mercredi 5 novembre 2014

Regards désabusés de migrants sur une société xénophobe : «Je ne suis pas Ebola»
par Sofiane Maïzi
« Les Algériens sont tous des racistes. Nous sommes confrontés quotidiennement à des actes racistes. Quand nous montons au bus tout le monde ou presque se bouche le nez. Les femmes sortent leurs déodorants. D’autres font des gestes de ventilation avec la main. Le message est simple : descend le nègre, tu pue ! Souvent quand nous marchons dans le centre-ville des passants crachent au sol. J’ai vécu en France où on m’a expulsé à deux reprises et je peux vous assurer que les Algériens sont plus racistes que les Européens. La majorité de la population cautionne le racisme et les actes racistes ne sont nullement condamnés ni par les pouvoirs publics ni par la société civile. Ici les préjugés sur les Africains noirs se répandent et se banalisent. Nous sommes considérés comme des délinquants, des réservoirs de virus mortels (sida, Ebola, fièvre jaune…)… et pour les plus tolérants parmi vous, nous sommes des esclaves bons pour les sales besognes». Ces quelques extraits de témoignages de jeunes migrants africains recueillis à Oran ne racontent pas uniquement le dur quotidien de ces réfugiés subsahariens dans notre pays, mais ils mettent à nu une société xénophobe, fermée, complexée qui rejette tout ce qui est étranger.

Qui n’a pas entendu les offenses dédaigneuses «négro», «khalechs» ou «el abids»? Le racisme s’est tellement banalisé qu’on ne se rend pas compte de tout le mal que nous faisons à ses pauvres migrants subsahariens. L’Algérie, qui était jadis un pays de transit pour les migrants subsahariens qui espéraient se rendre à l’eldorado européen, est devenue, au fil du temps et suite au durcissement de la politique de contrôle migratoire et la restriction du droit d’asile dans le vieux continent, un pays d’accueil pour des milliers de réfugiés venus des pays subsahariens qui fuient la misère et les conflits armés.

Ces migrants subsahariens, qui débarquent souvent en Algérie hors des procédures légales, vivent dans la clandestinité totale. Ils vivent de petits boulots peu rémunérateurs (ouvriers manœuvres de chantiers, plâtrier, carreleurs, porteurs...), de petites combines, de commerce illicite ou de mendicité. Pour ces jeunes migrants africains chaque jour à son lot de misère. Ils se débrouillent chaque jour pour subvenir à leurs besoins les plus élémentaires. Ces migrants qui ont traversé le désert au péril de leur vie pour atterrir dans l’une des grandes villes du nord de l’Algérie voient leur situation empirer de jour en jour. Ils sont confrontés ces dernières années à une montée de xénophobie. Les relations entre Algériens et migrants subsahariens se sont envenimées rendant la cohabitation presque impossible. A Oran, dans certains quartiers défavorisés et notamment à Haï Bouamama (Hassi), un faubourg construit à la hâte durant la décennie noire par des « réfugiés » des zones rurales qui ont fui les massacres perpétrés par les terroristes, la chasse aux Africains noirs est ouverte. «La peur d’être agressé ou d’être surpris par un coup de couteau dans la rue fait partie de notre quotidien. Des criminels profitent de notre situation clandestine pour nous attaquer en plein jour. Il y a quelques jours seulement un compatriote camerounais a été mortellement poignardé au quartier des Amandiers. Il a été laissé gisant dans son sang sans secours», raconte Mario un Camerounais qui réside à Oran depuis neuf mois. Pour ce jeune bachelier originaire de la ville portuaire de Douala, son long voyage a commencé au début de cette année. Il lui a fallu un périple d’un mois par route et une petite fortune de 150.000 francs CFA (franc des Communautés Financières d’Afrique) l’équivalent de 230 euros pour rallier les frontières sud de l’Algérie. «Je prenais le bus tôt le matin et la nuit tombée je dormais dans les agences routières. Pour atteindre les frontières algériennes, il a fallu passer par le Nigeria puis le Niger. Nous étions des centaines de clandestins à prendre d’assaut la frontière. Nous avons été accueillis par les gardes-frontières algériens qui nous ont fouillés systématiquement avant de nous laisser entrer sur le territoire algérien. J’avais projeté de me rendre en Europe, mais je me trouve coincé ici où je survis avec des petits boulots dans le bâtiment. J’ai même appris grâce à Nourredine, un entrepreneur algérien, la pose des plaques de plâtre BA 13 et de faux plafonds», raconte ce jeune camerounais. Mario espère avoir un jour assez d’argent pour se rendre en Europe.

En attendant il fait le pied de grue avec une trentaine de ses compatriotes dans un rond-point à Oran Est avec l’espoir d’être embauché dans l’un des chantiers qui poussent comme des champignons à Oran. Après quelques mois seulement à Oran, Mario connaît presque les moindres recoins de la ville et sa périphérie. Il a travaillé pour le compte de particuliers dans la construction de villas à Canastel, mais aussi dans des chantiers de réalisation de logements sociaux à Oued Tlélat. Avec un bac en poche et une maîtrise parfaite du français, il s’est résigné à faire des petits boulots dans le bâtiment. Mario n’est pas un cas isolé, mais une bonne partie de ces Subsahariens sont instruits et parfois avec des diplômes universitaires. Ils maîtrisent au minimum deux langues à commencer par le français et l’anglais.

Pour vous faire une confidence j’étais, comme la majorité des Algériens, plein de préjugés en abordant ce groupe de jeunes Subsahariens, mais après avoir échangé quelques phrases avec ces jeunes migrants j’ai été surpris non seulement par leur niveau d’instruction mais par leur conscience aiguë de la réalité. La discussion qui s’en est suivie avec ces jeunes migrants m’a permis d’ouvrir l’esprit sur l’urgence d’éduquer sur le «vivre-ensemble». Les regards désabusés et les critiques sévères de ces jeunes migrants venus du Sud, au-delà du grand désert, doivent éveiller nos consciences sur la nécessité de reconstruire et réhabiliter notre société disloquée par la corruption, dévorée par l’appétit du gain facile et traumatisée par la violence. Jean-Paul Sartre n’a-t-il pas dit un jour que le vrai miroir c’est le regard de l’autre.

Cet autre jeune Camerounais, qui préfère s’appeler du nom de son joueur préféré, Samuel Eto, est plein de colère et d’amertume. Tout en regrettant ses illusions perdues, il juge sévèrement les Algériens. «L’Algérie est un très beau pays avec plein de ressources, mais vous être en train de détruire ce beau pays». Poursuivant son réquisitoire ce jeune Camerounais, avec un BTS en informatique option maintenance en poche, affirme que la solution réside dans l’éducation civique et la formation aux valeurs universelles. «Le changement des mentalités est possible. Il faut apprendre le civisme aux enfants dès la maternité», lance ce jeune migrant. La discussion est rapidement interrompue par un autre jeune : «C’est vraiment stupide. Vous vivez en Afrique mais vous vous considéré meilleurs que les Africains. Si vous n’êtes pas africains alors vous êtes qui ?». Ce jeune, qui s’emporte facilement, est un artiste qui a déjà produit un album pour raconter ces vicissitudes en Algérie, une terre d’exil et d’asile. «Je suis comme vous. Arrêtez de dénigrer la peau noire» est le titre de son single. Le jeune artiste, qui est à la recherche d’une maison de disques pour éditer son single, reste toutefois optimiste. Il a un haut-le-cœur mais il dit toujours croire en l’humanité et qu’il n’a jamais perdu espoir. «Malgré tout nous vous aimons», est le titre d’une autre chanson de son album.

Cependant d’autres se montrent revanchards vis-à-vis des Algériens à l’exemple de ce jeune qui n’a pas voulu donner son nom. «Vous savez, il y a beaucoup d’Algériens qui vivent au Cameroun où ils tiennent des commerces. Ils vivent parmi nous en toute sécurité, mais si je suis de retour je ferais tout pour leur empoisonner la vie», lance sur un air revanchard ce jeune. Les migrants dénoncent surtout l’amalgame dangereux entretenu par des pans entiers de la société qui confondent africains subsahariens et virus. «Pour nombre d’entre vous nous sommes des porteurs potentiels de virus.

Depuis la propagation du virus Ebola certains gérants de cafétérias ou de restaurants n’hésitent pas à nous chasser. Nous sommes des Africains noirs. Nous ne sommes pas des virus», lâche avec colère ce migrant. Ces regards désabusés et profonds d’authenticité et d’intelligence de ces jeunes migrants africains sur notre société doivent nous alerter sur la nécessité de revoir entièrement notre vision du monde et des autres. La xénophobie nous concerne tous. Il y a urgence à agir contre le racisme des Algériens qui a dépassé toutes les frontières.

Les experts unanimes : Le droit humanitaire bafoué
par Salah-Eddine K.
Le cercle de l'Armée de Beni Messous à Alger abrite depuis hier et jusqu'au 6 novembre, la 10e réunion des commissions nationales et experts gouvernementaux arabes dans le domaine du droit international humanitaire.

L'amer constat de non-respect du droit humanitaire doit faire réagir vite la communauté internationale. Le droit humanitaire international est de plus en plus bafoué au regard des dernières évolutions que connaissenlt surtout les pays africains dits du Sahel ainsi que des pays arabes et cela depuis quelques années déjà. «Intolérable et inacceptable» que de ne rien faire pour stopper et laisser des drames se dérouler sous nos yeux sans rien faire; un constat d'échec est fait à l'unanimité au sein de la communauté internationale. Christine Beerli, vice-présidente du Comité international de la Croix-Rouge, constate que «cent cinquante ans après l'adoption de la première Convention de Genève, force est de constater que le droit international humanitaire a échoué. Les règles de conduite des hostilités ne sont pas respectées alors que femmes, enfants et détenus civils ne bénéficient toujours pas de la protection qui leur est due et ce, au moment où les pratiques de violence sont légion et où les puissances de ce monde instrumentalisent ces conflits en fonction de leurs intérêts… », regrette cette intervenante.

Il est admis que l'application du droit humanitaire a connu un recul certain et s'est rétrécie comme une peau de chagrin. On est loin de la période qui a suivi la 2e Guerre Mondiale (1939-1945) où des progrès ont été enregistrés pour la mise en place d'un droit international humanitaire dont le but est la préservation et la protection des parties non concernées par les conflits armés. «Nous avons grand besoin de renouer avec l'esprit qui a prévalu suite aux tragédies engendrées par les deux grandes guerres et qui a été à l'origine de la codification du droit international humanitaire», a indiqué le ministre de la Justice, Tayeb Louh, dans son intervention devant les participants. Yémen, Libye, Irak, pays dits du Sahel, Syrie, population de Ghaza sont les endroits les plus touchés par les drames humanitaires et ce sont les populations habitant ces régions qui souffrent de cette situation de guerre imposée, au moment où elles ne sont en rien concernées par ces conflits et payent pour autant un tribut fort en vies humaines et en déportations forcées. Une situation intenable qui devra donner à réfléchir sur les moyens à adopter et les mécanismes qu'il y a lieu de mettre en place par, notamment, les pays concernés par ces conflits ainsi que par les pays de l'ensemble de la région.

Les travaux de cette réunion d'Alger constituent une étape en prévision de la 32e Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et de la Confédération suisse qui se consacrera à la mise en place des mécanismes permettant de mieux faire respecter le droit humanitaire international. Les experts de pays arabes et d'organisations onusiennes, qui seront en conclave pendant 3 jours (du 4 au 6 novembre), auront à débattre et émettre leurs points de vue sur «la nécessité d'améliorer le respect du droit international humanitaire, sur l'inadéquation des mécanismes existants de contrôle et sur l'exigence de renforcer et de les perfectionner» d'autant que le besoin se fait «sentir». Et ce rendez-vous (rencontre des experts arabes) vient à point nommé, «au moment où des populations arabes souffrent de conflits internes et dont le besoin de protection par le droit humanitaire se fait sentir amplement», a indiqué le ministre de la Justice libanais, Achraf Rifi. 
Oumnia
par El-Guellil


« L'Algérie est sur la bonne voie. D'ici peu, à tout casser, elle règlera tous ses problèmes pour rejoindre, la tête haute, le concert des nations qu'elle a, semble-t-il, déserté bêtement au début de la fameuse décennie noire. Il est à peu près sûr que les réformes en cours vont nous faire sortir du pétrin, une fois pour toutes, et que le pays va devenir aussi normal que la Suède ou l'Afrique du Sud, par exemple. A ce moment-là, le peuple sera libre comme le vent et il pourra s'adonner à plein d'activités culturelles et sportives quand il sortira de l'usine. Il y aura un théâtre et un complexe sportif dans chaque ville et des W.-C. ouverts au public dans chaque café. Il y aura des supermarchés bien fournis où on payera par crédit.

Dans les écoles, les élèves trop intelligents pourront sauter des classes pour ne pas s'abrutir inutilement, et les élèves médiocres seront rayés des contrôles pour ne pas gêner les élèves moyens et ainsi de suite. Comme ça, quand ces écoliers seront grands, chacun aura la place qu'il mérite et l'âne ne chevauchera pas son maître, comme c'est presque toujours le cas aujourd'hui.

Les administrations seront gentilles avec les citoyens et citoyennes et leur donneront les documents dont ils auront besoin, sans pot-de-vin ni pot de miel. De plus, les motards auront peur d'être pris en flagrant délit et dresseront les P.-V. qu'il faut à toutes les camionnettes et à tous les camions qui circulent sans code ni phare, la nuit, ainsi qu'aux tracteurs qui quittent illégalement les champs de blé et les vergers pour circuler à cent à l'heure sur les routes et les autoroutes. Les juges et les gendarmes seront justes comme le sont ceux que l'on voit dans les films de la parabole et ne mettront plus les gens en prison pour un oui ou pour un non. Dans le domaine de la politique, il n'y aura au maximum que deux partis, un parti progressiste et un parti rétrograde, qui se passeront le pouvoir tous les quatre ou cinq ans, comme aux Etats-Unis. Les députés seront de vrais députés et les sénateurs de vrais sénateurs, sans compter les maires, les walis et compagnie qui seront kif-kif. Et pour terminer, tous les jeunes auront du travail au choix et des maisons à eux où ils pourront dormir tranquilles avec leurs femmes et leurs enfants sans devoir soudoyer ».

Ainsi parlait Amar Sousta, un compressé de la SNS qui travaille actuellement chez Coca Cola et dont la femme attend avec impatience son neuvième gosse. 
Le temps de la quincaillerie
par Yazid Alilat
L'Algérie n'exporte pas plus d'un milliard de dollars par an de produits hors hydrocarbures. En dépit de toutes les philosophies, tous les discours, parfois drôles, depuis maintenant 50 ans, le pays, hélas! n'exporte que du pétrole et ses produits dérivés. La raison en est que l'économie nationale ne produit pas bien ou pas assez pour exporter le surplus, ou des produits destinés au marché international.

La bonne santé financière d'un pays c'est, en gros, le résultat de la différence entre le montant de ses exportations et celui de ses importations. Plus cette différence (excédent) est importante, plus les caisses de l'Etat sont bien remplies. C'est le cas des grands pays industrialisés, comme l'Allemagne, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la France, etc., des pays qui produisent suffisamment pour exporter produits industriels et agricoles. L'Algérie, par contre, n'exporte que le produit de son sous-sol et n'arrive pas, depuis l'indépendance nationale et après plusieurs réformes industrielles et agricoles, à mettre sur le marché international le moindre produit hors hydrocarbures commercialisable.

Comment dès lors décrypter les objectifs de la conférence nationale sur le développement économique et social mise en place par un ministère de l'Industrie en perpétuel changement? Comment redresser l'industrie nationale vingt ans après sa destruction et plusieurs réformes à travers le plan de restructuration appliqué à la fin des années 1990 par Ahmed Ouyahia? Des centaines de grandes entreprises publiques, nationales et de wilaya, ont été aspirées alors par cette politique d'assainissement des entreprises publiques économiques (EPE). Pour quel résultat? Une complète désorganisation du secteur industriel national et une mise à la ferraille d'entreprises encore solvables, et des milliers de travailleurs promis à un dramatique chômage.

Aujourd'hui, juste après le passage de Rahmani à ce même ministère qui voulait lui aussi revoir l'ordre des choses dans le secteur industriel national, on en vient à réfléchir sur une autre réforme du secteur. Comme s'il s'agissait d'une loterie à l'échelle d'un pays, d'un jeu économique à l'éternel recommencement avec des acteurs différents mais avec la même équation: «comment relancer l'industrie nationale et augmenter les exportations hors hydrocarbures». Ce langage, on le retrouve malheureusement à chaque conférence sur le secteur de l'industrie. Comme une impossible litanie.

La conférence mise en place par le département de Bouchouareb a le même crédo que celles des années 1970, 1980, 1990, 2000 et 2010. En voici quelques extraits du communiqué de ce ministère annonçant la tenue de cette conférence sur le développement économique et social: le principal défi que doit relever dans les prochaines années (le secteur industriel) réside fondamentalement «dans la réduction de façon significative de notre forte dépendance envers les hydrocarbures par la relance de l'outil national de production» qui passe nécessairement par «l'encouragement de l'investissement productif et l'amélioration de l'environnement de l'entreprise». Ce communiqué donne la pleine mesure de l'irréalité de la situation du secteur industriel, du complet déphasage des responsables d'un secteur à la dérive depuis les années 1990 et la réalité actuelle de l'économie nationale, qui n'arrive plus à produire, en dehors du pétrole, pour payer ses achats à l'étranger.

La déroute actuelle du fleuron de l'industrie sidérurgique algérienne, vendu pour une bouchée de pain au géant mondial de l'acier, puis racheté par l'Etat, est symptomatique de l'état catastrophique dans lequel évolue l'industrie nationale publique. Et plus on injecte de l'argent dans ces EPE, plus les chiffres de leur déficit s'affolent. Que faire alors ? 
Selon le président de l'UNEP : Les «IDE n'ont pas apporté plus que le secteur public»
par El-Houari Dilmi
La relance du secteur de l'industrie, en tant que locomotive du développement tous azimuts du pays, et les moyens de sortir de la dépendance des hydrocarbures, ont été le thème central, débattu, hier, sur les ondes de la Chaîne 3 de la radio nationale avec M. Mustapha Merzoug, président de l'Union nationale des entrepreneurs publics (UNEP).

Annonçant le renouvellement prochain des instances de son organisation, l'invité de la radio expliquera que le secteur public regroupe aujourd'hui quelque 832 entreprises économiques, dont 317 activent dans des activités industrielles, pour un chiffre d'affaires annuel de plus de 824 milliards de dinars. Estimant qu'il s'agit «d'un grand défi» pour l'Algérie de se libérer de sa dépendance envers les hydrocarbures, pour le président de l'UNEP, le seul moyen d'éviter de heurter l'iceberg, c'est celui de «diversifier l'investissement dans le secteur public, accroître la part de la production nationale et valoriser les autres ressources naturelles que recèle l'Algérie; le tout marqué par un contexte international implacable lié à l'adhésion de l'Algérie à l'OMC». Pour le président de l'UNEP, le secteur public national «possède les potentialités propres à lui faire jouer un rôle prépondérant dans la réussite de cette transition, à la condition toutefois d'améliorer les conditions de gestion du potentiel productif national et impulser des politiques publiques, à même de tirer la croissance vert le haut». Mustapha Merzoug ajoute que «ce seront là les enjeux qui seront débattus lors d'une prochaine conférence nationale destinée à élaborer un plan d'action des politiques publiques et une vision stratégique visant à impulser la croissance de l'économie». A la question de savoir pourquoi le secteur public est budgétivore, avec plus de 11 milliards de dollars engloutis pour son assainissement sans résultats probants sur le terrain, l'invité de la Chaîne 3 fera remarquer qu'il s'agit là «d'une dette que l'Etat doit aux entreprises publiques, restées déstructurées à cause d'une politique sociale qui leur a été peu favorable pendant longtemps». Explicitant sa pensée, Mustapha Merzoug dira que l'entreprise publique est toujours «considérée comme le prolongement de l'Etat et un instrument de réalisation de sa politique économique» et à ce titre, explique-t-il, «celle-ci a été, durant longtemps, l'instrument de politiques sociales qui se sont traduites par des blocages de prix et la présence en son sein de sureffectifs, autant de contraintes, qui ont été à l'origine de dépenses qui devaient être assainies à un moment ou un autre».

Au sujet du plan de restructuration du secteur public marchand, comme annoncé par le ministre de l'Industrie et des Mines, le président de l'UNEP s'est dit «optimiste» par «le discours politique fort mobilisateur», suivi, selon lui, par «des actions concrètes sur le terrain, à commencer par l'amélioration du climat des affaires et le replacement de l'entreprise publique au centre de l'équation du développement tous azimuts du pays». Les entreprises publiques «ne sont pas des canards boiteux» a, encore martelé Mustapha Merzoug, d'autant plus que le pays «ne compte pas encore un secteur privé fort, capable de répondre aux missions essentielles du développement du pays», ajoutant que les «IDE n'ont pas apporté plus que le secteur public national». Se disant convaincu que l'entreprise économique «est aujourd'hui au centre du processus de consolidation de la croissance, le président de l'UNEP a jugé que «le temps est venu pour libérer l'acte d'investir, dépénaliser celui de la gestion, débureaucratiser l'administration, faciliter l'accès au foncier et accélérer la délivrance du registre de commerce». Revendiquant ce qu'il a appelé le «droit à l'erreur» pour le gestionnaire public, l'invité de la radio s'est dit prendre acte avec satisfaction le «dégagement de la responsabilité pénale du gestionnaire, à commencer par la non prise en considération des lettres anonymes et la formation des juges dans le domaine des infractions liées à la sphère économique». La revalorisation des rémunérations des cadres gestionnaires, l'obligation de recours aux avis d'appels d'offres qui pénalisent l'entreprise publique et lui font perdre beaucoup de temps, et le partenariat public-privé, ont été les autres points débattus avec l'invité de la Chaîne 3. 
Prévue, lundi prochain : Deux ministres français pour l'inauguration de l'usine «Renault»
par R.N.
Deux ministres français se rendront, lundi, en Algérie, pour inaugurer une usine ‘Renault' près d'Oran, selon des sources concordantes, à Paris ; un déplacement qui témoigne du renouveau des relations bilatérales, entrepris avec ce pays, par le président socialiste François Hollande. L'ouverture de cette nouvelle usine, à Oued Tlélat, s'effectuera en présence des ministres français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui a fait de la diplomatie économique, un cheval de bataille, et de l'Economie Emmanuel Macron, ainsi que du P-DG de Renault, Carlos Ghosn, ont précisé, hier, les mêmes sources. Opérée, par la société ‘Renault Algérie production', l'usine est détenue, à 51% par l'Etat algérien et 49% par le constructeur français. Aboutissement d'un accord, signé lors d'une visite, à Alger, du président François Hollande, en décembre 2012, elle aura, dans un premier temps, une capacité de production de 25.000 véhicules, par an.

Après des années de relations difficiles, entre la France et l'Algérie, marquées par plusieurs contentieux, François Hollande avait entrepris de relancer la coopération bilatérale. En 2014, les relations se sont normalisées, avec un souci commun de bonne volonté de dialogue, alors que, dans le même temps, le climat se dégradait, entre Paris et le voisin marocain, notent les observateurs.

La nouvelle usine ‘Renault' va produire une version de la voiture ‘Dacia Logan', sous le nom «Renault Symbol», des véhicules destinés au marché intérieur algérien, le deuxième plus grand d'Afrique avec plus de 400.000 véhicules importés, chaque année.

L'objectif de l'usine de Oued Tlélat n'est pas le même que celui du site de Tanger, au Maroc voisin, qui a produit 100.000 véhicules, en 2013, à 90% pour l'exportation. En sortent des Dacia Lodgy, Dokker et Sandero.        
Conférence sur le développement économique et social : Sellal veut une économie participative
par Ghania Oukazi
Le Premier ministre a insisté sur le respect  «d'une démarche consensuelle et pragmatique» pour réussir «le développement d'une économie participative».

C'est devant une salle pleine à craquer que Abdelamalek Sellal a ouvert hier les travaux de la conférence sur le développement économique et social organisée par le ministère de l'Industrie et des Mines. Ce dernier s'est donné trois jours pour associer l'ensemble des intervenants dans la sphère économique et industrielle aux fins « d'élaborer une véritable matrice pour le futur de l'économie nationale ». Abdesselem Bouchouareb a voulu devancer les critiques de tous ceux qui pensent que le gouvernement fait du surplace en organisant des kermesses. « Ca ne sera pas une énième rencontre aux conclusions sans prolongement concret», a-t-il tenu à rassurer. Son rendez-vous à lui, il le présente comme étant « une logique moderne et citoyenne pour initier une démarche économique en impliquant toute l'intelligence disponible ». Il le veut pour «évaluer les forces et faiblesses et situer les opportunités » de l'économie en général et de l'industrie en particulier. Il veut le faire « d'une manière consensuelle pour faire émerger les lignes d'actions et structurantes du futur ». Il veut définir « de nouveaux mécanismes dans le nouveau code de l'investissement ». Un code dans lequel il place le partenaire étranger en pole position. Il le considère d'ailleurs comme étant « le levier de la relance industrielle ». Le tout lui permettra de lancer « une dynamique industrielle nouvelle ».

Le 1er ministre avait rassuré avant lui que «l'économie nationale est ouverte à tous les partenaires et les lois algériennes protègent tous les partenaires, publics, privés, nationaux et étrangers ». Sellal dira qu'il n'y a pas de différence entre les intervenants dans l'économie. «Celui qui veut gagner, qu'il gagne mais qu'il paie ses impôts ! » a-t-il recommandé. Il rejette toute dichotomie entre public et privé même s'il a reconnu que le secteur industriel a enregistré une hausse de 20% et que « la plus grande part c'est celle du privé ». Il parlera de cette obligation de sécuriser et de stabiliser le pays « mais il faut qu'il y ait une stabilité sociale ». Il insistera ainsi sur «l'investissement en la ressource humaine, c'est la base de tout développement économique». Il fera savoir à cet effet qu'avec accord des Américains, des jeunes qui ont créé des start-up, séjourneront prochainement à la Silicon Valley pour comprendre les nouvelles technologies.

LA FEUILLE DE ROUTE DE SELLAL

Il annonce l'ouverture prochaine à Alger d'une académie internationale scientifique où « des sommités internationales donneront des cours». Par ailleurs, il rassurera sur la maîtrise par le gouvernement des dépenses publiques en ces temps de chute du baril du pétrole. «Le prix du pétrole est en baisse, on a fait nos calculs, nous avons toujours su préserver nos équilibres macroéconomiques et nous le ferons pour les années à venir », a-t-il affirmé. Sellal table même sur une croissance de 7% d'ici à 2019 « un objectif réaliste » qui, dit-il, « sera réalisé». « L'Algérie a beaucoup de moyens qui permettent à notre économie de se développer d'une manière rapide », note-il.

Le 1er ministre dictera la feuille de route pour tout changement à venir. Il notera que « nous avons décidé de soutenir le cadre marchant en rationalisant la dépense économique». Il précisera au passage que « nous ne sommes pas pour le libéralisme sauvage(…), il y a l'économie socialiste, l'économie capitaliste, nous, nous voulons une économie participative ; notre principe est pragmatique et ce qui convient à notre pays, on l'adopte». Il fixera trois objectifs-principes à cette économie « participative». Il fait remarquer en premier que les hydrocarbures « on en a et on en aura ». Mais, a-t-il dit, « nous voulons une économie productive(…) l'industrie sera au cœur de notre processus économique aux dimensions sociales». 2ème objectif déclaré par Sellal « l'encouragement de l'investissement dans la sphère marchande pour assurer une valeur ajoutée et une croissance économique». Investissement à propos duquel il répètera qu'il devra être financé sur fonds propres de l'entreprise publique soutenus par des crédits bancaires. Il rappellera ainsi qu'il n'est plus question pour toute entreprise publique de prétendre aux financements par le Trésor public. Dernier objectif, le développement de la ressource humaine.

LE PARI RATE D'UNE ECONOMIE HORS HYDROCARBURES

La réussite de ce processus ne pourra se faire selon lui qu'avec « l'adhésion de tous ». Le 1er ministre a évoqué le pacte économique et social comme «document de consensus ».

Il a affirmé qu'il sera présenté le 12 février prochain devant le BIT pour en faire « un pacte international».

Bien que le ministre de l'Industrie ait tenté de rassurer que ce ne sera une «énième rencontre », la majorité de ses invités « nationaux » reconnaissaient que cette conférence est un rendez-vous de plus. A ceux nombreux à qui on a posé la question «pourquoi cette rencontre», ils répondaient avec le sourire « c'est la seule question qui mérite d'être posée». Si le gouvernement est toujours en train de chercher le mode opératoire idoine pour démarrer l'économie nationale notamment celle hors hydrocarbures, ses discours politiques n'ont pas pris une ride. C'est comme si le temps s'est figé hier au Palais des Nations de Club des pins. Les mêmes têtes ou presque, les mêmes constats, les mêmes promesses… Comme au temps de la première conférence économique et sociale tenue sous Zeroual alors président de la République. Comme récemment, au temps de Temmar alors ministre de la participation qui avait fait de la stratégie industrielle qu'il avait fait confectionner à 100% par l'expertise algérienne, son arme pour une économie productive hors hydrocarbures mais qui a été jetée dans les méandres de la politique politicienne par les responsables du pays. Un coup pour rien qui a fait perdre à la nation du temps, des énergies et de l'argent. « Ils nous ont invité pour prendre de nos nouvelles les uns les autres », a lancé hier un expert avec un large sourire…

Se sont succédés à la tribune, le SG de la Tribune, le ministre des Finances et autres patrons et experts. La conférence a encore aujourd'hui et demain pour qu'elle fixe des lignes directrices aux gouvernants en vue de réussir leur pari raté de lancer une économie hors hydrocarbures. 

mardi 4 novembre 2014

Lufthansa assurera cinq vols par semaine entre l'Algérie et l'Allemagne
par M. M.
La compagnie aérienne allemande, Lufthansa, porte à cinq vols par semaine le nombre de liaisons entre l'Algérie et l'Allemagne. Dans un communiqué rendu public hier, la compagnie publie son programme horaire d'hiver avec «cinq vols par semaine entre l'Algérie et l'Allemagne». Lufthansa offre ainsi des «vols directs de jour reliant Francfort à Alger» et met à disposition de ses passagers «un plus grand nombre d'options et plus de flexibilité». Lufthansa invite ses usagers à réserver leurs places sur le vol de leur choix via son site internet «www.lh.com» ou «à travers les services de son agence de voyages préférée».

Cité dans le communiqué, Zlatko Zlatic, le directeur général de la Lufthansa en Algérie, précise : «avec notre nouveau programme horaire d'hiver, nos passagers arriveront en Allemagne en cours d'après-midi, disposant encore de beaucoup de temps pour, le même jour, vaquer à leurs affaires ou jouir de leurs proches. Arrivés à Francfort, ils disposeront d'un large éventail de connections avec l'Europe, l'Amérique du Nord ou d'autres destinations, plus large qu'aucun de ceux mis à disposition par la concurrence». Il estime aussi que ce nouveau programme horaire contribuera «à l'essor du secteur touristique algérien» et « facilite également le voyage entre l'Europe et l'Algérie aux visiteurs désireux de profiter d'un généreux soleil au cours de leurs vacances d'hiver.»

Tel que décliné dans le communiqué, le nouveau programme horaire d'hiver de Lufthansa relie Francfort à Alger cinq jour par semaine (lundi, jeudi, vendredi, samedi et dimanche). Au départ d'Alger, les vols (LH1317) sont prévus à 13h25 (arrivée à Francfort à 16h00). Au départ de Francfort, les vols (LH1316) décollent à 9h35 pour arriver à 12h05 à Alger.

La compagnie informe également que «dans le cadre du programme de modernisation de sa flotte longs-courriers», elle «lance sa classe Premium Economy», qui sera accessible dès le 1er décembre 2014 à ses «clients au départ d'Alger» qui «désireront embarquer sur un long-courrier» sur «tous les vols de notre flotte de Boeing 747-8».

Les «prix de lancement spéciaux pour les vols en classe Premium Economy» varient de 1.199 à 1.249 euros respectivement pour des «aller-retour» vers Washington D.C. et Pékin. 

dimanche 2 novembre 2014

Tu as raison
par El-Guellil
Avant de commencer, il faut conter l'histoire des deux chasseurs en conflit, qui vont voir un sage de «l'Afrique en fête en Algérie» et le «l'Efric», le beaucoup de fric, dépensé pour.

Le premier raconte sa version des faits. Le sage le fixe et lui dit: «Tu as raison». Vint le deuxième chasseur qui vient raconter sa version des faits. Le sage le fixe et lui dit: «Tu as raison». Le chef du village, ne comprenant pas, s'adresse au sage: «Mais enfin, il y en a sûrement un qui a tort, ils ne peuvent pas avoir tous les deux raison !!» Le sage le fixe et lui dit: «Tu as raison»...

T'as raison. Je n'ai rien à dire et pourtant, je dois faire un billet. Peut-être parce que billetter est plus synonyme d'écrire que de paroler. Mais qu'est-ce que l'écrit et la parole... S'exprimer sur plateforme vocale ou sur papier, de sa propre parole intérieure qu'est la pensée. Alors, j'écris, je parle, et ma parole sera disséminée sur la toile journalistique pour que les araignées du verbe puissent s'agripper à l'écrit.

Je billette, mais je renierai mon nom. Je m'appellerai guellil tout le temps. Je crie des billets. Que de billets ai-je signés sans être patron de la banqueroute centrale. Des billets doux doucement. Des billets blancs, des noirs, des billets de toutes les couleurs, mais jamais de billets verts. J'ai fait des billets sans jamais en avoir un seul en poche. J'ai vécu de billets et de manque de billets. De billes et de courage pourtant, je n'en ai jamais manqué. Bilieux, je ne l'ai jamais été, ni enclin à la colère ni à la mauvaise humeur.

Depuis ses débuts d'existence, l'homme qualifie de moi, la représentation de son corps réfléchi dans un miroir, et son esprit, déjà torturé par cette société de recherche de profits au détriment de son prochain. Emprisonné dans ce corps matériel, il tentera par tous les moyens d'en sortir.

Et alors, quand il verra son monde d'en haut et comprendra son insignifiance, il regrettera le moment béni, où il se croyait supérieur à toute chose sur Terre... Là, il commencera à écrire des billets doux, blancs, noirs mais pas verts. 
La vraie menace sur la sécurité du pays
par Kamel Daoud
Effet de loupe des Algériens sur le cas du Burkina Faso : le président à vie y a subi « un coup d'Etat populaire ». La formule vaut pour ces putschs qui utilisent la bêtise d'un monarque, un peuple qui en est lassé, pour faire prendre le pouvoir par l'armée. Leçon égyptienne, apprise sur le cadavre algérien des années 90. Les Algériens y ont retenu le reflet mortifère de leur condition de peuple licencié avec indemnités larges : le mandat à vie est refusé au Burkina Faso. Cela laisse l'Algérie seule face à son cas. Le seul endroit au monde où on a voté pour un poster et dix rabatteurs de foules.

Et ensuite ? L'insécurité au Burkina. Et justement c'est sur cette corde que joue le régime. La peur unit le peuple, désormais, mieux que le désir de l'indépendance, celui de marcher sur la lune ou celui d'être le dragon de l'Afrique. Dans son message, le président épistolaire, l'a bien résumé : l'Algérie est menacée dans sa sécurité. Comprendre : la sécurité c'est moi, mon immobilisme, mes murmures et mon mandat à vie même après la mort de tous. Comprendre : si vous bougez, vous serez mangés. Au 60eme anniversaire de la guerre de libération, le régime, rusé et malicieux, n'a pas choisi de vous rappeler les valeurs de la Liberté, le glorieux désir d'avoir une terre à soi, mais la « Sécurité ». C'est à dire la nécessité de ne pas changer les choses. De ne toucher à rien, de rester immobile car l'ennemi est partout ailleurs, autour, dedans.

Vrai ? Faux. Il faut décortiquer le lapin mécanique : la sécurité du pays est certes menacée mais elle l'est aussi et surtout par le régime et sa nature fourbe. Quand un régime ne bouge pas, refuse les transitions, le dialogue, perpétue sa caste et sa race, mange la terre et tue le temps, ruse avec les réformes et en arrive à élire une photo d'identité à la place d'un Président valable et en état de fonctionnement, il en devient lui-même facteur d'insécurité. La colonisabilité externe commence par les dictatures internes. C'est un effet d'appel connu. On n'attaque pas un pays démocratique, solide et où l'Etat est construit sur le consensus de la majorité. La sécurité algérienne est menacée par-delà ses frontières et on le sait : des pays ont aujourd'hui les frontières tracées au crayon et l'Empire aime être cartographe avant d'être un ami. Mais la sécurité est menacée par les corruptions stratégiques, les malversations, la tricherie sur le béton et l'appel d'offre, la gabegie, le sous-développement et la bêtise. La sécurité de l'Algérie est menacée par les siens, par cette façon de gérer l'argent de nos ressources, par ces faramineuses dépenses au but d'acheter des sursis sociaux, par le choix de Val-de-Grâce en France avec la plus grande mosquée en Algérie, par le FLN comme parti unique alimentaire, par les nouveaux oligarques autour de la Présidence et par la faiblesse d'un régime qui en arrive à être pris à la gorge par ses propres policiers. C'est cela l'insécurité. L'actualité, ce parent bref de l'histoire le démontre chaque jour : les régimes durs, les dénonciateurs en chef, sont les pires ennemis des pays libérés. La plus grande menace contre la libération est la confiscation des libertés et les mandats à vie. Cela vous fabrique des peuples veules et désordonnés, des régimes vieillots et sourds et des guerres civiles et des sous-développements ravageurs et donc de l'impuissance face aux pays prédateurs. C'est cela la vraie menace sur nous.

Le reste, c'est du blabla. 


Le bas et le haut de la démocratie en Afrique
par Yazid Alilat
En Afrique, la fin des dictatures est un éternel recommencement. Le cas burkinabé est un exemple à ne pas généraliser à un continent où les guerres de leadership ont fait que les grandes puissances économiques et militaires ont délimité leurs propres territoires, des chasses gardées en quelque sorte. La chute du régime de Blaise Compaoré au Burkina Faso est en soi la fin d'un cycle, d'un règne que des dictateurs et des potentats locaux croyaient illimité.

Ce qui se passe actuellement à Ouagadougou aurait très bien pu se passer à Brazzaville, à Kinshasa ou à Harare, des pays gouvernés par des potentats qui ne veulent plus partir par la grande porte. Pour autant, l'Afrique est vaste et dans le nord du continent la Tunisie a donné l'image parfaite que tout est possible, que le désespoir de voir surgir de ce continent des élites politiques qui puissent prendre démocratiquement les destinées de leurs pays n'a pas lieu d'être. L'exemple tunisien, du moins la bonne tenue des élections législatives et l'acceptation des résultats du scrutin par les islamistes, soulagés d'ailleurs de n'être pas sortis vainqueurs pour ne pas avoir à gérer une difficile transition sociale et économique, démontre en réalité qu'il ne faut pas désespérer de l'Afrique. Certes, les changements politiques dans ce continent ont toujours pris des tournures violentes, de ruptures radicales, mais, au moins, il y a cet espoir que cela n'est pas immuable. Que le changement politique n'est pas un rêve, ni une aventure.

Le cas burkinabé, avec un président chassé par la rue après 27 ans de règne, est un poignant avertissement à tous les dirigeants africains qui s'accrochent au pouvoir et, mieux, qui sont tentés de triturer leurs Constitutions pour les tailler à leur mesure, à la mesure de leurs fantasmes politiques. Cette maladie des dirigeants africains de se maintenir en place contre l'avis de leurs peuples, souvent en les écrasant par des campagnes de répression, sinon en les plongeant dans une dramatique misère sociale où le niveau de vie est juste équivalent à une survie. La rue burkinabé a dit «cela suffit» ! Le cri de colère burkinabé est-il ou sera-t-il entendu dans d'autres capitales africaines où des présidents à vie ont ruiné les chances de développement de leurs peuples?

Les questions sont nombreuses pour expliquer que des pays soient un terrain de jeux politiques et de guerres économiques que se livrent les anciennes puissances coloniales à travers des régimes inféodés, qu'ils soient de l'Afrique de l'Est ou de l'Ouest. La guerre des matières premières, des minerais dont l'uranium et des produits agricoles qui font la prospérité des acteurs des marchés financiers internationaux n'a d'égale que l'extrême pauvreté dans laquelle sont plongés les peuples d'Afrique. Avec la complicité des dirigeants en place. C'est pour ces raisons et d'autres que les dictateurs se maintiennent encore en place en Afrique et sont même soutenus. Et c'est encore pour ces raisons que la Tunisie, chasse gardée d'une puissance industrielle, l'a échappé belle! Le drame dans tout cela est que seuls les dirigeants africains, imbus et repus de pouvoir, quittent le pouvoir sur un brancard ou en prenant leurs jambes à leur cou. Compaoré, tout puissant qu'il était, n'a pas échappé à la règle. C'est l'Afrique ! 
Le Burkina Faso à la croisée des chemins
par Kharroubi Habib
La confusion règne au Burkina Faso dont le président Blaise Compaoré a été contraint de démissionner sous la pression de manifestations populaires monstres qui ont éclaté dans le pays en riposte à son intention de faire avaliser par l'Assemblée nationale un projet de révision de la Constitution visant à lui permettre de se représenter en 2015 à l'élection présidentielle après 27 ans de règne.

Deux officiers de l'armée ont prétendu chacun assumer désormais la fonction présidentielle vacante en se prévalant l'un et l'autre mandatés et par l'institution militaire et par le peuple burkinabé, ce dont apparemment les manifestants qui occupent toujours la rue à Ouagadougou ne veulent pas entendre parler. Il est donc à craindre que le calme n'est pas près de revenir au pays suite à ce qui s'apparente à une véritable tentative de récupération par les militaires du mouvement populaire insurrectionnel qui a chassé le désormais ex-président Blaise Compaoré. Il y a risque en effet que l'on assiste à une confrontation violente avec affrontements entre les deux ailes de l'armée du Burkina dont les chefs de file respectifs se disputent le poste laissé vacant par le président déchu mais aussi entre elles et la population véritable artisan de la chute de ce dernier.

L'impression que des opérations de récupération du mouvement de protestation populaire anti-Blaise Compaoré ont été échafaudées a été perceptible avant même que celui-ci n'annonce officiellement sa démission. Les prémices en ont été la mise en avant orchestrée du général à la retraite, ancien ministre de la Défense de Compaoré limogé en 2003, Kouamé Lougué. Lequel général après avoir « consulté » (qui ? Là est toute la question) n'a pas attendu que Compaoré démissionne pour s'autoproclamer président intérimaire du pays et faire l'annonce de la mise en place d'un pouvoir de transition sous la conduite de l'armée dont il s'est prétendu le mandaté. Un autre officier, celui-ci haut gradé de la garde présidentielle, corps d'élite puissamment armé et fidèle au président déchu, a aussitôt fait entendre de son côté un autre son de cloche en faisant savoir que c'est lui qui assume désormais l'intérim présidentiel en accord avec l'institution militaire et celui de la population.

Dans les deux cas la « récup » de l'insurrection citoyenne est apparue flagrante. Les principaux partis politiques ayant appelé à celle-ci et l'ont encadrée ne s'y sont pas trompés et demandent aux manifestants de la poursuivre jusqu'à ce que les militaires des deux bords renoncent à leurs tentatives et cèdent la conduite et l'organisation de la transition aux partis politiques et représentants de la société civile burkinabé, artisans du départ de Blaise Compaoré. Les ingrédients d'une situation chaotique au Burkina Faso après l'éviction de Compaoré sont à l'évidence réunis que des parties étrangères ont pensé en prémunir le pays en encourageant probablement les militaires burkinabés à prendre la direction. Ce qui est faire semblant d'ignorer que le ras-le-bol des « hommes libres » ainsi que s'appellent les Burkinabés englobe et le président déchu et l'armée qui a été le soutien répressif de son régime durant ses vingt sept années de règne.

L'on sait en Afrique ce sur quoi débouchent les « transitions » laissées aux soins des armées nationales : quasi systématiquement sur la reconduction d'un système à l'identique de celui contre lequel se sont soulevées les populations de leurs pays. Il a été très vite tenté d'imprimer le même cours à la révolution des Burkinabés car pouvant être contagieuse pour la région dotée de régimes du même acabit que celui de Compaoré que leurs parrains étrangers ne veulent pas voir s'effondrer pour laisser place à des pouvoirs authentiquement démocrates et par conséquent soucieux de servir exclusivement l'intérêt de leurs pays et de leurs peuples. Le Burkina Faso vit un moment de vérité crucial dont l'aboutissement dépend de la maturité politique et des convictions patriotiques de sa classe politique et de sa société civile. 
AIN SEFRA : Une mission médicale cubaine pour l'hôpital
par M. S. Laradji
Le ministre de la Santé, M. Abdelmalek Boudiaf a effectué, jeudi, une visite d'inspection et de travail, dans la wilaya de Naâma, à l'effet de s'enquérir de la situation du secteur de la Santé, dans cette wilaya dont la population avoisine 140.000 habitants.

Accompagné d'une importante délégation ministérielle, du wali de Naâma et des élus locaux, le représentant du gouvernement s'est rendu, respectivement, à Mécheria, Ain Séfra et Naâma où il a eu à visiter, outre les E.P.H, les centres de santé, les polycliniques, les centres d'hémodialyse et le chantier de construction d'une Ecole paramédicale d'une capacité de 200 places. Si pour les responsables des E.P.H de Mecheria et Naâma, les critiques du ministre n'ont pas été trop sévères, pour ceux de Ain Sefra, par contre, il a affiché tout son mécontentement, à l'égard de la gestion de l'établissement et des ressources humaines. En témoigne la présence sur les lieux de citoyens, venus en grand nombre, pour exprimer au ministre leur désarroi en l'absence de médecins spécialisés pour répondre aux besoins en soins de base de la population locale. Sensibilisé au problème, le ministre s'est engagé pour combler le déficit existant, en dépêchant, dans les plus brefs délais, une mission médicale cubaine avec nombre de spécialistes qui, de part leur présence, éviteront aux malades, les souffrances des évacuations inconfortables, vers les hôpitaux voisins.

Lors de son passage dans les pavillons, M. Boudiaf s'est entretenu avec les malades alités et les employés dont certains lui ont fait part de leurs préoccupations avec, à la clé, la stagnation inexpliquée de certaines catégories de travailleurs, dans leurs grades, en l'absence de toute forme de promotion, pourtant réglementaire, a-t-on signalé, au représentant du gouvernement. Avant de quitter l'établissement, le ministre a effectué une halte au Centre d ‘hémodialyse, rattaché à l'E.P.H, qui fonctionne avec 13 générateurs pour 39 malades, lui a-t-on expliqué et qui a senti la nécessité d'augmenter sa capacité à 38 pour une meilleure prise en charge.

A Naama , chef-lieu de wilaya, le ministre de la Santé a inauguré le nouveau siège du Centre d'hémodialyse de Naama dont la capacité a été ramenée à 25 malades, ainsi qu' un centre de lutte contre la toxicomanie avant de se rendre à l'E.P.H de Naâma (66 lits) où des explications lui ont été fournies, sur le fonctionnement de l'établissement, avec un effectif de 20 médecins- spécialistes et 106 paramédicaux, assurant une couverture médicale suffisante pour la population locale. Un élu local de l'A.P.N, présent sur les lieux, a tenu à clarifier, au représentant du gouvernement, que la localité de Naâma, n'est que le siège de la wilaya, la plus forte concentration de la population se trouve à Mecheria et Ain Sefra, d'où la nécessite de répartir les médecins spécialistes, en fonction des besoins réels, de chaque centre urbain, a-t-il indiqué.

A la Maison de la Culture de Naâma, le ministre de la Santé a présidé une rencontre avec les cadres du secteur, à l'issue de laquelle, il a exposé les grands axes de la politique de son département, en matière de Santé publique et qui se résument en 24 points, a-t-il indiqué. Tous les gestionnaires des établissements hospitaliers, au niveau national, ont été destinataires de ces recommandations, à appliquer, pour l'amélioration progressive du service public.

En guise de recommandations, le ministre a instruit les responsables du secteur, de coordonner leurs actions avec tous leurs partenaires sociaux, pour éradiquer les fléaux de brucellose et leishmaniose, qui ont une incidence grave sur la Santé publique, au même titre que l'envenimation des scorpions qui continue de faire des victimes, parmi les population rurale. A ce titre, M. Boudiaf a mis l'accent sur la nécessité de former des A.T.S, issus des zones rurales de la wilaya et mettre à leur disposition les moyens médicaux nécessaires (sérum anti-venin de scorpions), pour une intervention rapide, en cas de piqûres de ces bestioles. 
Conférence sur le développement économique et social : L'entreprise au centre des débats
par R. N.
Le ministère de l'Industrie et des Mines (MIM) organisera, du 4 au 6 novembre une conférence nationale sur le développement économique et social. La rencontre, qui se déroulera au Palais des Nations, Club des Pins, est «organisée dans le sillage du processus de mise en œuvre du Plan d'action du gouvernement et du Pacte national économique et social de croissance pour atteindre les objectifs d'une croissance forte et durable», indique un communiqué du MIM. Elle portera principalement sur la «réduction de façon significative de notre forte dépendance envers les hydrocarbures» à travers «la relance de l'outil national de production» via «l'encouragement de l'investissement productif et l'amélioration de l'environnement de l'entreprise».

Selon le communiqué, les «objectifs» de cette conférence portent sur plusieurs aspects. D'abord «évaluer les avancées réalisées en matière d'amélioration du climat de l'investissement et de l'environnement de l'entreprise à travers l'ensemble de mesures de réformes déjà engagées en la matière» et «engager une réflexion» sur «les attentes» des «candidats à l'acte d'investir». Le second objectif de la conférence est d'améliorer «la qualité et l'efficience des dispositifs dédiés à faciliter» l'investissement et le partenariat, «particulièrement dans la sphère industrielle».

La rencontre focalisera aussi sur la «dynamisation des programmes et des dispositifs de relance de l'outil de production nationale dans le cadre du nouveau régime de croissance projeté pour au moins les 05 années à venir, à travers des instruments rénovés de soutien à l'investissement productif, la promotion de filières industrielles prioritaires», «le renforcement des programmes de mise en partenariat public/privé et national/étranger des entreprises» et «la problématique du financement et du foncier industriel ; les services d'appui à la PME».

Cette conférence, qui «réunira des participants nationaux et de plusieurs pays étrangers», se déroulera sous forme «de séances plénières, d'ateliers et de tables rondes». Parmi les thèmes des tables rondes, cités par le communiqué du MIM : «le développement économique et industriel dans le cadre du nouveau modèle de croissance», «les instruments rénovés de soutien à l'investissement productif, les conditions concrètes de promotion de la production nationale», «l'amélioration de l'environnement de l'entreprise et du climat des affaires», «l'accélération et l'amélioration du rythme de création de PME/PMI», «la mise en partenariat public/privé et national/étranger des entreprises», «la problématique du financement industriel et de la PME et du foncier industriel» et «les services d'appui à l'entreprise».

Prendront également part à cette conférence des «représentants des organismes onusiens, des experts et chercheurs spécialistes des questions du climat des affaires et du développement économique et des représentants de la société civile», précise le communiqué. 
19e édition du SILA : Le livre pour enfants fait son chemin
par M. Aziza
Au Salon du livre d'Alger, de jeunes éditions algériennes pour enfants poussent les portes de la concurrence, en cherchant l'originalité, la singularité pour se positionner sur un marché où le livre pour enfants «made in Algeria» fait face à la rivalité du livre importé.

Deux belles initiatives que nous avons découvertes en visitant le Salon international du livre qui a ouvert ses portes à ses habitués, depuis mercredi dernier. Une jeune édition créée par deux sœurs, Assia et Djazia Ghouti, il y a de cela deux ans. Une édition pour enfants baptisée «Le livre magique» et qui a été créée par le biais de l'ANSEJ. Leur stand, situé au pavillon réservé aux enfants, attire l'attention par des œuvres pour enfants et par des titres et des livres originaux, des livres personnalisés où l'enfant est lui-même le héros de l'histoire en intégrant sa propre photo. On trouve des livres de jeux, ainsi que des vieilles histoires de grands-mères rééditées dans des livres haut de gamme, avec une reliure d'art. Les deux éditrices font, à priori, à 100% de la création imaginaire pour séduire les enfants. Elles ont fait 7 titres, trois autres livres sont en rupture de stock. Les deux jeunes éditrices que nous avons rencontrées affirment qu'elles trouvent beaucoup de difficultés en matière de distribution et en matière de coûts d'impression, notamment quand il s'agit de faire des livres de qualité. Assia Ghouti a affirmé qu'elle tient tout de même le coup avec sa sœur car leurs livres trouvent un certain succès. Idem pour une autre jeune édition qui a deux années d'existence. Il s'agit de l'édition Feedback qui, avec peu de moyens, a pu éditer un nouveau titre intitulé «Ibn Badis en chiffres». Un livre d'enfants qui retrace la vie d'Ibn Badis avec des illustrations chiffrées, mais très visibles et simples pour les petits lecteurs. Cette jeune maison d'édition a l'ambition de se spécialiser dans les éditions de livres pour enfants afin d'illustrer les personnalités et la culture algériennes. La responsable de cette maison d'édition, M. Soufila, a précisé que l'impression des livres de qualité coûte très cher, en souhaitant que l'Etat subventionne une petite partie au profit des jeunes éditions.

UNE SEPARATION BIAISEE

Le 19e SILA a consacré le pavillon A aux éditeurs qui se sont spécialisés dans l'édition du livre pour enfants et ce, pour permettre aux familles une plus grande visibilité du salon. Bien que ce pavillon offre plusieurs activités, la bande dessinée, des séances de dessin pour enfants ainsi qu'un programme centré sur les contes, certains éditeurs estiment que cette séparation est contraignante. Assia Ghouti des éditions «Le livre magique» a fait remarquer «qu'il y a au niveau du pavillon central, des livres pour enfants et cela pénalise les éditeurs qui se trouvent dans le pavillon réservé aux enfants. Le responsable de l'édition Tunmont, le Tunisien Mohcin Bayouli est du même avis. Il a précisé que les Algériens ne sont pas habitués à cette séparation. Et d'ajouter : «Tout le monde est attiré par le pavillon central parce qu'on y trouve de tout».

A noter que les éditeurs spécialisés dans le livre parascolaire ont trouvé cette séparation intéressante. 
Blaise Compaoré se réfugie en Côte d'Ivoire : Les militaires prennent le pouvoir au Burkina Faso
par Moncef Wafi
La confrontation entre militaires burkinabés pour la prise de pouvoir après la chute de Blaise Compaoré n'aura finalement pas lieu puisqu'un accord semble avoir été trouvé entre les deux prétendants au palais présidentiel de Kossyam. En effet, et dans un communiqué rendu public, hier, l'armée burkinabé a désigné le lieutenant-colonel Zida pour conduire la transition. Un communiqué qui met fin à un début de tension né suite à l'annonce faite ce vendredi après-midi par le chef d'état-major, le général Nabéré Honoré Traoré, qui avait déclaré assumer les «responsabilités de chef de l'Etat», quelques heures seulement après la démission du président Compaoré. Le lieutenant-colonel Isaac Zida, le numéro 2 de la garde présidentielle burkinabè, est vraisemblablement le nouvel homme fort du Burkina Faso après avoir rencontré, hier matin, le général Traoré.

Cette prise de pouvoir s'est dessinée dans la nuit de vendredi à samedi, lorsque M. Zida a déclaré devant les caméras d'une télévision privée qu'il «assumait» les responsabilités de «chef de la transition» et de «chef de l'Etat», invitant et les partis politiques et la société civile à définir les premiers jalons d'une «transition démocratique apaisée». Un rôle à jouer en absence de l'Assemblée nationale qui théoriquement devait assurer l'intérim en cas de «vacance» du pouvoir. Le lieutenant-colonel Zida l'a suspendue entre temps. Isaac Zida, à la tête de l'Etat, avait déclaré que l'ex-président se trouvait «dans un lieu sûr», son intégrité «physique et morale» étant «assurée». Si dans un premier temps Blaise Compaoré avait disparu des écrans radars, certains l'envoyant même au Ghana, il ne fait plus aucun doute qu'il se trouve actuellement en Côte d'Ivoire rejoignant ainsi sa femme, native du pays, partie avant le début de l'insurrection.

L'ex-président burkinabé sous s'est installé dans la soirée de vendredi avec sa famille à Yamoussoukro au centre de la Côte d'Ivoire dans une résidence d'Etat pour les hôtes étrangers. Hier, la rue burkinabé a retrouvé le calme après les scènes de violence qu'a connues la capitale Ouagadougou. Si la tension semble retomber, les réactions internationales n'abondent pas dans la solution trouvée puisque les capitales européennes souhaitent une transition politique et démocratique. Paris, tout en saluant la démission de Compaoré, appelle à «la tenue rapide d'élections démocratiques». L'Union européenne considère, elle, qu'il revient «au peuple burkinabè de décider de son avenir». Bruxelles qui déplore «les actes de violence ainsi que la perte de vies humaines», a appelé «au sens de la responsabilité de toutes les forces politiques, de l'armée et des institutions républicaines ainsi que du peuple burkinabè pour construire ensemble un nouvel avenir pour le pays, de façon apaisée, dans le respect des principes démocratiques et de la Constitution».

L'ONU et l'Union africaine ont annoncé dès jeudi l'envoi d'émissaires sur place pour essayer aux côtés de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) d'organiser au mieux la transition politique. Washington, et après avoir exprimé ses inquiétudes peu avant la démission de Compaoré, appelle, elle aussi, à une transition dans le respect de la Constitution en réponse à la décision du général Nabéré Honoré Traoré d'assumer les responsabilités de chef de l'Etat. «Nous condamnons fermement toute tentative de prise de pouvoir par des moyens qui ne sont pas conformes à la Constitution», dira encore la Maison Blanche. Une déclaration faite avant la prise de pouvoir de Zida. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, exhorte pour sa part «toutes les parties à faire preuve de calme et de retenue et à recourir au dialogue pour résoudre la crise actuelle».

Cette révolte de la rue qui a eu pour origine la volonté de Compaoré de réviser la Constitution pour s'assurer d'un 5ème mandat présidentiel semble faire d'ores et déjà des émules en Afrique. Le chef du parti d'opposition ARD, au Congo, n'a pas hésité à faire le parallèle entre la volonté de Compaoré et celle de Denis Sassou-Nguesso, le président congolais, qui «souhaite encore s'offrir un troisième mandat à la tête de l'Etat», en évoquant un avertissement brandi à ce dernier. «C'est un message qui est pour tous les chefs d'Etat africains qui sont dans cette perspective-là au lieu de permettre un jeu démocratique».

Maintenant que la page Compaoré est tournée, l'avenir du Burkina Faso semble incertain avec le rôle que veut jouer le chef de l'état-major burkinabé. Au plus fort des troubles, le général Honoré Traoré, et après avoir rencontré le président, puis l'opposition, avait annoncé la mise en place d'un couvre-feu entre 19h et 6h et évoqué une transition ouverte pour une période maximum d'un an. Sans toutefois indiquer qui en prendrait la tête. Benwende Sankara, un des ténors de l'opposition, et après avoir encensé les militaires, évoquait par la suite un putsch, exprimant sa méfiance envers le chef d'état-major.