dimanche 1 février 2015

Sadaqa
par El-Guellil
C'est une histoire adaptée d'un conte ancien, méditons-la ensemble. Devant une gargote, la seule sur le long de la route, un riche commerçant arrête sa voiture. Il gare.

Il entre, commande une chorba et s'assoit seul à une table. Cherchant du sel, il se lève, erre un peu dans le restaurant avant d'en trouver, et retourne.

A sa grande surprise, il y trouve un «povrico» assis, plongeant sa cuillère dans le bol de soupe et la mangeant lentement…

 - Oh ! Il a du culot ce «tallaab» ! pense le brave tadjer…

Je lui apprendrai bien les bonnes manières.

Mais il s'assied sur le côté de la table, et charitablement le laisse manger de sa chorba, tout en plongeant, lui aussi, sa cuillère, cherchant au moins à partager avec lui. Le «povrico» retire doucement le bol vers lui, et continue de manger. Le commerçant se remet à le tirer légèrement vers lui, pour pouvoir y avoir accès. Et ils finissent la chorba ainsi, moghrof lik, moghrof liya. Alors le «povrico» se lève, lui fait signe de patienter et revient avec une assiette de frites énormes qu'il partage avec lui, comme la soupe.

Enfin, ils se saluent, et l'homme quitte le restaurant pendant que le commerçant va à la salle de toilettes. Quand il revient, il veut récupérer son porte-documents pour partir, et découvre qu'il n'est plus au pied de sa chaise…

- Ah ! J'aurais bien dû me méfier de ce gueux, la sadaqa ne sort pas de Serkadji !

Il hurle dans tout le restaurant, criant au voleur, alarmant toute la clientèle.

- «Khayène, avertissez la police, les sicriya, jibou les jadarmias… khlani», jusqu'à ce que, finalement, on retrouve son porte-documents, posé au pied d'un bol de chorba refroidie auquel personne n'a touché. C'était lui qui s'était trompé de table et avait partagé le repas de l'inconnu qui l'avait accueilli en silence… ! 

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