mercredi 27 février 2013

Le consommateur algérien succombe au charme des smartphones


Le consommateur algérien succombe au charme des smartphones

par Yazid Ferhat
Les Algériens en véritables adulateurs de téléphones portables ne parlent plus le même langage d'il y a cinq ans. On parle de moins en moins de SMS, texto, Bipili, etc., on leur préfère e-mails, applications, WiFi et bluetooth et autres systèmes d'exploitation Android et iOS. On ne parle pas que d'appareil photo et d'écran coulissant de quelques mégapixels, mais d'écrans HD touch en pouces, d'appareil photo avec autofocus, enregistreur vidéo en HD et une mémoire en giga-octets.

Finis les Nokia 1100, 1110, N8, 9, et place aux Galaxy S, 2, 3, 4. Au téléphone portable GSM et multimédia classique, le consommateur algérien cherche son téléphone intelligent, au nom "élégant" qui fait "In", smartphone. Cette tendance est perceptible sur toutes les devantures de magasins spécialisés dans la vente de téléphones portables et les publicités de la téléphonie mobile qui ne parlent que de ces nouveaux gadgets. On dénombre de moins en moins de téléphones portables classiques et multimédias proposés à la vente. Ils sont supplantés par les smartphones et quelques tablettes tactiles. "Les smartphones n'ont pas fait d'entrée timide. Ils ont fait une percée en moins d'une année", affirme un vendeur de téléphones portables moyen et haut de gamme installé à l'avenue El Khattabi, à Alger. "Nous faisons, ici, plus de 70 % de nos ventes de téléphones portables, neufs ou d'occasion, en smartphones et tablettes", enchaine-t-il. Dans ce magasin, il est difficile de se frayer un chemin pour scruter les téléphones mis vente, gardés soigneusement dans des présentoirs en verre. Les visiteurs font leur va-et-vient dans un espace exigu d'une vingtaine de mètres carrés, mais qui a l'air de brasser beaucoup d'argents. Ici, les prix ne sont affichés que pour les téléphones de moyenne gamme. Pour les smartphones on n'affiche que le nom du modèle et des caractéristiques sommaires. Pas de prix pour ne pas choquer ! Un vendeur est, toutefois, disponible pour répondre à toute requête. Le prix de l'iPhone 4S, 16 Go, d'Apple, l'un des produits phare de la marque à la Pomme croquée, est de 48.000 DA, avec une garantie de six mois. "Les gens viennent surtout ici attirés par le produit d'appel Galaxy Y, un produit d'entrée de gamme de Samsung, proposé à 15500 DA", explique le vendeur. A quelques encablures de là, à la rue Hassiba Ben Bouali, pour moins que cela, on peut s'offrir un iPhone 4S, dans un magasin, spécialisé dans la vente de matériels informatiques, électroniques et de téléphonie mobile, qui propose des prix alléchants. "A 12000 DA un iPhone 4S, avec une garantie de marche de 48 h", affirme le vendeur rejette l'idée de contrefaçon, et préfère nous orienter vers le téléphone qui "marche le plus", le Nokia N8 proposé à 10000 DA.

La Chine, le fournisseur incontournable

Tous les portables maintenant viennent de Chine maintenant et ce n'est pas de la contrefaçon", dit-il pour rassurer. Selon les statistiques, durant les dix premiers mois de l'année 2012, les importations de téléphones portables ont atteint 124 millions de dollars pour 3,2 millions d'unités importées. Pas moins de 2,3 millions d'unités proviennent de Chine (pour un montant de 96 millions de dollars), soit 71 % des importations qui sont en constante augmentation. Durant la même période, en glissement annuel, ces importations ont augmenté de 10 %. Ainsi, les consommateurs algériens ne font que suivre la tendance mondiale. Plusieurs études internationales le démontrent. Les ventes de smartphones et tablettes tactiles sont en train de supplanter celles des PC portables. Le trafic de données mobiles sera triplé dans les cinq prochaines années, selon l'Indice Cisco Visual Networking, boosté par les acquisitions de terminaux mobiles plus performants. En Algérie aussi, la perspective de l'introduction du réseau 3G de la téléphonie mobile qui s'annonce imminente, selon le ministre de la Poste et de la technologie de l'information de la communication, Moussa Benhamadi, est en train de tirer la vente des smartphones vers haut, les prix de plus en plus abordables aidant, surtout avec la prolifération des annonces entre particuliers sur le net, notamment pour les produits d'occasion. Il reste difficile cependant de se repérer devant des écarts de prix importants et la qualité des produits notamment pour les iPhone.

Un téléphone élégant et pratique

Les smartphones d'entrée de gamme ou ceux acquis à bon marché, sacrifiant les performances techniques, peuvent décevoir plus d'un surtout que des experts émettent des doutes sur la qualité du débit Internet mobile. "Parce que, expliquent-ils, la 3G c'est aussi les services et les différentes applications qui se développent autour". Qu'à cela ne tienne ! Des applications, il en existe déjà sur les Playstore et le Appstore. Ahmed, un diplômé en science de l'information de Taghit, en stage à pratique dans une boite de communication à Alger, se repère grâce au GPS de son iPhone. "C'est pratique pour se rendre dans des lieux qu'on ne connait pas. Il y a aussi des fonctionnalités pour calculer mon parcours", dit-il tout fier de son téléphone qui a boosté les ventes d'Apple. Midou de Boumerdès, un étudiant à l'Université de Bab Ezzouar, lui, a succombé aux charme d'un Galaxy S3 de Samsung, "non pas par snobisme", mais par le désir de "me simplifier un peu la vie". "Je me lève le matin, je consulte mes mails, la météo et les différents titre de la presse nationale grâce au réseau WiFi. Mon application Pocket me permet aussi de sélectionner les articles à lire même hors connexion, dans le train, durant le trajet vers la Fac", explique-t-il. Des applications de divertissement gratuites existent aussi, ainsi que des livres électroniques. "J'ai attaqué cette semaine le livre des Mille et une nuit", ajoute-t-il. Dire que le smartphone n'est fait que pour être "In" ne cadre pas avec la réalité. En tous cas, on est loin du début des années 2000 où le fait de posséder un téléphone portable vous classe dans la caste des riches. Le smartphone, Apple, Samsung, Nokia, ou Google, n'est pas seulement un téléphone élégant, mais un objet pratique, qui va de plus en plus s'imposer dans notre vie. 

mardi 26 février 2013

LE BIEN



Le bien

par El-Guellil
Elle a vu des enfants naître et grandir. Cela fait trente ans qu'elle occupe cette conciergerie. L'organisme qui l'avait installée, «Biens facants», devient «Biens de l'Etat» puis OPGI. Elle a traversé toute cette période de la mutation de sigles et appellations, et de changements à la tête de la boîte, sans que change son statut. Sa seule préoccupation, élever son enfant. Sa pension de veuve de chahid n'étant pas encore régularisée, elle se voyait obligée, à chaque fin de mois, de frapper à toutes les portes des voisins pour leur rappeler de payer les frais d'entretien des escaliers. Elle était jeune. A soixante ans, ses jambes ne lui permettent plus de faire des efforts. Son enfant n'est plus. Sa seule ressource, sa petite pension, lui permettait difficilement de joindre les deux bouts. Chaque fin de semaine, c'est le calvaire pour elle. Zouzou, la voisine, descend lui faire la fête.

- «Barakette, c'est trop, sborna bezzaf ! Soit tu fais les escaliers, ou alors tu payes garçonna pour le faire à ta place..., sinon n'dirou fik braya pour qu'on nous ramène une autre concierge...»

- «Dirou, dirou benti, kayène Rabbi!»

- «El-houkouma t'a donné ce logement et en échange, tu dois t'occuper de l'entretien..., on n'a pas à te payer... Maintenant, si tu ne peux pas, il y a des femmes qui ne demandent que ça».

- «Sar, ya Zoubida, tu dis ça à la femme qui tenait tes enfants quand tu allais aux mariages... Moi qui te passais mon logement chaque fois que tu as eu trop d'invités... Ghir dirou, kayène Rabbi».

Zouzou tenait ce langage depuis deux ans. Cela fait deux ans, tous les locataires sont devenus propriétaires. Khalti Aïcha ne comprenait pas son acharnement. Chaque fois, elle a réussi à calmer cette voisine. La même expression concluait le même speech: dirou, dirou, kayène Rabbi.

Aujourd'hui, fatiguée de porter sa misère hautaine, la vieille femme claque la porte au nez de Zouzou. Furieuse, la mégère essaye d'ameuter les voisins, mais sans résultat. Le soir, Khalti Aïcha reçoit rajel Zouzou. «Tiens, je t'ai ramené des pommes, lui dit-il, d'une voix mielleuse».

«On n'a jamais vu l'aumône sortir de prison», pense-t-elle, sur ses gardes. «Tu sais, on t'aime bien... et si Zouzou fait ça, c'est pour ton bien. Il ne faut pas trop lui en vouloir... On sait que tu es dans le besoin et il n'y a que nous qui pensons à toi... Voilà, je t'ai trouvé une chambre fidar à M'dina J'dida... Donc, Zouzou te propose de l'acheter ton logement... C'est pour notre fils, il va bientôt se marier..., et avec tout l'argent que tu auras, tu vivras comme une princesse...».

Khalti Aïcha se lève, lui redonne ses pommes, lui ouvre la porte, l'invite à sortir en lui disant : «Zidou dirou, kayène Rabbi». 

jeudi 14 février 2013

Dr Benaouda Benzerdjeb : Tombé au champ d’honneur le 17 janvier 1956


Dr Benaouda Benzerdjeb : Tombé au champ d’honneur le 17 janvier 1956

par Dr Baghli Abdelouahab


Né le 9 février 1921 à Tlemcen, Benaouda a dû affronter tous les obstacles scolaires. Il poursuit ses études jusqu’au Baccalauréat à l’ex-Collège de Slane (C.E.M. Ibn Khaldoun actuellement).

Excellent élève et très brillant en Allemand, il obtint le premier prix de tout le département d’Oran et gagne un voyage en Allemagne. (Le choix de la langue allemande n’était pas fortuit, il répondait à son admiration pour le peuple allemand, qui venait d’occuper la France)

Dans sa jeunesse tlemcénienne, Benaouda milite au sein du parti de l’UDMA présidé par Ferhat Abbas.

Il décroche avec succès le baccalauréat série mathématiques en juin 1941.

Il décide de s’inscrire aux études de médecine.

En 1942, il s’inscrit au niveau de la faculté d’Alger pour entamer sa première année de médecine (P.C.B.). Il décroche avec succès son premier diplôme universitaire.

En 1943, il décide de poursuivre ses études, cette fois-ci en France où il était quasiment impossible de s’y rendre à cause de la guerre. Il avait pourtant toutes les facilités pour continuer ses études médicales à Alger : sa famille était aisée, ce qui le débarrassait du souci matériel. D’autre part, partir en France c’était aller à l’aventure. En effet la France, sous occupation allemande, était quasiment coupée de toute communication avec l’Algérie.

Qu’importe, malgré les interdits répétés de ses proches, il s’embarque clandestinement en France et se fait inscrire à l’université de médecine de Montpelier.

Dans son épopée européenne, Benaouda intègre le parti du P.P.A/M.T.L.D. de MESSALI Hadj. Son adhésion était motivée par les visions justes de cette structure, entre autres, celle qui réclamait l’indépendance totale du pays.

Son premier reflexe après son inscription, a été donc de prendre contact avec ses compatriotes nord africains, pour la plupart nationalistes, militants, acquis aux thèses du P.P.A.

Sur le plan financier, comme il connaissait parfaitement la langue allemande, il a pu se débrouiller plus ou moins sans l’aide de sa famille. Dans cette France occupée par les Allemands, on ne pouvait pas lui envoyer de l’argent pour qu’il puisse subvenir à ses besoins. La vie était d’une manière générale extrêmement difficile pour tout le peuple français. Il a été confronté, à plusieurs reprises à des situations d’indigence. C’est ce qu’il fit savoir aux siens lors de son retour au bled en 1945.

Il se rend ensuite à Paris, où il se fait inscrire en 3 ème année de médecine. Il s’installe dans cette capitale où se trouvait le fleuron de la jeunesse algérienne et son cœur battant représenté par l’association des étudiants algériens : A.E.M.A.N. (Qui deviendra U.G.E.M.A en 1955). Leur local était situé au 115 Bd St Michel à Paris. Benaouda est alors désigné comme secrétaire principal et trésorier de cette organisation. Cela ne l’empêche pas de poursuivre toujours aussi brillamment ses études.

Parallèlement à ses études de médecine, il s’est fait inscrire pour une formation de puériculture.

Il obtient son diplôme de Doctorat en Médecine en Aout 1949 avec le titre de «Lauréat».

Il regagne le domicile familiale et avec l’aide pécuniaire de sa mère née BENOSMANE Fatéma (dite Lalla F’téma) qui vendit une partie de ses biens, il a pu s’installer et ouvrir en 1949 un cabinet de médecine générale où il s’occupait principalement des maladies infantiles. Il ne tardera pas à se faire une clientèle de choix à la fois européenne et algérienne musulmane.

Sur le plan social :

De nature, il était discret et modeste.

Aucune pression ni familiale, ni amicale n’arrivait à le décider à se marier, préférant se consacrer à la cause nationale.

Sur le plan politique :

Médecin installé, il active clandestinement avant même le déclenchement de la lutte armée. Ce sont des va et vient incessants entre la ville et la campagne. Il lui arrivait souvent, de s’absenter la nuit et de ne rentrer que très tard vers l’aube.

Son but était de créer à l’intérieur des grottes situées à la périphérie de la ville, des structures devant servir :

- d’une part de dépôts pour le stockage d’armes et de munitions
- et d’autre part pour recevoir ou même hospitaliser les futurs malades et/ou blessés de la révolution

En effet, il faisait faire des courses à son frère Mohamed pour l’achat de benzine destinée à la fabrication de bombes locales, tout en lui intimant l’ordre de n’en souffler mot à personne.

Un jour, empruntant un itinéraire en pleine campagne, il avait à répondre, lors d’un contrôle effectué par une patrouille de gendarmerie, quand à la présence d’un chargement de médicaments, de coton et de pansements qui se trouvaient dans sa voiture pleine à craquer. Sans perdre son sang froid et bien calmement, il leur dit qu’il avait à soigner des malades dans un village voisin mais qu’il ne connaissait pas la route qui y menait. Le caducée médical, collé sur le pare-brise avant de sa voiture, rassura les gendarmes qui se sont fait un devoir de lui indiquer le chemin qui menait à ce village. Souvent aussi, il emmenait avec lui, pour diversion ; lorsqu’il se déplaçait à la campagne, ses petits neveux (BENMANSOUR Mohamed, Réda, HADJ KADDOUR Abdelhak….).

La lutte armée déclenchée, il redouble ses activités clandestines. Il continue à alimenter les maquis en matériel médical, en armement et soigne les djounouds blessés.

Il lui arrivait très souvent de recevoir dans la maison familiale un ou deux invités venus de la campagne, il n’admettait personne s’approcher d’eux : c’étaient des moudjahidines.

Pour la petite histoire et pour rappeler certains évènements qui vont certainement faire sourire nos compatriotes tlemcéniens pour l’avoir vécu et qu’ils ont certainement enfouis dans leur mémoire comme beaucoup d’autres faits :

Un mot d’ordre avait été donné en 1955 avisant la population tlemcénienne «de ne pas se teindre les mains et les pieds avec du henné pour la fête du Mouloud Ennabaoui courant». Ces mises en garde, énoncées à la veille des fêtes religieuses et autres festivités; répondaient aux soucis de mobilisation d’une part et pour renforcer l’esprit de solidarité communautaire d’autre part. Un cireur a blessé à cet effet, avec une lame, les pieds d’une femme qui avait enfreint la consigne. Elle n’hésita pas à appeler la police qui se saisit de l’enfant et qui va le conduire en même temps que l’agressée chez le Dr BENZERDJEB. Car cet incident a eu lieu juste en dessous de son cabinet médical. Les policiers sont restés avec le cireur dans la salle d’attente pendant que la femme se faisait soigner par le Docteur. Il lui fait un pansement et lui conseilla de dire aux policiers que le cireur n’avait pas fait exprès. Ce qu’elle fit et le cireur fut relâché.

Le Docteur était d’un courage et d’une audace sans pareils. Sa prise de conscience précoce, dès l’âge de 16 ans, pour la cause nationale, ses responsabilités politiques en France, son niveau intellectuel, le peu de personnes engagées à cette période ont en fait de lui, l’un des principaux acteurs politiques de la wilaya V.

Son engagement n’était pas exclusivement médical. Ce n’était pas uniquement en qualité de médecin qu’il agissait, il était surtout un chef politique, un grand responsable qui s’investissait:
- Sur le plan de la logistique en alimentant le maquis non seulement en médicaments, mais également en y stockant des bombes artisanales
- Sur le plan politique, il prenait des décisions de grandes importances comme celle entre autres d’envoyer le Dr HAMIDOU Fethi, son ami, vers l’Egypte pour une formation. (ce qui prouve qu’il avait des contacts avec la direction politique nationale)
A part son frère, personne, même ses amis les plus intimes n’étaient pas au courant de ses activités politiques, jusqu’au jour où la fatalité le fit tomber dans un piège.

Il savait que le peuple algérien, très peu politisé, n’était pas du tout préparé à la Révolution. Il a jugé impératif de l’encadrer, de le sensibiliser, de l’orienter. C’est ce qui va amener le Docteur à acheter une ronéo pour diffuser des tracts à la population.

Il se présente donc, de sa propre initiative, dans son véhicule personnel, chez un libraire du nom de Laurent FOUQUES à Oran. Il se procure la machine sous le nom de la «librairie BEDJAOUI». Il ne voulait mettre personne au courant de cet achat. Dès que le Docteur a quitté le magasin, le concessionnaire européen, s’est fait un devoir d’aviser la police de Tlemcen, car l’instrument était considéré en cette période de guerre comme dangereux, étant qualifié d’outil de subversion. La police a vite fait d’identifier l’acheteur qui possédait selon les indications transmises «un monsieur possédant une voiture de marque allemande». Ce fut donc très facile, de retrouver son propriétaire qui était le seul à posséder cette marque à Tlemcen. Le lendemain, elle se rend à son domicile, procède à une perquisition et trouve les preuves tangibles de sa participation à la lutte armée: elle venait de découvrir les pièces à conviction (benzine, coton, pansements en grande quantité, mais pas d’arme). C’était un samedi 14 janvier 1956. Il fut embarqué et martyrisé pendant deux jours et deux nuits consécutifs : pas un seul mot ne sortit de sa bouche.

Le lundi 16 janvier, début de semaine (weekend universel), il demanda à la police de lui permettre de se rendre à son cabinet médical afin de soigner des malades urgents avec lesquels il avait rendez-vous. Il savait qu’il pouvait se mettre en contact avec des moudjahidines qui venaient souvent et régulièrement le voir pour prendre des consignes. C’est sous le motif de la consultation, qu’Ils se présentaient, bandés de faux pansements.

Accompagné de deux agents de la sureté, il est emmené à son bureau médical, les agents eux sont restés dans la salle d’attente. Il consulte quelques malades parmi lesquels un «Itissal» DALI YOUCEF Kouider (fonctionnaire de la mairie, employé comme chef du parc communal situé près de la gare ferroviaire), le bras bandé pour se faire passer pour un blessé. Ce dernier lui propose de sortir par la cuisine (sortie à part) sans être vu, une voiture a été prévue à cet effet, il lui était facile d’échapper à la surveillance des inspecteurs. Le Docteur refuse et lui remet par contre une lettre destinée aux moudjahidines. Ce qu’il y avait dans cette lettre personne ne le sait. Est-elle arrivée à destination ?est-elle parvenue à temps?

Le mardi 17 janvier 1956, l’inspecteur de police judiciaire BENAHMED Yahia voit à huit heures du matin, le Docteur sortir du commissariat de police accompagné du commissaire VALENTINI, des inspecteurs de police SCOTT et LASCAR, du brigadier de police judiciaire Allal EL HADDAD et de MARIN (le chauffeur).

Ils se sont embarqués dans une voiture Citroën, je me suis dit : «ça sent mauvais, pourvu qu’ils ne tombent pas dans une embuscade !»
Le scénario envisageable, est que le Docteur aurait projeté de contacter les moudjahidines par l’intermédiaire de DALI YOUCEF Kouider. Dans le message adressé, il s’agissait probablement de tendre une embuscade au lieu même où il allait conduire la gendarmerie et la police ; c’est à dire au douar «Ouled Halima» (appelé aussi DERMAM) près de Sebdou, situé à une trentaine de kilomètres de Tlemcen.

Le Docteur n’ayant vu personne se présenter au rendez-vous, aurait tenté de fuir dans le but de rejoindre le maquis comme vont l’affirmer les autorités françaises dans leur rapport. Il a été abattu par un gendarme.

Le docteur voulait-il rejoindre le maquis non sans avoir fait un pied de nez aux soldats tombés dans un guet-apens, en emportant armes et bagages dont avaient besoin les djounouds ? Cette manœuvre du docteur, si elle avait réussi, aurait été inscrite en lettre d’or dans les annales de la guerre d’Algérie.

Dans l’après midi du mardi 17 janvier, un policier se présente au domicile du Docteur. Il demande à voir la mère de Benaouda, dès que celle-ci se présente, il lui annonce que son fils a tenté de fuir et qu’il a été abattu par un gendarme au douar «Ouled Halima», près de Sebdou.

Le Docteur a été enterré à 4 H du matin par l’armée.

L’assassinat du Dr BENZERDJEB ; mort en martyr, est considérée parmi les pages les plus émouvantes qu’a connues la cité zianide. Elle est à consigner dans son livre d’or. Tlemcen a juré de venger son fils. La peur, enfouie depuis des décades n’attendait qu’une étincelle pour se transformer en brasier. C’est le jour qui a fait basculer tous les Tlemcéniens sans exception dans les rangs de la lutte armée.

En guise de protestation, une manifestation a été décidée. Elle sera organisée par l’un des principaux artisans du mouvement révolutionnaire à Tlemcen, Sid Ahmed INAL (professeur d’histoire et de géographie l’un des rares diplômés de la Sorbonne). Dans leur parcours à travers les artères, les rues et les ruelles qui conduisaient la procession vers le cimetière «Cheikh Senouci», les manifestants ont bravé les soldats, les colons en scandant des slogans hostiles à l’occupant et en réclamant l’Indépendance. Ce cortège avançait au début sans commettre aucun délit, ni vol ni saccage des magasins, d’ailleurs quelque fois désertés par leur propriétaire.

Toute fois, arrivés près du cimetière, les esprits des contestataires se sont embrasés et les manifestants se sont pris à une maison d’un Français, en malmenant les grilles du portail. Au sous sol de cette demeure, se trouvait une cave servant d’atelier où des jeunes employés algériens filaient la laine. Affolé, le propriétaire, Mr RENARD (2) a pris son fusil de chasse et a tiré dans le tas. Malheureusement un jeune homme a été touché, il trouvera la mort. Il s’agit de BELKAID dit «El Harfoul».

Ce sera Melle Fatéma MECHICHE(3), future héroïne de la guerre d’Algérie, qui enveloppera avec son haïc le corps étendu par terre, gisant dans une mare de sang.

Ce sang écarlate, va déchainer les passions, c’est un moment où plus rien n’a de l’importance, un seul idéal galvanise les esprits : celui du sacrifice. Les Tlemcéniens meurtris, emportés par la colère se font le serment de ne mourir qu’en martyrs. L’exacerbation est à son comble, l’administration redoute le pire et va réagir illico en instaurant le jour même, un couvre- feu fixé sans plus attendre à 16 heures. En fait Il sera mis en place et pour de longues années.

Il y aura ce jour là, beaucoup d’arrestations, parmi lesquelles figurera, le jeune GAOUAR Abdelaziz, âgé de 13 ans, qui sera condamné à 5 ans d’internement et placé dans une maison de rééducation ; pour… atteinte à la sécurité de l’Etat !

C’est la rupture entre le peuple et l’administration coloniale. Toutes les familles tlémcéniennes s’engagent dans le mouvement révolutionnaire naissant. Par compassion au sang injustement versé des deux victimes, elles s’acquittent en encourageant à leur tour leur progéniture au sacrifice suprême.

 Malgré, les multiples mesures répressives, les dépassements, les exactions de toutes sortes, la France coloniale ne connaitra plus de paix dans la «perle du Maghreb». Elle sera malmenée, elle se verra dépassée par les actions éclatantes des fidaïyines, des moudjahidines soutenues par les youyous retentissants d’espoir de nos femmes, sans discontinuité, jusqu’à l’indépendance.

La mort du Dr Benaouda BENZERDJEB a suscité une indignation nationale et tout autant en métropole, perçue aussi bien chez les Algériens que chez les Français(4).

C’est ainsi qu’une grève a été lancée le 19/01/1956 par la section de l’UGEMA. d’Alger

En effet le 20/1/1956 une grève de la faim et des cours a eu lieu à l’université d’Alger. Des étudiants communistes d’origine européenne (Maurice AUDIN, les frères TIMSIT) participent à la grève (fait souligné par Mohamed BENYAHIA).

Le soir, à 18 heures, Mohamed BENYAHIA, président de la section de l’UGEMA d’Alger, présidera une assemblée générale des grévistes au cercle «Cherif Saadane», local de l’UDMA, Place de Lavigerie.

1) A mon avis le récit décrit est le plus proche de la réalité, si l’on tient compte du nombre de témoins (dont son frère) et de leurs déclarations.
La controverse concerne uniquement la cause du décès.
Le Docteur est-il mort sous tortures ou a-t-il été tué ?
En effet, Il existe une autre version défendue mordicus, par les fidaïyines contemporains du Dr Benaouda BENZERDJEB affirmant que celui-ci est mort sous la torture. Notamment, BERBER Mohamed Seghir, arrêté à la même période que le docteur, et torturés en même temps. Il déclare qu’il est témoin de sa mort sous les effets des tortures.
Quant au certificat médical de constatation du décès
- Certains l’attribuent au Dr KARA MOSTEFA Mansour qui a établi le constat. Requis par l’armée, le médecin a été obligé de mentionner sous pression que la victime a été abattue par une balle en tentant de s’en fuir.
- Pour d’autres c’est le Dr HADJ ALLAL qui aurait fait l’autopsie et aurait déclaré que la victime était de santé fragile et qu’il a été soumis
à des tortures atroces
qu’il n’avait pu supporter.
- De leur côté, les habitants d’Ouled Halima, déclarent que le Docteur a été abattu sous leurs yeux, dans leur village. (témoignages des familles BENSAHA et BEY)
 Mourad MEGHELLI, inspecteur de police exerçant du temps de la France, sera arrêté à son tour en tant que fidaï, et torturé par ses collègues français. Contacté à cet effet pour un témoignage, Il m’a affirmé sans équivoque que personne ne connait exactement ce qui s’est passé.
2) ce Français se confiant plus tard à des amis algériens avoue qu’il avait tiré pour faire «peur» et qu’il aurait fortement regretté son geste.
3) Melle Fatéma MECHICHE, habitait le quartier Riat El Hammar, à Tlemcen. Elle avait pour voisin les familles GAOUAR, les Abi AYAD, les MERAD BOUDIA (dont Kheir Eddine le professeur de cardiologie)…. Elle sera l’épouse du Colonel DGHINE Lotfi, tombé au champ d’honneur. Elle est veuve à 20 ans. Elle se remariera avec Mohamed KHEMISTI, Ministre des Affaires Etrangères du 1 er gouvernement de l’Algérie indépendante et qui sera assassiné 6 mois plus tard.
4) Précisions historiques communiquées par Mr Mohamed REBAH.

SECURITE AUTOMOBILE EN ALGERIE- Nouvelles


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Entrée en vigueur d'une nouvelle réglementation : Voitures bloquées, concessionnaires désemparès
par M. Aziza


Les concessionnaires ayant importé des véhicules neufs dépourvus d'options de sécurité, entres autres le système ABS, l'airbag et le système anti-dérapage sont dans l'expectative, depuis la mise en application, « sans préavis », des dispositions du cahier des charges, du 12 décembre 2007, régissant la commercialisation des voitures neuves. Plusieurs dossiers d'homologation de véhicules neufs ont été bloqués par la direction des Mines et de l'Industrie.

Un des concessionnaires a fait état de son désarroi, face à la mise en application des dispositions de cette loi, «sans avertissement préalable». L'Intervenant a précisé, hier, lors d'un séminaire sur «la présentation de la loi de finances 2013 et les contentieux fiscaux» organisé par la chambre de Commerce et d'Industrie algéro-française (CCIAF), en collaboration avec la direction générale des Impôts, la direction générale des Douanes et le cabinet ‘KPMG Algérie', que tous les concessionnaire sont pris à la gorge avec un stock de voitures non conformes aux normes de sécurité internationales.

Face à cette situation, les concessionnaires concernés se sont interrogés auprès du représentant de la direction des Douanes sur la possibilité de réexporter ces voitures neuves non conformes aux normes de sécurité européennes. M. Kaddour Bentahar, directeur de la Législation, de la Réglementation et des échanges commerciaux, à la direction générale des Douanes s'est montré très clair, en précisant que «les voitures qui sont sous douanes, sont toujours étrangères et il est de ce fait possible de les réexporter, mais pour celles déjà dédouanées, c'est impossible».

Le concessionnaire a précisé que certains véhicules importés notamment, «la base» autrement dit ceux n'ayant aucune option sécuritaire, ont été déjà dédouanés et d'autres sont toujours en zone douanière. Il explique que «l'application de loi date de deux mois et un nombre important de concessionnaires ont passé des commandes, quatre à six mois avant».

Il poursuit «lors de notre présentation à la direction des Mines et de l'Industrie, ces responsables ont refusé de nous remettre les cartes jaunes, autrement dit, ils ont rejeté nos dossiers d'homologation».

Pour les concessionnaires concernées, les voitures incriminées sont des véhicules neufs dits «la base» cédés à un prix accessible.

L'intervenant reconnaît que «les véhicules automobiles neufs importés doivent être conformes aux modèles homologués par l'autorité chargée du contrôle de conformité des véhicules et aux normes liées notamment à la sécurité et à la protection de l'environnement, prévues par la législation et la réglementation en vigueur» selon les dispositions du cahier des charges de l'année 2007, dans son article 18. Mais son application était prévue dans quelques semaines, «mais la direction des Mines a commencé à l'appliquer depuis déjà deux mois, sans avertir, au préalable, les concessionnaires», a souligné l'un d'eux.

Notre interlocuteur a annoncé la possibilité de faire réagir, dans les jours à venir, l'association des concessionnaires algériens pour dénoncer cet état de fait, et exposer le problème du sort qui sera réservé aux stocks non conformes. Autrement dit, où iront ces voitures non conformes aux normes internationales de sécurité et d'environnement, notamment celles qui ont été déjà dédouanées (algérianisées) ?

Enfin faut-il le rappeler, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal avait déjà donné des instructions aux services concernés pour «décourager l'importation des véhicules qui ne répondent pas aux critères de sécurité et de fiabilité». Et d'insister pour « veiller au strict respect, par les concessionnaires, de toutes les dispositions du décret exécutif n° 07-390 du 12 décembre 2007, régissant l'activité commerciale des véhicules neufs, n'autoriser l'importation qu'aux seuls concessionnaires dûment agréés et s'assurer que l'homologation des véhicules réponde aux normes en la matière».

ACCES AU COULOIR VERT : DES AGREMENTS POUR 30 OPERATEURS ECONOMIQUES

Une trentaine d'agréments seront signés par le directeur général des Douanes, M. Mohamed Bouderbala, dès la semaine prochaine, au profit d'opérateurs économiques (producteurs de biens et de services). C'est ce qu'a annoncé Kaddour Bentahar, directeur de la Législation, de la Réglementation et des échanges commerciaux à la direction générale des Douanes, en marge du séminaire. Ces agréments précise-t-il , donneront la possibilité aux opérateurs d'accéder au couloir vert, conçu pour faciliter les procédures douanières, économiser le temps pour l'importation de la marchandise, en épargnant aux opérateurs agréés, le contrôle douanier sur place, en zone douanière». Il ajoute «les services des Douanes peuvent, en cas de doute, effectuer le contrôle, dans les dépôts des opérateurs, à l'extérieur»

Le représentant de la direction des Douanes a précisé que selon leurs prévisions, 50 à 60 agréments seront signés au profit d'opérateurs, d'ici le 1er trimestre 2013. 

CHOUF


Chouf
par El-Guellil
Aujourd'hui, on s'entasse dans des immeubles. Nous sommes voisins. Sans lumière. Sans se voir. Quand on se voit, on ne se regarde même pas. Comme si on avait peur les uns des autres. On passe plus de temps à s'épier à travers l'œil-de-bœuf. Qui passe ? Avec qui ? Où va-t-il ? Pour alimenter le ragot ou la médisance. Le palier, l'escalier nous unissent et nous séparent. Il n'y a qu'à voir leur état. Et les tiraillements que provoque la moindre proposition collective pour l'entretien de ces parties communes, bien de tous. L'essentiel nous désunit. La course pour la survie a éteint notre mémoire et, par là même, notre sagesse.

Mais ouach sra ? Simplement que les gens n'ont plus le temps ni la force de regarder autour d'eux, attirés qu'ils sont par tous les faux brillants de l'aisance ou le besoin matériel. Nous avons oublié que nous sommes au monde pour aider le monde. Aider et aimer tout ce qui vit. Tous ceux qui, comme nous, souffrent sur cette galère prise dans la tempête qui lui cache souvent la lumière du port. Ceux qui ont tant d'orgueil, tant de dérisoire puissance refusent de se pencher sur les herbes qui poussent entre les pierres. Elles leur donneraient une idée plus exacte de leur importance de cet univers qui pourrait aisément se passer d'eux. Minus nous le sommes, minus nous le resterons même à l'intérieur de la plus sophistiquée des carrosseries exposée au dernier salon de l'auto. Même appelant sur le dernieriphone de la dernière technologie. Même parfumés aux dernières senteurs à la mode. Même couverts du dernier drap taillé sur mesure par le meilleur couturier de là-bas.

Dir rejlik fel ma yebberdou ya M'hamed, n'oublie pas que toi aussi tmermede !