lundi 16 février 2015

Sidi Choaïb Abû Medien: «Heureux, Choaïb, ceux qui te verront et ceux qui verront ceux qui t'auront vu».
par Omar Dib
Suite et fin

Tous les biographes de sidi Boumedien assurent que durant son pèlerinage et sa rencontre avec le grand saint sidi Abdelkader el-Djilani il reçut de son nouveau maître la khirqa ainsi que des secrets inestimables. Il l'accompagna à Bagdad où il demeura dans sa célèbre medersa. De là il se rendit par la suite au Moyen-Orient pour un pertinent voyage d'études.( Il ne sait plus qui de ses maîtres lui avait recommandé de ne jamais cesser d'apprendre, car une vie n'y suffirait pas !)

Sidi Boumedien était resté assez longtemps au Hedjaz ; il avait séjourné dans les deux Harameïnes durant quelques années d'après certains chroniqueurs sa réputation finit de s'étendre jusqu'aux limites du monde musulman ! (*)

(*) – L'un de ses fidèles compagnons lui avait raconté un songe dans lequel le saint de Bagdad sidi Abdelkader el-Djilani lui recommandait: «-Dis à Choaïb d'aller de ville en ville afin d'enseigner la vérité dont il était dépositaire !»

A son retour du pèlerinage il rejoignit d'abord Séville où il professa avant de se rendre à Cordoue. Puis Il finit de s'établir à Bougie «qu'il préférait à beaucoup d'autres villes, disait-il, parce qu'elle aide à la recherche de ce qui est licite et permis». Et où se regroupait, à cette époque, une brillante élite intellectuelle en même temps qu'une nombreuse population andalouse ; le cheikh espérait y trouver la solitude favorable pour permettre à l'âme de se libérer de toutes les servitudes afin de se consacrer uniquement à l'amour de Dieu. Toutefois les savants recherchaient sa compagnie pour ses enseignements, ses méthodes et ses immenses connaissances ; on assure même que des copistes l'assaillaient pour pérenniser ses sentences et ses merveilleux poèmes. Ce fut sans doute à Bedjaïa que sidi Boumedien se lia d'amitié avec l'ancêtre des Benmerzouk, Ahmed qui se mit au service du grand maître. (*)

(*) – Du reste tous les descendants de cet aïeul seront gardiens, durant plusieurs générations, du tombeau de cheikh sidi Boumedien à el-Aubbad (les Dévots) et qu'ils se transmettront de père en fils cette dignité.

Nous savons également qu'Ahmed eut pour fils Abou Abdallah Mohammed ibn Ahmed, né le 27 juillet 1165, un savant légiste d'une immense réputation. Il fut admis au nombre des familiers du palais par le Sultan Abou Yacoub Youcef el-Mansour.

La renommée de Choaîb était d'autant plus grande qu'elle finissait de devenir brillante grâce aux vertus qu'Allah lui accordait. Partout où il passa le nombre de ses disciples grandissait. Dans les pages qui suivent nous reproduisons des témoignages éloquents sur les affinités spirituelles de sidi Boumedien lors des rencontres qu'il fit avec des personnages «qui réunirent en eux des enseignements initiatiques» dérivés des grandes écoles ou plus souvent encore de remarquables esprits du Tasawwuf.»

En premier lieu, dans le Tome I de ses voyages, Ibn Batouta nous raconte un évènement assez singulier vécu par le Cheikh Boumedien à Damas :

«- On raconte que le vertueux cheikh Ahmed Errifâ'y, demeurait à Om Obeïdah dans le voisinage de Ouâcith et qu'entre lui et le saint Aboumedien Choaïb, il y avait ue grande amitié et une correspondance continuelle. On Assure que chacun d'eux saluait son ami matin et soir et que l'autre lui rendait les saltations. Le cheikh Ahmed avait prés de sa zaouia des palmiers, et une certaine année en les coupant selon son habitude il laissa un régime de dattes en disant : «ceci sera pour mon frère Choaîb». Ce dernier faisait cette année-là le pèlerinage et les deux amis se retrouvèrent dans la noble station de Arafat. Le domestique de cheikh Ahmed appelé Raslân était avec son maître pendant que les deux amis avaient lié conversation et que le cheikh racontait l'histoire de la grappe de dattes, Raslân lui dit : «si tu l'ordonnes, ô mon maître je l'apporterai tout de suite à ton camarade. Avec la permission du cheikh, il partit immédiatement et apporta bientôt le régime de dattes, qu'il déposa aux pieds des deux amis.

Les gens de la Zaouia ont raconté que le soir de la journée d'Arafat ils virent un faucon gris qui s'était abattu sur le palmier, avait coupé la grappe et l'avait transporté dans les ars.

A l'Occident de Damas est un cimetière connu sous la dénomination de Tombeaux des martyrs, on y voit plusieurs tombes entre autres celle du serviteur de Dieu le pieux Raslân, surnommé le Faucon cendré !»

Ensuite nous passons au deuxième témoignage :

Sidi Abd el-Khalaq Tûnsi, disciple d'Aboumedien Choaïb déclare avoir entendu son maître parler d'un homme appelé Mûssa et-Tayyar «qui volait dans le ciel et marchait sur l'eau !» :

«- Un homme, disait le cheikh, venait au début de l'aube afin de m'interroger sur des thèmes sur lesquels les gens sollicitaient des explications.

Un jour je fus certain que mon visiteur ne pouvait être que ce Mûsa et-Tayyar. Cette nuit fut pour moi longue à l'attendre tant mon impatience était grande. A l'aube on frappa à ma porte ; la personne qui venait chaque fois m'interroger se présenta devant moi

«-Es-tu Mûsa et-Tayyar, lui demandais-je ?

«- Oui me répondit-il !»

Ensuite, il me posa sa question, reçut mon explication, puis finit de partir. Le Lendemain, il était revenu mais cette fois-ci accompagné d'un autre personnage.

«- Mon ami et moi me confia-t-il avons fait la prière du sobh à Bagdad. Aussitôt après nous avons rejoint la Mecque juste au moment où les croyants s'apprêtaient à accomplir la prière du sobh à laquelle, bien évidemment nous avons pris part. Nous sommes restés dans l'enceinte d'el-Haram ech-Charif jusqu'à la prière du Dohr. Notre devoir à peine achevé alors même que nous répétions le salut rituel, nous avons pris la direction d'el-Qûds nous nous y trouvâmes à l'instant où les gens se préparaient à la prière du Dohr. Alors, mon compagnon me demanda si on pouvait les accompagner ? Je lui répondis que non !

C'est pour cette raison que nous nous présentons devant vous vénérable maître afin de savoir pourquoi nous avons refait notre prière du sobh à la Mecque et pourquoi nous ne sommes pas autorisés à refaire celle du Dohr à el-Qûds ?

«- Sachez, leur assura sidi Abû Medien Choaïb, qu'à la Mecque se situe la Source de la Certitude (Aïn el-Yaqîn) alors qu'à Bagdad on trouve la Science de la Certitude (Ilm el- Yaqîn). Et bien évidemment la Source de la Certitude prime sur la Science de la Certitude, ce qui interdit de faire ailleurs les prières accomplies à la Mecque !»

Les deux compagnons satisfaits de ce renseignement finirent de quitter le cheikh»

On attribue au cheikh Abou Abbes el-Morsy (mort le 27 Février 1286, suppléant d'abou el-Hassan Chadily) le récit suivant :

«- Sidi Abû Medien, qui était d'une bonne taille, blond tirant sur le roux, avec des yeux bleus et doux, auquel on demanda : quelles sont les sciences que tu possèdes et quel est ton rang ? – Les sciences que j'ai acquises, répondit-il sont au nombre de 71 ! Quant à mon rang, je suis le 4 ème des Lieutenants et le premier des sept Remplaçants !»

«- Dans l'une de ses conférences, sidi Boumedien fut interrogé sur l'Amour de Dieu : le premier degré de l'amour répondit-il, consiste à invoquer constamment le nom de Dieu ; le second à se rendre familier avec Celui que l'on invoque, et le troisième, qui est le plus sublime, à détacher l'attention de toutes choses et n'avoir en vue que Dieu seul.»

«Précisons à l'occasion que la fonction que revendique Ibn Arabi (nous y viendrons ultérieurement) dans la sphère de la walâya (dans la progression méthodique dans la Voie) qu'à son point de vue, le seul maître dont il dépende ne soit et ne puisse être que le Prophète !

A cet effet cheikh al-Akbar emploie le verbe âyama pour décrire sa rencontre en mode physique avec l'imâm de la droite – celui-ci a entre autres charges celles d'éduquer les afrâdes – et la distinguer de sa rencontre en mode subtil avec l'imâm de la gauche.

Concernant l'identité du personnage qui assumait lors de sa rencontre avec Mahieddine la fonction d'imâm de la gauche certains indices suggèrent qu'il s'agit d'Abû Madyan. En effet Ibn Arabi affirme à maintes reprises que le saint de Bougie fut l'imâm de la gauche et qu'il succéda une heure avant sa mort au pôle précédent. Cette information lui a dit-il été communiquée par Abû Yâzid el- Bîstânî lors d'une vision ; de plus, il ressort clairement du récit qu'Ibn Arabi n'a jamais rencontré cet imâm de la gauche autrement qu'en esprit. Or dans une notice de Rûh el Qûds Ibn Arabi rapporte qu'Abû Madyan lui envoya un jour le message suivant : «En ce qui concerne notre rencontre en mode subtil, c'est entendu elle aura lieu ; quant à notre rencontre corporelle en ce monde, Dieu ne la permettra pas !

L'Imâm de la gauche comble, de ses bienfaits, sur ordre divin, les créatures sans qu'elles ne s'en rendent compte.» Et Ibn Arabi d'ajouter : «Il m'a comblé en m'annonçant une bonne nouvelle… Par ailleurs, il m'a interdit de m'affilier (al-intîmâ) à ceux des maîtres que je fréquentais et me dit : «Ne t'affilie qu à Dieu car aucun de tous ceux que tu as rencontré n'a autorité sur toi. Mais c'est Dieu Lui-même qui t'a pris en charge dans Sa Bonté ! Mentionnes si tu veux les vertus de ceux que tu rencontres mais ne t'affilie pas à eux ; affilies-toi à Dieu !» (*)

(*) – Il ressort de ce récit que quiconque attribue de son propre chef à Choaïb Abû Madyan un prétendu engagement aux côtés de Saladin se rend coupable d'une hérésie condamnable sans absolution !

«- il avait le don d'intuition et de lecture des âmes…pratiquant au plus haut degré l'abandon à la volonté divine (tawakkoul) et l'insouciance du monde, il avait réalisé aussi pleinement que possible la station où l'on sait entendre partout et comme il convient la voix de Dieu!»

 «- Sa maxime devrait figurer au fronton de tous les édifices publics : c'est la corruption du peuple qui enfante le tyran et c'est à la corruption des grands qu'est due l'apparition des fauteurs de troubles !»

«-Il insistait sur la nudité spirituelle… n'arrive pas à la liberté parfaite celui qui doit encore quelque chose à son âme… le coeur qui refuse les désirs est en paix !»

Cheikh Abû Medien disait : «L'aspirant (el mûrid) n'est véritablement tel, que lorsqu'il trouve dans le Coran tout ce à quoi il aspire. Dieu a dit que le cœur de son serviteur croyant Le contient : c'est cette descente du Coran dans le cœur du croyant que consiste la descente divine dans le cœur !»

«- Sidi Boumedien est qualifié de Ghoûts. Le Ghoûts est le Grand Secours, le sommet de la hiérarchie des saints !»

Comme le lui avait prédit Abou Ya'zâ Sidi Boumedien épousa par la volonté d'Allah la jeune femme noire qui lui donna un bon garçon Medien prénommé Abou Mohammed Abd-el-Haqq qui vécut à l‘ombre de son glorieux père. Il mourut au Caire où il fut inhumé dans la mosquée du cheikh Abd- el- Qadir Ed-Dechtouty au lieu dit Birkat el-Qara' (L'étang des courges) en dehors du rempart oriental de la ville. Au-dessus de son tombeau qui est visité par les fidèles, s'élève une coupole magnifique.

( A ce moment de notre récit nous ouvrons une parenthèse : ceux qui s'étaient fait l'écho de spéculations invraisemblables sur la nature des relations du calife Abou Youssef Yacoub el-Mansour avec le grand saint sidi Boumedien Choaïb se sont couverts d'opprobre, l'histoire finira de les jeter dans l'oubli pour avoir travesti la vérité !

Qui est le roi Abou Youssef Yacoub el-Mansour ? C'est le quatrième héritier du trône d'Abdelmoumèn Benali le fondateur de la dynastie Almohade laquelle érigea le plus brillant empire maghrébin de l'Atlantique au Tripolitaine et y compris l'Espagne musulmane. Le sultan Abou Youssef Yacoub fut assurément le plus illustre des califes : il aima la culture et les arts, protégea les artistes, les savants, les soufis et les hommes de Dieu. Puissant chef militaire, il infligea de cuisantes défaites aux rois chrétiens d'Espagne ! (*)

(*) – A notre avis, pour cette raison, entre autres, les historiens coloniaux (les tout venants) prompts à dénigrer notre passé et notre religion, se sont fait un devoir de colporter sur ce noble prince des ragots incroyables !)

La vérité est toute autre : vers la fin de son règne AbouYoussel Yacoub el-Mansour s'était retiré du pouvoir qu'il avait confié à sa famille. Il s'adonna à l'ascétisme et aux œuvres de piété Selon l'auteur de la Risâla Ibn Abî Mansûr Safi-Eddin, le sultan avait depuis quelques temps décidé à s'engager dans la Voie ; il consulta à ce propos une sainte femme de Marrakech, laquelle lui avait recommandé de s'adresser à sidi Boumedien. Apprenant le vœu du sultan celui-ci se serait alors exclamé : «En obéissant à mon roi, j'obéis à Dieu, Gloire à Lui !» Cependant, s'adressant aux envoyés du sultan Yacoub, Abû Medien leur dit : «Mais je n'arriverai pas jusqu'à lui, je mourrai à Tlemcen. Saluez votre maître et dites lui que c'est auprès d'Abû el-Abbes el-Merînî qu'il trouvera la guérison, conclut le savant Ibn Abî Mansûr Safi-Eddin» ( A ce sujet Ibn Arabi rapporte dans le Muhâdarât al- abrar T.II p.92 que le sultan se plia aux désirs d'abû Medien !) Abû Yacoub Yussef mourut en 1199

Le vieux patriarche avait quitté Bougie, certes fatigué et malade, mais toutefois le cœur serein et l'âme en paix. Afin de dissiper les inquiétudes de ses accompagnateurs- remplis d'égards et pleins d'attention pour leur illustre hôte, le cheikh s'ouvrit à eux, leur confiant que «sa mort était prochaine et que Dieu avait décrété qu'elle ne devait pas survenir dans cette région. Le maître ne pouvait bien évidemment se soustraire à l'arrêt divin; c'est pourquoi le Très Haut lui avait envoyé de bonnes âmes afin de le transporter au lieu où il devait mourir!»

Ils voyagèrent dans les meilleures conditions. Sous la protection et l'aide d'Allah ils finirent d'atteindre le territoire de Tlemcen. «-Comme ils arrivèrent au bord de l'Isser au sommet d'une colline dominant Aïn Taqbalet, le vieillard voyant au loin le rîbât d'el-Aubbad qu'il connaissait bien, murmura : que ce lieu est propice au sommeil ! On installa le campement; le cheikh, tourné vers la Mecque, fit la «chahada, puis on l'entendit dire; «-Allah Haqq !Allah Haqq !» Ensuite, il rendit l'âme à son Créateur. Son corps fut transporté à «mesdjid errahma» où on l'enterra aux côtés de son frère en Dieu, Sidi Abdeslam Tounsi sur la tombe duquel Sidi Boumedien Choaïb avait tant prié.. Les Tlemceniens lui firent d'émouvantes funérailles : ils s'y rendirent en foule ; la pompe fut des plus solennelles et des plus grandioses. C'est en ce jour, nous dit Ibn Khaldoun qu'eut lieu la conversion au tasawwuf du cheikh Abou Ali Omar Ibn el-Abbès es-Senhadji, plus connu sous le nom d'el-Habbak (voir «L'Histoire des Beni Abd el-wâd d'après Yahyia Ibn Khaldoun»

En ce 13 Novembre 1197, une légende populaire merveilleuse court à Tlemcen, elle raconte ceci :

«- Lorsque, comme le veut la tradition, les gens s'alignèrent derrière le corps de Sidi Boumedien afin de prier pour lui, on vit venir un homme très beau de visage et très élégamment vêtu. Cet homme s'approcha, et, après avoir prié pour le mort, il s'écria : Dieu qui a permis que les âmes prient sur les corps, soit loué ! Après quoi il se retira. Nul ne sut d'où cet homme était venu, ni où il alla. On pense que c'est l'âme de sidi Boumdien laquelle, après avoir pris la forme d'un homme, vint prier pour son propre corps.»

On le voit : celui qui est devenu le saint protecteur de la cité mille fois bénie de Tlemcen, a choisi – guidé par la volonté divine – «cette terre parsemée de tombeaux, d'ermitages et de qoubba, ce lieu qui invitait au repos, el- Aubbad le séjour des hommes pieux où il avait déjà vécu des moments qui le préparaient à devenir le plus grand, le Qotb, le centre du rayonnement mystique, le ghoûts le suprême recours des âmes en peine…»

Sidi Boumedien Choaïb ne partit rejoindre «la demeure éternelle, qu'après avoir formé mille cheikh directeurs de conscience. Il est l'un des éducateurs les plus éminents ; d'ailleurs sa renommée dispense de le faire connaître : il s'appelait Choaïb !» (*)

(*)–Dans l'ouvrage «Soufis d'Andalousie» d'Ibn Arabi, en page 112, il est dit que le cheikh Mûsâ Abû Imrân es-Sadrani, de Tlemcen est disciple d'Abû Madyan. (qu'il avait, apprend-on selon d'autres sources renoncé à succéder sur le trône de son père ) et qu'il est «d'entre les Abdal. Il fit beaucoup de choses étonnantes», parmi lesquelles celle d'entendre un serpent mythique lui expliquer ceci : «- Que sur toute la surface de la terre aucune créature n'ignore la condition d'Abû Madyan…depuis qu'Allah a révélé et proclamé Son amour pour lui. Parmi toutes les choses animées ou inanimées, il n‘en est aucune qui ne le connaisse et ne l'aime !»

(*) – Abd-el-Haqq al-Azdi de Séville (mort en 1185) qui fut kharib de bougie lors de la révolte ds Bânu Ghaniyya entretenait d'étroites relations avec Abû Madyan qui sera selon les propres termes de cheikh el-Akbar «le maître par excellence d'Ibn Arabi Sidi Boumedien a très peu écrit ; on a cependant de lui quelques œuvres poétiques, des qaçida ainsi que divers recueils de sentences dont un, l'abrégé de Tohfat el-Arib, a été publié et traduit en latin par Fr. de Dombay.

Un dernier mot pour conclure : une note figurant en page 451 «des Voyages d'Ibn Battouta T.I» précise ceci : «…les descendants de sidi Boumedien Choaïb, le saint protecteur de Tlemcen, ont fondé au XIVème siècle, le waqf (fondation pieuse) Abû-Madyan le long du mur du Temple de Jérusalem, autour de la Porte des Maghrébins de la Mosquée El Aqsa, enclavant le Mur des Lamentations !» 


Constantine revisitée
par Ghania Oukazi


«Constantine, Ksantina, Cirta, la Cité des Ponts, le Rocher…

autant de noms qui chantent la cité adulée et blessée, symbole d'une Algérie meurtrie par des années de guerre et le tragique échec des idéaux révolutionnaires de l'Indépendance».

C'est une description assez juste que fait Ahlam Mosteghanemi de sa ville natale dans son roman «Mémoires de la chair», publié l'année dernière. En évoquant Constantine, la romancière a tenté de recomposer son passé, son amour et jusqu'à son existence dans une ville qui a quelque peu perdu son âme.

Dans ces notes de voyage, il n'est pas question de revenir sur les séquelles de la guerre de libération nationale mais sur «le tragique échec des idéaux révolutionnaires de l'Indépendance» dont les conséquences marqueront le pays pour longtemps.

Il n'est pas nécessaire de convoquer l'histoire ou de revisiter les mémoires pour le constater. Un saut de quelques heures à Constantine vous laisse en proie à de terribles ressentiments tant «la cité adulée» a perdu de son charme ancestral. Elle a très mal grandi, très mal évolué. Elle n'est pas la seule à crouler sous le poids des problèmes sociaux et supporter des extensions urbanistiques sans âme et sans esprit.

«Regardez ! Ils sont en train de boucher la trémie qu'ils ont construite en 2008 à 25 milliards parce qu'ils ont un problème d'espace», nous explique un chauffeur. De grosses machines procédaient, à cet instant, au dépôt de quantités considérables de remblais pour niveler la trémie avec le niveau du passage routier qui jouxte la mosquée Emir Abdelkader du centre-ville constantinois. En fait, selon des responsables locaux, il était question de grignoter de l'esplanade de la mosquée pour arracher quelques centimètres de route devant aider à fluidifier le trafic. N'était-ce la contestation des citoyens, les autorités auraient commis l'irréparable erreur de priver la mosquée -une belle œuvre- de ses aisances architecturales. Paradoxe des temps, construite pour être un exutoire, la trémie est en train d'être bouchée pour résoudre un problème de circulation routière. Ce sont alors 25 milliards qui sont écrasés par les bulldozers. Constantine n'est pas la seule wilaya à revoir ses plans de construction en l'absence de schéma urbanistique précis et approprié.

LA GHETTOÏSATION, UN MODELE URBANISTIQUE «A LA MODE»

Nous continuons notre randonnée en traversant quartiers et rues pour atteindre les chantiers que le ministre des Ressources en eau avait prévu de visiter. Le plus gros de son programme concernait la nouvelle ville Ali Mendjli. Une concentration de constructions étouffante, sans espaces verts et sans structures de bien-être. Bien qu'elle semble se protéger contre les agressions du béton en étant perchée sur un rocher, Constantine n'a pas échappé au poids de ces hideuses cités-dortoirs qui l'ont vite ceinturée sous le prétexte de l'urgence pour pallier le problème du logement. Alger et beaucoup d'autres régions le sont tout autant pour les mêmes raisons. Pour résoudre le problème du logement et pallier le manque d'assiettes foncières, les gouvernants ont choisi de construire sous le sceau de l'urgence, ces innombrables immeubles pointant vers le haut sans en évaluer les fâcheuses conséquences sociales qu'ils peuvent couver. Ils ont ainsi érigé la ghettoïsation en un schéma d'aménagement national qui a pris en otage la santé morale et physique des populations actuelles et à venir.

En ces temps de pluies et de neige, les visiteurs de ces quartiers pataugent dans la boue et crèvent de froid tant les cités sont implantées sur des plateaux, dont celui de Aïn El Bey, rocailleux et nus de végétation. A ce niveau, des travaux sont menés pour la construction d'un pôle universitaire incluant 1.500 logements pour les personnels d'encadrement. En attendant que les travaux soient achevés, les alentours, où ont été plantés des immeubles, attendent d'être dotés de commodités susceptibles de donner de la vie à ces espaces bétonnés sans égards esthétiques. Ce sont des programmes de construction que Chinois, Japonais, Turcs et autres Italiens exécutent sans réfléchir. «Il y a même des travailleurs qui ont été ramenés de la Malaisie pour faire vite », nous dit notre «guide». Pourtant, la wilaya a aussi son taux de chômage. Mais «les jeunes ne veulent pas travailler, d'ailleurs, les sociétés étrangères de construction ne veulent pas trop avoir des employés algériens parce qu'ils ne travaillent pas beaucoup. Le groupe qui a été recruté par une société chinoise a fait trois grèves consécutives alors que les étrangers travaillent sans bruit », dit le chauffeur. Au loin, un bel édifice à l'aspect régulier et moderne. «C'est l'hôpital militaire qui a été construit par les Américains, c'est pour ça qu'il est beau à voir », ajoute-t-il. Vers les quatre chemins Aïn Mlila, Aïn Smara, l'aéroport, à la sortie de la commune d'El-Khroub, une étendue verdoyante mais parsemée de sachets en plastique rappelle que mêmes les espaces non habités sont pourris.

UNE HISTOIRE DE FAMILLE…

Après quelques heures de travail, nous traversons dans le désordre Bab El-Kantra, le pont panoramique jusqu'à Ziyadia en passant par Djebel Louahch. «Dans ses environs, plus de 4.000 arbres ont été arrachés pour dégager un terrain d'assiette pour la construction de logements », continue de dire notre interlocuteur. Au loin, la Cité de Roumanie qu'on dit un quartier construit à la hâte, dans les années 90, pour loger les familles qui ont fui le terrorisme. Ailleurs, d'autres quartiers de constructions illicites épaulent un nombre imprécis d'antennes paraboliques. Un moyen comme un autre de fuir la triste réalité d'un pays qui efface ses repères sans regrets.

Virée vers l'autre versant du Rocher. Plus loin, dans la commune de Beni-Hmidène où il était question pour Abdelmalek Sellal d'inspecter les travaux d'une retenue collinaire. Le chantier est implanté sur un beau bassin laitier. «Construisez-nous d'autres retenues, nous avons tellement besoin pour nos travaux agricoles et nos vaches ! », lance le propriétaire foncier au ministre. «Vous ne nous avez donné même pas un verre de lait et vous voulez d'autres retenues ? », interroge Sellal et demande : «On t'a pris ta terre ?» «Oui !», répond le propriétaire. Du coup, le ministre se retrouve face à des doléances relevant du ministère de l'Agriculture. «Oukel Ilihoum Rabi !», répond-il pour baisser la tension. «Vous vendez le litre de lait à combien ? Vous avez un vétérinaire ? Vous travaillez votre terre sans problèmes ?», continue d'interroger Sellal. Le propriétaire se plaint d'avoir été délesté de 30 hectares de ses terres pour «utilité publique». «Pardonnez-moi, M. le ministre, mais on ne m'a rien donné à ce jour », répond le propriétaire. «Tu es pardonné d'ici à la Mecque mais il faut discuter avec les autorités locales », lui dit le ministre. Le wali intervient : «Ça fait 60 ans que ces familles habitent sur ces terres, on leur a construit des habitations commodes, on a ramené l'électricité, le gaz, l'eau, je ne détruirais jamais ces constructions mais je t'indemniserai». «En terres ?», demande l'agriculteur. «Oui, en terres !», répond le wali. «Moi aussi, c'est la terre de mon grand-père, je ne la quitterai pas ! », s'exclame un autre agriculteur habitant les alentours. «C'est donc un problème de famille ?», demande Sellal en conseillant : «Alors, embrassez-vous et réglez vos problèmes sans rancune».

L'INCULTURE QUI DEFIE L'HISTOIRE

De retour sur Constantine, la vue est attirée par les 6 immeubles Siliac. Construits au temps de la colonisation dans le cadre du plan de Constantine, cette cité est très haute de par les nombreux étages de ses bâtiments dont les vide-ordures ont été bouchés par les habitants. Ce sont des familles entières qui évoluent avec leurs enfants sur ces espaces froids et sales. Au bas des immeubles, penchés sur un des versants du Rocher, un immense dépotoir qui prend, d'année en année, des dimensions désastreuses et destructrices pour la santé humaine et pour l'environnement.

Constantine ne semble pas s'en plaindre. Elle doit se ficher comme de son premier casino qu'elle a vu être détruit à la fin des années 60 sur décision de responsables incultes. «Ce jour-là, les Constantinois ont pleuré. On n'a jamais compris pourquoi ce casino a-t-il été détruit ? Il était beau et réunissait un monde d'intellectuels, de poètes et d'artistes, le temps de siroter un bon café ou un bon thé et, surtout, échanger des idées émancipatrices», nous dit un enfant de la ville. C'est peut-être ces idées qu'on voulait étouffer…

A la place, les autorités locales de l'époque ont fait ériger une stèle aux couleurs tristes et incertaines. Les responsables ont aussi accepté de loger les bureaux d'une banque publique dans un hôtel d'époque construit au temps de la colonisation. N'en déplaise à ceux qui veulent effacer les traces du temps, l'entrée en montée de ce qui est devenu une banque garde intactes les empreintes de la construction d'origine.

Tout autant que le reste du pays, Constantine reste silencieuse face à ces actes d'agressions. Elle doit pourtant savoir qu'elle a été rendue au silence pour qu'elle ne puisse pas avoir la force de combattre l'inculture de ceux qui veulent dompter son histoire. 
marche de L immobilier a L est D alger : L influence du metro et du tramway
par S. Kebbab
A la faveur de la mise en circulation du tramway et de la première tranche du métro, les prix de l’immobilier à l’est d’Alger, qui étaient plus ou moins abordables, observent une tendance haussière. Et les nombreux projets mis en place par l’Etat dans cette partie de la capitale ont amélioré la cotation des logements. Toutefois, spéculation aidant, ils arrivent à rivaliser avec ceux des onéreux quartiers du Centre-ville et des hauteurs d’Alger.

Les nouveaux modes de transport rapides, qui ont permis de rapprocher un tant soit peu le Centre ville d’Alger à sa banlieue, ont insufflé les cours de l’immobilier dans la région Est de la Capitale. Et les nombreux projets d’embellissement entrepris par l’Etat, à l’Est d’Alger, ont amélioré le cadre de vie des habitants du secteur et la cotation des logements. C’est du moins ce que nous ont révélé plusieurs intervenants dans le créneau de l’immobilier. Cette hausse, observée depuis l’avènement du métro et qui s’est accrue avec l’arrivée du tramway, porte beaucoup plus sur les appartements que sur les villas, les terrains à bâtir ou encore les locaux commerciaux, constatent-ils.

A ce propos, M. Mohcine, courtier dans l’immobilier, estime que le tramway d’Alger vient, indubitablement, d’apporter ses bienfaits pour les citoyens. Cependant, signale-t-il, ‘‘le rail urbain’’ a eu des répercussions sur les cours de l’immobilier, au niveau de plusieurs sites d’Alger-Est. Ordinateur et chiffres à l’appui, il nous révèle qu’en l’espace d’une année, les coûts des appartements ont augmenté de 30 à 40% sur l’axe du tramway, entre Bab Ezzouar et Bordj El Kiffan.

Tandis que sur l’axe du métro, d’Hussein Dey à Hai El Badr, les chiffres ont presque doublé, remarque-t-il. Plus explicite, A. Nait Yahia, gérant d’une agence immobilière qui a «pignon sur rue» et activant depuis plus de vingt ans sur le grand Alger, nous confie que par rapport à la région Centre et Ouest, les prix des logements à l’Est d’ Alger, ont de tout temps été plus accessibles. Cependant, constate t-il, les cours ont subi une légère hausse, à la fois compte tenu de l’implantation des grands centres commerciaux et autres hôtels de renom, mais aussi, après l’entrée en service du métro et du tramway.

Sur ce point, il faut souligner que le «tram», qui longe tout le secteur Est d’Alger, a changé le décor «amorphe» de la région. Il lui a donné le cachet de modernité dont elle avait tant besoin. Cela, remarque notre interlocuteur, a fait que «beaucoup de gens fuient aujourd’hui le Centre et les hauteurs d’Alger, entre autres à cause du problème de la circulation». Et d’ajouter : «étouffés et à la recherche d’espaces, ils jettent leur dévolu sur le côté Est de la Capitale pour y habiter». Et comme il fait désormais bon de vivre du côté Est d’Alger, ceci eu égard à son agencement et qu’en plus les prix sont à «bon marché» ; cela, explique-t-il, a créé une tension sur l’immobilier de la région. Avant de conclure : «Malheureusement et comme à l’accoutumée, l’entrée en scène des spéculateurs a fait que les prix des appartements flambent non seulement dans les quartiers bien cotés d’Alger-Est, comme Dar El Beida, Mohammadia ou Bab Ezzouar, généralement ciblés par une clientèle aisée ; mais cela s’est répercuté sur la cotation de l’immobilier dans les faubourgs et autres quartiers populaires environnants».

«CHERTE» A L’OUEST, «VETUSTE» AU CENTRE ET «TRANSPORT DE PLAISANCE» A L’EST

A cela, nous avons confirmé qu’effectivement, la tendance haussière est bien perceptible dans les quartiers populaires, particulièrement ceux situés dans les communes dites Intra-muros comme Bachdjarah et El Maqaria (ex- Leveilley), soit celles qui ont la double particularité d’être proches d’Alger-Centre et des ‘‘voies électrifiées’’. Le cas d’un F2 vendu au mois de novembre dernier à la populeuse cité ’’Diar Djemâa’’ entre Bachdjarah et El Harrach, à 620 millions de centimes, alors qu’il n’y a pas longtemps, des F3 dans cette même cité se négociaient entre 500 et 600 millions, est plus qu’édifiant. L’exemple de cette cité, située à quelques encablures du point d’arrêt du tramway ‘‘La Glacière’’ et qui est en même temps bordée par les gares ferroviaires d’El Harrach et du Caroubier, dénote bien l’influence des moyens de transport modernes sur le marché de l’immobilier. Il faut convenir que les habitants de cette immense cité, implantée à l’embouchure de Oued El Harrach, ont l’avantage de se passer de «l’encombrante» automobile. Aussi, ils auront bientôt le privilège de l’harmonie puisque l’embarrassant Oued sera purifié. Il sera même navigable, en 2016, affirment les autorités de la Wilaya d’Alger. Une première en Algérie, qui verra l’ouverture des voies du «transport de plaisance» et de «l’habitat paysager». Non loin de cette cité, au quartier ’’Djenane El Mabrouk’’, où les travaux d’une station de métro sont en cours d’achèvement, le propriétaire d’une maison composée de 3 pièces, qui peinait à trouver acquéreur au prix souhaité (650 millions de centimes) l’a vendu, tout récemment, au prix «inespéré» de 850 millions. Un habitant de ce quartier au courant de cette transaction, nous apprend que l’extension du métro, de Hai El Badr à El Harrach, avec en sus une station tout près de la maison, a séduit le nouvel acquéreur. Cette seconde tranche du métro qui sera opérationnelle d’ici la fin de l’année 2014, selon le ministre des transports, Amar Ghoul, a beaucoup influé sur le prix de la vente. «Le fait de pouvoir rallier le centre ville en 20 minutes, tout en évitant les interminables embouteillages, a finalement convaincu l’ancien habitant de Draria», explique ce riverain.

L’autre fait nouveau qui mérite d’être signalé et qui vient s’ajouter à ce renversement des valeurs, est qu’au moment où les coûts des appartements à l’Est d’Alger sont en continuelle augmentation, ceux des quartiers huppés de l’Ouest et des hauteurs observent, depuis quelques mois, un certain «immobilisme». Ceci, bien évidemment, avec une barre infranchissable pour le commun des citoyens. Pourtant, dans ces luxueux quartiers, il est connu qu’un simple F2 passe, inconcevablement, du milliard de centimes au double, en un clin d’œil. De même, les quartiers populaires du Centre ville ont vu leur cote s’infléchir, sans nul doute à cause de la vétusté des immeubles. A Bab El Oued et Belouizdad, pourtant réputés pour leur cherté, des F3 sont proposés à 800 millions de centimes, soit à un prix moindre qu’à Bachdjarah et Bourouba (ex-La Montagne). En témoignent les prix affichés dans les journaux et les sites internet spécialisés dans l’immobilier qui indiquent, qu’il n’y a plus d’écarts tarifaires entre les appartements de l’Est et de l’Ouest d’Alger. Beaucoup plus, dans les communes ‘’Extra-muros’’, les prix affichés pour Rouiba et Ain Taya, à l’Est, dépassent ceux de Douéra et Zéralda, à l’Ouest ; ceci pour le même type de logement, a-t-on constaté.

L’IMPACT DU «RAIL URBAIN» SUR L’HABITAT, LE TRANSPORT ET LES ACTIVITES PROFESSIONNELLES

Dans le même registre, la tension sur les logements de l’Est d’Alger ne concerne pas uniquement le volet habitation. Les appartements sont aussi pris d’assaut pour l’usage professionnel ou l’exercice d’une activité, bouleversant ainsi la traditionnelle estimation de l’habitat à Alger. Cette dernière, longtemps basée sur le zonage et l’habitabilité du quartier, semble désormais s’établir sur la disponibilité et l’accessibilité aux nouveaux moyens de transport rapides. C’est le cas d’Hussein-Dey qui est dotée de deux stations de métro et qui est aussi traversée par le tramway, du «Caroubier» jusqu’à «Lafarge», le long de la rue Tripoli. Les habitations sont courtisées, dans cette commune, par une clientèle venant pour la plupart des hauteurs d’Alger. Ils convoitent (pour achat ou pour location) des appartements situés sur les axes Ruisseau - Hai El Badr et Ruisseau- Mohammadia aux fins d’y exercer une profession ou pour installer leurs bureaux, nous apprend Fadila N., gérante d’un bureau d’affaire à Hussein-Dey. Elle évoque le cas d’un directeur d’une entreprise de communication, à la recherche d’une location d’un F4 dans les environs. Ce client, affirme-t-elle, veut transférer le siège de sa société, basée à Dely Brahim, car il doit être constamment au Centre ville où se trouvent la plupart des administrations et des clients avec lesquels il collabore. «Hussein Dey est le meilleur endroit pour régler ses affaires, puisqu’à Dely Brahim, un aller-retour en ville, en plus des aléas du stationnement, lui coûte plus d’une demi-journée et donc un énorme manque à gagner», explique-t-elle. En fait, les citoyens qui optent pour ces endroits, soit pour la «demeure» ou le «gagne-pain», les nouvelles ‘‘rames’’ leurs permettent d’atténuer en partie le stress des éternels «bouchons» qu’ils endurent quotidiennement. Pour le gouvernement, le problème des embouteillages, à l’instar de celui du logement et de l’emploi, reste un véritable casse tête, au point q’un conseil des ministres lui sera consacré, dit-on. A cet effet, la zone Est d’Alger serait-elle la clé pour concilier logement, travail et transport ?

L’ETAT REHABILITE LA REGION EST EN «NEW ALGIERS»

Sur ce point, il faut souligner que le terminus du tramway est connecté à la station de métro «les fusillés», au niveau Du carrefour de Ruisseau dans la circonscription d’Hussein Dey. Les usagers de ses deux types de transport peuvent faire la correspondance, par bus ou au moyen des 3 téléphériques, pour rejoindre en un laps de temps très court soit leurs domiciles et lieux de travail ou encore se déplacer dans les différentes régions d’Alger. Cela fait de Ruisseau un véritable Centre d’Alger et la Capitale semble ainsi s’excentrer vers l’Est. Toutefois, avec les travaux d’extension du métro jusqu’à Ain Naâdja, au Sud-Est d’Alger et du tramway au-delà de Bordj El Bahri, à l’extrême Est, et en dehors de toute inspection des prix, tout porte à croire que les prix vont encore flamber dans les communes «Extra-muros». . Néanmoins, cela va tirer leurs habitants de l’isolement et des affres du transport dont ils ont tant souffert. Les souscripteurs de la formule AADL qui viennent d’acquérir les clés de leurs logements à Heuraoua, n’en demandent pas autant. Il en sera de même pour ceux des Eucalyptus, où la grande gare ferroviaire d’Alger est prévue au quartier Kourifa, sur la route d’El Harrach.

En tout cas, longtemps considéré comme zone défavorisée et à hauts risques durant la décennie noire, le flanc Est, qui ne compte pas moins de 15 communes de la Wilaya d’Alger et qui par ailleurs le plus peuplé, est entrain de reprendre sa cote d’antan. Dans ce sens, le marché de l’immobilier s’en trouve fortement influencé. Car tout est fait par l’Etat pour réhabiliter et améliorer le cadre de vie dans cette région. Cela explique surement le choix porté sur plusieurs communes de l’Est d’Alger, telles que Rouiba et Réghaia, pour la construction des logements sous les différentes formules (AADL, LPA…). Aussi, la transformation de la décharge publique de Oued Smar en lieu de villégiature, l’aménagement d’une partie de la corniche d’Alger en ‘‘promenade des Sablettes» ainsi que l’édification des «grands» mosquée et stade d’Alger, sis à Mohammadia et Baraki, portent un autre regard sur Alger- Est. Et d’après certaines sources, le transport maritime, via la baie d’Alger, est même envisagé ; ceci pour une meilleure connexion entre les deux et pour la fluidité de la circulation. Parallèlement à ces projets, de nombreuses opérations d’éradication de l’habitat précaire, qui a proliféré à l’Est d’Alger, sont entreprises par les services de la Wilaya d’Alger. Les assiettes foncières seront remplacées par des buildings à la «New- Yorkaise», affirme-t-on. Cela rentre dans le cadre du plan (2012- 2029) de développement de la ville d’Alger qui aura le standing des grandes villes du monde, a tenu à nous déclarer R. Zhigha, architecte-urbaniste parmi les concepteurs de ce projet. Le seul point noir à signaler, est qu’aucun projet d’implantation du siège d’une grande administration ou d’un ministère n’est prévu à l’Est d’Alger, pour le moment tous concentrés au centre et sur les hauteurs d’Alger.

POUR UNE DIRECTION «DES PRIX DE L’IMMOBILIER» AU MINISTERE DU COMMERCE

Malheureusement, face à toutes les infrastructures qui sont mises par l’Etat au profit des citoyens, force est de constater qu’elles sont, à chaque fois, traduites par les réseaux mafieux du foncier et de l’immobilier, à leurs vils desseins. En effet, près avoir surhaussé les prix de l’immobilier dans les hauteurs puis à l’Ouest d’Alger, devenant hors portée même pour les nantis, les barons de l’informel se tournent maintenant vers l’Est de la Capitale. Comme nous le confirme H. Sofiane, promoteur immobilier, au courant de leur astuce : «Ils utilisent l’argument du développement d’Alger-Est pour élever les taux de l’immobilier. Le but est de récupérer le déficit de la «chkara» qui leur file de l’autre côté d’Alger dû fait de la chute du pouvoir d’achat des citoyens. Pour cela, ils standardisent les prix sur tout Alger, explique ce polytechnicien. Sur ce dérèglement du marché de l’immobilier à Alger, il nous indique qu’ en dehors d’autres paramètres, la logique voudrait «que dans une ville, les prix de l’immobilier varient selon la zone et au sein même de la zone selon le quartier». Il est vrai que toute ville au monde qui se respecte, doit préserver ses quartiers résidentiels ; pourvu qu’il n’y ait pas de précarité de l’habitat. Le citoyen quant à lui, a droit au luxe ou au confort du logement, selon ses moyens. «C’est comme acheter la même paire de chaussure dans un magasin de luxe ou dans une grande surface. Il n’y a que le prix qui différe», nous dira un ancien habitant du chic quartier du Télémly qui vient de bénéficier d’un logement AADL au vétuste quartier de Oued Ouchayeh, à l’Est d’Alger.

En attendant le relogement des habitants de ce dernier quartier, l’institution d’une direction des prix de l’immobilier, au niveau du ministère du commerce, est plus que nécessaire, estime M.Ouchène, professeur à l’université d’Alger et spécialiste en marketing. Cela au vu que dans tout marché, il y a «l’élasticité» de l’offre et de la demande et que par ailleurs les intervenants dans le domaine de l’immobilier doivent opérer dans un cadre légal et surtout réglementaire ; ceci pour barrer la route aux perturbateurs du marché et à l’informel, note-t-elle.
Le vide
par El-Guellil
Leur seul souci, occuper les espaces. La nature a horreur du vide. Les vides ont donc envahi la nature. Il y a ceux qui ont tout pris, du plus petit carré vert destiné aux enfants, à la cour d'école. Kayène ceux qui ont tout pris dans la tijara, ils commercent. Du sucre au café, aux vêtements. D'autres ont accaparé le champ politique. Ils font le chant du pouvoir et le contre-chant avec l'opposition.

Dans ce mouvement, ces foules se défoulent sous la pression du désir de parvenir. Certains n'hésitent pas à franchir le pas, là où il ne faut pas. Enfonçant des clous, le petit masmar, avec un marteau piqueur. Les uns s'adonnent à des discours verbeux, vaseux pour vous convaincre. L'approximatif devient la règle. Savoir compter jusqu'à dix, tu peux compter sur eux pour diriger un combat de boxe. La biologie animale n'a pas de secret pour eux. C'est, à peu près, de la biologie végétale. Un bricoleur est, à peu près, un professionnel. Les autres, plus fonceurs, vous regardent avec pitié et vous demandent, avec étonnement, pourquoi vous ne voulez pas enseigner nimportequoilogie. «Ya bni, ce n'est pas mon domaine». Ils vous rient au visage «ya khi gouffa». Car pour cette espèce-là, il suffit de savoir lire et écrire, pour prétendre à tout.

On a beau avoir les plus hauts diplômes dans une spécialité, cela ne nous donne, nullement, le droit de fourrer votre nez là où l'on n'y voit rien. La vie, c'est aussi cela. Il faut savoir reconnaître ses limites et il ne sert, nullement, à rien, de vouloir, à l'image de ces animaux qui nous fascinent, de plus en plus, tracer notre territoire lorsque nous n'avons, même pas, les compétences nécessaires pour y entrer.

Des espaces pour nobles et plus honnêtes restent à conquérir, dans ce pays d'où nous avons chassé, par ces comportements indignes, nos meilleurs fils. «El bled takoul ses enfants».

Il suffirait de reconquérir son âme, cet espace si proche et si accessible, et que beaucoup d'entre nous ont laissé pourrir, soit dans les placards de l'asservissante prétention, soit dans les commerces de l'à-peu-près. 
Alger : Le procès en appel de l'affaire «Union Bank» prévu le 15 mars
par R. N.
Le procès en appel de l'ancien P-DG d'Union Bank, Brahim Hadjas, condamné, en première instance, le 2 mars 2014, par le tribunal correctionnel de Sidi M'hamed (Alger), à 5 ans de prison ferme, pour « dilapidation de deniers publics », aura lieu le 15 mars prochain devant la Cour d'appel d'Alger. L'accusé avait été reconnu coupable, en première instance d'avoir détourné, en 2004, des deniers publics au détriment de la Banque de l'Agriculture et du Développement rural (BADR). Il est, également, poursuivi pour « constitution d'une association de malfaiteurs, escroquerie, banqueroute, fraude et violation de la législation régissant le mouvement des capitaux de et vers l'étranger », selon son avocat Me Guendouzi.

‘L'Union Bank' avait effectué des transactions commerciales avec plusieurs banques, dont la BADR, qui a découvert qu'un grand nombre de crédits n'avaient pas de dossiers constitutifs, selon l'ordonnance de renvoi. Lors de l'enquête, tous les fonctionnaires de la banque ont affirmé avoir reçu des instructions de Hadjas Brahim et de ses enfants, d'émettre des lettres de change, explique la même source. Brahim Hadjas avait nié l'ensemble des chefs d'accusation retenus contre lui, précisant qu'il occupait alors le poste de président du conseil d'administration, étant actionnaire, et que sa mission principale, au sein de la banque était de prospecter les investisseurs à l'étranger. Dans une autre affaire de corruption, une peine de 10 ans de prison ferme avait été prononcée, en mars 2014, par le tribunal correctionnel de Chéraga à l'encontre de Brahim Hadjas pour « atteinte à la propriété immobilière et dilapidation de deniers publics ». Brahim Hadjas a été arrêté le 12 décembre 2013, au Maroc, par Interpol avant d'être extradé vers l'Algérie, après 10 années de fuite. Il a été au cœur d'un scandale de corruption lié à son groupe. ‘Union Bank', première banque privée en Algérie, créée en 1995, conformément à la loi sur la monnaie et le crédit de 1990, a été dissoute en 2004 sur décision de justice. 
Rome pour une coalition antidjihadiste : L'armée italienne prête à débarquer en Libye
par A. Walid
L'intervention militaire en Libye, qui a sombré dans le chaos, est de nouveau sur la table. Cette fois-ci, c'est l'Italie qui monte au front affirmant être disposée à envoyer plusieurs milliers d'hommes dans le cadre d'une coalition pour stopper «la progression des djihadistes en Libye». Début janvier déjà, des chefs d'Etat de pays du Sahel avaient appelé ouvertement à une telle intervention. Mais l'UA affirmait plus tard privilégier une solution politique. Une position défendue par l'Algérie qui subit de fortes pressions pour cautionner une intervention militaire en Libye.

Ainsi, l'Italie exprime ses inquiétudes devant la «poussée des djihadistes» en Libye. Le chef de la diplomatie italienne Paolo Gentiloni est catégorique. «On ne peut accepter qu'à quelques heures seulement de navigation d'ici, il y ait une menace terroriste», a-t-il indiqué dans une interview à la chaîne SkyTg24 vendredi soir, rapportent des agences de presse. Il faisait allusion à des informations sur une ‘'expansion de milices proches de Daech'' en Libye. Lui emboîtant le pas, la ministre de la Défense est allée plus loin hier. Dans une interview au quotidien «Il Messaggero», Mme Pinotti a affirmé que l'Italie était prête à envoyer plusieurs milliers d'hommes et à prendre la tête rapidement d'une coalition de pays européens et de la région pour lutter contre la «progression des djihadistes en Libye». «L'Italie est prête à guider en Libye une coalition de pays de la région, européens et de l'Afrique du Nord, pour arrêter la progression du califat qui est parvenu à 350 km de nos côtes». «Si en Afghanistan, nous avons envoyé jusqu'à 5.000 hommes, dans un pays comme la Libye qui nous concerne de bien plus près et où le risque de dégradation est bien plus préoccupant pour l'Italie, notre mission peut être significative et consistante, aussi en ce qui concerne les effectifs», a-t-elle déclaré. «Nous en discutons depuis des mois, mais c'est devenu urgent», a-t-elle précisé. Pour elle, «le risque est imminent, on ne peut attendre au-delà. L'Italie a des exigences de défense nationale, ne pas voir un califat qui gouverne sur la côte d'en face. Mais nous voulons nous coordonner avec d'autres dans un système de légalité internationale». «Nous devons être présents en Libye comme nous sommes intervenus en Irak aux côtés des très valeureux combattants kurdes», a-t-elle dit, sans préciser quel type d'intervention serait décidé. Et d'alerter qu'il «n'était pas à exclure» que les terroristes puissent arriver en Italie à bord des canots transportant des migrants clandestins.

L'ambassade d'Italie à Tripoli a suspendu hier ses activités et son personnel a été rapatrié «à titre provisoire», selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères italien. Il s'agit de la dernière ambassade occidentale en Libye à évacuer son personnel. La suspension des activités de l'ambassade a été décidée après divers «épisodes hostiles dans les centres urbains, y compris Tripoli, à l'encontre de l'Italie et des ressortissants italiens». Le gouvernement italien a, par ailleurs, commencé à rapatrier hier une centaine d'Italiens de Libye. Une aide logistique a été offerte aux ressortissants italiens pour qu'ils quittent temporairement le pays. Les Italiens, une centaine, travaillant depuis ces dernières années en Libye, ont été appelés à quitter ce pays rapidement.

Pourtant le 2 février dernier, le chef de la diplomatie italienne en visite à Alger avait indiqué, lors d'un point de presse, que l'Italie et l'Algérie «sont convaincus qu'il n'existe pas de solution dans la division du pays (Libye), ni de solution militaire possible, mais qu'il est nécessaire d'encourager un processus de réconciliation entre les différentes parties». Et de souligner que l'Algérie et l'Italie «partagent totalement et soutiennent le travail de l'envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour la Libye». Le chef de la diplomatie italienne a qualifié d'importants les résultats obtenus par l'envoyé spécial de l'ONU pour la Libye.

Des dirigeants africains avaient estimé dernièrement, à l'issue d'une réunion sous l'égide de l'Union africaine, que le conflit en Libye ne peut être résolu militairement. Cinq pays du Sahel avaient appelé en janvier à une intervention militaire internationale. «La situation en Libye ne peut pas être résolue par la force, mais seulement par un accord politique entre les Libyens eux-mêmes. L'UA est prête à les appuyer dans cet objectif», a déclaré à l'AFP Jacob Enoh Eben, à l'issue d'une réunion du Groupe international de contact sur la Libye (GIC-L) créé par l'UA. Ce groupe de contact, mis sur pied par l'UA en septembre, réunit les voisins de la Libye (Algérie, Egypte, Niger, Soudan, Tchad et Tunisie), des représentants de l'UA, du Conseil de sécurité de l'ONU, de la Ligue arabe et de l'UE, notamment. 

mercredi 4 février 2015

En paix
par El-Guellil
Ailleurs, on est traité de marginaux. On est toujours suspecté de vol, de viol et de meurtre. On nous reproche de rouler les «r» et d'avoir un faciès qui dérange un peu la communauté. Une communauté qui ne comprend pas pourquoi on porte un foulard et encore moins pourquoi on égorge des moutons. Alors on nous met dehors lorsqu'on ne nous met pas carrément une balle dedans. L'alibi est là, servi par des xénophobes en furie sur le plateau étoilé de la communauté. Les cheveux frisés, ça frise l'angoisse et le teint brun ça assombrit l'horizon des extrémistes de tous bords.

Ici, nos enfants n'arrivent pas à poursuivre leurs études. On dit qu'un grand nombre quitte l'école chaque année sans qualification. Sans diplôme à part celui de chômeur et de bras cassés par des rêves un peu trop enfantins. On nous regarde comme des bouches à nourrir. Comme des incapables! Des parasites qui vivent aux dépens de leurs responsables et de leurs élus.

Ici, on considère que nous faisons trop de gosses. On s'est mis à nous en enlever. Exactement comme ailleurs parce que les enlèvements d'enfants ça fait partie des exigences de la modernité. On installe, on monte et on entretient des réseaux de pédophilie pour punir nos gosses d'être nés ici. Pour leur faire regretter, et à nous avec, d'être nés tout court. Et puis, des enfants, ça doit servir à quelque chose. Alors on s'est mis à inventer un trafic d'organes. Exactement comme ailleurs parce que le trafic d'organes, ça rappelle les grandes nations et, surtout, les grands réseaux. Des gosses de peuple, c'est fait pour mourir. Pas plus.

Ici et ailleurs, on nous regarde comme on ne regarde plus rien nulle part. Des sans-droits. Des sans-vie. Des non-sens. Et les non-sens, ça perturbe un peu la quiétude des seigneurs de la terre, qu'ils soient ici ou ailleurs. Qu'on nous balance dans la Seine, qu'on nous tire une balle à bout portant ou qu'on nous pousse dehors de notre emploi et qu'on nous indique le chemin de la pendaison, c'est pareil. C'est Kifkif!

Destinés à être persécutés par les nôtres et les autres, nous ne demandons pourtant rien de particulièrement difficile. Qu'on nous oublie! Qu'on nous laisse en paix ! Une petite paix, comme dit la publicité, on la vaut bien, n'est-ce pas ? 
Liaison maritime Oran-Alicante : Encore un report à cause d'une météo défavorable
par J. Boukraâ
Le retour de la détérioration des conditions météorologiques vient, encore une fois, perturber le trafic maritime entre les deux rives de la Méditerranée. Cette situation a forcé le commandant du navire Tassili, selon un haut responsable de la compagnie de transport maritime d'Oran, à annuler une traversée entre le port d'Oran et celui d'Alicante, prévue initialement avant-hier à 18 heures. Selon un responsable de cette compagnie, ce report est dû à une mauvaise météo. Ces conditions de changement de temps ne permettent pas une navigation dans de bonnes conditions de sécurité. Alors, dans un souci de préservation des vies des passagers, la liaison Oran -Alicante dont le départ était prévu lundi, a été programmée pour ce mercredi (Ndlr : aujourd'hui) dans la soirée sur le bateau Tassili 2. Dans un souci de fournir les meilleures prestations à ses passagers, la compagnie a contacté les voyageurs, qui sont plus de 700, par téléphone pour les prévenir du report de la traversée. Par contre, ceux qui s'étaient déjà déplacés pour embarquer, un dédommagement de 2.000 dinars leur avait été alloué. Signalons que l'Office national de météorologie avait émis, lundi après-midi, un bulletin spécial pour des vents pouvant dépasser les 80 km/heure et des vagues de plusieurs mètres qui vont toucher l'ouest du pays, ce qui rendrait toute navigation dangereuse. La traversée était prévue initialement pour vendredi dernier, 30 janvier. Rappelons aussi que, samedi dernier, le ferry Tarek Ibn Ziyad a annulé son départ depuis le port de Marseille (France) à destination d'Oran en raison des mauvaises conditions climatiques. Les quelque 380 passagers qui étaient à bord seront pris en charge par la compagnie nationale de transport maritime. Le départ du navire algérien était prévu à 12 heures mais en raison des vents forts dépassant les 130 km/h, il a été décalé jusqu'à l'amélioration des conditions météorologiques. 
Autoroute Est-Ouest : Le péage à partir de janvier 2016
par El-Houari Dilmi
« Des efforts importants sont consentis par l'Etat pour améliorer l'état général du réseau routier national, entre routes nationales, chemins de wilaya et chemins vicinaux», a indiqué hier, sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale, le directeur général des routes, au ministère des Travaux publics, M. Med Mahieddine.

A la question de savoir pourquoi une grande partie du réseau routier urbain, qui s'étend sur plus de 120.000 kilomètres, est dégradée, l'invité de la radio a expliqué «qu'un diagnostic sur l'état général des routes est en train d'être effectué, rappelant que trente mille kilomètres sont des routes nationales, dont la maintenance relève des prérogatives du ministère de l'Habitat, contre 24.000 à la charge des wilayas et plus de 63.000 kilomètres de chemins communaux, à la charge des collectivités locales», a-t-il indiqué.

Reconnaissant qu'une bonne partie du réseau de voirie urbaine est dégradée, «pour différentes raisons», a-t-il souligné, le DG des routes au ministère des Travaux publics a expliqué que des «concertations sont menées avec le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales pour trouver des solutions, aussi bien pour les chemins vicinaux que la voirie urbaine», a-t-il indiqué. Insistant sur la priorité de son département ministériel, à savoir l'entretien et la sauvegarde des voies de communication, M. Med Mahieddine a expliqué que «les élus locaux doivent absolument prendre conscience de la nécessité d'entretenir le réseau routier dont ils ont la charge, cela dans le cadre d'une stratégie commune Travaux publics/Intérieur, basée sur une assistance technique que nous apportons aux collectivités locales», a-t-il plaidé. «Durant cette dernière décennie, l'Etat a mis beaucoup d'argent au titre des plans communaux de développement et des programmes sectoriels déconcentrés pour l'entretien du réseau urbain», a encore indiqué le DG des routes, rappelant que «l'entretien du réseau est une tâche récurrente et périodique». Au sujet de l'intervention des différents concessionnaires (eau, gaz, télécommunications) sur le réseau autoroutier, marquée par des insuffisances, M. Med Mahieddine a reconnu ce «constat regrettable», l'imputant «au non-respect des autorisations de voirie, faisant obligation au concessionnaire de remettre en l'état initial la portion de route dégradée», a-t-il souligné. «Nous sommes en train de réfléchir à un cahier des charges pour obliger les concessionnaires à respecter la remise en état, lors des interventions sur le réseau routier», a indiqué le DG des routes au ministère des Travaux publics, ajoutant qu'une «caution de garantie sera instaurée pour inciter les différents intervenants à veiller à une meilleure remise en l'état des routes», a-t-il expliqué. «Cent kilomètres sur une autoroute équivalent 400 km sur une route ordinaire, en termes de moyens à mettre en œuvre pour la maintenance et la sauvegarde, partant du principe qu'il s'agit-là d'une mission de service public que nous avons l'obligation de respecter», a encore expliqué Med Mahieddine, ajoutant que plus de 500 maisons cantonnières ont été créées pour «assurer la mission de base de service public, celle de la surveillance et l'entretien du réseau routier». Expliquant qu'une route a une durée de vie allant de 10 à 15 ans, exception faite des agressions liées aux aléas climatiques, l'invité de la radio a insisté sur «la problématique de surcharge des poids lourds, qui se répercute sur l'état des routes, et à laquelle nous sommes en train de réfléchir de concert avec le ministère des Transports», a-t-il indiqué. «Des ponts-bascules sont en train d'être installés, notamment à la sortie des ports, pour le pesage des poids lourds, et l'opération va s'élargir à tout le réseau routier national», a ajouté Med Mahieddine. Concernant l'installation anarchique de ralentisseurs et autres dos-d'âne, le représentant du ministère des Travaux publics l'a imputé au non-respect du texte juridique régissant leur mise en place, ajoutant qu'une instruction a été adressée aux walis pour le recensement de ces ralentisseurs, «avant d'engager une opération coup-de-poing contre cette grave atteinte aussi bien à la sécurité des personnes qu'au réseau routier», a-t-il expliqué. Au sujet de l'introduction du péage au niveau de l'autoroute Est-Ouest, Med Mahieddine a expliqué que les équipements «sont en train d'être posés par trois consortiums, avant de soumettre le projet au gouvernement pour arrêter les conditions générales d'exploitation de l'autoroute, conçue à l'origine pour fonctionner avec des péages», a-t-il souligné. Concernant, enfin, les travaux du tunnel de Djebel Ouahch, le représentant du ministère des Travaux publics a expliqué que «des discussions techniques sont menées avec le consortium japonais Cojaal», sans donner plus de détails, ajoutant que l'autoroute des Hauts-Plateaux sera réalisée par des entreprises nationales, «pour encourager l'outil de production national», a-t-il conclu. 
Une banque privée au cœur du trafic : Près de 400 millions d'euros transférés, illicitement
par Moncef Wafi
Les Douanes algériennes, alertées par une hausse «anormale» du nombre des opérations d'importations domiciliées auprès d'une banque privée, à capitaux étrangers, ont mis à jour un transfert de capitaux à partir de l'Algérie vers l'étranger, en 2013 et 2014.

L'information rapportée par l'APS, citant des sources douanières, fait état de près de 400 millions d'euros qui ont été, ainsi, transférés vers l'étranger. Le pot aux roses a été découvert suite à une vaste opération de contrôle lancée, en mars 2014, par les services douaniers, dans le cadre de l'apurement des opérations d'importations.

En l'espace de 2 ans, l'établissement bancaire en question est passé de la 10ème à la 2ème place, en termes de volume de financement du commerce extérieur.

Une place sur le podium juste après une banque publique qui finance les grandes opérations d'importations de produits alimentaires. Cette anomalie a poussé les enquêteurs à aller plus en profondeur, révélant de nouveaux éléments.

Le rapport d'enquête détaillé a été transmis aux pouvoirs publics. Les premiers éléments de l'enquête ont révélé que plus de 30% des opérations d'importations de marchandises, domiciliées auprès de cette banque, étaient non identifiées et réalisées, pour la plupart, par des importateurs fictifs et des registres de commerce loués. Le modus opérandi des importateurs consistait à établir deux factures différentes pour une même marchandise importée.         

La première majorée et destinée à la banque pour pouvoir transférer un maximum de devises alors que la deuxième, minorée, était présentée aux services des Douanes pour payer moins de taxes douanières.

A titre d'exemple, cite la source douanière, une marchandise facturée au prix de 1,8 million d'euros, pour la banque, est déclarée aux Douanes algériennes pour seulement 23.900 euros.

Au départ, la direction de cet établissement bancaire a refusé de coopérer avec les enquêteurs, en communiquant les informations relatives à ses clients suspectés, se cachant derrière le secret bancaire.

Un refus des banques à l'origine du blocage de plusieurs enquêtes d'investigation, enclenchées avant la mise en oeuvre, en mars 2014, du nouveau système informatisé de l'apurement des importations.          Un système d'informations reliant, dorénavant, les Douanes algériennes aux banques, ce qui permet un contrôle plus rigoureux des transferts de fonds vers l'étranger et destinés au paiement des importations. Les documents douaniers, dont notamment le D10 qui atteste de l'arrivée de la marchandise, de sa valeur ainsi que des tarifs douaniers appliqués à l'importation, sont ainsi partagés en délais réels entre les deux institutions.

Un système qui a permis, aussi, d'informatiser la gestion des documents. En effet, la falsification du D10 permettait aux importateurs frauduleux de transférer, vers l'étranger, des capitaux à travers des opérations d'importations fictives. Des enquêtes sont en cours, actuellement, touchant d'autres banques, dans le cadre de cette opération d'apurement des importations. Pourtant, l'Algérie applique une politique très stricte en matière de transferts de capitaux vers l'étranger. La réglementation en vigueur impose aux opérateurs et aux particuliers de déclarer, auprès du service fiscal, territorialement, compétent les fonds objet du transfert. Cette politique restrictive a pour objectif de lutter contre la fuite de capitaux, le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, objets des derniers amendements votés par l'APN. En 2009, le tribunal criminel de la Cour d'Alger a traité un dossier impliquant une cinquantaine d'individus, principalement des hommes d'affaires, accusés d'avoir transféré, illégalement, près de 900 millions d'euros vers l'Espagne. Mais il semblerait que l'essentiel des opérations illicites soit le fait d'opérateurs économiques étrangers, activant en Algérie. Outre la technique de la surfacturation, plusieurs méthodes sont utilisées pour faire sortir d'importantes sommes d'argent, à l'exemple des réseaux de passeurs. 

dimanche 1 février 2015

Exploration du gaz de schiste: des experts rassurent
par R. N.
Le gaz de schiste en Algérie doit avoir sa place à long terme comme une ressource complémentaire dans le mix énergétique national et ne doit, en aucun cas, être considéré comme «une rente», affirme à l'APS l'expert Abdelmadjid Attar. L'ex-PDG de Sonatrach insiste pour que ce gaz soit considéré comme «une alternative partielle et un simple complément à la sécurité énergétique du pays au-delà de 2030». Selon lui, l'Algérie est seulement au stade de l'exploration et de l'évaluation du potentiel récupérable.

C'est une «phase obligatoire» avant d'envisager toute exploitation laquelle exige une autorisation du Conseil des ministres conformément à l'article 23 bis de la loi sur les hydrocarbures. Il indique aussi que des pays comme la Chine, l'Argentine, le Royaume-Uni, l'Espagne, l'Afrique du Sud et même l'Arabie Saoudite sont aussi en phase exploratoire. «Dans une décennie, le problème de la sécurité énergétique en Algérie deviendra de plus en plus préoccupant vu la croissance de la consommation interne», soulignant que le gouvernement doit mettre en place un modèle de consommation énergétique comprenant en priorité l'investissement dans le renouvelable, l'impulsion d'un programme d'économie d'énergie et la préservation d'une rente minimale pour financer une nouvelle économie productrice de richesses. Il considère qu'il est prématuré de parler de moratoire sur les forages de schiste en Algérie, tel que revendiqué par des citoyens et des partis politiques tant que la phase exploration n'est pas encore achevée. «Un moratoire nécessite un débat ouvert et transparent sur la base de données concrètes, d'où la nécessité de dépasser le stade exploratoire et d'en débattre sur la base de données algériennes et non de données ou de modèles étrangers dont le contexte géographique, économique et même humain est complètement différent», soutient M. Attar. Interrogé sur l'impact environnemental de l'exploitation du schiste, M. Attar tient à préciser que les risques enregistrés en début d'exploitation aux Etats-Unis et en Pologne sont «dus à l'absence de mesures de prévention et un contexte géologique, hydrogéologique ou topographique qui n'existe absolument pas en Algérie».

LA PERCEPTION DES RISQUES «SOUVENT EXCESSIVE»

«La perception des risques associés au gaz de schiste est souvent excessive. Il existe, aujourd'hui, les moyens de travailler correctement sur le gaz de schiste compte tenu de l'évolution des techniques et de l'expérience considérable accumulée aux Etats-Unis», affirme de son côté Francis Perrin, président de la société Stratégie et politiques énergétiques (SPE), dans un entretien à l'APS. Selon lui, «il faut regarder les réalités d'aujourd'hui et pas celles des années 2000 car beaucoup de choses ont progressé depuis».

Il explique que les risques de polluer les nappes phréatiques relèvent plutôt d'un non-respect des normes assurant l'intégrité des forages. Sur ce point, il cite l'exemple de l'une des plus grandes marées noires de l'histoire, survenue en 2010 dans le Golfe du Mexique avec le puits Macondo foré par la firme BP, provenue, pourtant, d'un forage d'exploration de pétrole conventionnel et non de pétrole ou de gaz de schiste».

EVALUATION OBJECTIVE DES PREOCCUPATIONS ENVIRONNEMENTALES

Les préoccupations environnementales, liées à l'exploitation de gaz de schiste dans le monde, doivent faire objet d'une évaluation «rationnelle et objective», estime l'Union internationale du gaz (UIG). Dans une publication, intitulée «gaz de schiste: les réalités sur les préoccupations environnementales», l'UIG relève que, jusqu'ici, le débat sur l'impact environnemental s'est limité à opposer des avis contradictoires entre partisans et opposants à la fracturation hydraulique «sans jamais s'axer sur une évaluation fondée, rationnelle et objective» de ces craintes.

Le rapport répond avec des précisions détaillées sur huit préoccupations environnementales souvent soulevées par les détracteurs de l'exploitation de gaz de schiste. Concernant la préoccupation selon laquelle la fracturation hydraulique pourrait avoir des effets néfastes sur les nappes d'eau, l'UIG précise que ce ne sont pas seulement les forages horizontaux qui traversent les nappes d'eau puisque même les forages verticaux, qui sont une pratique bien établie dans la production du pétrole et du gaz conventionnel, traversent des aquifères en toute sécurité sans pour autant provoquer des incidents. «Des millions de puits verticaux ont été forés depuis l'avènement de l'industrie pétrolière, sans enregistrer des incidents majeurs», souligne l'organisation dans son rapport. Selon l'UIG, «les rares incidents de contamination des eaux souterraines sont dues à des tubages de puits défectueux, d'où la nécessité d'assurer une bonne cimentation de ces installations. 
Haro sur Mugabe le dictateur: l'hypocrisie à plein
par Kharroubi Habib
Combien sont-ils les chefs d'Etat africains en exercice dont la désignation par leurs pairs à la présidence annuelle tournante de l'Union africaine serait compatible avec les principes de démocratie et de respect des droits de l'homme que l'organisation est censée promouvoir sur le continent ? Bien peu nombreux en vérité, et s'il faut par conséquent s'émouvoir et s'indigner que l'Union africaine soit dirigée par un potentat ou un autocrate, c'est pratiquement à chaque renouvellement à la tête de sa présidence qu'il faut fustiger l'exécrable mauvaise image qu'elle donne d'elle-même.

Le président du Zimbabwe Robert Mugabe qui vient d'être coopté par le 24ème sommet à la tête de l'Union africaine pour l'année en cours, n'est assurément pas un modèle de dirigeant dont l'organisation peut tirer fierté de travailler sous son autorité. Il ne l'est pas moins ou plus que la plupart de ceux à qui il succède. Il y a par conséquent de l'hypocrisie à voir dans sa désignation un acte que l'Union africaine n'aurait pas dû endosser. Pour aussi contestable que soit le président du Zimbabwe que ses pairs africains reconnaissent comme tel, sa désignation ne pouvait être récusée par eux aux principes brandis contre elle par des chancelleries occidentales et les médias de leurs pays qui tartinent sur « l'immoralité » que serait sa nomination à la tête d'une organisation aussi « respectable » que serait l'Union africaine.

Leur levée de boucliers à la désignation d'un aussi « infréquentable » dictateur et autocrate qu'il présente Robert Mugabe, ne susciterait pas méfiance si les mêmes contempteurs faisaient preuve d'une égale détestation à l'égard d'autres chefs d'Etat à travers le monde tout aussi infréquentables que lui pour le mépris qu'ils vouent à la démocratie et aux droits de l'homme dans leurs pays. Le récent décès du roi d'Arabie a donné à voir combien la défense de la démocratie et des droits de l'homme est sélective chez ceux qui font tapage contre Mugabe et sa désignation à la présidence de l'Union africaine. Ils se sont rués la larme à l'œil à Ryadh pour présenter de la façon la plus obséquieuse qui puisse leurs condoléances d'autant plus attristées que le défunt aurait été semble-t-il un grand « homme d'Etat » qui a beaucoup œuvré à instaurer les principes de la démocratie et des droits de l'homme en Arabie.

Rarement l'hypocrisie et le cynisme ne se sont autant étalés qu'à Ryadh à l'occasion de la disparition du monarque saoudien. Il est vrai que ceux qui se sont précipités à Ryadh l'ont fait dans l'intérêt de leurs nations respectives, lequel leur dicte de ne pas se comporter de la même façon avec toutes les dictatures et tous les potentats qui sévissent à travers le monde. Mugabe et le Zimbabwe n'ont pas à cette aune de quoi les forcer à être plus compréhensifs et moins ostracisants à leur égard qu'ils ne le sont avec la monarchie saoudienne dont le pétrole et les dollars « excusent » l'autocratie et le mépris des droits de l'homme. Même si la désignation de Mugabe à la présidence de l'Union africaine n'honore pas l'organisation et le continent, « l'indignation » qu'elle a suscitée parmi de prétendues démocraties n'est nullement réjouissante car exprimée par des voix qui ont une conception à géométrie variable de la défense de la démocratie et des droits de l'homme. 
Sadaqa
par El-Guellil
C'est une histoire adaptée d'un conte ancien, méditons-la ensemble. Devant une gargote, la seule sur le long de la route, un riche commerçant arrête sa voiture. Il gare.

Il entre, commande une chorba et s'assoit seul à une table. Cherchant du sel, il se lève, erre un peu dans le restaurant avant d'en trouver, et retourne.

A sa grande surprise, il y trouve un «povrico» assis, plongeant sa cuillère dans le bol de soupe et la mangeant lentement…

 - Oh ! Il a du culot ce «tallaab» ! pense le brave tadjer…

Je lui apprendrai bien les bonnes manières.

Mais il s'assied sur le côté de la table, et charitablement le laisse manger de sa chorba, tout en plongeant, lui aussi, sa cuillère, cherchant au moins à partager avec lui. Le «povrico» retire doucement le bol vers lui, et continue de manger. Le commerçant se remet à le tirer légèrement vers lui, pour pouvoir y avoir accès. Et ils finissent la chorba ainsi, moghrof lik, moghrof liya. Alors le «povrico» se lève, lui fait signe de patienter et revient avec une assiette de frites énormes qu'il partage avec lui, comme la soupe.

Enfin, ils se saluent, et l'homme quitte le restaurant pendant que le commerçant va à la salle de toilettes. Quand il revient, il veut récupérer son porte-documents pour partir, et découvre qu'il n'est plus au pied de sa chaise…

- Ah ! J'aurais bien dû me méfier de ce gueux, la sadaqa ne sort pas de Serkadji !

Il hurle dans tout le restaurant, criant au voleur, alarmant toute la clientèle.

- «Khayène, avertissez la police, les sicriya, jibou les jadarmias… khlani», jusqu'à ce que, finalement, on retrouve son porte-documents, posé au pied d'un bol de chorba refroidie auquel personne n'a touché. C'était lui qui s'était trompé de table et avait partagé le repas de l'inconnu qui l'avait accueilli en silence… ! 
Vincenzon Nesci parle des nouveaux défis de Djezzy
par M. Aziza
Le PDG de Djezzy, Vincenzo Nesci, a affirmé hier que le rachat de l'opérateur de téléphonie mobile par l'Etat algérien et la signature du «closing» du contrat entre Vimplecom, le FNI et Cevital, constitueront une force de frappe pour permettre à Djezzy de se positionner dans le futur et maintenir son leadership sur le marché algérien.

Intervenant hier, à la conférence de presse sur l'organisation de la 3e édition de la conférence de FiKret, prévue les 14 et 15 février 2015, à l'hôtel Aurassi, le PDG de Djezzy a évoqué la signature du contrat de clôture par Vimplecom et la partie algérienne, jeudi dernier.

Aujourd'hui, l'Etat algérien détient Djezzy à 51%, et Vimpelcom de son côté à 49%. Le Fonds national d'investissement (FNI) prend une part majoritaire dans Omnium Telecom Alegria (ex-Orascom Algérie) pour un montant de 2,6 milliards de dollars. L'accord prévoit également que le groupe privé algérien Cevital demeure un actionnaire minoritaire de Djezzy, à hauteur de 3,43%, selon le communiqué rendu public par Vimplecom.

M. Vincenzo Nesci a précisé qu'il ne s'agit pas de signature de contrat, mais de clôture d'un contrat déjà existant depuis le 18 avril dernier. «Ce n'est pas une chose nouvelle», a-t-il affirmé. Et de souligner que ce qui est intéressant aujourd'hui, est de chercher comment Djezzy va se projeter dans le futur dans le cadre d'un partenariat public/privé. Le PDG de Djezzy parle déjà de défi à relever dans le domaine de la 3G et sur le digital. «Nous avons une expérience au niveau mondial qui est à la disposition de Djezzy et qui va nous permettre de nous battre en condition d'égalité avec nos concurrents et de démontrer que nous sommes les meilleurs». Il précise encore que la clôture de ce contrat va renforcer les capacités de Djezzy et permettra d'introduire des applications digitales identiques à celles utilisées en Europe. «Car aujourd'hui, c'est au niveau du service digital que la guerre se joue», a estimé M. Vincenzo.

Le PDG de Djezzy rassure les employés de Djezzy : « Leurs droits sont préservés et il n'y a rien qui change, leur ancienneté est reconnue, c'est simplement un entête différent». Mieux, il affirme que ce partenariat public/privé va certainement créer des opportunités d'emplois et probablement une restructuration de Djezzy.

20 wilayas sont couvertes par la 3G actuellement, mais Djezzy ne compte pas s'arrêter là. «On ne va pas dormir sur l'oreiller, nous gagnons notre image et notre réputation chaque jour, donc, on n'est pas ici pour regarder notre passé glorieux, mais pour regarder en avant et voir ce qu'on peut faire mieux, ici en Algérie», a conclu le PDG de Djezzy, qui assure qu'une conférence de presse sera consacrée au sujet. Par ailleurs, Vincenzo Nesci a affirmé que son entreprise a contribué et contribue toujours à la promotion du concept « Fikra » en tant que partenaire officiel avec le groupe Allégorie. Il affirme que Fikra a pris aujourd'hui de l'ampleur et est devenue une résonance nationale et internationale. «C'est une bonne formule pour contribuer aux débats d'idées et pour donner un coup de main aux jeunes et moins jeunes pour réfléchir aux différents sujets d'intérêt général». Les membres du groupe Allégorie ont déjà donné un avant-goût sur cette conférence de divertissement intellectuel. 1.500 personnes dont 500 jeunes sont attendues, cadres, chefs d'entreprises, étudiants, journalistes. Cette 3e édition sera ouverte par le 1er ministre Abdelmalek Sellal. De nombreux speakers apporteront leurs témoignages sur comment « réussir », thème retenu lors de cette édition. Les fans de ce think tank algérien auront la possibilité de découvrir ou de connaître de près la sémiologue Annette Lang, l'artiste et collectionneuse Lulu Al Sabah. Il a y aura également l'intervention de plusieurs personnalités, telles que Lakhdar Brahimi, Loïc Mahérault, Laïd Benamor, Issad Rabrab, Mohamed Chérif Zerguine, ainsi que quelques ministres (Industrie, Commerce) et le patron du FCE, Ali Haddad.

Concernant le volet innovation, cette année, Djezzy et l'ANPT récompenseront les 5 premiers lauréats du concours « Make you Make ». Ceux qui seront récompensés sont ceux porteurs de projets d'applications mobiles dans des catégories spécifiques dans le e-learning, e-Heath, Social Media et e-entreprise. Les gagnants remporteront un chèque de 2 millions de DA. 
L'antiterrorisme à la conférence au sommet de l'UA : Sellal insiste sur la coordination continentale
par Moncef Wafi
Les dossiers sécuritaires ainsi que les questions du développement de l'Afrique ont été au centre des travaux de la 24ème session ordinaire de la Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine (UA) entamés, vendredi dans la capitale éthiopienne, Addis Abeba.

L'Algérie, représentée par son Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a réitéré ses positions concernant la lutte contre le terrorisme et le crime transfrontalier et ses appels à une coordination continentale qualifiée de «vecteur essentiel» pour contrecarrer les groupes terroristes. Ainsi, il a appelé à une riposte «collective» et «coordonnée», à la menace terroriste et la criminalité transfrontalière qui constituent, selon lui, «une menace réelle avérée sur la paix du continent». Il a, aussi, évoqué les deux mécanismes de défense continentale à renforcer, appelant à soutenir le mécanisme transitoire de la capacité africaine de réponse immédiate aux crises (CARIC). Il a rappelé la position d'Alger, du 1er sommet des Etats parties, au processus de Nouakchott consacré à la coopération sécuritaire, dans la région sahélo-saharienne. L'Algérie s'est proposée, au cours du Sommet de Nairobi, d'abriter la réunion de Haut niveau sur le financement du terrorisme. Alger est, également, partie prenante, avec les Etats du Sahel, dans de nombreux cadres de coopération, dont les «pays du champ», le Comité opérationnel d'Etat-major conjoint (CEMOC), l'Unité de Fusion et de Liaison (UFL), le Groupe de travail sur le Sahel co-présidé par l'Algérie et le Canada, dans le cadre du Forum global contre le terrorisme. Ainsi, et concernant la lutte contre les groupes terroristes et particulièrement Boko Haram, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a salué, hier, la décision de l'UA de créer une force régionale de lutte contre le groupe armé nigérian. Une déclaration faite en marge du sommet de l'organisation panafricaine.

Dans la nuit de jeudi à vendredi derniers, le Conseil de paix et de sécurité de l'UA a appelé à la création d'une force militaire régionale de 7.500 hommes, pour contrer le groupe armé.

Un contingent militaire a été décidé, fin 2014 entre les pays membres de la Commission du bassin du lac Tchad (Cameroun, Niger, Nigeria et Tchad), composée de quelque 700 hommes de chaque pays, ainsi que du Bénin, avait peiné à se matérialiser, du fait de dissensions entre Lagos et ses voisins. Rappelons que le chef de la milice islamiste nigériane, Abubakar Shekau, avait menacé ouvertement, dans une vidéo rendue publique, les présidents du Tchad, du Cameroun et du Niger, trois voisins du Nigeria qui militent pour une mobilisation internationale contre les islamistes nigérians. Au Nigérien Mahammadou Issoufou, il lance: «tu vas voir. Président du Niger, tu vas voir». «Tu fais partie de ceux qui sont allés compatir avec Hollande, le petit-fils de Charlie». Abdelmalek Sellal a rappelé le rôle et la position algérienne dans le règlement des conflits régionaux. Il évoquera, tour à tour, les dossiers malien et libyen, à travers des discussions inclusives, initiées par Alger, entre les parties en opposition, dans les deux pays voisins.

Il abordera, également, le Sahara Occidental et la mission du président Joaquim Chissano, Envoyé spécial de l'UA, dans la région, que l'Algérie soutient ainsi que les efforts d'apaisement entre la République du Soudan et du Soudan du Sud «à travers le mécanisme conjoint de vérification et de surveillance des frontières, tout en appelant à la prise en charge de la crise humanitaire aiguë qui frappe cette région».

Le développement du continent africain a été débattu, à travers le prisme de l'Agenda -2063 qui dessine les contours de l'Afrique des 50 prochaines années.

Les chefs d'Etat et de gouvernement évoquaient ainsi cette date, un projet cher à la présidente de la Commission de l'UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, portant, en particulier, sur l'intégration économique régionale, démocratie et bonne gouvernance, à l'ombre du rayonnement culturel de l'Afrique.

Le Premier ministre algérien, et à ce propos, a souligné le besoin de l'Afrique de mobilisation de leurs ressources et faire participer le secteur privé aux projets et programmes de l'Agenda 2063.

Par ailleurs, Ban Ki-moon a appelé, de son côté, la Communauté internationale, à plus d'efforts, dans la lutte contre ‘Ebola', en Afrique de l'Ouest. Le virus a fait quelque 9.000 morts, en un an, essentiellement, au Liberia, en Guinée et en Sierra Leone. 
Le leadership militaire américain menacé
par Dan Steinbock *
NEW YORK – Les USA pourraient perdre leur première place en matière militaire. Leurs forces armées sont peut-être encore les plus sophistiquées de la planète (le budget qu’ils consacrent à la recherche et au développement (R&D) dans le secteur de la défense est plus de deux fois supérieur à celui de grandes puissances telles que la France et la Russie et il est 9 fois plus important que celui de la Chine ou de l’Allemagne), mais rien ne dit que leur leadership technologique va perdurer.

Depuis 2005, le ministère américain de la Défense a réduit de 22% les sommes allouées à la R&D. En 2013, dans le cadre d’un accord destiné à éviter un blocage du fonctionnement de l’Etat fédéral lié à un dépassement du plafond de la dette, le Congrès a décidé d’une coupe budgétaire automatique de 1200 milliards de dollars. Le président Obama a qualifié cette décision de «très dangereuse pour la sécurité nationale», car elle entraîne la réduction de nombreux programmes, dont plusieurs dans le secteur de la recherche militaire. Si l’innovation en matière de défense continue à s’éroder, cela ne sera pas sans conséquence sur les capacités militaire des USA qui pourraient également en souffir en terme d’innovation et de compétitivité commerciale dans bien d’autres secteurs.

Les restrictions budgétaires constituent l’un des plus grands défis auxquels sont confrontées les forces armées américaines pour maintenir leur avancée technologique. Leur budget R&D ayant baissé de près de 50% depuis 2005, l’armée de terre et la “Missile Defense Agency” américaines sont les premières touchées. Le budget de recherche de la marine de guerre a subi une coupe de 20% et celui de la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA), l’organisation qui a la responsabilité de maintenir l’avance de la défense américaine en matière de technologie, a diminué de 18% ses dépenses en R&D. Même l’aviation dont le budget de recherche est habituellement prioritaire aux yeux du Congrès a vu son budget diminuer de 4%.

Une fois le budget obtenu, la pression à la baisse des coûts pousse à investir dans des projets à court terme plutôt que dans l’innovation à long terme qui donne un avantage stratégique ; la DARPA elle-même est affectée.

Aggravant encore la situation, plusieurs problèmes structuraux freinent l’innovation dans le secteur militaire. Soixante ans de tentatives de réforme n’ont pas encore porté leurs fruits. C’est l’industrie civile qui réalise la plus grande partie des efforts de R&D et de production liés aux systèmes militaires, mais ce sont les militaires - pas toujours capables de faire le bon choix entre diminution des coûts et innovation - qui prennent les décisions.

Dans le passé, les rivalités au sein des différents services de l’armée et entre eux stimulaient la concurrence, à l’image de ce que l’on voit dans le secteur privé. Mais avec la fin de la Guerre froide, l’incitation à conserver une longueur d’avance s’est faite moins pressante, privant le secteur de la défense du principal moteur de progrès. Par ailleurs, en proportion de leurs ventes, les dépenses en R&D des grandes entreprises civiles travaillant pour l’armée ont dégringolé de presque un tiers entre 1999 et 2012. A l’opposé, les géants américains de la technologie investissent 4 à 6 fois plus en R&D.

Les USA souffrent aussi de l’affaiblissement de leur base industrielle militaire. La concurrence accrue de la Chine et d’autres grands pays émergents érode leur capacité manufacturière, ce qui affecte leur capacité de développement de plateformes de défense hautement sophistiquées. Il y a des années, l’industrie militaire était à l’origine des nouvelles technologies (par exemple, les lasers, le GPS et Internet) qui ont servi de locomotive à l’économie américaine. Aujourd’hui dans la plupart des secteurs, c’est la technologie civile qui joue ce rôle.

Les conséquences sont visibles avec l’intensification de la concurrence étrangère sur le marché de l’armement. Les fabricants américains du secteur sont de plus en plus vulnérables dans des secteurs où ils étaient en tête, notamment les systèmes aériens sans pilote, la surveillance, la reconnaissance et le renseignement, les missiles et les satellites, tandis que des concurrents moins chers remportent des parts de marché. En 2013, les exportations russes dans le secteur de l’armement ont dépassé de plus de 2 milliards de dollars celles des USA.

En novembre, le ministre américain de la Défense, Chuck Hagel, a annoncé une nouvelle initiative destinée à «maintenir et à consolider l’avance militaire américaine au 21° siècle». En une période de restriction budgétaire et de nouveaux défis stratégiques, il a insisté sur le rôle crucial de l’innovation : «La pression budgétaire prolongée va sans doute nous empêcher de répondre efficacement à des défis militaires à long terme en augmentant le volume de nos forces ou tout simplement en consacrant un budget beaucoup plus important que nos adversaires potentiels aux systèmes de défense existant. Aussi, pour conserver notre supériorité militaire, nous devons changer notre manière d’innover, de fonctionner et de faire du commerce.»

Neuf jours plus tard, il donnait sa démission qui prendra effet dès que le Sénat aura confirmé la nomination de son successeur. Restaurer la capacité d’innovation et de production des USA en matière de défense leur permettrait de conserver leur avancée technologique et commerciale. Malheureusement, le successeur d’Hagel va probablement découvrir que dans une période de restriction budgétaire et de coupes automatiques dans les dépenses, la stratégie d’innovation généralisée à laquelle appelait Hagel est impossible à appliquer.

Traduit de l’anglais par Patrice Horovitz

* un associé du Difference Group. Il a été directeur de recherche des activités internationales à l’Institut de l’Inde, de la Chine et de l’Amérique aux États-Unis , chercheur invité à l’Institut des études internationales de Shanghai (SIIS) et au centre de l’Union européenne à Singapour.