dimanche 27 novembre 2016

TIC: Des solutions technologiques offertes à 4.000 entreprises

TIC: Des solutions technologiques offertes à 4.000 entreprises
par M. Aziza

  Des grandes entreprises, dans le domaine informatique, des développeurs de plates-formes numériques, ainsi que d'autres intervenants, ont décidé de soutenir, pas moins de 4.000 nouvelles entreprises, dans les TIC. Un soutien qui s'est traduit par le lancement, hier, du premier évènement appelé ‘ONE-TIC 2016' qui a pour objectif d'orientation des nouvelles entreprises vers les TICS.

Les entreprises ‘EGC Informatique' et ‘Alphorm' organisatrices de l'évènement, parrainé par la ministre des MPTIC, Houda Imane Feraoun, comptent offrir, gratuitement, avec le soutien des entreprises contributrices «4.000 Packages Managements» à 4.000 jeunes entreprises, pour promouvoir les Technologies de l'information et de la communication.

Le ‘package management' comprend un ensemble de logiciels et d'outils modernes de gestion, permettant la couverture totale des besoins d'une entreprise. Ces solutions sont conçues non seulement, pour répondre aux besoins opérationnels des entreprises, de toute taille et de tout secteur d'activité, mais aussi pour les aider à mieux fonctionner. Le package aidera les entreprises à lutter contre la complexité, à générer de nouvelles opportunités d'innovation et de croissance, et à renforcer la compétitivité. Les initiateurs de cet évènement ont précisé, hier, lors d'une conférence de presse, que ce ‘pack de management' d'une valeur de 2.000.000 de DA, sera offert, gratuitement, aux 4.000 premières entreprises inscrites sur le site www.one-tic.dz. Les entreprises concernées sont des entreprises ayant moins de 3 ans d'âge. L'enjeu est de les orienter vers les nouvelles technologies de l'information pour améliorer leur productivité et contribuer à la relance de l'Economie algérienne.

Le représentant du centre de Recherche sur l'information scientifique et technique (CERIST), Amine Bouaid, a affirmé que ‘ONE-TIC' est une très bonne initiative pour les entreprises qui veulent augmenter leur productivité, leur efficacité et leur marge de profit. Et ce, précise-t-il, afin de rester compétitives et s'inscriront dans la perspective du numérique par l'avènement de l'e-paiement et de la 4G. Il a affirmé que le ‘CERIST' contribuera, efficacement, dans cette opération, en accélérant l'hébergement des 4.000 nouvelles entreprises dans le domaine.dz.

Les initiateurs de ‘ONE–TIC' ont exprimé leur satisfaction quant à la contribution de différents partis, dans cet évènement. GISCO, Emploi Tic, CERIST, VEGORE, Dz Tenders, ALC, pour composer un Pack, le FCE, l'ANSEJ et la Chambre nationale des commissaires aux Comptes par le biais de son conseil national. Ces contributeurs vont offrir gratuitement, 178 formations en ligne, des hébergements de sites Web, des plates-formes numériques des marchés publics, des formations ‘Anglais Business'. Ils vont mettre à la disposition de ces entreprises en TIC, des systèmes de gestion intégrée ainsi que d'autres services, si nécessaires pour l'épanouissement des nouvelles entreprises. Les organisateurs de l'évènement ont précisé que les 4.000 premières entreprises inscrites sur le site auront le ‘package managements', le 13 et 14 décembre 2016, au Palais de la Culture ‘Moufdi Zakaria'. 

Dr Rachid Benaïssa, ancien ministre de l'Agriculture, au «Le Quotidien d'Oran»: Des personnes avaient préparé la vente de terres agricoles à d'anciens colons

Dr Rachid Benaïssa, ancien ministre de l'Agriculture, au «Le Quotidien d'Oran»: Des personnes avaient préparé la vente de terres agricoles à d'anciens colons
par Interview Réalisée Par Ghania Oukazi

Une sur-politisation du secteur, des décisions qui ont cassé l'acte agricole et autres tentatives d'enfoncer le secteur dans ses dérives ou alors de prévoir vendre des terres à… d'anciens colons. L'ancien ministre de l'Agriculture et du Développement rural ne contredit pas ces réalités. Mais il reste convaincu que les jalons pour une agriculture performante ont été mis en place dès 2000. Dr Rachid Benaissa défriche dans cette interview le secteur dans toutes ses traverses.

Le Quotidien d'Oran : la dernière réunion gouvernement-walis a mis en exergue l'impératif besoin de la décentralisation et de la démocratie participative ; besoin qui, selon des experts, s'accommode largement de l'esprit du renouveau agricole et rural, une politique que vous avez commencé à mettre en œuvre quand vous étiez ministre de l'Agriculture et du Développement rural. Pourriez-vous nous situer les points de jonction entre les deux visions, la vôtre et celle du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales ?

Rachid Benaissa : à la lecture des différentes recommandations des ateliers de cette réunion, j'ai retrouvé certains principes de base qu'on avait essayé de construire et d'implémenter dans le contexte de la mise en œuvre de la politique du renouveau agricole et rural. Je pense à la politique participative, la démocratie locale, la construction de projets de bas en haut impliquant les populations et, bien sûr, la construction de la déconcentration et de la décentralisation par la recherche permanente d'une cohérence et d'un équilibre entre la vision et les décisions centrales et wilayales, et les aspirations locales et sub-locales. Dans le renouveau agricole et rural, il faut se rappeler que dès l'année 2000, le président de la République avait annoncé que le développement de l'agriculture et du monde rural sont intimement liés et les projets de développement y afférents devaient être construits sur les trois principes de base, à savoir la rentabilité économique, l'acceptabilité sociale et la durabilité écologique. Dès lors, nous nous sommes attelés à construire sur ces trois fondements une politique cohérente en réponse à la situation difficile que vivait le monde rural à la sortie de la décennie difficile des années 90 et nous avons développé des outils qui permettent d'apporter une réponse adaptée aux multiples situations et au développement durable. Ces mêmes principes, je les ai retrouvés dans les comptes rendus de la réunion gouvernement-walis d'il y a quelques jours. La déconcentration et la décentralisation recherchées doivent être édifiées. C'est une construction, c'est un objectif qui ne peut se concrétiser et évoluer que s'il est partagé avec l'ensemble des acteurs.

Q.O. : les aménagistes estiment que le gouvernement applique une politique de déconcentration par les effets des découpages territoriaux mais n'a pas encore réussi la décentralisation. La politique du renouveau agricole rural se décline-t-elle de la même façon ?

R.B. : on déconcentre un pouvoir de décision, mais quand on décentralise, on construit un pouvoir à partir de la base et avec les acteurs qui sont sur le terrain. Dans l'histoire des politiques de développement, les aménagistes ont toujours essayé de trouver un équilibre entre ces deux notions, entre ce que les dirigeants du pays pensent utile et stratégique pour la sécurité et la prospérité de la nation et les intérêts ou les besoins plus ponctuels exprimés par des communautés ou des individus à la base. Trouver cet équilibre est justement l'art de la gouvernance des territoires. C'est ce que nous avons essayé de mettre en œuvre dans le renouveau agricole et rural. Une décision de décentralisation n'est pas une décision sans effets, ses impacts diffèrent de territoire en territoire, certains sont dynamiques parce que les populations sont informées et structurées, donc capables d'imprimer une dynamique. D'autres ne le sont pas et font face à des handicaps multiples, géographiques, historiques et autres…et restent à la traîne même si les décisions les concernant sont de même nature. Ce qui pourrait paradoxalement créer des inégalités et des déséquilibres au nom de la recherche de l'égalité et des équilibres. Une connaissance précise des territoires est donc nécessaire au préalable, appuyée et soutenue par un effort d'écoute par les élus et les responsables administratifs. C'est l'objet du SNADDR (Système national d'aide à la décision pour le développement rural) qui doit permettre à toutes les autorités à tous les niveaux de la hiérarchie (APC, daïra, wilaya, ministère…) de disposer de cet outil très utile pour l'exercice de leurs prérogatives.

Q.O. : pourtant, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales affirme qu'il n'y a pas de communes pauvres, donc où se situe la différence ?

R.B. : nous, nous disions cela autrement. Il n'y a pas de territoires sans avenir, il n'y a que des territoires sans projets. Ce qui signifie que chaque territoire a des potentialités, des capacités et des atouts de différentes natures, agricole, industrielle, minière, touristique, culturelle… C'est ce qu'il faut mettre en évidence. Il faut aller construire des projets de bas en haut et, pour qu'ils soient durables, il faut les construire avec les personnes qui sont sur place, les intégrer et prendre son temps pour que les idées et leur transformation en projets de développement évoluent dans un ensemble cohérent. C'est l'intérêt de la démarche qui, même à travers des petites réalisations, une fois engagée, crée de l'engouement et fait que les populations s'y intéressent, se stabilisent et cherchent à se développer. Cette démarche participative est une recherche permanente pour valoriser les atouts de chaque territoire et aussi pour lutter contre les disparités qui peuvent exister et que l'histoire a créée. C'est la réconciliation des populations avec leurs territoires, leur histoire et leur avenir. C'est aussi le lieu d'expression de la coordination à la base entre les dispositifs développés par les différents secteurs. C'est là tout le sens qu'on a donné aux PPDRI (projets de proximité de développement rural intégré.)

Q.O. : est-ce que le renouveau agricole et rural a été décidé par le ministère de l'Agriculture ou alors ce sont les populations qui ont initié et présenté des projets ?

R.B. : les deux à la fois confortés et soutenus par une vision développée par Monsieur le Président de la République lui même. Pour initier et réaliser des projets, il fallait mettre en place les mécanismes qui permettent d'allier l'expression des besoins et des intérêts des populations rurales et les objectifs de sécurisation des territoires et de progrès définis grâce aux connaissances que capitalisent les autorités à différents niveaux. La construction des conditions de renouveau a été initiée dès les années 2000 sur orientation du président de la République dans la continuité des actions de résistance et d'urgence menées dans les années 90 durant lesquelles nous avions vécu des situations très difficiles. Un exode rural de grande ampleur a eu lieu en raison de la détérioration de la situation sécuritaire. Il fallait alors en atténuer quelque peu les effets et préparer les territoires à un développement plus durable. Il y avait également un autre aspect lié à des considérations historiques qui consistait en une perception réductrice du rural. Le rural était synonyme de misère, d'arriération, d'insécurité…Il était subsidiaire à quelque chose. Il n'était pas perçu comme centre d'intérêt et d'avenir, en tant que potentialités à découvrir et à valoriser. Pour beaucoup, le développement du rural était perçu seulement comme une dette à payer envers ce monde qui a participé et tant sacrifié pour l'obtention de l'indépendance du pays. Pendant la colonisation, le rural était synonyme de pauvreté, de misère et de vie difficile. Les deux tiers des Algériens étaient loin des centres urbains et la majorité était dans une situation de précarité. A l'indépendance, ils voulaient s'en sortir. Mais beaucoup ont gardé dans leur mémoire que le développement est ailleurs, il est dans les lumières de la ville. Par le renouveau, nous voulions changer cette perception et donner au rural une autre signification. Aujourd'hui, seize années après le lancement des premières actions de renouveau, la perception de ce monde, aidée par la facilité de déplacement, par le progrès dans les infrastructures et la communication a fortement évolué, et je pense en mieux.

Q.O. : le développement d'un pays comme l'Algérie devrait-il commencer par le renouveau agricole ou par l'industrialisation ?

R.B. : historiquement, dans presque tous les pays développés, on a commencé par développer et industrialiser l'agriculture, c'est-à-dire créer les conditions, les capacités à fabriquer les moyens qui permettent une facilitation du travail, la reproduction industrielle d'un produit, d'un intrant ou d'une démarche ou méthode à même de valoriser les produits, de les stocker et de les commercialiser de plus en plus loin de leur lieu de production. L'agriculture et son développement ont donc existé bien avant l'industrie.

Q.O. : si la nature a doté l'Algérie de grands atouts agricoles, pourquoi le développement de l'agriculture est-il toujours en débat, à la recherche de vision appropriée ?

R.B. : c'est un problème plus profond qu'il ne paraît. Il faut rappeler que la colonisation a tout fait pour qu'il n'y ait pas de paysan algérien, ceci par différentes actions, par la dépossession, le cantonnement…Ce qui fait que beaucoup de paysans se sont convertis malgré eux en ouvriers agricoles chez les colons. Certains éleveurs et de rares familles y ont échappé mais tous les autres travaillaient pour les riches colons. A l'indépendance, on s'est retrouvé avec cette situation. Il y a eu alors des tentatives de recomposition de la profession, par exemple par l'autogestion puis par la révolution agraire…Mais on était loin de l'esprit d'accumulation qui caractérise une bonne exploitation agricole.

Q.O. : la révolution agraire a-t-elle été le bon choix ?

R.B. : du côté social oui, mais du point de vue économique, il y a eu des erreurs. Même les principes annoncés au milieu des années 70 d'autonomisation des acteurs et de la gestion des domaines socialistes n'ont pas été mis en place.

Q.O. : où se sont situées les erreurs ?

R.B. : les connaisseurs disent qu'aucune action dans l'agriculture ne peut être viable que si elle prend en compte l'instinct possessif de l'agriculteur. Dès le moment où on coupe ce lien, on l'ignore ou on l'interdit, on s'éloigne de la volonté de travailler, de s'investir et d'investir. C'est cette dimension qu'il fallait faire renaître. La collectivisation à outrance a fait beaucoup de dégâts. Les pays qui ont pu réussir ce mode de gestion ont maintenu à côté du travail en commun ou en coopérative la possibilité à l'individu engagé de bénéficier pour ses propres activités, en contrepartie, de la force du collectif. C'est la jonction entre l'intérêt général et l'intérêt individuel. Ce sont les notions d'efforts individuels, d'ouverture pour le progrès mais aussi d'entraide, de coopération, d'interprofession…. Malheureusement, ces notions et ces principes, toujours valables, ont été galvaudés et vidés de leurs sens et ces dérives persistent encore jusqu'à aujourd'hui. Certains individus, sous des formes diverses, maintiennent les quiproquos et combattent toute volonté ou tentative de libéralisation des initiatives individuelles ou collectives dans la transparence et le respect des règles élémentaires du progrès. Ils ont l'art de faire référence à des concepts et à des principes qu'ils transgressent sans retenue pour souvent maintenir ou sauvegarder un pouvoir illusoire.

Q.O. : ces individus agissent-ils dans la sphère politique ou dans celle de la profession ?

R.B : plutôt dans les sphères professionnelles mais souvent tolérés ou parfois soutenus contre toute logique par des politiques.

Q.O. : comment fallait-il agir alors pour les empêcher de bloquer ces processus de changement ?

R.B. : à l'indépendance, le pays n'avait pas de moyens. Il y a eu des réactions instinctives comme l'autogestion. Ce système devait permettre aux ouvriers agricoles des domaines des colons d'essayer de maintenir l'activité après le départ de ces derniers sans grande capacités de gestion ni de moyens. Ensuite, l'autogestion avait évolué en une gestion des domaines de type socialiste, c'est-à-dire collective. Il y avait en même temps une grande ambition de transformer le monde rural à travers la révolution agraire et le projet de la création de mille villages. C'était une nouvelle armature rurale qu'il fallait mettre en place au profit des populations déshéritées. A ce moment-là, on ne pensait pas production mais bien-être social.

Q.O. : c'est ce qui a cassé l'acte agricole ?

R.B. : on a commencé les importations de produits agricoles dans les années 70. Il y avait une volonté de produire mais la dimension politique et de justice sociale avait pris le pas sur la dimension économique.

Q.O. : la création des exploitations agricoles collectives et individuelles (EAC-EAI) a-t-elle permis de corriger ces erreurs d'approche ?

R.B. : huit années après l'abandon de la révolution agraire et plusieurs tentatives de restructuration des domaines agricoles socialistes et dans le contexte de la crise de 1986 (chute des prix du pétrole), l'Etat a décidé de se désengager de la gestion des domaines agricoles et a fait promulguer la loi 87/19 qui se voulait une sorte de privatisation dans un contexte non préparé et un environnement des plus confus et des plus difficiles. En une année et souvent dans la précipitation, on est passé de 3.000 domaines à plus de 90.000 exploitations agricoles collectives et individuelles.

En 1990 fut promulguée la loi d'orientation foncière qui permit la restitution des terres nationalisées dans le cadre de la révolution agraire. Au même moment, les coopératives d'encadrement et de services étaient soit dissoutes, soit restructurées dans un sens de privatisation.

Un grand sentiment de désarroi s'est installé dans le secteur du fait que ces grandes réformes qui avaient bouleversé les rapports sociaux et politiques, aient été à tort ou à raison préparés presque dans la confidentialité et mis en œuvre sans grande explication. Même les privés bénéficiaires n'y croyaient pas trop du fait qu'ils ont dû affronter un environnement déstructuré, voire hostile. C'est pourquoi en 1991 et 1992 fut organisée la Consultation nationale sur l'agriculture pour diagnostiquer la situation et tracer quelques perspectives. Les résultats furent présentés en mai 92 au cours d'une rencontre ayant regroupé plus de 1.500 personnes représentantes des différents sous-secteurs et différentes régions du pays.

Cette rencontre fut présidée par le président Mohamed Boudiaf. C'est ainsi que les premières bases de la nouvelle politique post-révolution agraire furent adoptées. Toutefois, des questions importantes sont restées sans réponses comme celles ayant trait au choix du mode de gestion du foncier agricole, au mode de financement et à l'organisation agricole et agro-industrielle.

Q.O. : les EAC-EAI ont ouvert la voie à toutes sortes de spéculations -au sens malversations du terme- par leur location à des tiers, leur vente même, leur délaissement ou leur conversion en bâtis. A qui incombe la responsabilité d'un tel gâchis dans le secteur ?

R.B. : une législation et une réglementation insuffisantes et incomplètes, une situation sécuritaire difficile, une administration cloisonnée. Certaines personnes, y compris au sein des organisations professionnelles censées défendre les intérêts des agriculteurs, ont profité d'un tel état de faits et ont été à l'origine de la situation que vous décrivez.

Q.O. : à la fin des années 90, le gouvernement avait déposé un projet de loi de vente des terres agricoles publiques. Qu'est ce qui a fait qu'il n'ait pas abouti et que la vente ait été remplacée par la concession à la fin de l'année 2000 ?

R.B. : heureusement que ce projet n'a pas abouti parce que dans le contexte politique, économique et social de l'époque, on aurait assisté à une grande dilapidation et détournement sans aucun effet sur la production agricole. En plus des questions politiques et sociales que la vente des terres publiques soulevait, certaines personnes encore, bien introduites, avaient même préparé la ventes à des étrangers, y compris à certains anciens colons. Je n'ai pas de preuves matérielles mais c'est ce qui se disait.

Il faut rappeler que l'initiative d'élaboration de ce projet de loi découlait d'une conditionnalité du FMI et était soutenue publiquement par une partie des responsables de l'UNPA (Union nationale des pays algériens).

En novembre 2000, le président de la République, Monsieur Abdelaziz Bouteflika, a, dans un discours à l'occasion de la célébration de l'anniversaire de l'UNPA, apporté des réponses aux questions qui étaient restées en suspens, à savoir la concession comme mode de gestion des terres publiques, la nécessité de développer un système de régulation et de financement adapté et aussi la protection de l'environnement et l'urgence d'accorder une attention particulière au développement du monde rural.

Q.O. : la concession en est-elle la bonne formule ?

R.B. : oui, mais il faut savoir que les projets répondant aux orientations et directives du Président n'ont été élaborés et finalisés qu'à fin 2001 début 2002, comme la loi d'orientation agricole et la loi fixant le mode de gestion des terres agricoles publiques. Leur adoption par l'APN et le Conseil d'Etat ainsi que leur promulgation n'ont eu lieu respectivement qu'en août 2008 et août 2010, c'est dire qu'il a fallu épuiser sept années de maturation et surmonter tous les obstacles pour pouvoir sécuriser les agriculteurs et leur permettre d'avoir de la visibilité et de reprendre confiance.

Aujourd'hui la fonction de production agricole est à plus de 99% de gestion privée, soit sur des terres en propriété, soit sur des terres publiques concédées. Les fermes pilotes et les terres rattachées aux organismes publics sont, elles, appelées à être gérées soit dans le cadre d'un partenariat public-privé, pour ce qui est des fermes pilotes qui sont au nombre de 170, soit par les structures publiques, économiques et administratives pour les autres terres. C'est dire aussi qu'il a fallu plus de cinquante années après l'indépendance pour disposer d'une première loi d'orientation agricole et d'une législation foncière basée sur des normes et des approches universelles qui permettent d'atténuer les effets de la sur-politisation du secteur et lui permettre de mener à bien sa mission, pour peu qu'on respecte les lois et leur esprit mais aussi les décisions présidentielles annoncées en 2009 lors de la Conférence nationale tenue à Biskra sur le Renouveau agricole et rural. Une politique qui a nécessité plus de sept années de préparation, de négociations et de participation de milliers de ruraux, d'agriculteurs et de responsables locaux et nationaux, y compris des représentants d'institutions internationales.

Q.O. : aujourd'hui, si on produit plus, on ne sait quoi faire des excédents, (cas de la tomate et de la pomme de terre). L'Etat évalue-il les besoins du pays en matière de produits agricoles ou initie-il des programmes sans aucune prévision ou anticipation sur l'évolution du marché ?

R.B. : l'activité agricole est une activité pénible et à risques multiples. Elle dépend de plusieurs facteurs économiques, écologiques et même politiques internes et externes. Si certains facteurs peuvent être maîtrisés, plusieurs autres ne peuvent l'être par le producteur agricole. C'est pour cette raison que de tout temps et dans la plupart des pays, des systèmes d'entraide, de soutiens et de régulation ont été initiés et développés au bénéfice des agriculteurs et des consommateurs et ceci dans tous les régimes qu'ils soient socialistes ou libéraux. La différence réside dans le niveau, l'ampleur et le mode d'intervention des pouvoirs publics. En 2009, suite aux mauvaises situations vécues au niveau national mais aussi à la crise financière mondiale de 2007 et 2008 qui a vu plus de 30 pays menacés dans leur existence suite aux renchérissements des prix alimentaires, plusieurs décisions ont été prises non seulement pour booster la production nationale mais aussi pour éviter les pénuries et ce par la mise en place d'un système de régulation des produits de large consommation. C'est le SYRPALAC (système de régulation des produits agricoles, du lait et des céréales) que nous avons initié pour protéger les revenus des agriculteurs en cas de surproduction et les consommateurs par la lutte contre la pénurie et la création de stocks de différents niveaux, stratégiques et ponctuels. C'est un système de coordination et de recherche permanente de compromis entre les intérêts des différents acteurs d'une filière. C'est un système dynamique où les acteurs professionnels sont primordiaux. Il ne s'accommode pas avec les comportements passifs et les injonctions autoritaires, administratives et souvent hors saison. Il est la base d'une gestion démocratique et responsable d'une filière. Il nécessite des administrateurs ouverts, dynamiques et acceptés par les différents acteurs. En clair, il est pour créer la confiance et développer la sérénité.

 Le Syrpalac a fait ses preuves en 2011 lors des difficultés connues en début d'année. Il a aussi permis à la production de pommes de terre de doubler en moins de trois années passant de 2 millions de tonnes à 4 millions en 2012. Je lis parfois dans la presse que le Syrpalac n'a pas fonctionné ou c'est à cause de lui qu'il y a pénurie. C'est tout à fait faux car, comme je viens de le dire, c'est un système de coordination et d'organisation d'intervenants. Il lui faut de bons conducteurs et leaders au niveau de la profession, des différents métiers et des différentes administrations ainsi qu'une animation quotidienne.

Q.O. : il y eut quand même en 2007 un Conseil des ministres consacré exclusivement au traitement des problèmes liés à la disponibilité de la pomme de terre et à ses prix exorbitants?

R.B. : la question avait pris de court plusieurs responsables qui peinaient à trouver une solution adaptée. C'est un accident de parcours qui a permis par la suite de tirer plusieurs enseignements à plusieurs niveaux de la profession, de l'encadrement technique et administratif mais aussi de la communication.

Q.O. : pourquoi les espaces interprofessionnels (par filière) n'ont-ils jamais réussi à faire émerger une profession organisée, performante et productrice de richesse ?

R.B. : l'espace interprofessionnel est prévu pour permettre la recherche de compromis nécessaires entre les différents acteurs d'une filière pour développer, corriger, préserver et protéger un produit ou un groupe de produit. C'est l'expression même de la démocratie participative. C'est aussi la transparence à tous les niveaux. Ces espaces ne peuvent jouer leur rôle, ô combien important, que si on croit dans les vertus du dialogue, du respect des engagements et de la nécessité de construire de la durabilité et de la confiance.

Q.O. : les agriculteurs dénoncent très souvent la sur-politisation du secteur. Ont-ils tort ou raison ?

R.B. : ils ont raison. Le secteur a souvent souffert de sur-politisation et à toutes les époques. Cette sur-politisation couplée à du populisme et à des déclarations dilatoires a souvent mis en échec les meilleures initiatives et éloigné du secteur des forces réelles de développement.

Q.O. : au-delà du ministère, une multitude d'entités, d'organismes, de structures et d'intervenants politiques et administratifs interviennent dans l'agriculture. N'est-ce pas trop pour un acte qui exige de savoir labourer, semer, cultiver et vendre ?

R.B. : vous venez de citer plusieurs fonctions essentielles. Il faut créer les espaces nécessaires pour coordonner entre elles et impulser des synergies positives dans la transparence, au profit des multiples acteurs de la profession et des consommateurs. Le problème n'est pas dans le nombre des structures et de leurs natures mais dans la capacité de créer des synergies, de respecter les missions et les responsabilités de chacun et de toujours laisser la porte ouverte aux nouveaux intervenants et autres jeunes. C'est aussi la capacité d'arbitrer juste et dans les temps tenant compte souvent des délais et des cycles biologiques. C'est dire toute la crédibilité que requiert cette mission dévolue aussi bien aux professionnels eux-mêmes qu'aux pouvoirs administratifs et politiques.

Q.O. : est-il normal que le ministère décide du choix des cultures pour plusieurs régions sans la consultation des agriculteurs?

R.B. : Non, bien sûr ! Depuis les années 90, les décrets de campagne ont été abandonnés. Aujourd'hui, c'est l'agriculteur qui décide de son plan de production. Les services techniques l'orientent par la diffusion des connaissances et des études dont ils disposent pour la région et l'aident afin qu'il en tire le meilleur de ses terres dans le respect du triptyque économiquement rentable, écologiquement durable et socialement acceptable. C'est aussi l'une des principales missions des chambres d'agriculture et du système de vulgarisation agricole. Les dispositifs de soutien sont élaborés de manière à favoriser certaines productions comme les céréales ou le lait ou encore des méthodes d'irrigation…Souvent, l'agriculteur tient compte aussi des habitudes et de l'historique de la zone où il se trouve. En précisant ces données, je mets en exergue toutes les difficultés que doit affronter l'agriculteur et c'est pour cette raison qu'il mérite non seulement tout le respect et devrait bénéficier de toute la solidarité de la nation mais aussi de l'entraide de ses pairs et des professions apparentées. Ceci n'est pas propre à notre pays. Les systèmes d'entraide, de mutualisme, de chambres d'agriculture et de syndicalisme sont nécessaires pour un développement harmonieux et durable de notre agriculture et de notre monde rural. Le programme de renforcement des capacités humaines et d'assistance technique (PRCHAT) initié en 2011, devrait dans ce sens être bénéfique aux agriculteurs tout autant qu'aux éleveurs.

Q.O. : quel rôle joue l'UNPA dans le secteur ?

R.B. : l'UNPA a été créée dans le sillage de la révolution agraire. C'était une organisation de masse jusqu'en 1997 quand son congrès a décidé de se mettre en conformité avec la loi de 1990 et choisi d'ériger l'organisation en syndicat. De qui ? Des travailleurs de la terre, des propriétaires terriens, des concessionnaires, des fonctionnaires du secteur, je ne sais pas. Il est vrai que lorsque j'écoute le responsable de l'UNPA s'exprimer, je n'arrive ni à le situer ni à comprendre de quoi et de qui il est responsable. Pour ma part, j'ai toujours milité pour l'émergence d'un syndicat fort et clair dans ses missions et attributions, dans ses relations avec les autres organisations professionnelles et avec l'administration sans mélange de genres qui ne peut que compliquer les situations et retarder le développement et la modernisation du secteur qui a été pourtant le premier à engager les réformes ou à les subir, c'est selon chaque époque.

Q.O. : l'Etat a consenti beaucoup d'aides financières aux agriculteurs mais il s'est vu obligé de ré-échelonner leurs dettes. Pourquoi les agriculteurs s'endettent-ils ?

R.B. : notre Etat, comme beaucoup d'autres dans le monde, soutient son agriculture compte tenu de sa mission économique, écologique et sociale mais aussi des aléas climatiques, des calamités naturelles, des handicaps physiques et également pour développer les productions agricoles stratégiques et atténuer les effets des fluctuations des prix et des concurrences extérieures souvent déloyales. Les formes de soutien sont multiples.

Q.O. : les prix des produits agricoles restent très élevés par rapport au pouvoir d'achat des ménages même lorsqu'il y a abondance. Quelle en est la cause ?

R.B. : c'est une perception toute relative et conjoncturelle. La solution durable réside dans le renforcement et la maîtrise du Syrpalac par tous les acteurs des différentes filières. Les excitations et les accusations impersonnelles et conjoncturelles et surtout publiques ne règlent aucun problème, elles ajoutent à la confusion, à l'instabilité et à la perte de confiance, situation favorable à tous les excès.

Q.O. : le prix de la viande reste aussi très élevé. De par votre formation de vétérinaire, vous devez bien connaître l'état et l'importance des cheptels du pays ?

R.B. : la demande sur la viande rouge ne cesse d'augmenter. Elle aurait triplée par personne selon certaines évaluations qui restent à confirmer. Même si le cheptel ovin a pratiquement lui aussi triplé depuis les années 70, la population humaine est passée de 10 à 40 millions. C'est dire tout l'effort qui reste à poursuivre pour soutenir les éleveurs afin qu'ils puissent préserver l'excellente qualité et améliorer leurs productions. Nous avons la chance de disposer d'excellents professionnels qu'il s'agit d'écouter, de soutenir et de protéger. Quand aux prix de la viande, il est à remarquer qu'ils avoisinent ces dernières années le niveau de ceux des pays voisins alors qu'il était plus bas. L'effort devrait également toucher la sphère des élevages bovins. On enregistre plusieurs intentions d'investissement dans ce créneau. Concernant les viandes blanches, c'est une question de maîtrise du système de régulation initié en 2010 connu sous l'appellation «la triangulaire».

Q.O. : la relation entre mandataires, marchés de gros et détaillants pèse-t-elle dans l'affolement de la mercuriale ?

R.B. : en partie, oui. Des professions -comme celle de mandataire- ont soit disparues, soit perdu de leurs prérogatives au gré des politiques souvent extra-professionnelles. Or, c'est ce genre de métier, entre autres, qui est utile pour la régulation des fruits et légumes. Un marché peut difficilement fonctionner sans ces métiers. Parce qu'un marché, c'est d'abord des activités commerciales, ce ne sont pas des murs seulement. Il est utile parfois de rappeler des évidences.

Q.O. : en fin de compte, le renouveau agricole et rural avec toutes ses déclinaisons, n'a pas révolutionné l'agriculture et le monde rural en général. Est-ce la faute au politique ou à la profession ?

R.B. : c'est le renouveau qui a été recherché, pas la révolution. Le secteur a trop souffert des décisions inattendues et révolutionnaires. On a capitalisé sur les expériences passées et souvent vécues, sur les succès et sur les échecs et on a abouti en 2009 à la conception finale, à l'adoption et au partage d'une politique cohérente qui a pris en compte dans ses perspectives les probables réductions des recettes du pays puisqu'on voulait autonomiser l'agriculture et son développement des recettes des hydrocarbures et ce dès le début de l'initiation de la politique du renouveau. L'agriculture a connu entre 2009 et 2013 un taux de croissance moyen annuel de13,7%. L'agriculture a produit en chiffres réels en 2012 près de 30 milliards de dollars alors que la collectivité nationale ne lui octroie annuellement qu'autour de 3 milliards de dollars. L'agriculture emploie près de 20% des actifs et représente presque 10% du pib, et ce sans comptabiliser ses rôles dans l'occupation des territoires, dans leur sécurité et bien d'autres rôles écologiques, culturels et sociaux. En 2013, des experts et des observateurs internationaux affirmaient que le secteur se caractérisait par le dynamisme et la sérénité, qu'il est doté d'une visibilité jusqu'à au moins l'année 2020, et aussi d'outils légaux et réglementaires à consolider. Ces chiffres et ces appréciations positifs ne veulent en aucun cas dire que la bataille pour la sécurité alimentaire est gagnée comme l'avancent et l'affirment sournoisement certains détracteurs de la dynamique. Ces données expriment tout simplement que le renouveau agricole et rural et la modernisation du secteur sont possibles et que par le travail, nos éleveurs, nos agriculteurs, nos industriels et même nos techniciens et nos jeunes sont capables de relever les défis. 

Interview Réalisée Par Ghania Oukazi





mercredi 16 septembre 2015

La règle des 49/51% : des solutions pour l'investisseur étranger en Algérie par Grégory Panosyan Et Fayçal Megherbi, Avocats Au Barreau De Paris

La règle des 49/51% : des solutions pour l'investisseur étranger en Algérie
par Grégory Panosyan Et Fayçal Megherbi, Avocats Au Barreau De Paris


Mise en œuvre dans le cadre des lois de finances complémentaires pour 2009 et 2010 complétant l'ordonnance n°01-03 du 20 août 2001 relative au développement de l'investissement, la règle dite des 49/51 dispose à l'article 4 bis de l'ordonnance que «les investissements étrangers ne peuvent être réalisés que dans le cadre d'un partenariat dont l'actionnariat national résident représente au moins 51% du capital social. Par actionnariat national, il peut être entendu l'addition de plusieurs partenaires».

Edictée afin de limiter les sorties de devises de l'Algérie, alors que le prix des hydrocarbures diminuait en 2009 de plus de 30%, cette règle constitue un moyen de collaboration imposée entre investisseurs étrangers et sociétés nationales.

Elle n'est au demeurant pas nouvelle en droit du commerce international puisque de nombreux Etats l'ont déjà mise en œuvre, comme par exemple le Brésil en matière d'exploitation pétrolière et de télécommunications, l'Inde ou la Corée du Sud jusqu'en 1998 (législation dite du FIPA). Cette règle oblige l'investisseur étranger à négocier et agir de concert avec un partenaire local dans le cadre d'accords de coopération, c'est-à-dire le plus souvent en pratique dans le cadre de contrat de joint-ventures.

Association de caractère contractuel, à objet limité, comportant la mise en commun de moyens et de risques et un égal accès des participants à la prise de décision (L.O. Baptasta, P. Durand-Barthez, Les joint-ventures dans le commerce international, Bruylant, 2012, p.73), la joint-venture d'investissement permet, malgré la contrainte apparente des 49/51%, d'assurer un accès au marché du pays qu'un investisseur seul aurait été incapable d'effectuer. Ce partenariat négocié peut, en outre, s'inscrire pour l'investisseur dans le cadre d'une stratégie mondiale de délocalisation ou d'outsourcing qui lui est profitable.

C'est le cas pour beaucoup d'entreprises étrangères en Algérie, chinoises ou françaises. Comme l'a ainsi rappelé le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdesselem Bouchouareb, «le marché algérien est une vraie opportunité tant par sa taille, son dynamisme et coûts de facteurs que par l'ouverture qu'il offre sur les marchés de la région ». La règle des 49/51% peut s'avérer dans cette perspective profitable. Pourtant, il arrive que ce cadre réglementaire imposant une participation minoritaire de l'investisseur étranger freine celui-ci. La perte des processus décisionnels, notamment de la stratégie d'entreprise, peut en effet freiner l'engouement de la société investisseuse.

Le droit du commerce international et la technique contractuelle offrent néanmoins des solutions à l'investisseur minoritaire, et ce en conformité avec le droit du pays et les exigences réglementaires. En effet, à défaut de garder la propriété de la société (ownership) comme l'exige la règle des 49/51%, l'investisseur peut garder le contrôle de celle-ci. En effet, la propriété de la société n'est pas le contrôle de celle-ci. Comme le rappelle une doctrine autorisée : «Dans la société classique, la plupart des législations autorisent divers procédés -parts de fondateurs, actions à votes multiples, actions privilégiées ou à droits limités, voting trust- permettant de dissocier la propriété des actions de l'exercice du pouvoir», (L.O. Baptista, P. Durand-Barthez, op. cit., p. 111).

De la même façon, le co-venturer minoritaire peut se voir octroyer – il peut le négocier – le droit de nommer les dirigeants de la société commune de sorte qu'à nouveau, la désignation des organes de direction permet au partenaire étranger, avec le support compétent, de fixer de manière non exclusive les stratégies commerciales, financières et comptables de la joint-venture. Outre ces moyens de contrôle internes stipulés dans le contrat de joint-venture, il existe également des moyens de contrôle externes pour protéger l'investisseur minoritaire. Il s'agit notamment des contrats dits d'application. Ces contrats, parfois plus importants que le contrat de joint-venture lui-même, assurent l'application de la joint-venture et permettent d'orienter le contrôle de la société et son activité commerciale et financière.

On peut ainsi penser dans les projets de construction qui prennent souvent la forme d'une joint-venture, au poids du prêteur à qui la société commune va gager des parts de la société, ce qui rejaillit in fine sur le contrôle de celle-ci.

On peut également envisager les contrats d'approvisionnement exclusifs conclus par la joint-venture avec une filiale du partenaire minoritaire ou le minoritaire lui-même, ce qui, bien sûr, influe sur les choix commerciaux et financiers de la société. Il en est ainsi également des contrats de transfert de technologie conclus avec le co-venturer minoritaire qui permettent, malgré la règle des 49/51%, d'influer sur les choix technologiques et commerciaux de la société. 

Changement à la tête du DRS : Les interrogations de Benflis par M. Aziza

Changement à la tête du DRS : Les interrogations de Benflis
par M. Aziza
Le départ du premier responsable du DRS, le général Mohamed Mediene, dit Toufik, permettra-t-il, au paysage politique d'entrer dans une ère nouvelle ? Veut-on instituer, véritablement, un «Etat civil» ou prépare-t-on le départ du président ? Le président du parti Talaie El Hourriyet, récemment agréé, M. Ali Benflis a affirmé, hier, lors d'une conférence de presse, qu'il ne connaît pas les véritables raisons ou les dessous des derniers changements opérés dans les rangs de l'Armée et dans bien d'autres institutions de l'Etat. Il avoue qu'il ne connaît pas les secrets de l'Etat, par le fait qu'il est dans l'opposition, depuis mai 2003. «Nous n'avons pas les moyens pour faire un commentaire sur le sujet». Il estime que ces changements ont été opérés dans «une Algérie anormale» et «dans des circonstances de vacance du pouvoir». Et de poursuivre : «on ne sait pas qui a pris cette décision, du moment que le président est toujours malade». Et d'enchaîner : « il faut admettre que le président ne s'est pas adressé au peuple, depuis 2012». Avant de fermer la parenthèse, il s'interroge : «qui gouverne ce pays ?», en affirmant qu'il ne connaît pas l'identité de celui qui a décidé ces changements à la tête de cette institution, pour pouvoir analyser les données.

Benflis s'est montré, tout de même sceptique, à l'idée de croire que le système en place veut instituer un «véritable Etat civil». Pour Ali Benflis, le changement ne peut être opéré que par la construction d'un Etat démocratique, que par des élections libres et démocratiques. Il s'est interrogé comment peut-on parler d'Etat civil, sans qu'il y ait un contre-pouvoir. «Comment passer à un véritable Etat civil et de droit sans un consensus politique et sans entendre la voix du peuple ?»

Ali Benflis dit craindre, à travers ces changements, d'impliquer l'Armée nationale dans des surenchères politiques, ce qui s'avèrerait très dangereux et menacerait la stabilité de notre pays. Si Ali Benflis n'est pas catégorique dans ses réponses, par rapport aux changements opérés dans le corps des Services de renseignements, il a confirmé que sur le plan économique, l'Algérie est bel et bien, face à une crise sérieuse. Il dira que ce n'est pas l'opposition qui a inventé cette crise, mais c'est, bel et bien, les chiffres qui parlent d'eux-mêmes.

Contrairement, aux assurances du Premier ministre Abdelmalek Sellal, Ali Benflis évoque une véritable crise, sur le plan financier et économique. «C'est faux, le volume des importations n'est pas seulement de 60 milliards de dollars, on frôle la barre des 80 à 90 milliards de dollars, si on prend en compte les factures des services et des importations spécifiques qui existent» a-t-il alerté. Et de signaler que toutes les mesures prises dans la dernière loi de finance complémentaire, ne peuvent assurer la récupération que de 250 à 350 milliards de DA, alors que le déficit est de plus de 2.600 milliards de dinars, soit 26 milliards de dollars.

Pour Benflis, le système en place qui a dépensé, en 12 ans, 800 milliards de dollars, sans pourvoir diversifier son économie, n'a pas le courage politique pour affronter cette crise. Le système en place a adopté la politique de «ni, ni» autrement dit «ni économie nationale, ni libérale». Une politique qui peut s'avérer désastreuse pour l'avenir du pays, selon le président du parti Talaie El Hourriyet. 

Plein de vide par El-Guellil

Plein de vide
par El-Guellil
Dur, dur, vous expliquent les gens ! Ils n'arrivent plus à joindre les deux bouts. Ah, si vous saviez… ! Et voici le ballet des conversations quotidiennes de nombreuses personnes. Ces gens qui, à peine « le bonjour échangé » commencent à se plaindre de ne pas avoir assez pour vivre en ces temps difficiles. Une image indécente vient immédiatement nuancer ces plaintes ; l'image de la rue et de ses commerces pleins de clients. Ceux-là mêmes qui n'ont pas. Tout le monde se plaint et pourtant tout est plein. On dirait que les gens ont leur travail dans la rue tellement elle grouille d'hommes et de femmes et ce, à n'importe quelle heure de la journée.

Partout, c'est plein de monde. Les hôpitaux sont pleins. Les hôtels sont remplis. Les mairies sont saturées de citoyens. Les banques sont envahies de clients. Les bus transportent tellement de voyageurs qu'ils passent leur temps à passer et repasser, plusieurs fois, pour plusieurs tours. Le tourbillon des gens est incessant. Quelle compassion pouvons-nous avoir face à ces contradictions : les personnes qui se plaignent déversent leurs richesses dès qu'elles en ont l'occasion – cette pratique prend son sens lors de cérémonies familiales et sous le nez de leurs convives, on étale toutes ses plaintes enrobées de trop de nourriture, trop de fastes… trop de dépenses. A ces plaintes, trop souvent entendues, nous devrions dresser des contraventions lorsqu'elles ne sont pas avérées. C'est presque un délit au fond de déclarer « plainte » lorsque rien ne le justifie, sauf le plaisir de mentir ou de se faire plaindre. Des représailles pour ces bouffeurs d'énergie qui passent leur temps à vous convaincre qu'ils sont à plaindre. Déposez plainte car ces harceleurs ne s'arrêtent, jamais, de se plaindre.

Qui a fait ces dirigeants que les défenseurs du DRS fustigent ?

Qui a fait ces dirigeants que les défenseurs du DRS fustigent ?
par Kharroubi Habib
Refusant de considérer que la restructuration du DRS et la mise à la retraite de son tout-puissant et redouté chef, le désormais général à la retraite Mohamed Mediene, ont été dans l'ordre des choses et une nécessité imposée par les évolutions au plan national et international, ceux qui ont appartenu à cette institution ou en ont été à un titre ou à un autre les «obligés» s'adonnent sans retenue au dénigrement de l'opération qui l'a affecté et des responsables qui l'ont opérée. Ils mènent leur campagnes à coups de rumeurs faisant entrevoir que le «démantèlement» du DRS aurait été mené en application d'injonctions venues, selon pour qui de Paris et pour qui de Washington, deux capitales qui dicteraient leur conduite et décision aux dirigeants qui se sont attaqués au DRS, ultime rempart contre l'effondrement programmé de l'Etat algérien. Mais s'il en est ainsi, comme ils le propagent insidieusement, le DRS s'est alors exposé par lui-même à devenir la cible du «noir» dessein que lui ont concocté l'une ou l'autre de ces capitales. En effet, ces dirigeants algériens qu'ils accusent d'être à la solde de l'étranger doivent en grande partie d'être aux commandes du pays à ce DRS dont la toute-puissance lui octroyait le pouvoir d'imposer ses choix et points de vue au cercle des décideurs faiseurs de présidents et autres dirigeants. S'ils sont un tant soit peu convaincus que les gouvernants en place sont soumis à l'injonction étrangère ils devraient admettre, si tel est le cas, que le DRS est bien pour quelque chose dans la vassalisation des centres de décision algériens à des chancelleries étrangères si leur «pas touche» au DRS et son désormais ex-patron a été ils l'ont systématiquement opposé à la moindre critique contre eux, au prétexte que s'en prendre à eux revenait à mettre en péril la sécurité nationale et remettre en cause de l'institution militaire en charge de protéger le pays de toute menace visant cette sécurité nationale.

L'unité de l'institution militaire n'est plus pour eux une sacro-sainte ligne rouge à ne pas transgresser dès lors que le DRS et son chef ont été dépouillés de leurs pouvoirs et autorités arbitraires. Il en est parmi eux qui, quand le processus de restructuration du DRS a été entamé, s'en sont pris avec virulence au chef de l'état-major de l'armée et appelé de leur vœux à une sédition contre lui. Les voix fustigeant la restructuration du DRS et la mise à la retraite de son patron viennent d'ex-responsables ou agents ayant appartenu à la «maison», ce qui est somme toute compréhensible, solidarité de corps oblige. L'extravagant est que ces voix sont les moins virulentes au milieu que l'on croyait irréductiblement hostile au DRS dont la toute-puissance étouffait l'espoir de la moindre ouverture démocratique. Ce sont ces milieux qui lancent les charges les plus féroces contre la restructuration opérée de ce DRS et en flétrissent les responsables sans même se dire que peut-être l'opération menée par ces derniers et porteuse, malgré leurs calculs, d'une chance que le combat pour la démocratie et le respect des droits civils et du citoyen a désormais une fenêtre qui s'est ouverte à lui qu'il n'aurait jamais espérée si le DRS était maintenu en l'état ou rien ne bougeait politiquement. Oui, décidément la classe politique algérienne est absolument à renouveler. 

Election présidentielle : Un départ et des scénarios

Election présidentielle : Un départ et des scénarios
par Ghania Oukazi
Le départ du chef du DRS libère le sérail en lui permettant de planter le décor d'une reconstitution du pouvoir autour, dit-on, «d'une stratégie mûrement réfléchie» entre Bouteflika et son entourage.

« Le changement dans la sérénité» ne semble plus être un simple slogan populiste ou une vue de l'esprit mais prend des contours évidents avec le départ «sans bruit» du général de corps d'armée, le général Toufik, chef du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), le dimanche dernier. Le soir même, des habitants sur les hauteurs du quartier huppé de Hydra, affirment avoir entendu des coups de feu provenant, pensent-ils de la fameuse caserne ‘Antar', surplombant la forêt de Ben Aknoun. De grosses inquiétudes ont secoué les esprits «mais on a été rassuré par le calme qui a suivi depuis,» nous disait, hier, un ancien militaire. C'est donc comme l'a voulu Bouteflika, le changement des hommes se fait, sans difficulté et sans secousses. Le départ de Toufik, dans l'air depuis plusieurs mois, semble avoir libéré le clan Bouteflika des contraintes qu'il a dû appréhender en «calculant» le départ d'un responsable d'une institution aussi névralgique pour le pays. Dans tous les pays du monde, «les services sont un Etat dans un Etat, contrôlent tout, épient le moindre indice de changement, veillent à la préservation d'intérêts occultes et légaux, préviennent les mouvements de masse et autres, ils sont le pouls du fonctionnement d'un Etat,» nous expliquent un haut responsable. En Algérie, ils ont marqué tous les processus, du choix des hommes, d'élections, d'intronisation, de la mise à l'écart, d'ascension, de descente aux enfers…

LE SMIG DE LA SUCCESSION

C'est pour la première fois dans l'histoire nationale que leurs plus hauts responsables ont été écartés sans faire de vague. L'on peut penser que tous les hauts responsables qui ont été admis à la retraite, permutés ou limogés, avec fracas, ont accepté que Bouteflika décide seul de leur sort même si l'on insiste pour dire qu'un homme comme Toufik a dû poser ses conditions avant de partir. Il est difficile de le croire, tant un responsable à la retraite n'a en principe plus «le droit à la parole.» Il est vrai que certains «puissants» du monde politique sont moins dangereux quand ils sont en poste que lorsqu'ils rentrent chez eux. C'est ce qui se disait de Larbi Belkheir lorsqu'il était faiseur de président. L'on se rappelle que lorsque nous avions donné l'information de son départ, dans ces mêmes colonnes, il nous avait dit qu'il était gêné de la savoir publique parce qu'il ne voulait pas en parler. A la question accepteriez-vous d'aller comme ambassadeur à Rabat comme on l'entend dire ? Il nous avait répondu «je préfère aller arroser les plantes chez moi.» Mais quelques jours après, il est nommé ambassadeur au Maroc. C'est dire que Bouteflika avait préféré l'éloigner de chez lui parce qu'il savait que s'il était rentré chez lui, il aurait généré un va et vient incessant de «protagonistes» de tous les milieux. «Le cardinal de Frenda» était aussi connu pour faire et défaire les rouages de l'Etat et de la haute administration.

Aujourd'hui, il est dit ici et la que Bouteflika et Toufik n'ont pas dû se quitter sans avoir trouvé un SMIG d'entente sur la suite à donner aux évènements. La succession est, en évidence, la plus grosse question sur laquelle les esprits sont braqués. Même les Bouteflika ne doivent pas être rassurés de son bon déroulement, du choix de ceux qui la mènent à bon escient et surtout du moment où elle doit être enclenchée.

SELLAL OU LE PLAN B

Des scénarii sont avancés par des milieux à l'écoute de ce qui pourrait se faire en prévision de cette échéance. «Il est clair que la révision de la Constitution doit être effective, rien ne peut se faire sans que la loi suprême du pays ne soit mise au point, le président l'a promis, il va tenir à sa promesse,» nous dit un Constitutionnaliste. Le directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia a déclaré, samedi dernier, qu'«il est fort possible qu'elle sera révisée avant la fin de l'année en cours.»

L'année 2016 sera, donc, des plus décisives pour la restructuration des pouvoirs, celui présidentiel en premier. On a, souvent, entendu dire et comme déjà écrit dans ces colonnes, que Bouteflika souhaiterait inaugurer la grande mosquée d'Alger et quitter la présidence. Les nombreuses visites de travail effectuées par le ministre de l'Habitat et celui des Affaires religieuses à ce gigantesque chantier, à Hussein Dey, laissent croire qu'elles pourraient répondre à des urgences «politiques». Abdelmadjid Tebboune tient à ce que les travaux s'accélèrent, le plus possible, pour finir au moins la mosquée par rapport à tout le complexe prévu.

Des responsables politiques nous disaient, hier qu'«il est très possible qu'une période de transition soit enclenchée, dès la révision de la Constitution, révision qui permettra d'ouvrir des brèches constitutionnelles pour, justement, permettre son institution.» Pendant cette période de transition dont la durée serait fixée par des textes réglementaires, Bouteflika désignera quelqu'un pour assurer ses fonctions. L'on avance aisément, -encore une fois- le nom du diplomate international Lakhdhar Brahimi, pour assurer la transition jusqu'à la tenue d'élection présidentielle anticipée. Brahimi est la seule personnalité algérienne vivant à l'étranger qui, faut-il le préciser, rend visite à Bouteflika sans qu'il y ait d'événement précis. Ce qui mérite attention et même interrogation. Le nom de Abdelmalek Sellal semble, lui aussi, figurer en tête de liste de ceux qui pourraient, éventuellement, être retenus pour succéder au Président Bouteflika. Sellal est, nous dit-on « l'un des rares politiques sinon le seul à incarner deux pouvoirs, civil et militaire.» L'on dit du Premier ministre qu'il émarge auprès des services comme ce qui a de tout temps était dit d'Ouyahia et de biens d'autres responsables ministres en premier, mais à la différence que «Sellal a une bonne audience auprès des responsables des Tagarins.» L'on parle aussi d'une alternative «au cas où ce scénario ne marche pas ou bloque quelque part.» Ce plan B prendrait sa source à partir de l'octroi, par le ministère de l'Intérieur, de l'agrément au parti de Ali Benflis. Agrément qui vient d'être délivré à l'ancien chef du gouvernement pendant cette période nerveuse de grands changements.

Ceci reste un scénario parmi tant d'autres. D'ici à 2016, bien d'autres auront été construits.