dénotent plus que probablement de la même activité et qui portent le nombre des adeptes de ce réseau social en ligne, tel que le propose le tableau précédent, à vingt-deux (22), soit 66,66% des utilisateurs d'un ordinateur.

Sur Facebook, les étudiants se connectent, discutent (chat) et rient avec leurs 'amis' - dans l'acceptation très particulière de ce terme que lui a donné ce réseau en ligne et des activités qu'il permet ; le rire y devenant un " hhhh " scriptural - mais aussi avec leurs camarades - les vrais ceux-là - de classe ; consultent leurs courriers (posts) et partagent idées et informations.

Le nombre de référence à Facebook chez un même étudiant est peut-être intéressant à relever en cela que, par delà ce qu'il dit de ce dans quoi l'étudiant investit une partie de son temps, il peut dénoter chez certains, plus qu'une routine, un certain degré d'addiction à l'invention de M. Zuckerberg. Il va d'une seule mention pour six (06) étudiants, jusqu'à quatre mentions pour sept (07) étudiants ; cinq (05) étudiants relevant un retour vers son utilisation trois fois, et quatre (04) 2 fois dans leur journée.

Certains étudiants proposent même les périodes de temps qu'ils passent sur Facebook. Ainsi par exemple, cette étudiante de 21 ans qui vit chez ses parents commence sa journée avant de se rendre à l'université par une connexion Facebook qui dure une heure, puis y retourne en fin de journée pour un petit quart d'heure entre 19 et 20 heures, pour enfin se reconnecter dans son lit après 22 heures pour environ une heure ; alors que cette autre, âgée de 22 ans et vivant également sous le toit parental dit y être connectée de 18 à 19 heures, puis de 22 à 23 heures. La palme est pourtant remportée par cette autre étudiante de 23 ans vivant chez sa famille qui affirme avoir passé touts la nuit sur Facebook à parler et à rire, " hhhh ", avec ses amis, activité qu'elle décrit de surcroît comme usuelle !

Est-ce une prise de conscience de l'importance de ce phénomène - tellement qu'un bon nombre d'utilisateurs dans la population de l'étude ne lui donne plus que le surnom affectueusement familier de 'face' - qui a contribué à faire basculer un aspect du rapport administration universitaire/administré étudiant, enseignant, travailleur, voire même simple citoyen, dans l'ère du numérique ? Toujours est-il qu'une correspondance émanant de la Direction des réseaux et systèmes informatiques et de la communication universitaire du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique en date du 04 juin 2015 adressée aux présidents des conférences régionales en communication avec les chefs d'établissements, portant en objet " création dans les établissements universitaires et centres de recherche d'une cellule de veille, de communication et de proximité sur les réseaux sociaux ", prend note de " la puissance de l'Internet et des capacités corrélatives des réseaux sociaux " et appelle " les établissements [d'enseignement supérieurs] à investir aussi les réseaux sociaux, via Facebook et Twitter notamment" !

Autre référence à ce à quoi les étudiants de l'enquête disent utiliser les NTIC : la Toile pour la recherche d'informations dans la préparation de leurs exposés et autres présentations, et leurs discussions/partages des résultats de cette activité avec leurs camarades de classe. Douze (12) étudiants y font référence, soit 24% de la population globale de l'enquête et 36,36% de celle qui dit avoir eu recours aux NTIC lors de la journée qu'ils décrivent. Cela laisse, nombre important, vingt et un (21) étudiants, soit 63,63% de ceux qui disent utiliser un ordinateur hors recours à la Toile pour la recherche d'informations dans la préparation de leurs exposés et autres présentations pour la journée qu'ils décrivent, ce qui, rappelons-le, peut signifier que ces étudiants n'avaient tout bonnement pas travaillé à leurs présentations dans le courant de cette journée, et donc, comme pour les activités précédentes, ne signifie pas qu'ils n'y ont pas recours les autres jours, ou encore que les informations qu'ils proposent peuvent être généralisées à l'ensemble de la population estudiantine. Dommage collatéral de cette pratique qui désespère bon nombre d'enseignants et conforte, dans son appréciation de la Toile, l'écrivain sud-américain cité plus haut ; le copier/coller peut-être induit par " la facilité d'accès et l'information […] disponible et mise à la disposition de tous ", auquel les étudiants s'adonnent ouvertement et sans vergogne aucune.

Enfin, un autre grand présent dans les activités des étudiants en rapport avec leurs ordinateurs et les NTIC est Youtube avec cinq (05) mentions explicites même si, comme pour Facebook, des expressions comme " watching a video " ou encore " checking a video " alors qu'ils sont connectés y font probablement référence sans mentionner le nom du site web d'hébergement de la vidéo visionnée ; portant le nombre des adeptes de Youtube à sept (07), soit 21,21% des étudiants ayant utilisés leurs PC lors de la journée qu'ils décrivent.

Plus que la radio - par ailleurs étrangement absente avec une seule mention d'écoute de musique sur la chaîne 3 - ou que les traditionnels journaux télévisés, le Net sert aussi à se mettre au courant de ce qui se passe dans le pays et de par le monde ; comme par exemple pour cette étudiante de 22 ans vivant chez ses parents, et qu'il aura tenu informée des développements de la mobilisation autour de la question du gaz de schiste à Aïn Salah, ou encore du devenir de ce prisonnier palestinien. Il sert aussi à regarder des films, à les télécharger ainsi que de la musique, et plus généralement à 'surfer'.

Deux autres 'outils' auxquels la Toile donne accès sont également mentionnés bien qu'à une moindre fréquence. Viber, le site mobile de messagerie et d'appels téléphoniques gratuits, et Skype, site un peu similaire mais qui permet de voir la personne à qui l'on parle, gratuitement ; comme pour cet étudiant de 22 ans vivant chez ses parents qui l'utilise pour ses réunions avec son directeur de recherche à l'étranger, dans un programme de l'AIESEC.

Enfin, utilisation particulière mais non moins intéressante que note une étudiante qui vit chez ses parents, omet de mentionner son âge, et dont l'activité devrait faire remettre en question autant la pauvreté du choix d'entre les langues étrangères que la Faculté des lettres et langues propose, les méthodes et contenus d'apprentissage de celles-ci, et les litanies enseignantes sur le passéisme des étudiants : apparemment mordue de feuilletons sud-coréens qu'elle suit sur le Net - et non à la télévision comme cela aurait été le cas quelques années auparavant - entre 23 heures et 1 heure du matin, la Toile lui sert aussi à l'apprentissage du coréen dont elle télécharge les cours !

Plus de télévision alors ? Pas vraiment.   

4. La télévision.

Même si la télévision semble déjà ne plus faire partie que des vieux outils, elle continue d'être très présente dans la journée décrite par la majorité des étudiants.

Seulement quinze (15) des cinquante (50) étudiants de l'étude n'y font aucune référence dans le déroulement de leur journée, soit 30% de la population globale. Parmi eux, deux (02) des trois (03) jeunes hommes qui se sont prêtés à l'expérience, ce qui fait que regarder la télévision est une activité avant tout féminine. Pour la majorité d'entre ceux qui ne la regardent pas - deux (02) étudiantes mises à part -, l'ordinateur personnel, Facebook et Youtube semblent avoir supplanté la boite à images comme source d'information et de divertissement ; treize (13) étudiants d'entre ceux qui ne mentionnent pas la télévision dans la description de leur journée notant être branchés sur le Net pour une partie de leur temps hors université. (Quant aux deux étudiantes restantes, toutes deux bien que ne mentionnant pas l'utilisation d'un PC ou du Net dans leurs réponses disent ne pas être chez elles pour la journée qu'elles décrivent - l'une en cité universitaire, l'autre chez une tante - ; ce qui explique peut-être l'absence de la Toile, ou de la télévision, ou des deux !

Le reste de la population de l'étude, soit 70%, écrit avoir consacré à la télévision au moins un moment de sa journée.

La tranche horaire qui voit le plus d'étudiants face à la télévision semble être celle située entre 19 et 20 heures avec dix-neuf (19) mentions, suivie de celle entre 18 et 19 heures avec dix (10) mentions, puis celle entre 21 et 22 heures avec neuf (09) mentions ; certains étudiants se retrouvant sur plus d'une tranche horaire. La majorité des étudiants qui regardent la télévision n'y consacrent pas plus d'une heure avec vingt-quatre (24) mentions ; six (06) étudiants y consacrant trois heures, et cinq (05) deux heures. Les chaînes que semblent choisir les étudiants sont MBC4 des Emirats, loin en tête, mais aussi la tunisienne Nessma, la syrienne Massaya, et la chaîne généraliste algérienne privée Chorouk.

Les informations, jadis attraction première de la télévision et point focal de l'attention de tous, à 20 heures, autour du repas du soir, n'y font plus recette et n'ont droit qu'à deux (02) mentions dans les réponses des étudiants de l'enquête. Cet aspect semble dorénavant être pris en charge par Internet, peut-être par Youtube et Facebook ; les étudiants se contentant de 'news' insulaires véhiculées à l'intérieur de leur groupe d'amis, et de ce que certains membres de ce groupe partagent de ce qui secoue le monde. Aspect qui mérite peut-être d'être relevé pour des étudiants post-gradués en langue anglaise, au contraire de ce qu'ils écoutent dans leur musique, l'arabe, dans ses différentes variétés, est la langue de ce qu'ils regardent à la télévision, leur langue d'étude et de formation y étant pratiquement absente, comme elle l'est probablement largement dans leurs échanges sur la Toile. Rien à la limite de bien excitant, sauf peut-être si l'on se penche sur ce que ces étudiants regardent durant ce temps et ces plages horaires qu'ils consacrent à la télévision. Quand cela est précisé - ce qui n'est pas toujours le cas, une (01) contribution mentionnant regarder la télévision sans plus d'information -, loin devant, supplantant deux émissions de jeux - 'familetna' et 'le juste prix' - qui ne recueillent qu'une (01) mention chacune, un show sur 'les arts de la cuisine' et un autre, allemand, sur 'la vie et la société en Europe', eux aussi chacun avec une (01) mention orpheline, les feuilletons s'imposent.

Ils sont turcs d'abord avec seize (16) références directes qui notent soit 'série turque' soit le titre de la série - notamment 'Harim Sultan' ou encore 'Ishq el Aswed' -, et six (06) autres si l'on recoupe les horaires de diffusion des séries turques et les horaires de visionnement mentionnés quand l'étudiant dit juste être en face de la télévision mais mentionne l'horaire ainsi que la chaîne et non le programme qu'il regarde ; portant ainsi le nombre de références aux feuilletons turcs à vingt-deux (22), soit 62,85% des téléspectateurs de l'étude. Viennent ensuite les feuilletons indiens - expressément 'Min Enadra Ethaniya' - avec quatre (04) mentions, et libanais avec deux (02) mentions. Un feuilleton algérien dont le titre n'est pas mentionné est cité par une (01) étudiante.

Aspect intéressant, beaucoup d'étudiants participant à cette étude semblent être sur les mêmes chaînes, en face des mêmes programmes, au même moment ; convivialité virtuelle qui vient s'ajouter à celle pour beaucoup d'être, via Facebook, également sur le même réseau social, au même moment.

Séries turques donc, pour jeune public étudiant de post-graduation algérien. De quoi faire froncer quelques sourcils, sauf peut-être si l'on se réfère à une explication intéressante d'un tel engouement proposée par H. Chabou dans son analyse de ce qu'elle a appelé la diziphilie ou amour des séries turques, quand elle interroge dans une telle attraction l'instauration d'un " nouveau système de domination consentie reposant sur un nationalisme culturel ainsi que des structures historiques et religieuses ". En d'autres termes, les feuilletons turcs participeraient, chez les étudiants qui les suivent, d'un processus de reconstruction et de reconquête de leur personnalité de base, différente de l'image que leur en ont donnée, à travers leurs représentations, les séries occidentales ; parce que vécues comme plus proches d'eux culturellement, historiquement, mais aussi, peut-être surtout, du point de vue de la religion.

5. La place de l'expression religieuse.

Si, comme l'écrit B. Chahed sur la base d'un sondage d'opinions effectué en Algérie en 2009, l'éducation religieuse a été avancée comme troisième plus important rôle que devrait jouer l'école algérienne, et si la place de l'expression religieuse dans le quotidien du produit de cette école est prise comme conséquence et mesure du succès de cette éducation, la manière dont l'école algérienne se sera acquittée de cette fonction devrait, sur la base de ce que reportent les étudiants de la présente recherche, produits de cette école, être considérée comme plutôt satisfaisante. L'expression religieuse est en effet majoritairement présente dans les réponses des étudiants de l'enquête.

Cette expression religieuse se dit notamment à travers des références à la prière, ainsi qu'à certains aspects des lectures et autres activités que les étudiants de l'enquête notent dans la description de leur journée. Trente-trois (33) étudiants, soit 66% d'entre cette population dont la tranche d'âge se situe entre 21 et 24 ans, y font directement référence. Elle n'apparaît pas, du moins sous ces formes, dans la description de la journée de dix-sept (17) étudiants, soit 34% de la population de l'enquête ; ce qui, peut-être faut-il le rappeler comme pour les autres aspects de leur journée qu'ils décrivent, ne signifie pas qu'elle n'y est pas présente sous d'autres formes, ni qu'elle en est absente les autres jours ; ni enfin que les informations proposées peuvent être généralisées à l'ensemble de la population estudiantine.

L'accomplissement de la prière dans leur journée qu'ils décrivent est relevé par trente et un (31) étudiants, soit 62% de la population totale de l'enquête et 93,93% des réponses qui font référence à une expression religieuse. Elle se fait, dans tous les cas pour les étudiants de l'enquête qui l'expriment, dans leur lieu de résidence, maison paternelle ou cité universitaire. Elle a lieu le matin au réveil, puis au retour de l'université, le plus souvent après que les étudiants se sont débarbouillés, changés, et qu'ils ont pris un léger snack. Elle regroupe alors souvent trois moments des prières de la journée; avant celle du soir.

Deux (02) d'entre ces réponses associent à ces moments de prière la lecture/récitation du Saint Qur'?n et/ou de Adhkar, ou évocations et invocations de la toute-puissance ainsi que de la protection divines. Deux (02) autres contributions, enfin, relèvent la lecture/récitation de ces évocations et invocations divines, mais sans références à la prière.  

6. 'And in the end', ou en guise de conclusion.

De 8 heures à 23 heures, tels étaient les termes spécifiés dans le 'contrat' initial de participation des étudiants. Tous ne s'y sont pas tenus, dix (10) d'entre eux bravant un couvre-feu peut-être maladroitement décrété pour mettre fin à leur description, et continuant l'exposé d'une journée qui se poursuit jusqu'à très tard pour noter, passé ce délai péremptoire, qui qu'ils ont continué à travailler sur leurs exposés notamment en naviguant sur Internet, qui qu'ils ont lu un roman, et qui enfin qu'ils sont restés connectés via Facebook et Youtube. Pour les quarante (40) restants, la dernière activité de leur journée qu'ils décrivent se situe résolument sous l'égide des NTIC pour vingt-deux (22) d'entre eux ; Facebook en tête avec douze (12) mentions, suivi de l'utilisation du téléphone portable et quatre (04) mentions, et Youtube et la recherche d'informations en rapport avec leurs devoirs universitaires sur la Toile avec trois (03) mentions chacun. Viennent ensuite dans l'ordre de leurs citations, des activités familiales, discussions, dîner et … vaisselle avec sept (07) mentions ; la lecture de notes, d'articles ou de romans, avec six (06) mentions, puis la récitation/lecture d'évocations et invocations de la toute-puissance ainsi que de la protection divines ou Adhkar avec trois (03) mentions, et enfin, lointaine cousine des NTIC, la télévision avec deux (02) mentions.

Ainsi donc se termine, entre une tradition qui reste très présente et l'attraction d'une modernité dont ils maîtrisent étonnamment bien les outils, une journée dans une vie d'étudiant ; du moins de ceux de la présente étude qui ont accepté d'en faire compte rendu. Tout en gardant à l'esprit les réserves maintes fois répétées concernant le nombre réduit de participants et le caractère très personnel, donc sensible, de l'exercice reporté ici, l'examen de quelques-unes parmi les plus saillantes activités qui auront fait une journée de cette population estudiantine qui s'est prêtée au jeu de les décrire aura peut-être ainsi été, par-delà les statistiques et autre nombre de 'sièges pédagogiques', de lits en cités universitaires et d'autobus affectés au transport des étudiants qui ponctuent chaque nouvelle rentrée universitaire, une manière d'un peu se pencher sur ces histoires intimes, peut-être trop souvent ignorées et qui, elles aussi, participent à/de la grande histoire de l'Université. Si cela était le cas, la présente incursion dans une journée de ces vies d'étudiants n'aura pas été totalement inutile.

*Professeur au département des lettres et langue anglaises, faculté des lettres et langues, Université Mentouri, Constantine.

Cf. À cet effet : ‘Être étudiant en première année de licence. Le cas des étudiants du département des lettres et langue Anglaise, Faculté des lettres et des langues de l'université de Constantine 1.', dans Le Quotidien d'Oran, 17 mars 2014.

Voir également : ‘Être (presque) enseignant à l'université. Entre fiction de statut et statut de fiction', dans Le Quotidien d'Oran, 14 juillet 2014.

2 Bernardo Carvalho, Grand Entretien, dans Le Magazine Littéraire, n° 557-558, Juillet/Août 2015, p. 34.

3 Cf. À cet effet son illustration, sur fond de rue en flammes que surplombent des publicités de téléphones portables, d'un groupe de personnes, hommes et femmes, à l'apparence de zombies faméliques, le regard sans yeux fixé chacun sur son téléphone portable. https://stevecutts.wordpress.com

4 Ainsi, ces étudiants qui reportent utiliser Facebook participeraient des 1,49 milliards de membres actifs répertoriés par Facebook fin juin 2015, peut-être même des 968 millions identifiés comme utilisateurs quotidiens, et qui sait, du 1 000 000 000 qui l'auront utilisé en ce lundi 24 août 2015, selon un message posté par son inventeur sur son propre profil.

5 Correspondance sous la référence DRSICU/15/32, en date du 04/06/2015.

6 C'est du moins l'une des explications que propose, dans son analyse de l'étendu de ce même phénomène parmi les étudiants marocains, A. Aboufirass dans son étude, Internet et plagiat : comment conserver les fondements de base de l'esprit scientifique ? http://www.a-brest.net/article2995.html

7 H. Chabou, La diziphilie et le questionnement en miroir des mutations sociales en Algérie, dans Le Quotidien d'Oran, 10 août 2015.

8 B. Chahed, Note de synthèse : L'école, un défi algérien, dans Le Quotidien d'Oran, Lundi 24 août 2015. 





Prix : De nouvelles augmentations redoutées

Prix : De nouvelles augmentations redoutées
par M. Aziza
« Quelle surprise désagréable nous réserve encore la prochaine loi de finances (2016) ?» s'est interrogé, hier, le président de l'association de protection des consommateurs (Apoce), Zebdi Mustapha, en évoquant certaines informations voire «des fuites» sur des augmentations probables sur les produits importés. Les membres de l'association de défense du consommateur n'ont pas caché leur inquiétude sur de probables hausses des prix des produits et des services, que ce soit des produits importés ou des produits locaux. L'invité du forum d'El Moudjahid, M. Zebdi Mustapha, a affirmé qu'une augmentation de la taxe des produits importés se répercutera automatiquement sur les prix de vente des produits y compris des produits algériens. Sachant que la majorité de nos produits sont fabriqués majoritairement sur la base de la matière première importée. Il présage une augmentation des prix des services, ceux des transports avec la probable hausse des prix du gasoil, ainsi que des augmentations des prix dans le secteur des TIC. Il ouvre une parenthèse pour affirmer que les marchés de différents secteurs ont connu ces derniers jours une hausse considérable des prix, le plus souvent injustifiée, sachant que les prix de ces produits ont connu une baisse au niveau des marchés internationaux.

Le président s'est dit conscient de la gravité de la situation économique, voire des nouvelles donnes financière et économique, mais pour Zebdi, les citoyens (la classe moyenne et les démunis) sont déjà épuisés par les dépenses durant ces derniers mois. Il a plaidé pour l'imposition de taxes sur la fortune. Il argumente, le système en place a créé un environnement propice aux affaires pour une certaine classe qui a réussi, grâce aux facilités accordées par l'administration, à faire une fortune. Aujourd'hui, l'Etat doit cibler ces affairistes qui se sont enrichis en un clin d'œil. «Il faut leur imposer une taxe sur leur fortune».

Le président de l'association des consommateurs a également attiré l'attention des pouvoirs publics sur la politique de sponsoring adopté par des entreprises publiques. «De grandes entreprises telle que Sonatrach sponsorisent des clubs sportifs, des manifestations culturelles et autres sans limites». Pour Zebdi, l'austérité doit commencer par en haut. Les premiers à être appelés à réduire les dépenses, souvent inutiles, sont les entreprises publiques.

Il a également appelé les riches et ceux ayants des salaires faramineux à s'impliquer dans la politique de solidarité économique. Zebdi a indiqué qu'une campagne sur Facebook est en cours, appelant ceux qui ont d'importants salaires à céder 10 à 20 % de leur paye en faveur de la solidarité économique. Et ce, pour éviter de pénaliser de plus en plus les plus démunis. Zebdi affirme que cette démarche a été déjà entreprise dans plusieurs pays du monde dans les moments de crise, «alors, pourquoi pas chez-nous ?»

MOUTONS DE L'AÏD : UNE HAUSSE DES PRIX INJUSTIFIEE !

Ramdane Tahar, spécialisé dans le commerce en gros des viandes rouges et membre de l'association des consommateurs a affirmé hier que les prix des moutons ont connu une hausse de 15 à 20 %, à l'approche de l'Aïd, comparativement à l'année dernière.

Il a également souligné qu'aujourd'hui, les prix dans les marchés à bestiaux non réglementés sont instables. «Les prix varient d'une région à une autre. Ils sont un peu plus bas à l'est du pays, un peu plus élevés à Djelfa et à Ouled Djellal où la demande est plus importante». Mais, pour le conférencier, cette hausse des prix est «injustifiée» par le fait que les prix des viandes ovines et bovines n'ont connu aucune augmentation. Les éleveurs justifient cette hausse par l'augmentation du prix du foin, mais pour le conférencier, ceci est faux, car si le prix a augmenté, les prix des viandes auraient augmenté automatiquement. Pour Ramdane Tahar, si l'Etat n'intervient pas pour réguler les marchés à bestiaux, on revivra ce scénario dans les années à venir, car les spéculateurs et les intermédiaires trouveront leur compte dans le désordre et l'absence de contrôle.

CERTAINS CONCESSIONNAIRES CONTINUENT A TRANSGRESSER LE NOUVEAU DECRET

Le président de l'association des consommateurs a indiqué que son association reçoit une moyenne de 1 000 requêtes par mois dénonçant la non conformité des produits, des comportements anti-commerciaux, des publicités mensongères et autres. Mais, M. Zebdi a encore une fois dénoncé l'attitude de certains concessionnaires qui continuent à transgresser le nouveau décret régissant l'importation des véhicules neufs, en vigueur depuis le 8 avril 2015. Il a affirmé que des consommateurs dénoncent toujours le problème des délais de livraison, l'absence de la pièce de rechange, des problèmes relatifs au service après-vente. «Et le comble est que certains concessionnaires ont osé vendre des véhicules accidentés !» Le président de l'association a affirmé qu'une requête du genre a été récemment déposée par un consommateur durant la dernière semaine. Ce qui est intrigant, selon Zebdi, c'est que malgré les dénonciations aucun concessionnaire n'a été sanctionné jusqu'à présent. «Sauf deux vendeurs de voitures multimarques qui ont été sanctionnés», regrette-t-il. 

Changement à la tête du DRS : Des interrogations en attendant les effets collatéraux

Changement à la tête du DRS : Des interrogations en attendant les effets collatéraux
par Ghania Oukazi
Une fois l'annonce de la mise de fin de fonctions du DRS consommée, les observateurs s'interrogent sur « les termes » du deal conclu entre Bouteflika et Toufik pour que «les choses se passent ainsi et maintenant».

L'homme était tellement craint et sa poigne tellement lourde pendant vingt-cinq années de services à la tête de la plus importante institution du pays, que son départ est sujet à toutes sortes de supputations, parfois même les plus farfelues. L'on s'interroge dans les milieux politiques sur la nature du deal qui aurait été conclu entre le président de la République et le chef du DRS pour que cette «mise à la retraite» se fasse sans bruit. L'on estime que « l'homme était trop important pour qu'il parte sur la pointe des pieds et sans rien exiger». Ce qui est sûr, c'est que pour l'heure, il est difficile de deviner les termes de ce deal dont parlent des analystes, ceci, si deal il y a eu. « Parce qu'avec Bouteflika, tous les responsables savent dès leur nomination que leurs jours en tant que tels sont comptés, les anciens avaient toutes les raisons de le penser et d'attendre leur tour quand bien même si c'est Toufik et ses 25 ans de pouvoir, la preuve, son départ est aujourd'hui réel et effectif», soulignent d'anciens responsables à la présidence de la République.

Il était donc admis depuis longtemps que le départ du DRS devait avoir lieu un jour ou l'autre notamment depuis que sa personne a été démystifiée par les soins de l'actuel SG du FLN et l'effeuillage de ses services de ses collaborateurs, missions et prérogatives, a été entamé. Avec un peu de recul, il n'est même pas question de parler de choses précipitées. «Quand je partirais, tout le monde partira», disait Bouteflika dès son arrivée aux commandes du pays. « Le général Toufik a été « admis » à la retraite après que le clan Bouteflika se soit assuré d'avoir démultiplié les entrées des centres informationnels des services, il s'est arrangé pour que les services de collecte du renseignement aient chacun sa tutelle et travaillent indépendamment l'un de l'autre, ce qui leur permet d'activer d'une manière autonome, plusieurs personnes détiennent donc l'information et établissent leurs rapports, chacune à part pour la remettre à la présidence de la République, Toufik n'était depuis longtemps plus le seul à la détenir et à établir les vérités qu'il veut », nous expliquent des responsables militaires. «C'est bien diviser pour régner», concluent-ils.

Si les termes d'un éventuel deal entre Bouteflika et le général de corps d'armée chef du DRS, Toufik, ne peuvent être dévoilés, son départ doit, selon des responsables dans de hautes institutions, être inévitablement suivi ou « accompagné » d'autres changements peut-être moins importants mais qui sont qualifiés d'ores et déjà d'effets collatéraux de la fin d'un règne.

Il est déjà avancé qu'il y a une dizaine de jours, le juge d'instruction au tribunal d'Alger (doyen des juges), qui a eu entre les mains le dossier de Sonatrach 1 et a instruit et mis il y a quelques mois en délibéré Sonatrach 2, a été nommé Procureur général adjoint (PGA) au tribunal de Blida. « Il est actuellement en congé, il reprendra ces jours-ci, mais à Blida où il occupera un poste moins important que celui qu'il occupait à Alger », affirment certains de ses collègues.

L'EFFET DRS

Amar Saïdani est aussi évoqué dans le sillage de telles évolutions puisqu'il a été « celui qui a fait les sales besognes pour amoindrir l'effet DRS ». Des responsables nous confirment l'audition, jeudi dernier, « et pendant quatre heures » de l'actuel SG du FLN par un juge du parquet de Paris. Saïdani avait déposé plainte contre le journal français qui avait publié ses biens en France. «Mais la plainte s'est retournée contre lui parce que les motifs de son dépôt ne concordaient pas avec la période de l'acquisition des biens répertoriés», nous disent de sources proches du FLN. « Saïdani a été quelque peu malmené par le juge, ce qui a poussé le président de la République à envoyer un émissaire auprès des autorités françaises pour demander de ne pas le laisser se faire bousculer », ajoutent nos sources. L'on dit que c'est Ahmed Ouyahia qui s'est déplacé à Paris pour accomplir une telle mission. Vrai ou faux, peu importe parce qu'on ne saura pas non plus si c'est bien ce directeur de cabinet de la présidence de la République qui avait remis dimanche dernier la lettre de mise de fin de fonctions au général Toufik comme c'est soutenu par des responsables de la même institution.

Les déboires que risquent d'avoir Saïdani pourraient le pousser à la porte de sortie du FLN plus vite que prévu. D'autant qu'on affirme que Abdelaziz Belkhadem a été reçu par le président Bouteflika « il y a trois semaines de cela ». Le fait peut ne pas intriguer parce que Belkhadem fait partie « d'un personnel » que le président appelle, renvoie et rappelle selon l'intérêt des conjonctures. Des observateurs relient d'autres faits à la situation que vit Saïdani. «Ce n'est pas un hasard que le SG de l'UNPA, Abdelkader Allioui, ait été reçu dimanche par le 1er ministre (seul avant pour qu'après, les discussions soient élargies à ses collaborateurs) », nous indiquent nos sources. L'on rappelle que le nom de ce responsable a été cité dans l'affaire des concessions agricoles aux côtés de celui de Saïdani et de Barkat.

ESQUISSES D'UNE SUCCESSION «ANNONCEE»

Des changements pourraient aussi être liés à la situation politico-économique que vit le pays. La chute du prix du baril de pétrole a entraîné avec elle un rétrécissement important des rentrées financières des ventes du gaz. «Le prix du second produit étant indexé à celui du premier, il est évident que les incidences de l'un pèsent sur les incidences de l'autre, sans compter que les Occidentaux ne veulent plus depuis longtemps de contrats gaziers à long terme et beaucoup de pays opèrent des ventes spot de leur production, donc rien ne plaide en faveur d'une bonne santé financière des hydrocarbures », indiquent des spécialistes du secteur. Nos sources reviennent à la sortie médiatique samedi dernier du SG par intérim du RND. «Rappelez-vous qu'Ouyahia a déclaré qu'il est d'accord à 90% avec le gouvernement, les 10% qui manquent concernent alors quel secteur ? », interrogent des responsables. « Ouyahia n'est pas d'accord avec ce qui se fait dans le secteur de l'industrie », soutiennent-ils convaincus.

Le ministre du secteur, faut-il le rappeler, a tenu pendant de longues années le cabinet de Ouyahia alors SG du RND. L'on ne peut croire que ce dernier portait Bouchouareb dans son cœur même si le jour de la conférence de presse, il le désignait comme étant son ami. La sortie de Ouyahia, la veille du limogeage de celui qui l'a fait, selon des milieux importants, porte en elle plusieurs énigmes. D'ailleurs, l'on s'interroge inévitablement sur le sort des responsables -et ils sont nombreux- qui ont toujours émargé auprès des services de Toufik. « C'est d'ailleurs pour cela que les effets collatéraux de son départ sont attendus, il se pourrait que le gouvernement change, des responsables d'institutions et autres cadres aussi », soutiennent nos interlocuteurs. « Maintenant que le système a perdu ses hommes, bien qu'il reste entier dans ses pratiques, l'on s'attend à ce que les choses s'accélèrent davantage pour tracer les premières esquisses d'une succession inévitable même si le mandat présidentiel se termine dans 3 ans et demi », pensent nos sources. Départ « préparé » du président ? Election présidentielle anticipée ? « Tout se joue sur l'identité du successeur, qu'il soit son frère qui pense que la chose est acquise parce qu'il connaît aujourd'hui les arcanes les plus exclusifs du système et de tous les pouvoirs, ou alors un autre mais Saïd ne sera jamais rassuré de sa fidélité notamment si le président rentre chez lui », disent de hauts responsables. 

Bravade

Bravade
par El-Guellil
L'épreuve. Un mot avec de nombreuses variables. Passer une épreuve. Vivre une épreuve. Mettre à l'épreuve. Epreuve d'effort. Et encore beaucoup d'autres expressions reprenant ce mot. Cependant, le sens premier reste, il s'agit d'éprouver quelque chose qui n'est pas naturel à première vue. Prenez un couple dont les dissentiments prennent tellement de place qu'ils peuvent s'activer suite à des discussions sans aucune importance. Souvent, la femme d'un caractère affirmé et dont la franchise prend l'allure de la violence fait face au mari tacite qui donne systématiquement à ses préoccupations les plus légères, une gravité tout aussi forte.

Un paradoxe de comportement qui place les deux parties sous les nerfs. Une vie simple espérée pose maintenant l'adversité comme une nécessité à leur vie commune. Avant, des intérêts communs les animaient en les maintenant ensemble dans le filet de la communauté des biens et des gains. Puis la monotonie s'installe de fait au fur et à mesure que les années passent. L'aigreur largement partagée dans le couple ne laisse entendre aucun échange de bonheur. Ce bonheur tant attendu a quitté le domicile conjugal depuis longtemps. Laissant entre eux un rapport de force basé sur un socle de mépris. Celui qui vous fait penser qu'on a perdu du temps avec sa moitié, qu'on aurait pu finir différemment sa vie.

Cette brûlure vous réveille de temps à autre et met du temps à se calmer. Vous rêvez à ce qu'aurait pu être votre vie. En attendant, la solitude est mère de tristesse et tout vous paraît sombre. Cet être associé à votre vie, votre femme ou votre époux, est de nature même à rendre pénible votre vie. C'est quand on commence à vivre sa deuxième vie qu'on s'aperçoit qu'on en a qu'une. Riez de vous-même avant de rire des autres. 

Dérisoire est le prix du carburant, dit-on !

Dérisoire est le prix du carburant, dit-on !
par Ahmed Farrah
Aux Etats-Unis, dans une logique économique très performante, le puissant lobby du transport et celui des constructeurs de voitures imposent des prix très bas du carburant avec moins de taxes, pour soutenir la production de véhicules, la consommation, la croissance et la création d'emploi. Ici, certains analystes improvisés ne trouvent rien d'autre comme solution aux problèmes liés à la crise financière que traverse le pays, que de proposer une augmentation des prix du carburant, feignant d'oublier qu'eux et leurs rejetons « entrepreneurs » roulent sur un matelas de pétrodollars qu'ils ont amassés en profitant de leur accointance avec l'establishment et de leur position qui les rend très proches du pis de « l'Etat-providence». Non, Messieurs les donneurs de leçons, l'économie est un tout, pas rien que des prix pratiqués, c'est aussi l'effort, le mérite, une stratégie de développement, une éducation et de la cohésion sociale ! Le pays ne serait pas dépendant uniquement de son sous-sol, si on avait fait un minimum d'attention pour lui donner de vrais mécanismes démocratiques qui font participer le citoyen à la prise de décisions, au contrôle de leur application et de sa responsabilité dans tout ce qui engage son devenir et l'avenir des générations futures. Or, on a privilégié l'improvisation, le rafistolage et la distribution de la rente corruptrice, plutôt que l'effort et le compter sur soi libérateurs des initiatives entreprenantes. On a préféré le clientélisme louvoyant, ingrat et lunatique, au mérite laborieux… Décréter la réalité des prix, pas seulement ceux du carburant, suppose d'abord l'instauration de vrais salaires mérités et une vraie monnaie. Aujourd'hui, le dinar algérien est l'une des plus faibles monnaies au monde, contrairement au dirham marocain et au dinar tunisien, qui reflètent leur réalité économique. Pour une efficacité économique et une réelle justice sociale, il est pressant de lever toutes les formes de subventions des produits qui profitent actuellement, surtout à ceux qui ont un fort pouvoir d'achat et qui gaspillent et consomment beaucoup plus que les plus démunis. Il est dans les obligations de tout Etat de veiller à la paix sociale de sa population par la préservation de sa cohésion en créant des instruments justes et équitables pour assurer la dignité des plus nécessiteux (les chômeurs, les bas salaires et les petites pensions) en leur garantissant un revenu minimum d'insertion sociale. L'Etat-providence n'est pas la propriété de ceux qui se sont fait une place au sommet de la pyramide alimentaire, mais c'est aussi celui de tous ceux sur lesquels repose l'édifice en entier, sinon tout s'écroulera et personne ne le souhaite. 

Commerce : Le diktat des importateurs dénoncé

Commerce : Le diktat des importateurs dénoncé
par Yazid Alilat
Bakhti Belaïb, de retour au ministère du Commerce, veut sévir, à défaut moraliser la profession. C'est un peu dans cette perspective de régulation et de moralisation des activités commerciales qu'il a lancé une sévère mise en garde à tous les opérateurs qui ne répercutent pas sur le marché local la baisse des prix sur les marchés internationaux des produits alimentaires et agroalimentaires importés.

Dans une note d'analyse sur les prix de ces produits importés par les opérateurs algériens, il a sévèrement critiqué le comportement de ces opérateurs et commerçants qui ne répercutent pas sur le marché interne et au consommateur la baisse des prix sur les marchés des matières premières des produits. Durant le 1er semestre 2015, presque tous les produits alimentaires et agroalimentaires, ainsi que des produits industriels, ont vu leurs prix baisser sur le marché international. Pour autant, les prix sur le marché national n'ont pas enregistré de répit avec des hausses surréalistes. Ainsi, selon cette note du ministère du Commerce, les prix d'achat des matières premières destinées à l'industrie agroalimentaire, sauf pour le blé dur (+26%) et de quelques huiles alimentaires brutes (entre +16% et 80%), ont reculé. Il s'agit notamment des prix à l'importation pour la poudre de lait (-42%), de 19% pour le maïs, de 15% pour le blé tendre et de 6% pour les sucres roux. Des baisses importantes des prix moyens sur les marchés internationaux ou nationaux ont été également enregistré pour les produits de large consommation, dont le riz (-44%), le lait infantile (-23%), le sucre blanc (-17%), le triple concentré de tomate (-6%) et les pâtes alimentaires et couscous (-2%). Seuls les cafés non torréfiés (+3%), le thé (+8%) et le concentré et double concentré de tomate (9% et 25%) ont vu leurs cours augmenter durant cette période. Par contre, les prix moyens des lentilles ont bondi à 32%, alors que les prix des haricots secs ont chuté de 31%. Les évolutions des prix pour les viandes restent contrastées, avec une baisse de 5% pour les viandes bovines réfrigérées et ceux des poissons congelés (-34%) alors que ceux des viandes bovines congelées et ceux des crustacés congelés ont augmenté respectivement de 12 et 24%. En outre, les prix à l'importation du ciment ont enregistré une baisse allant de 3 à 9%, signale également le ministère du Commerce. Le ministre du Commerce avait sévèrement critiqué le comportent mercantile des importateurs et opérateurs évoluant dans le circuit des produits alimentaires et agroalimentaires. Il leur a pratiquement lancé un avertissement avant sanctions pour qu'ils répercutent sur le marché intérieur la baisse des prix opérée sur les marchés internationaux des matières premières. «Il faut que nous revenions sur une certaine orthodoxie où il y a des règles. Le fait de ne pas répercuter la chute des cours est une infraction», a averti le ministre lors d'une réunion avec les services des douanes, indiquant qu'il avait demandé à ses services de saisir les opérateurs concernés afin de répercuter les baisses sur le marché national. Avant d'affirmer : «Comme ils avaient (les opérateurs) attiré notre attention sur les hausses, aujourd'hui c'est à nous d'attirer leur attention sur les baisses ; ils ne sont pas nombreux, ils sont presque en (situation de) monopole», a-t-il déploré. Quand les prix baissent «nous devons savoir dans quelles proportions cette baisse doit toucher les prix intérieurs. Nous allons travailler là-dessus», a-t-il expliqué. La réaction du ministre du Commerce devant l'anarchie des prix pratiqués par les opérateurs et gros importateurs devrait moraliser ce secteur.

Car jusqu'à présent, il n'y a qu'en Algérie, estiment des économistes, «où la baisse des prix des matières premières ou produits alimentaires (blés, huiles, fruits et produits agricoles) sur les marchés internationaux n'est pas automatiquement répercutée sur les prix de vente sur le marché local». Une situation qui semble «outrer» le ministre du Commerce qui veut rétablir «la vérité des prix» à la hausse et à la baisse par rapport aux marchés internationaux. Le montant global atteint par les importations au cours du 1er semestre 2015 s'est établi à 27 milliards de dollars, en baisse (-10%) de trois md par rapport à la même période en 2014. A eux seuls, les produits alimentaires ont totalisé 5,1 md de dollars, soit 19% du total des importations algériennes au 1er semestre 2015. 

mardi 8 septembre 2015

Dégâts

Dégâts
par El-Guellil
Le business charité connaît un développement sans précédent depuis la vague migratoire venue de Syrie. Les bien-pensants menés par les artistes ou intellectuels sont enfin sortis de leur mutisme et se sont prononcés en faveur de l'aide aux migrants. L'Europe a enfin reconnu qu'un problème grave de flux humain se dessinait à ses portes et qu'elle ne pouvait continuer à faire sa politique de l'autruche. En évacuant ces problèmes vers le pays d'où arrivaient ces réfugiés, ce qui est une hérésie. Ils sont pris en étau entre Daesh et la politique de Assad. Ils ne savent rien des enjeux qui se jouent dans leur pays, mais ils savent que chaque jour et à chaque instant, ils risquent leur vie. D'être abattus purement et simplement chez eux. Ils n'ont le choix que de prendre tous les risques qui jonchent leur parcours pendant leur fuite vers l'Occident. Femmes, enfants et conjoints, tous dans la même galère. Des personnes ont été touchées par des images où l'on voit des gens de toutes sortes marcher pour fuir avec des baluchons sous le bras. Ces images leur rappellent la fuite du nazisme de milliers de familles vers des pays moins contrôlés par les bourreaux de l'époque. Paradoxe dans ce vieux continent européen, c'est l'Allemagne qui ouvre ses portes sans complexe, et ce malgré l'opinion générale qui consiste à dire que l'accueil sera cher à la société allemande et que ces migrants ne sont pas les bienvenus. Mais le back home n'est pas une option pour ces réfugiés. Et leur statut est bien d'être des réfugiés qui demandent l'asile aux pays européens. C'est leur droit de le faire. C'est le devoir de l'Europe de les accueillir; des textes bien explicites sont inclus dans la plupart des constitutions européennes. Bruxelles doit maintenant décrire un plan d'intégration de ces migrants. N'oublions pas que Lampedusa a été envahie par l'arrivée des fugitifs et a demandé le support des pays frontaliers comme la France pour prendre en charge quelques-uns d'entre eux; les frontières franco-italiennes sont soudainement devenues des barrières infranchissables. Quelle solidarité ? Réparez les dégâts ! 

Les moyens existent, les volontés et les compétences manquent

Les moyens existent, les volontés et les compétences manquent
par Ahmed Farrah
Depuis des lustres, les visites ministérielles, à l'intérieur du pays, se succèdent, se ressemblent et manquent d'intérêt pour le citoyen sceptique, qui ne voit que du folklore inutile et des attitudes déplorables. La venue d'un ministre est annoncée à l'avance, on prépare les lieux et on chronomètre le parcours. On cire l'asphalte, on nettoie les écuries, on badigeonne les murs, on peint les bordures des trottoirs, on étend les banderoles et les guirlandes et on dresse le chapiteau. Le jour «j», le comité d'accueil est trié parmi les «notables» (un terme fourre-tout), on étale les tapis, puis vient le cortège de voitures des officiels et de sécurité, les gyrophares tournent et les klaxons stridents, les médias et la presse conviés, on ramène les lanceuses de youyous et la fantasia, les qarqabous, les danseuses du ventre, les mannequins en «chedda tlemcenienne», les filles d'honneur avec le ‘tbaq' de dattes, les souffleurs de cornemuse et de ‘ghaïta', les timbales et les gallals entonnent. On offre le burnous en poil de dromadaire, le hayek tlemcenien de soie et autres présents. On coupe le ruban d'inauguration, on arrose l'hôte de pluie de confettis. Tout cela pour l'impressionner et avoir ces faveurs et sa bénédiction. Les fous aiment amuser les rois et la galerie. Sous la ‘khaïma' l'essentiel se dissout dans l'accessoire, jusqu'à ce qu'il ne reste rien, tout se dilue dans les panses: le méchoui et autres plats et mets, le thé à la menthe et les fruits secs, les gâteaux traditionnels et le ‘sfouf' à la cannelle et au ‘raib',.. Les têtes grisées et ivres de joie, satisfaites des artifices louant la providence, parce que nul parmi elles n'est payeur. L'arroseur comme l'arrosé, sont dans une symbiose curieuse. Comment devient-on arrosé puisque on n'a pas encore séché de la pluie d'hier, c'est l'insatiabilité propre au genre. L'arroseur dans sa logique, sème pour récolter et se faire fructifier. Et l'arrosé, savoure son pouvoir ?! Au fait, quelle a été l'affiche de la comédie ou plutôt la tragédie ?! Personne ne le sait, seuls les dupes pensent le savoir, tout le monde a oublié. Reste quand même, la pièce qui était tellement intéressante qu'elle sera nominée aux Molières, elle aura le prix de la meilleure mise en scène, de la réalisation, des seconds rôles, du meilleur acteur et de la meilleure actrice. Le public a eu pour son fric, et la pièce passera sur les écrans du jour (Ennahar) comme ceux du levant ( Echourouk), l'orpheline (ENTV) n'est plus seule. Ainsi, le monde désargenté aura l'occasion de la voir à ses frais. Quand cessera ce théâtre qui devient, à la longue, lassant et de mauvais goût ? Des ministres «se font mener en bateau» sous l'œil amusé d'une population qui n'est plus naïve et sait que, des projets attendent la semaine des quatre jeudis pour se concrétiser, des budgets jamais totalement consommés, des routes en piteux état, la crise de logement est réelle, des hôpitaux datent d'avant 1962, les classes sont surchargées, le chômage est endémique, les marchés sont sales et non contrôlés, l'Internet est englué dans ses câbles tissés en toile d'araignée, l'anarchie bureaucratique est contraignante, des lieux et des passages publics sont squattés, la mal-vie et le manque de moyens de distraction et villégiature les étouffent, les routes tuent, la circulation est anarchique, etc. Comment des responsables de wilaya, qui ne sont pas en mesure de réaliser 50 % des projets, inscrits dans le programme de l'exercice budgétaire annuel, sont reconduits et confirmés à leurs postes ? Le problème de développement du pays n'est pas dû au manque de moyens qui, au contraire sont considérables, mais à la gestion des deniers publics et leur concrétisation en infrastructures et services qui facilitent la vie quotidienne des citoyens.

Débureaucratisez, débureaucratisez !

Débureaucratisez, débureaucratisez !
par Moncef Wafi
Est-on en passe de gagner la guerre contre cette bureaucratie, véritable cauchemar pour des millions d'Algériens enquête d'un document administratif ? Il se peut que oui si on en croit l'action du gouvernement qui multiplie les initiatives en vue d'alléger les contraintes administratives qui polluaient le quotidien du citoyen. De la suppression de la fiche de police au sortir de l'Algérie à l'élimination de certaines démarches et documents administratifs contraignants et inutiles, ces décisions ne doivent pas cacher la forêt de cette bureaucratisation qui continue toujours à exister malgré les bonnes volontés affichées.

Dernières en date, le déplacement d'équipes mobiles chez les handicapés, personnes âgées et malades pour les formalités d'établissement du passeport biométrique. Idem pour le renouvellement du permis de conduire pour cause d'expiration de sa durée de validité ou de changement de résidence. Dorénavant, les citoyens concernés ne sont plus tenus de présenter le certificat de capacité qui devait, lui, être retiré de la wilaya qui a délivré le permis. Cette exigence obligeait les intéressés à faire parfois des milliers de kilomètres pour aller retirer ce fameux certificat quand ils changeaient de wilaya. Des procédures qui, normalement, devaient être prises en charge par l'administration mais qui laissait le citoyen se charger de son propre job.

Des annonces qui ont dû certainement réjouir plus d'un et mieux vaut tard que jamais pour essayer de soustraire le citoyen à cette jungle de paperasse qui n'en finit plus de prendre en otage les dossiers exigés pour tel projet ou par telle autre administration. Ces actions entrent dans le cadre «de la réhabilitation du service public et de la poursuite des mesures de facilitation et d'allègement décidées en faveur du citoyen», selon la formule consacrée par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. Pourtant, cette débureaucratisation annoncée en grande pompe, en amont, ne doit pas nous faire oublier qu'entre les décisions salvatrices d'Alger et leur concrétisation sur le terrain, dans les villes et villages de l'Algérie profonde, se dresse un excès de zèle local qui désarme toute initiative du gouvernement. Des préposés au guichet qui n'en font qu'à leur tête, prenant en otage les administrés, faisant fi de toute réglementation. C'est bien beau de prendre de telles décisions mais faut-il encore inculquer à certains employés des états civils qu'un sourire est le bienvenu et qu'il est de surcroît gratuit. 

Economie : La main étrangère n'est pas une fiction

Economie : La main étrangère n'est pas une fiction
par Abed Charef
Les importations de véhicules offrent un modèle de transfert du pouvoir économique, désormais partagé entre lobbies et puissances étrangères.

Le gouvernement algérien a perdu la main sur nombre de dossiers économiques. La décision lui a échappé progressivement, pour être transférée ailleurs, auprès de puissants lobbies ou de puissances étrangères, parfois une jonction d'intérêts internes et externes. Ce n'est ni de la fiction ni de la paranoïa nationaliste.

Le dossier de l'importation de véhicules en offre un modèle caricatural. Il révèle comment le transfert s'est opéré, par quelles étapes est passée cette évolution, et indique où se prend désormais la décision.

La crise a été déclenchée par des importateurs algériens qui s'inquiétaient d'une concurrence qu'ils estimaient déloyale. Un rapport remis au ministère du Commerce à l'initiative d'un gros importateur algérien, montrait que les concessionnaires automobiles faisaient des chiffres d'affaires énormes, mais ne gagnaient pas d'argent en Algérie. En fait, ils transféraient tous leurs bénéfices à l'étranger. Le gouvernement avait jusque-là fermé les yeux, mais la chute des revenus extérieurs l'a contraint à regarder dans cette direction. Il a ainsi tenté d'imposer de nouvelles règles aussi bien pour les concessionnaires que pour la qualité des véhicules importés.

C'est alors que le gouvernement s'est trouvé confronté à la puissance d'un nouveau lobby, qui pèse désormais près de dix milliards de dollars par an. Forts de leurs complicités au sein de différentes administrations, les concessionnaires ont réussi à obtenir le contenu des nouvelles dispositions avant même leur promulgation, quand ils ne les ont pas dictées. Dans ce qui s'apparente à un délit d'initié, certains ont importé massivement des véhicules avant l'entrée en vigueur des nouvelles normes, dans l'espoir de disposer de véhicules à des prix attractifs.

Les concessionnaires ont aussi réussi à faire changer le contenu du cahier des charges décidé par le ministère du Commerce. Dans quelle mesure la cacophonie qui a suivi a coûté son poste à l'ancien ministre du Commerce, M. Amara Benyounès ? On ne le sait pas encore, mais tout indique que l'affaire a beaucoup pesé dans la balance.

UN GOUVERNEMENT DEBORDE

Les concessionnaires ont mené un forcing pour imposer que les véhicules importés à bas prix, et ne répondant pas aux nouvelles normes, soient acceptés. Des milliers de véhicules restaient en rade dans les ports, en attendant des négociations dont personne ne détenait le véritable fil.

Les choses se sont compliquées dans une seconde étape quand des acteurs externes sont entrés en jeu. Selon des informations révélées par la presse, l'ambassadeur d'Algérie à Berlin a été convoqué mercredi dernier au ministère des Affaires étrangères allemand. Le diplomate algérien a entendu les reproches de Berlin concernant les véhicules allemands non autorisés à la vente, alors que des véhicules français répondant aux mêmes normes étaient admis sur le marché algérien. Le jour même, l'information tombait : les véhicules allemands pouvaient de nouveau être commercialisés. Ce qui montre qu'une injonction extérieure a suffi pour passer outre la réglementation algérienne.

Dans la foulée, on apprenait que les véhicules français avaient déjà bénéficié d'une faveur similaire depuis la dernière visite de M. Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, à Alger. Discrètement mise en œuvre, cette entorse à la réglementation n'a été dévoilée que lorsque les Allemands se sont plaints.

Au final, on se retrouve avec un dossier qui échappe désormais au gouvernement. Celui-ci n'a pas réussi à imposer son cahier des charges initial, et n'a pas non plus résisté aux injonctions externes. Pris entre les concessionnaires, qui constituent désormais une véritable puissance économique, et les pays exportateurs, l'exécutif ne fait plus que colmater les brèches. Il ne fait même plus illusion.

Plus grave encore, avec la déliquescence institutionnelle, on ne sait même plus où se prennent les décisions, totalement opaques. Le nouveau ministre du Commerce, M. Bakhti Belaïb, se trouvait au Caire pour une réunion de la Ligue arabe quand la décision concernant les véhicules allemands a été prise.